- The Good, the Bad and the Ugly
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Le Bon, la Brute et le Truand
Le Bon, la Brute et le Truand Titre original (it) Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo
(en) The Good, the Bad and the UglyRéalisation Sergio Leone Acteurs principaux Clint Eastwood
Lee Van Cleef
Eli WallachScénario Luciano Vincenzoni
Sergio Leone
Agenore Incrocci
Furio ScarpelliMusique Ennio Morricone Costumes Antonelli Photographie Tonino Delli Colli Montage Eugenio Alabiso
Nino BaragliProduction Produzioni Europee Associati Budget 1.3 millions (dollars US) Format Couleurs - 1:2,35 - Mono - 35mm Durée 161 minutes
171 minutes (version doublée française)Sortie 23 décembre 1966 (Italie)
29 décembre 1967 (États-Unis)
8 mars 1968 (France)Langue(s) originale(s) Anglais/Italien Pays d’origine Italie/Espagne Le Bon, la Brute et le Truand (Il Buono, il brutto, il cattivo ou The Good, the Bad and the Ugly) est un western spaghetti réalisé par Sergio Leone en 1966.
Pour compléter la Trilogie du dollar et pour éliminer une fois de plus le risque de se répéter, Sergio Leone augmente de deux à trois le nombre de protagonistes. Tout comme Clint Eastwood partageait la vedette avec Lee Van Cleef dans le deuxième film (Et pour quelques dollars de plus), ceux-ci partagent l'écran avec Eli Wallach dans ce troisième film.
Autre nouveauté, l'irruption de l'Histoire dans le scénario, avec la guerre de Sécession américaine. Particularité encore plus unique : le positionnement chronologique du film à l'intérieur de la trilogie. L'auteur semble vouloir suggérer un retour cyclique sans fin : alors que dans les deux premiers films, la guerre semble déjà terminée, ici elle fait toujours rage. Plutôt qu'une conclusion, donc, ce troisième film relaterait des faits qui se sont produits plusieurs années auparavant. À l'appui de cette hypothèse, le personnage de Clint Eastwood (la constante qui lie les trois films) ne se présente pas dans sa tenue habituelle. Au lieu d'un poncho, il porte un long manteau. C'est au cours de ce film qu'il trouve son fameux poncho et l'endosse, retrouvant enfin l'apparence extérieure du personnage des deux premiers films[1]. D'autres éléments semblent toutefois contredire l'hypothèse qu'il s'agit du même homme. Il est donc possible que cette histoire soit indépendante des deux autres, tout en étant liée à celles-ci par son traitement, sa mise en scène et ses interprètes, plutôt que par la continuité du scénario ou l'identité des personnages.
Sommaire
Synopsis
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Le film raconte l'histoire de trois as de la gâchette qui durant la guerre de sécession sont à la recherche d'un chargement d'or disparu. Le premier à être présenté est Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez (le truand, appelé simplement Tuco, interprété par Eli Wallach), un criminel ayant commis de nombreux délits et dont la tête est mise à prix. Tuco est de connivence avec Blondin (le bon, interprété par Clint Eastwood) : Blondin livre Tuco aux autorités, encaisse la prime de l'arrestation, et libère ensuite son complice au moment où celui-ci est pendu. Les deux se partagent ensuite le butin et refont la même opération dans les comtés voisins. Durant ce temps, un troisième personnage nommé Sentenza (la brute, interprété par Lee Van Cleef), un tueur sans pitié, apprend l'existence d'un coffre rempli de pièces d'or confédérées, caché par un soldat nommé Bill Carson. Il commence donc à chercher plus d'information à ce sujet.
Blondin décide de rompre son partenariat avec Tuco, l'abandonnant dans le désert. Celui-ci réussira cependant à survivre et après une traversée de 70 miles, il arrive, complètement épuisé, dans un petit village. Il décide de se venger. Il retrouve rapidement Blondin et inverse les rôles, contraignant son ex-compagnon à le suivre à pied dans le désert. À un certain point, ils rencontrent une diligence remplie de soldats confédérés, morts ou mourants. Parmi ceux-ci se trouve Bill Carson, l'homme recherché par Sentenza. Carson révèle à Tuco le nom du cimetière où est caché l'or, mais demande de l'eau en échange du nom sur la tombe. Pendant que Tuco va chercher une gourde, Carson meurt, non sans avoir donné le nom de la tombe à Blondin, qui tout à coup devient très important pour Tuco. Celui-ci devra donc le soigner afin de pouvoir connaître le nom en question.
Déguisés en soldat confédérés, Tuco conduit Blondin (presque mort) dans une mission catholique administrée par son frère, un prêtre. Pendant que Blondin se rétablit, les deux frères se disputent et chacun blâme l'autre pour les difficultés de sa propre vie. Après avoir laissé la mission, Tuco et Blondin, toujours déguisés en soldats confédérés, sont capturés par un groupe de soldats de l'Union. Ils se retrouvent dans un camp de prisonniers nordiste.
Pendant ce temps, Sentenza a suivi la trace de Bill Carson jusqu'à ce camp, où il est devenu sergent gardien. Avec l'aide du caporal Wallace, il torture Tuco pour connaître le nom du cimetière. Lorsqu'il apprend que seul Blondin connaît le nom de la tombe, il change de tactique. Il propose une alliance à ce dernier. Accompagnés par 5 ou 6 autres brigands, ils s'enfuient tous les deux du camp et partent à la recherche de l'or. Pendant ce temps, Tuco est conduit dans un train de prisonniers, escorté par le caporal Wallace. Il réussit à s'enfuir après avoir éliminé le caporal. Dans un village voisin, dévasté par l'artillerie des deux armées, Tuco rencontre un chasseur de primes blessé par lui au début du film et cherchant à se venger. Tuco l'abat. Blondin, qui était dans le même village, entend les coups de feu et reconnaît le son du pistolet de son ami. Il part à sa recherche. L'ayant retrouvé, les deux décident de s'associer à nouveau pour éliminer Sentenza. Ils réussissent à se débarrasser des membres de son gang, mais Sentenza s'échappe.
Tuco et Blondin, lors de leur voyage vers le cimetière, sont les témoins d'une bataille entre les forces confédérées et celles de l'Union, qui se disputent le contrôle d'un pont de grande valeur stratégique. Capturés encore une fois par les forces nordistes, ils offrent de s'enrôler, après avoir parlé au capitaine de la compagnie. Ce dernier, clairement ivre, révèle aux deux son rêve secret : détruire le pont, afin de faire cesser le massacre inutile entre les deux armées. Le meilleur moment serait lors de la brève trêve entre les batailles, lorsque les deux armées s'affairent à récupérer les blessés. Puisque le cimetière est de l'autre côté du pont, les deux décident de le faire exploser, afin de forcer les soldats à se retirer. Pendant qu'ils posent les explosifs, ils décident de se révéler leurs secrets. Tuco donne le nom du cimetière : Sad Hill ; Blondin donne le nom sur la tombe : Arch Stanton.
Après l'explosion du pont, les deux armées se retirent comme prévu et les deux associés arrivent finalement de l'autre côté de la rivière. Pendant que Blondin s'arrête près des ruines d'une église et réconforte un mourant confédéré, Tuco en profite pour galoper jusqu'au cimetière.
Une fois la tombe repérée, il commence à creuser furieusement. Avant d'avoir trouvé quoi que ce soit, il est rejoint par Blondin, armé d'un pistolet, qui lui ordonne de creuser avec une pelle. Sentenza arrive, armé lui aussi, et il ordonne à Blondin d'aider Tuco à creuser. Blondin révèle que l'or n'est pas enterré dans cette tombe, qui ne contient que des ossements.
Blondin inscrit sur une pierre le véritable nom où est enterré l'or. Les trois se font face sur une large place au milieu du cimetière, pour un grand duel à trois. Blondin abat Sentenza alors que Tuco s'aperçoit que son pistolet est vide. Blondin avoue l'avoir déchargé la nuit précédente. Il montre aussi qu'il n'avait rien écrit sur la pierre, puisque la tombe recherchée est celle sans nom, à côté de celle d'Arch Stanton. Tuco est donc contraint de creuser à nouveau, et dès qu'il trouve l'or, Blondin le force à se passer une corde de pendu autour du cou, debout sur le sommet de la croix d'une tombe. Blondin charge la moitié du butin sur son cheval et s'éloigne, pendant que Tuco crie à l'aide. Une fois plus loin, Blondin fait feu sur la corde et libère Tuco, comme au début du film. Blondin s'enfuit avec la moitié de l'or, laissant l'autre moitié à un Tuco fou de rage.
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Fin des révélations.
Citations
- « J'oubliais, il m'a donné 1000 $, et sais-tu pourquoi ? Pour que je te tue ! Ha Ha... L'ennui avec moi, c'est que je termine toujours le travail pour lequel on me paie ! » (Sentenza)
- « Eh, toi ! Tu sais que tu as la tête de quelqu'un qui vaut 2000 $ ? »
- « Oui, mais toi tu n'as pas la tête de celui qui les encaissera. » (Blondin)
- « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont la corde au cou, et ceux qui la leur coupent. » (Tuco)
- « Quelle ingratitude quand je pense au nombre de fois où je t'ai sauvé la vie ! » (Blondin)
- « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui passent par la porte, et ceux qui passent par la fenêtre. » (Tuco)
- « Je vais dormir tranquillement, car je sais maintenant que mon pire ennemi veille sur moi ... » (Blondin)
- « Dieu n'est pas avec nous et il déteste les corniauds de ton genre ! » (Blondin)
- « Les gros comme toi ça m'a toujours fait rigoler parce que quand ça dégringole ça fait un de ces boucans. » (Tuco)
- « Quand on tire, on raconte pas sa vie ! » (Tuco)
- « Pose ton pistolet et mets ton pantalon. » (Blondin)
- Tuco, lisant péniblement : « J'au.. rai.. vo.. tre.. peau... i... i.. »
- Blondin : « "idiots"... Alors, c'est pour toi. »
- « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ! » (Blondin)
- Tuco : « Tu veux me faire une farce, avoue-le ? »
- Blondin : « Ça c'est pas une farce, c'est une corde. Dépêche-toi de passer ta tête là-dedans, Tuco. »
- Tuco : « Hey! Blondin ! Tu veux que je te dise. Tu es le plus grand dégueulasse que .. que la Terre ait jamais porté ! »
Production
Après le succès de Pour une poignée de dollars et de Et pour quelques dollars de plus, les dirigeants de United Artists contactèrent le scénariste des deux films Luciano Vincenzoni pour acquérir les droits de ses œuvres précédentes ainsi que de ses prochains westerns. Ni lui, ni le producteur Alberto Grimaldi, ni Sergio Leone n'avaient de projets en tête. En fait, Leone n'avait même pas l'intention de faire un autre western. Cependant, attiré par l'énorme somme d'argent offerte (qui lui permettrait d'être financièrement indépendant pour le reste de sa vie), il accepta la proposition, sans avoir encore trouvé l'idée du prochain film. Heureusement pour lui, Vincenzoni proposa l'idée d'un « film à propos de trois canailles à la recherche de trésors durant la guerre de sécession. »[2] Le studio accepta et un budget de 1 million de dollars US (plus 50% des revenus de vente de billets à l'extérieur de l'Italie) fut attribué au projet. Finalement, le film coutera 1,3 million, une somme astronomique si on pense aux conditions précaires dans lesquelles Leone a dû travailler seulement deux années plus tôt. [1] [2]
Luciano Vincenzoni décrit ainsi la vente du film, et la genèse du scénario :
- « J'avais téléphoné à Paris au vice-président d'United Artists (mon ami Ilya Lopert) qui venait à Rome avec toute son équipe. Je les invitai au Supercinema. Heureusement, c'était une journée où ils avaient fait sauter la caisse. Il y avait trois milles personnes. Ils virent le film au milieu des rires et des applaudissement. Ils voulurent aller directement au Grand Hotel pour signer le contrat. Il payait comme garantie minimum un montant qui était de trois fois supérieur aux prévisions les plus optimistes du producteur. Comme le font les américains, la première chose qu'ils dirent après avoir signé le contrat fut « Maintenant, évaluons les collatéraux, compensons les profits et les pertes avec le prochain film. Quel est ce prochain film? » Nous n'avions pas de projet. Avec l'accord tacite de Leone et Grimaldi, je commençai à inventer : « Un film à propos de trois canailles qui sont à la poursuite d'un trésor au milieu de la guerre de sécession, un peu dans le style de La grande guerre, que vous avez distribué en Amérique. » Et ils répondent tout de suite : « Nous l'achetons. C'est combien? » sans même une ébauche écrite. Je m'en remis à Leone et lui demandai « Combien? ». Il me répondit « Quoi, combien? ». Je répondis « Le film que je viens de leur vendre. » Honnêtement, c'était un miracle, sans scénario, avec à peine une ébauche d'action. Grimaldi et Leone me demandèrent « Que leur as-tu dit? » J'ai dit « Une histoire sur la guerre de sécession avec trois acteurs. Dites moi le montant. » Grimaldi répondit « Euh, que dirais-tu de 800 000 dollars? » J'ai répondu « Arrondissons à un million. » Je revins vers Lopert et lui dis « Un million de dollars. » Il me répondit « Marché conclu. » [2] »
Sergio Donati, scénariste, décrit ainsi la vente du film à la United Artist :
- « Grimaldi vendit rapidement les droits de Et pour quelques dollars de plus pour les États-Unis et le Canada. À cette époque, Luciano Vincenzoni collaborait avec Ilya Lopert et était un grand ami de Arnold et David Picker, de l'United Artists. Ils étaient à Rome et Vincenzoni réussit à convaincre Lopert d'amener les gens de l'United Artists à une grande projection du film Et pour quelques dollars de plus. Et Luciano réussit donc à leur vendre le film et il y gagna 10% de tous les profits ainsi qu'un pourcentage sur le suivant, Le bon, la brute et le truand. [2] »
Sergio Leone décrit ainsi son approche de la conception du film :
- « Je ne sentais plus toute cette pression d'offrir au public un film différent. Maintenant, je pouvais faire exactement le film que je voulais... Ce fut un temps de réflexion sur l'histoire du film précédent, et sur ce qui la faisait fonctionner, sur les diverses motivations de Van Cleef et de Eastwood. C'est ainsi que je trouvai le noyau du prochain film... De tout temps j'ai pensé que le bon, le mauvais et le violent ne pouvaient pas exister dans un sens absolu et total. Il me sembla intéressant de démystifier ces adjectifs dans l'atmosphère d'un western. Un assassin peut faire preuve d'un sublime altruisme, alors qu'un bon est capable de tuer avec une indifférence totale. Une personne apparemment mauvaise, lorsqu'on la connait mieux, peut se révéler plus valeureuse qu'elle ne semblait l'être et faire preuve de tendresse. J'ai une vieille chanson romaine gravée en mémoire, une chanson qui me semble pleine de bon sens : Un cardinal est mort. Il a fait le bien et le mal. Il a bien fait le mal et il a mal fait le bien. Voilà en gros la morale que je souhaitais glisser dans le film. [2] »
Scénarisation
Alors que Sergio Leone développe ses idées et planifie une mise en scène vraie et personnelle, Vincenzoni recommanda de travailler avec une équipe de scénaristes incluant Age-Scarpelli et gérée par Leone lui-même ainsi que par le scénariste Sergio Donati. À ce sujet, Leone raconte : « Leur contribution fut un désastre. Inutile et rien d'autre. Je ne pus utiliser rien de ce qu'ils avaient écrit. Ce fut la pire déception de ma vie. Je dus reprendre en main le scénario avec Donati. »[2] Donati confirme cette déclaration, ajoutant : « Dans la version finale du scénario, il ne restait pratiquement rien de ce qu'ils avaient écrit. Ils n'avaient écrit que la première partie, quelques mots à peine. Ils étaient extrêmement éloignés du style de Leone. Leone voulait essayer quelque chose de nouveau. Plutôt qu'un western, Age-Scarpelli avaient écrit une espèce de comédie se déroulant dans l'ouest. »[2]
Scarpelli décrit comme fatale sa rencontre avec Leone. « Dans notre profession nous devons faire preuve de curiosité et porter attention aux films des autres - de quelle façon ils fonctionnent, qu'est-ce qui s'y passe. C'était l'époque des deux westerns de Sergio Leone. Dans toute la communauté du cinéma il existe une passion secrète et infantile pour le western, donc nous avons accepté de collaborer à l'écriture de ce film, surtout qu'il voulait refaire La grande guerre en version western. Mais notre rencontre avec lui s'est avérée fatale. »[2] [3]
Vincenzoni déclara avoir écrit le scénario en onze jours[4], mais bien rapidement il laissera le projet, lorsque les rapports avec Leone se seront détériorés. Il travaillera alors plutôt sur deux autres westerns, avec des réalisateurs différents : Il mercenario (1968) de Sergio Corbucci et Da uomo a uomo (1967) de Giulio Petroni.[3]
Les trois personnages principaux (Tuco, Blondin et Sentenza) sont partiellement construits à partir d'éléments autobiographiques du réalisateur. Au cours d'une entrevue, celui-ci déclara :
- « Dans mon monde, les personnages les plus intéressants sont les anarchistes. Je les comprends mieux parce que mes idées sont plus près des leurs. Je suis fait un peu comme ces trois hommes. Sentenza n'a pas d'âme, il est un professionnel dans le sens le plus banal du terme. Comme un robot. Ce n'est pas le cas des deux autres personnages. Considérant le côté méthodique et prudent de ma personnalité, je ressemble aussi à Blondin. Mais ma plus profonde sympathie sera toujours pour Tuco... Il sait être touchant avec toute cette tendresse et cette humanité blessée. Mais Tuco est aussi une créature toute instinctive, un bâtard, un vagabond. »[2]
Le film est donc basé sur trois rôles : un arlequin, une fripouille et un méchant. Eastwood remarquera ironiquement à propos de la trilogie : « Dans le premier film j'étais seul, dans le deuxième nous étions deux, ici nous sommes trois. Dans le prochain, je me retrouverai au milieu d'un détachement de cavalerie. »[2]
Leone était très attiré par les idées qui jaillissaient durant la préparation du film :
- « Ce qui m'intéressait était d'un côté de démystifier les adjectifs, de l'autre de montrer l'absurdité de la guerre... La guerre civile dans laquelle les personnages se débattent, de mon point de vue, est inutile, stupide. La phrase clé du film est celle de Blondin qui commente la bataille du pont : Je n'ai jamais vu tant de gens mourir... si mal. Je fais voir un camp de concentration nordiste... mais en partie on pense aux camps nazis, avec leurs orchestres juifs. »[2]
Leone fut aussi inspiré par une vieille histoire à propos de la guerre :
- « Je voulais montrer l'imbécillité humaine picaresque de même que la réalité de la guerre. J'avais lu quelque part que 120 000 personnes moururent dans les camps sudistes comme Andersonville, mais je ne voyais nulle part de référence aux morts dans les camps de prisonniers nordistes. On entend toujours parler des atrocités commises par les perdants, jamais de celles de gagnants. Alors je décidai de montrer les exterminations dans un camp nordiste. Cela ne plut pas aux Américains, pour qui la guerre civile est un sujet quasi tabou, parce que sa réalité est folle et incroyable. Mais la véritable histoire des États-Unis a été construite dans une violence que ni la littérature ni le cinéma n'ont su révéler comme ils l'auraient dû. Personnellement je tends toujours à mettre en contraste la version officielle des évènements - sans doute parce que j'ai grandi sous le fascisme. J'ai vu en personne comme on peut manipuler l'histoire. Pour cette raison, je doute toujours de ce qui est annoncé. Pour moi, c'est maintenant un réflexe. »[2]
Le camp de prisonniers où sont conduits Blondin et Tuco est basé sur les bas-reliefs en acier d'Andersonville, réalisés en août 1864, alors qu'il s'y trouvait 35 000 prisonniers.[1] De plus, les scènes extérieures s'inspirèrent des archives photographiques de Mathew Brady.[2] Van Cleef raconte à ce sujet : « Le camp de prisonniers construit par Sergio était très simple : seulement quelques cabanes et des palissades. Et il était surpeuplé, mais il donnait l'impression que durant la guerre civile, les choses devaient être exactement comme cela. C'était comme les images que j'avais vu d'Andersonville... Vraiment comme une photographie de Brady. »[2]
À propos des décors du film, Leone raconte :
- « Les auteurs américains dépendent trop des autres scénaristes et n'approfondissent pas suffisamment leur propre histoire. En préparant le film, je découvris que durant la guerre civile, il n'y eut qu'une seule bataille au Texas, visant la propriété des mines d'or de l'État. Le but de la bataille était d'empêcher le nord (ou le sud) de contrôler ces mines. Donc, pendant que j'étais à Washington, je tentai de trouver quelques informations sur cet évènement. Le bibliothécaire de la bibliothèque du Congrès (la plus grande du monde), me répondit : « Je crois que vous vous trompez. Le Texas, dites-vous? Il doit s'agir d'une erreur. En Amérique personne n'a jamais livré de bataille pour des mines d'or, et de toute façon la guerre civile n'a jamais eu lieu au Texas. Revenez dans deux ou trois jours, je ferai quelques recherches d'ici là. Mais je suis certain que c'est une erreur. » Eh bien, j'y suis retourné après deux ou trois jours et ce type me regardait comme s'il avait vu un fantôme. Il me dit : « J'ai ici huit livres, et ils font tous référence à cet évènement. Comment diable avez-vous fait pour le savoir ? Vous ne lisez que l'italien, comment avez-vous pu le découvrir ? Maintenant je comprends pourquoi vous les Italiens faites des films si extraordinaires. Je travaille ici depuis vingt ans et pas un seul réalisateur américain ne s'est jamais préoccupé de venir s'informer sur l'histoire de l'ouest. » Eh bien, maintenant moi aussi j'ai une énorme bibliothèque : à Washington, pour huit dollars, ils te photocopient un livre entier! »[2]
Leone n'hésite pas à insérer dans le scénario des idées personnelles : la façon dont Blondin et Tuco perçoivent la guerre est la même que la sienne. Le regard de ces deux personnages sur le champ de bataille synthétise ce que Leone voulait transmettre. De plus, grâce à quelques astuces, il arrive à créer plusieurs contrastes durant les scènes de guerre, critiquant et parfois même satirisant la guerre civile.
Le titre original du film était Les deux magnifiques bons-à-rien mais il fut changé dès le début du tournage, lorsque Vincenzoni vit en rêve le titre Le bon, la brute et le truand, qui plut aussitôt à Leone.[2]
Distribution
Clint Eastwood (Blondin)
Clint Eastwood (VF : Jacques Deschamps) interprète le bon, l'homme sans nom, un chasseur de primes flegmatique et arrogant qui est en compétition avec Tuco et Sentenza dans la course au trésor caché, au milieu de la guerre de sécession. Blondin et Tuco développent une relation amour-haine. Tuco connaît le nom du cimetière où se trouve l'or, mais Blondin connaît le nom de la tombe où il est enterré. Ils sont donc contraints à travailler ensemble et à se secourir à tour de rôle. Nonobstant cette quête avide, la compassion exprimée par Blondin pour les soldats mourant dans le carnage chaotique de la guerre est évidente : « Je n'ai jamais vu autant de gens mourir si mal » affirme-t-il. Clint Eastwood incarne celui qui est peut-être le mieux réussi de tous les personnages créés par Leone : grandiose, laconique, un as de la gâchette soigné dans les moindres détails. La présence du cigare de Blondin est un symbole très important dans le film. Eastwood en a un à la bouche dans presque toutes les scènes, et le rallume continuellement. De plus, le cigare devient un élément clé de l'action à quelques occasions (la poursuite en suivant la piste des cigares toujours plus fraîchement fumés, l'allumage de la mèche du canon et de celle des explosifs, etc.).
Son expression sombre et pensive, ses yeux à demi-fermés pourrait faire de Blondin le stéréotype idéal du "méchant". Cependant, Leone réussit à surprendre tout le monde en créant un personnage à mi-chemin entre le chasseur de prime traditionnel et le bandit, parvenant à un résultat que peut-être aucun autre réalisateur n'avait réussi à atteindre. Dans la composition de ce personnage, Leone démontre qu'il a su intégrer l'essence des grands classiques tels la tragédie grecque et l'œuvre de Shakespeare. De plus, il admettra que le personnage de Clint Eastwood est largement inspiré du style des grands auteurs latin comme Plaute et Térence.
À propos de l'interprète, Sergio Donati raconte :
- « Parmi les trois, Eastwood est sans doute celui qui ressemble le plus à son propre personnage : fermé, taciturne, ironique. Il ne s'humanise que devant une assiette de spaghetti : à part Bud Spencer, je n'ai jamais vu d'autres acteurs capables d'avaler trois doubles assiettes. Et en plus il ne grossit pas, malédiction. »[5]
1965 marque la fin de Rawhide, un série télévisée américaine dans laquelle Clint Eastwood tient l'un des rôles principaux. À ce moment, aucun des films italiens de Eastwood n'est encore distribué en Amérique. Lorsque Leone lui offre un rôle dans son prochain film, celui-ci hésite, bien qu'il s'agisse de sa seule offre de travail. Il remarque que le rôle de Tuco est plus important que le sien. Il demande donc à ce que son propre rôle soit augmenté.[2] Leone dut redoubler d'effort pour le convaincre d'accepter :
- « Il s'en fallut de peu pour qu'il refuse de jouer le personnage de Blondin. Après avoir lu le scénario, il trouva en effet que le rôle de Tuco était trop important, qu'il était le meilleur des deux rôles. Je tentai de le raisonner en lui disant que le film était plus long que les deux autres. Il ne pouvait pas y être seul. Tuco est nécessaire pour l'histoire, et il doit demeurer tel que je l'ai voulu. Tuco est le second rôle, et au moment où Blondin apparait, c'est la star qui apparait. »[2]
Eastwood cependant ne fut pas convaincu. Leone dut donc se déplacer jusqu'en Californie avec sa femme, pour tenter de négocier. L'épouse de Leone, Carla, raconte :
- « Clint et sa femme Maggie sont venus à notre hôtel. J'expliquai que le fait qu'il ait à ses côtés deux autres grands acteurs ne pouvait que renforcer sa stature. De plus, une grande star qui interprète un rôle plus petit aux côtés de grands acteurs peut tirer avantage de la situation. Parfois, faire un pas en arrière permet d'en faire deux en avant. »[2]
Pendant que les deux épouses discutent, Eastwood et Leone s'affrontent durement et leur relation commence à se détériorer. Leone explique sa situation : « S'il interprète le rôle, je serai très heureux. Mais s'il refuse, alors étant donné que j'invente déjà tout, demain je devrai m'en inventer un autre comme lui. »[2] Après deux journées de négociations, l'acteur accepte de tourner le film et demande à être payé 250 000 $, plus 10% des profits du box-office sur tout le territoire occidental[4], un accord qui déplaira à Leone.
Dans le film, le personnage de Eastwood est désigné avec le surnom Blondin, puisque personne ne connait son vrai nom. De plus, lorsque le capitaine Clinton demande leurs noms à Tuco et Blondin, celui-ci demeure silencieux, restant fidèle à son image. Dans le scénario du film, par contre, on réfère à celui-ci sous le nom de Joe.
" Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un révolver chargé, et ceux qui creusent(pause) Toi, tu creuses "
Lee Van Cleef (Sentenza)
Lee Van Cleef (VF : Georges Atlas) interprète le rôle de la brute (nommé 'the bad' en anglais mais il cattivo en italien), un mercenaire insensible et sans pitié qui s'appelle Sentenza (littéralement la sentence[6]). Il n'hésite pas à éliminer froidement tous ceux qu'il rencontre dans sa course au trésor. Après que Blondin et Tuco furent capturés et emprisonnés, Sentenza est le sergent qui interroge et fait torturer Tuco par le caporal Wallace, découvrant ainsi le nom du cimetière où est caché l'or, mais ne parvenant pas à obtenir le nom de la tombe. Il forme donc une brève alliance avec Blondin. Ce dernier préfèrera retourner avec Tuco dès que l'occasion se présentera.
À l'origine, Leone voulait que Charles Bronson interprète Sentenza, mais celui-ci était déjà en train de tourner Les Douze Salopards (1967).[1] Leone songea alors à travailler de nouveau avec Lee Van Cleef :
- « Sachant que Van Cleef avait déjà interprété un rôle plus romantique dans Et pour quelques dollars de plus, l'idée de lui faire interpréter un personnage complètement opposé m'intrigua. »[2]
Lee Van Cleef raconte :
- « Pour le premier film, je ne pouvais pas négocier, étant donné que je n'arrivais même pas à payer mon téléphone. Je tournai le film, je payai mon compte de téléphone et exactement une année plus tard, le 12 avril 1966, on m'appela de nouveau pour tourner Le bon, la brute et le truand. Et en parallèle, je tournai également La resa dei conti. Alors, au lieu de ne gagner que 17 000 dollars, j'en gagne plus de 100 000, tout cela grâce au talent de Leone, pas au mien. »[3]
L'acteur souffrait d'une peur étrange des chevaux, alors évidemment il ne connaissait rien de l'équitation. Sergio Donati raconte : « On lui trouva un cheval docile et amadoué comme une bête de cirque, mais pour pouvoir y monter, il lui fallait une chaise et il fallait que quelqu'un tienne l'animal. La même histoire se répétait évidemment lorsqu'il s'agissait de redescendre. (Wallach utilisa le même cheval dans ses propres scènes, puisque lui non plus ne savait pas monter). »[5]
Lee Van Cleef, d'autre part, bien qu'il interpréta des « méchants » dans la majorité de ses films, était un homme doux qui contrastait nettement avec ses personnages. Ce sont ses talents d'acteur qui lui permettaient de si bien personnifier des rôles si éloignés de sa propre personnalité. Donati raconte cette autre anecdote à ce sujet :
- « Dans une scène du film, il doit frapper une prostituée qui connait Bill Carson, et il ne réussissait pas à aller si loin. L'actrice (Rada Rassimov), lui disait "Ne t'en fait pas si tu me donnes une vraie gifle, ça ne me dérange pas, frappe-moi...", mais Van Cleef lui expliquait en rougissant qu'il n'arrivait tout simplement pas à lever la main sur une femme, c'était plus fort que lui. »[5]
Dans ce film, Lee Van Cleef dut porter des verres de contact colorés pour cacher le fait qu'il ai un œil vert et un œil bleu. Ce maquillage n'était pas nécessaire dans ses autres films, mais dans Le bon, la brute et le truand, il aurait été possible de remarquer la différence de couleur dans l'un des nombreux gros plans, typiques de l'œuvre de Leone.[7] On remarque par ailleurs, dans un gros plan lors du duel final, qu'il manque à l'acteur une phalange au majeur de la main droite. " Je suis un créancier très patient. Quand le moment est venu, je me fais payer, quoiqu’il arrive... "
Eli Wallach (Tuco)
Eli Wallach (VF : Claude Bertrand) interprète le rôle de Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez, le truand ('the ugly' en anglais, mais nommé 'il brutto' en italien), un bandit comique, maladroit et loquace recherché par les autorités. Tuco apprend le nom du cimetière où est enterré l'or, mais il ne connait pas le nom de la tombe ; seul Blondin le connait. Cette situation les force tous les deux à devenir compagnons de voyage. Leone, à propos du choix de Wallach, raconte :
- « Tuco représente (comme le fera Cheyenne dans un prochain film) toutes les contradictions de l'Amérique, et aussi en partie toutes les miennes. J'ai pensé offrir le rôle à Gian Maria Volontè mais ça ne me semblait pas le bon choix. Alors j'ai choisi Eli Wallach, habituellement employé dans des rôles dramatiques. Wallach avait en lui quelque chose de chaplinesque, quelque chose que de toute évidence plusieurs n'avaient jamais compris. Pour jouer le rôle de Tuco, c'était parfait. »[3]
Leone choisit donc Eli Wallach en se basant sur son rôle dans le film La conquête de l'ouest (1962). Leone fut particulièrement touché par son interprétation dans la fameuse scène des chemins de fer.[2] À ce sujet, il racontera à Oreste De Fornari (son biographe) :
- « J'ai choisi Eli Wallach en me basant sur un geste qu'il a fait dans La conquête de l'ouest, lorsqu'il descend du train et qu'il parle avec Peppard. Il voit un enfant (le fils de Peppard), il se tourne d'un coup et lui tire dessus avec le doigt en faisant une grimace. J'ai toute de suite compris qu'il y avait un acteur comique à la Chaplin en lui et que tout pouvait se faire avec lui. En fait, nous nous sommes bien amusés ensemble. »[8]
Les deux hommes se rencontrèrent à Los Angeles, mais l'acteur était réticent à interpréter de nouveau ce type de personnage. Cependant, après avoir visionné la séquence d'ouverture de Et pour quelques dollars de plus, il demanda : « Quand avez-vous besoin de moi? »[2] Tous les deux s'entendirent très bien, partageant le même sens de l'humour étrange. Leone permit à Wallach d'effectuer des modifications à son personnage, en termes de mise en scène et à propos de sa façon de bouger. Les vêtements de Tuco furent de plus choisis par Wallach lui-même.[2] C'est également lui qui proposa le signe de croix comme tic nerveux du personnage.[2] [3] Wallach décrit en quelques mots son travail avec Van Cleef : « Le principal souvenir de mon travail avec lui est qu'il était devenu depuis peu de temps l'orgueilleux propriétaire d'une Mercedes neuve. » Sa relation avec Eastwood était tout à l'inverse : « J'étais très reconnaissant à Clint. Il proposa des idées et des détails qui rendaient mon personnage encore mieux... Sur le plateau, il ne parlait pas beaucoup, mais il était un observateur attentif. Il disait que c'était son troisième film en Italie et qu'il retournerait ensuite aux États-Unis pour relancer sa carrière là-bas. C'est ce qu'il fit. »[2] Tant Eastwood que Van Cleef saisirent que le personnage de Tuco plaisait particulièrement au réalisateur. Leone et Wallach devinrent de grands amis, même à l'extérieur du plateau. Van Cleef raconte :
- « Tuco est le seul personnage parmi les trois pour lequel le public connait son passé. Nous rencontrons son frère, nous comprenons d'où il vient et pourquoi il est devenu un bandit. Mon personnage et celui de Clint demeurent mystérieux... C'était clair que le public préfèrerait le personnage de Wallach. »[2]
"Quand on tire, on tire. On raconte pas sa vie"
Autres personnages
- Aldo Giuffré (VF : André Valmy) : Un capitaine nordiste ivre qui devient ami de Blondin et Tuco. Il comprend bien que ses hommes sont envoyés inutilement au massacre, et il rêve de détruire le pont - un rêve qui se réalisera grâce à ses nouveaux amis. Blessé mortellement durant la bataille du pont, il meurt tout de suite après avoir vu celui-ci exploser. Giuffré est un comique italien qui est devenu acteur.
- Mario Brega : Le caporal Wallace, un gardien de prison et un assassin qui travaille pour Sentenza et qui torturera Tuco pour lui faire dire où est le trésor. Sentenza confiera ensuite Tuco à Wallace, pour que celui-ci puisse toucher la prime de sa capture. Tuco, cependant, éliminera Wallace en le poussant hors d'un train en mouvement. Un boucher devenu acteur, l'imposant Brega est omniprésent dans les films de Leone et dans les westerns spaghetti en général.
- Antonio Casale : Bill Carson/Jackson. Le mourant Bill Carson, aussi connu comme Jackson, représente l'un des point tournant de l'histoire. Il donne à Tuco le nom du cimetière où se trouve l'or, et il donne à Blondin le nom de la tombe où il est enterré. Casale apparaitra aussi dans le film de Leone Il était une fois la révolution.
- Luigi Pistilli : Pablo Ramirez, un prêtre catholique et le frère de Tuco. Il méprise son frère qui est devenu un bandit, mais fondamentalement il lui veut du bien. Pistilli est un vétéran ayant joué dans plusieurs westerns spaghetti, interprétant habituellement un « méchant » (comme pour le film Et pour quelques dollars de plus).
- Antonio Casas : Stevens, le paysan mêlé à l'histoire entre Baker et Bill Carson. Il sera assassiné avec sa famille par Sentenza, après avoir révélé à ce dernier des informations sur l'or et sur la nouvelle identité de Jackson. Casas fut un joueur de football populaire en Espagne, puis il est devenu acteur. Il est apparu dans plus de 170 films et émissions de télévision durant sa carrière.
- Livio Lorenzon : Baker, le soldat confédéré impliqué dans l'affaire de l'or caché (avec Stevens et Carson). Il engagea Sentenza pour obtenir de l'information et pour assassiner Stevens. Il sera ensuite lui-même assassiné par Sentenza, payé par Stevens.
- Rada Rassimov : Maria, une prostituée attaquée par Sentenza. Elle connait Bill Carson, mais n'est pas impliquée dans ses affaires.
- Al Mulock : Chasseur de prime manchot. Il fut blessé par Tuco au début du film. Il devra se faire amputer les bras droit. Il doit ré-apprendre à tirer de la main gauche. Il cherchera désespérément vengeance. Après avoir retrouvé Tuco, il parle trop longtemps et Tuco en profite pour l'abattre. Mulock fut un acteur canadien. Après ce film, il apparaitra également dans Il était une fois dans l'ouest, dans le rôle d'un des trois as de la gâchette, au début du film. Il se suicida durant le tournage, se lançant en bas d'une des fenêtres de l'hôtel, en costume de scène.
- Molino Rojo : Harper, le bon capitaine nordiste présent dans le camp de prisonniers, atteint de gangrène à une jambe. Il n'accepte pas les méthodes de Sentenza et plus d'une fois lui répète d'être moins brutal avec les prisonniers. Il n'est cependant pas pris au sérieux.
- Enzo Petito : Le commerçant.
- Claudio Scarchilli : Un membre du gang de Sentenza.
- John Bartha : Un shériff.
Réalisation
Le film fut tourné en Espagne (dans le désert de Tabernas, en Andalousie) avec l'approbation du régime franquiste et avec l'assistance de l'armée espagnole. Parmi les figurants on retrouve entre autres 1500 soldats locaux.[1] En 1973, Eastwood raconta :
- « En Espagne ils ne se souciaient pas de ce que nous faisions. Il ne leur importait que de savoir si nous faisions un film sur les Espagnols ou sur l'Espagne. Si oui, ils nous auraient tenu à l'œil sans répit, mais curieusement, ils ne s'intéressaient pas au fait que nous tournions un western se déroulant à l'ouest du Mississippi ou au Mexique. L'histoire du film ne leur importait plus. »[2]
Sur le plateau de tournage, Leone avait à ses côté un jeune Giancarlo Santi, qui occupait le poste d'assistant réalisateur. Santi, lors d'une entrevue au Festival di Torella dei Lombardi (2006), se souvient :
- « Sergio voulait me connaitre et avait la pellicule de Et pour quelques dollars de plus lorsque je l'ai rencontré à la visionneuse. Nous avons sympathisé rapidement, il m'a engagé pour le projet et je suis parti pour l'Espagne, de mars à août 1966, la plus belle période de ma vie. L'histoire du film Le bon, la brute et le truand est supérieure à celles des deux films précédents, avec ses grands thèmes épiques, éthiques et historiques. J'y appris comment gérer un budget car Leone était un grand entrepreneur. »[3]
Tonino delli Colli fut pour la première fois directeur de la photographie dans un film de Sergio Leone. À propos de leur collaboration, delli Colli raconte :
- « Il y avait un point de départ, un principe esthétique : Dans un western, on ne peut pas mettre beaucoup de couleurs. Nous avons avons utilisés des teintes amorties : noir, marron, beige, étant donné que les édifices étaient en bois et que les couleurs des paysages étaient plutôt vivantes. »[3]
Eli Wallach se souvient que Leone utilisa la lumière et l'ombre en s'inspirant de Vermeer et de Rembrandt[3]
Alors que le tournage se déroulait sans incident majeur, la nouvelle qu'un nouveau western de Leone était en production fit le tour du monde. De son côté, le réalisateur s'insurgea contre les règles de co-production cinématographique italo-espagnole. Il déclara lors d'une entrevue accordée au quotidien Il Messaggero (publiée le 26 mai 1966) que :
- « Oui, maintenant je peux faire ce que je veux. J'ai signé un contrat fabuleux avec la United Artists. C'est moi qui décide ce que je veux faire, quels sujets, quels acteurs, tout. Ils me donnent ce que je veux, ils me le donnent. Seulement ces messieurs bureaucrates du cinéma italien cherchent à me mettre des bâtons dans les roues. Ils font des films en mesurant tout avec une balance de pharmacien : quatre acteurs et demi italiens, deux virgule cinq acteurs espagnols, un Américain. Je leur ai dit non. Vous me laissez faire mes films comme je le veux, ou alors je pars pour l'Amérique ou pour la France, où on m'accueillera à bras ouverts ! »[3]
Durant le tournage, il se produisit quand même quelques évènements notables : Eli Wallach fut presqu'empoisonné lorsqu'il but accidentellement d'une bouteille d'acide laissée par un technicien près de sa bouteille de soda. Wallach mentionne cette anecdote dans son autobiographie, tout en déplorant que Leone, bien qu'il fut un réalisateur brillant, n'avait mis en place aucune mesure de sécurité lors du tournage des scènes dangereuses.[9] L'acteur fut en danger dans plusieurs scènes. Lorsqu'il est sur le point d'être pendu et qu'il est libéré par un coup de feu qui coupe la corde et qui effraie le cheval, lui permettant de s'enfuir à toute allure, le cheval s'emballa et continua de courir pendant plus de 1500 mètres avec l'acteur en selle, les mains toujours attachées derrière le dos.[2] Wallach risqua également sa vie dans la scène où lui et Brega doivent sauter hors du train en mouvement. Le saut fut accomplit sans problème, mais une situation dangereuse survint lorsque son personnage doit couper la chaine qui l'attache au caporal, maintenant mort. Tuco plaça le cadavre sur les rails, afin que le prochain train coupe la chaine au passage. Wallach n'avait pas remarqué que des marches en métal de trente centimètres dépassaient au bas de chaque wagon, et personne dans l'équipe technique ne semblât s'en être aperçu non plus. Si l'acteur avait soulevé la tête au mauvais moment, une de ces marches l'aurait probablement décapité.[2] Leone demanda à l'acteur de reprendre la scène, mais celui-ci déclara qu'il ne la referait plus jamais de sa vie.[9]
En Espagne, l'équipe tourna les scènes extérieures dans plusieurs endroits différents. Quelques mois s'écoulèrent entre le repérage et le début du tournage, ce qui causa un problème sur le site choisi pour tourner la scène du pont. Lors de la première inspection, le niveau d'eau de la rivière Arlanza (devant représenter le Río Grande) avait une hauteur de 1,20 mètre, parfaite pour les besoins du film. À l'arrivée de l'équipe de tournage, le niveau n'était plus que de vingt centimètres. Pour résoudre ce problème, une digue fut construite par l'armée espagnole, en aval de la zone choisie pour filmer, permettant de ramener la hauteur de l'eau au niveau désiré.
Le pont dut cependant être construit deux fois plutôt qu'une. Leone voulait un véritable pont en pierre et en bois, sur lequel on pouvait circuler. Il fallut quinze jours pour le construire la première fois. Les problèmes commencèrent lorsqu'arriva le moment de le faire exploser. Sergio Donati raconte :
- « Le meilleur artificier du cinéma à l'époque était Baciucchi, une légende vivante. Cependant il n'avait jamais eu à préparer un explosion d'une telle dimension. Il plaça une trentaine de charges de TNT, mais chaque fois, l'explosion des premières charges coupait le contact électrique, et donc le pont ne sautait pas tout d'un coup, tel que le souhaitait Sergio. »[10]
Pour remédier à ce problème, il fallut donc demander l'aide des spécialistes de l'armée espagnole. Des nouvelles charges explosives furent installées et les caméras placées à divers angles autour du pont. Arrivée au moins 10 du compte à rebours, le capitaine de l'armée crut entendre le signal de faire exploser le pont, alors qu'il s'agissait en fait d'une parole adressée à un technicien de caméra-vidéo. On n'arriva donc qu'à filmer la fin de l'écroulement. Eli Wallach raconte ainsi les évènements :
- « Il y avait trois postes de caméra : une rapprochée, une plus loin et une autre encore plus loin. L'homme qui avait installé les explosifs pour cette scène était un capitaine de l'armée espagnole. Le responsable des effets spéciaux lui avait dit que de l'avoir sur le plateau pour aider l'équipe de tournage était un grand honneur, et que donc l'honneur d'appuyer sur le bouton du détonateur pour faire sauter le pont revenait à lui. Le capitaine répondit qu'il ne voulait pas le faire, mais le responsable des effets spéciaux insista en disant qu'il suffisait d'écouter jusqu'à ce qu'il dise Vaya! et d'appuyer alors sur le bouton. À ce moment, un assistant demanda au responsable des effets spéciaux s'il voulait déplacer une des caméras plus loin, et celui-ci répondit vai (en italien), ce qui signifie vas-y. Le capitaine cru entendre le signal vaya et appuya sur le bouton. Leone était furieux contre le responsable des effets spéciaux. « Je vais le tuer, il est renvoyé ! ». Le capitaine répondit qu'il ferait reconstruire le pont, mais qu'il ne fallait pas renvoyer cet homme. »[4]
Sergio Donati ajoute : « Le pont fut entièrement reconstruit en une nuit et le matin suivant, il explosa de nouveau, cette fois avec toutes les caméras en fonction. Cependant, la première explosion était la meilleure, alors toutes les prises de vues de la chute des débris proviennent des images de cette première erreur. »[10] Les problèmes avec la scène du pont ne se terminent pas là. Tant Eastwood que Wallach faillirent être soufflés par l'explosion. Eastwood raconte : « Si nous nous étions trouvé au point choisi par Leone, selon toute probabilité nous ne serions plus ici aujourd'hui pour en parler. »[11] On voit effectivement des débris voler autour des acteurs et crever un sac de sable, et ce n'est pas un effet spécial. Ce fut Eastwood lui-même qui insista pour déplacer leur position vers un endroit plus sûr. Ici aussi, on voit donc le peu d'attention porté par Leone aux questions de sécurité, ce qui amena Eastwood à conseiller à Wallach de « ne jamais faire confiance à personne dans un film italien. »[11] Plusieurs critiques remarquèrent le style à la Buster Keaton de cette scène, et Leone ne démentit pas s'être inspiré du film Le Mécano de la « General » (1927).[12]
La préparation du duel à trois et du cimetière ont requis un soin extrême et une grande implication de la part des scénographes italiens et espagnols, coordonnés par Carlo Leva. Leone, lors d'une journée de pause, alla voir comment se déroulaient les travaux. Il fut impressionné par la précision du travail de Leva. Il lui rappela que dans la scène finale, on devait apercevoir les ossements dans le cercueil et que ceux-ci devaient être réaliste. Après s'être adressé sans succès aux services médicaux et aux autorités locales, Leva apprit d'un décorateur qu'à Madrid, une femme louait le squelette de sa mère, actrice de son vivant. Cette dernière avait choisi de l'offrir ainsi, afin de « pouvoir continuer sa carrière même après sa mort ». Leva se rendit donc à Madrid en auto, pour prendre livraison du squelette parfaitement conservé, exactement tel qu'il apparait dans la scène du cimetière. Toujours lors du tournage au cimetière, afin d'obtenir de Wallach une expression de surprise aussi sincère que possible pendant qu'il court de tombes en tombes, Leone fit libérer un chien et le laissa courir sur le plateau. À propos du tournage au cimetière, le scénographe et costumier Carlo Leva raconte :
- « Pour Le Bon, la Brute et le Truand, Carlo Simi me demanda de trouver un endroit adapté pour tourner la scène finale située dans un cimetière en temps de guerre, et bien entendu de le préparer d'après une ébauche que j'avais dessinée auparavant. Nous étions en Espagne. À proximité de Burgos, je découvris un petit plateau au milieu des pâturages pour les animaux d'un village. Je parlai au maire. Il accepta de déplacer les troupeaux et de nous laisser utiliser le terrain pour le tournage, à condition que nous remettions les lieux dans l'état où nous les avons trouvés. Avec l'aide des soldats espagnols, et avec une charrue, je préparai le terrain afin de pouvoir y installer 8000 tombes, faites avec la terre trouvée sur place et mélangée à de la paille et de la sciure. Et les monticules, nous les avons élevés un par un en utilisant un cercueil vide, de la même façon que les enfants font des châteaux de sable sur la plage avec un seau vide. Lorsqu'il vit le résultat, Sergio Leone fut enthousiasmé par notre "travail macabre". »[13]
La séquence du duel à trois demeurera célèbre dans l'histoire du cinéma. Sergio Leone sut la mettre en valeur à travers des prises de vues nouveau genre, avec des plans rapprochés, avec des détails comme le mouvement des yeux et avec un montage toujours plus rapide qui fera école auprès de la génération suivante de grands cinéastes. Cependant, cette séquence n'aurait peut-être pas eu autant d'impact sans sans la trame musicale exaltée d'Ennio Morricone. Leone raconte :
- « Je voulais un cimetière qui puisse évoquer l'arène d'un cirque de l'antiquité. Il n'en existait aucun. Je me tournai donc vers le responsable espagnol des effets pyrotechniques qui s'était occupé de la construction et de la destruction du pont. Il me prêta 250 soldats qui construisirent le type de cimetière dont j'avais besoin, avec 10 000 tombes. Ces hommes travaillèrent durant deux journées entières et tout fut complété. Pour moi, il ne s'agissait pas d'un caprice : l'idée de l'arène était cruciale, comme un clin d'œil morbide, puisque les spectateurs de ce duel à trois étaient tous morts. J'insistai pour que la musique exprime l'éclat de rire des cadavres à l'intérieur de leurs tombes. Les trois premiers gros plans sur les acteurs nous demandèrent une journée complète de travail : Je voulais que le spectateur ait l'impression de regarder un ballet. La musique donnait un certain lyrisme à toutes ces images, alors la scène devenait une question de chorégraphie et de suspense. »[4]
Lors de la production de ses deux premiers films, Leone avait déjà acquit la réputation d'être obsédé par les détails, mais durant ce troisième tournage, cette réputation prit des proportions quasi légendaires.[2] Luca Morsella, fils de Fulvio Morsella, raconte une anecdote :
- « Une journée où ils étaient en train de tourner une scène, le directeur de production (Fernando Cinquini) était très satisfait car le travail avait été complété selon l'horaire. Sergio dit alors : "Je n'ai pas encore fait le détail de l'éperon". Cinquini s'approcha et lui répondit : "Ce n'est pas grave, ne te préoccupe pas d'une bagatelle comme l'éperon - nous le tournerons quand nous pourrons." Lorsque vint le jour où il fallait filmer ce "détail de l'éperon", Cinquini demanda à Sergio s'il voulait le faire maintenant. Celui-ci répondit : "Il me faut 300 figurants, des diligences, des cavaliers, des soldats et tout le reste." En effet, oui, ce n'était qu'un détail de l'éperon, mais en arrière-plan il voulait voir toute la vie de la ville, avec les gens qui marchent et les cavaliers qui passent. Cette anecdote devint une légende dans le monde du cinéma. Chaque fois qu'un réalisateur dit : "Il ne me manque qu'un détail", il faut s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un autre détail de l'éperon »[2]
Doublage et sortie
Le plateau de tournage était véritablement multilingue. Leone pouvait parler l'italien, le romain et le français, mais très peu l'anglais. La moitié de l'équipe et des figurants parlait l'espagnol. Wallach ne comprenait pas l'italien, alors il utilisait le français pour communiquer avec les Italiens.[1] Durant les prises de vues, les acteurs secondaires parlaient dans leurs langues respectives, pour ensuite être doublés en studio. Plus extrême encore, l'acteur Al Mulock (interprétant le bandit manchot qui surprend Tuco dans une baignoire) n'arrivait pas à réciter correctement son texte alors il ne fit que prononcer une séquence numérique.[1]
Les trois protagonistes principaux jouèrent leurs rôles en anglais, et furent doublés en italien pour la première du film à Rome.[1] Pour la version américaine, leurs voix originales furent conservées et celles des autres interprètes furent doublées en anglais. On remarqua qu'aucun dialogue n'est parfaitement synchronisé, car Leone ne tournait que rarement (sinon jamais) les scènes avec l'audio en synchronisation. Diverses hypothèses furent avancées pour expliquer ce choix : Leone préférait souvent entendre la musique de Morricone durant le tournage, afin d'inspirer les acteurs. Pour Leone, le côté visuel d'une scène était plus important que les dialogues (sa connaissance de l'anglais étant très limitée). À tout cela s'ajoutaient les limitations techniques et le manque de temps, ce qui fait qu'il était difficile d'enregistrer parfaitement les dialogues dans les scènes tournées par Leone. Cependant, tous les acteurs furent redoublés à New York, en octobre et en novembre 1967. Aucune raison officielle n'est documentée, mais certains affirment que ce travail fut accompli pour régler les problèmes de synchronisation et pour donner l'impression que le film était tourné directement en anglais. La supervision du doublage fut confiée à Mickey Knox, un acteur américain ami de Wallach. [2] Knox raconte :
- « Sergio avait une très mauvaise traduction de l'italien, et dans la plupart des cas, les acteurs américains changeaient les répliques durant le doublage... Je savais ce qu'ils auraient dû dire, parce que j'avais une copie du texte italien... Mais je devais trouver les répliques exactes, pas seulement pour la continuité de l'histoire, mais aussi pour avoir une correspondance avec le mouvement des lèvres. Ce n'était pas une chose facile à faire. De fait, il me fallut six semaines pour écrire ce qu'on appelle le texte avec les lèvres. Normalement pour un film, c'est une tâche que j'aurais complétée en seulement sept ou dix jours. Mais ceci n'était pas un film normal. »[2]
Sergio Donati, lors d'une visite de contrôle des opérations de doublage, constata avec horreur que Knox avait considérablement modifié les dialogues, dans un effort de synchronisation avec les lèvres. Donati raconte :
- « Clint Eastwood simplifiait parfois les choses, lui qui, après ce troisième film avec Leone, avait avec lui une relation réciproquement cordiale du style : sans moi tu ne serais rien, espèce d'idiot. Clint, avec sa tête de western, frappait son script de doublage sur le pupitre et disait de sa voix froide et susurrante : « Je répète exactement ce que j'ai dit sur le plateau ». Il savait très bien qu'il rompait avec la tradition de Leone de bouleverser complètement les dialogues durant le montage. » [10]
D'autre part, une erreur de traduction dans la première bande-annonce américaine du film est à l'origine de l'inversion des rôles de la brute et du truand, de par l'ordre de la séquence bon-brute-truand : le titre italien bueno-brutto-cattivo, soit Eastwood-Wallach-Van Cleef devint en anglais good-bad-ugly au lieu de sa traduction littérale good-ugly-bad. Van Cleef se retrouvant en deuxième position avec The Bad et Wallach en troisième avec The Ugly, la traduction française propagea l'erreur, car même si la séquence bon-brute-truand fut respectée dans le titre, elle donna à Eli Wallach le troisième attribut, et le mis au statut de truand au lieu de celui de brute originale.[1]
Le film fut projeté en public pour la première fois le 23 décembre 1966 en Italie. Cette version était d'une durée de 161 minutes. Il existe aussi une version director's cut, dont la longueur varie entre 179 et 186 minutes (selon le pays). Ces versions élaborent davantage sur le développement de l'histoire et des personnages.
Dates de sorties internationales Pays Titre du film Date Italie Il buono, il brutto, il cattivo (161'; 182' sans coupures) 23 décembre 1966 Allemagne Zwei glorreiche Halunken (171') 15 décembre 1967 États-Unis The Good, the Bad and the Ugly (161'; 179' sans coupures) 20 décembre 1967 Japon 続・夕陽のガンマン (ぞく・ ゆうひ のガンマン) (Zoku・Yūhi no Gan Man) (161') 30 décembre 1967 Finlande Hyvät, pahat ja rumat (161'; 142' version coupée) 2 février 1968 France Le bon, la brute et le truand (161'; 186' sans coupures) 8 mars 1968 Suède Den gode, den onde, den fule (171') 10 avril 1968 Hong Kong non disponible 13 juin 1968 Royaume-Uni The Magnificent Rogues (161'; 179' sans coupures) 22 août 1968 Pakistan non disponible 22 juillet 1974 Philippines non disponible 7 août 1977 Norvège Den gode, den onde og den grusomme (161') 8 octobre 1982 Accueil
Le film connut rapidement un grand succès à travers le monde, grâce avant tout à la notoriété du réalisateur Sergio Leone. Il généra en 31 années (de 1966 à 2007) plus de 25 millions de dollars, un chiffre qui, convertit en équivalence d'aujourd'hui, ne sera probablement jamais égalé par un autre réalisateur européen.[14] Les dirigeants de l'United Artists furent abasourdis de voir les salles de cinéma partout dans le monde se remplir comme jamais auparavant elles ne s'étaient remplies pour un western.
Depuis ses débuts, ce film est demeuré un favori du public. Il est souvent mentionné dans les listes et les palmarès des meilleurs films. Les utilisateurs de Box Office Mojo[14] lui ont attribué par vote une marque de "A". Il a également obtenu 100% des votes du site de critique cinématographique Rotten Tomatoes[15]. Il se retrouve aussi dans les listes des meilleurs films de tous les temps des magazines Mr. Showbiz[16], Empire Magazine[17] et Time Out[18] ainsi que sur les sites IMDB[19] et Allociné[20] .
Le Bon, la Brute et le Truand, deuxième partie
Sergio Leone n'avait pas l'intention de tourner d'autres westerns. Avec le film suivant (Il était une fois dans l'ouest), il espérait clore le genre. Le scénariste de Leone, Luciano Vincenzoni, a cependant déclaré plusieurs fois avoir écrit le scénario d'une suite, Le Bon, la Brute et le Truand, deuxième partie, se déroulant environ 20 ans après le film original[3]. Ce scénario n'était qu'une ébauche, mais Vincenzoni avait quand même contacté les principaux interprètes. Eli Wallach fit quelques allusions à propos de l'histoire de cette suite présumée :
- « Tuco est toujours à la recherche de ce salopard. Il découvre que Blondin a été assassiné. Mais son neveu est toujours vivant et sait où est caché le trésor. Tuco décide donc de le suivre. »[3]
Clint Eastwood aurait été en charge de la production, et aurait aussi été le narrateur du film, permettant ainsi de découvrir ce qui est arrivé à son vieux personnage [3]. Le poste de réalisateur fut offert à Joe Dante et Sergio Leone devait être co-producteur du film [3]. Cependant, malgré toutes ces préparations, le projet fut annulé lorsque Leone décida de ne plus tourner de western et ne donna pas la permission d'utiliser le titre et les personnages [3].
Trame sonore
La trame sonore du film fut composée par Ennio Morricone, collaborateur régulier de Leone. Durant leur enfance, les deux hommes furent compagnons de classe[21] [22]. Les compositions uniques de Morricone, dans lesquelles il utilise des détonations, des sifflements (d'Alessandro Alessandroni) et du yodel contribuent à créer l'atmosphère qui caractérise le film. Le thème musical principal, semblable au hurlement d'un coyote, est une mélodie de deux notes devenue célèbre. On l'utilise dans le film pour représenter les trois personnages principaux, en utilisant un son différent pour chacun : Une flute soprano pour Blondin, une ocarina de type arghilofono pour Sentenza et une voix humaine pour Tuco. Cette mélodie se répètera tout au long du film comme un leitmotiv appuyant l'entrée en scène ou la sortie d'un personnage. Morricone décrit la technique inhabituelle utilisée pour l'enregistrer :
- « Lorsque je dirige la pièce durant un concert, les hurlements de coyote qui donnent le rythme au thème principal du film sont habituellement joués à la clarinette. Cependant, dans la version originale, je dus recourir à une solution plus originale. Deux voix masculines chantaient l'une par dessus l'autre, l'une criant A et l'autre EH . Les AAAAH et les EEEEH résultants permirent d'imiter avec éloquence l'animal et d'évoquer la férocité de l'Ouest sauvage. »[2]
Sergio Leone explique qu'une partie de la musique de Morricone fut écrite avant le début du tournage, ce qui représentait un grand pas en avant par rapport aux films précédents, où des limitations de budget ne permettaient pas une telle flexibilité. Il explique aussi :
- « Dans Le Bon, la brute et le truand, chaque personnage avait son thème musical, sur un instrument différent qui interprétait mon écriture. En ce sens, on jouait avec les harmonies et les contrepoints, mettant en scène un modèle de ces trois être humains qui constituaient un amalgame de tous les défauts de l'humanité. Nous avions aussi besoin de quelques crescendo et de quelques moments spectaculaires capables de capturer l'attention tout en s'accordant avec l'esprit de l'histoire. Pour cela, la musique jouait un rôle capital. Elle devait être complexe, avec humour et lyrisme, tout en étant tragique et baroque. La musique devenait aussi un élément de l'histoire. C'était le cas dans la séquence du camp de concentration. Un orchestre de prisonniers devait jouer pour couvrir les cris des torturés. Dans d'autres parties du film, la musique accompagne soudainement les changements de rythme, comme lorsque la diligence fantomatique sort de nulle part, au milieu du désert. Je voulais aussi que la musique devienne à l'occasion un peu baroque. Je ne voulais pas qu'elle se limite à la répétition des thèmes de chaque personnage - à un soulignement. De toute façon, je fis jouer une partie de la musique sur le plateau de tournage. Cela créait l'atmosphère de la scène et influençait clairement les interprètes. Cette méthode plaisait beaucoup à Clint Eastwood. »[2]
La trame sonore fut publiée en 1966 et obtint un grand succès, tant auprès du public que de la critique : l'album se classa en 4ième position du Billboard Magazine au cours de l'année 1968[23]. Une nouvelle édition fut publiée par Capitol Records en 2004. Celle-ci contient des pièces supplémentaires, tirées du film.
Version de 1966
- Il buono, il brutto, il cattivo - 2:38 (littéralement : Le Bon, la Brute et le Truand)
- Il tramonto - 1:12 (littéralement : Le coucher du soleil)
- Il forte - 2:20 (littéralement : Le fort)
- Il deserto - 5:11 (littéralement : Le désert)
- La carrozza dei fantasmi - 2:06 (littéralement : La diligence des esprits)
- Marcetta - 2:49 (littéralement : Petite marche)
- La storia di un soldato - 3:50 (littéralement : L'histoire d'un soldat)
- Marcetta senza speranza - 1:40 (littéralement : Petite marche sans espoir)
- Morte di un soldato - 3:05 (littéralement : La mort d'un soldat)
- L'estasi dell'oro - 3:22 (littéralement : L'extase de l'or)
- Il triello - 5:00 (littéralement : Le duel à trois)
Version de 2004
- Il buono, il brutto, il cattivo - 2:42 (littéralement : Le Bon, la Brute et le Truand)
- Il tramonto - 1:15 (littéralement : Le coucher du soleil)
- Sentenza - 1:41
- Fuga a cavallo - 1:07 (littéralement : Fuite à cheval)
- Il ponte di corde - 1:51 (littéralement : Le pont de corde)
- Il forte - 2:22 (littéralement : Le fort)
- Inseguimento - 2:25 (littéralement : La poursuite)
- Il deserto - 5:17 (littéralement : Le désert)
- La carrozza dei fantasmi - 2:09 (littéralement : La diligence des esprits)
- La missione San Antonio - 2:15 (littéralement : La mission Saint-Antoine)
- Padre Ramirez - 2:37 (littéralement : Père Ramirez)
- Marcetta - 2:53 (littéralement : Petite marche)
- La storia di un soldato - 3:53 (littéralement : L'histoire d'un soldat)
- Il treno militare - 1:25 (littéralement : Le train militaire)
- Fine di una spia - 1:16 (littéralement : La fin d'un espion)
- Il bandito monco - 2:45 (littéralement : Le bandit manchot)
- Due contro cinque - 3:46 (littéralement : Deux contre cinq)
- Marcetta senza speranza - 1:40 (littéralement : Petite marche sans espoir)
- Morte di un soldato - 3:08 (littéralement : La mort d'un soldat)
- L'estasi dell'oro - 3:23 (littéralement : L'extase de l'or)
- Il triello - 5:02 (littéralement : Le duel à trois)
Musiciens
- Vincenzo Restuccia, percussions
- Franco De Gemini, harmonica
- Michele Lacerenza, trompette
- Francesco Catania, trompette
- Bruno Battisti D'Amario, guitare classique
- Alessandro Alessandroni, Sifflements
- Nicola Samale, flûte soprano
- Italo Cammarota, arghilofono (la version basse de l'ocarina, un instrument à vent en terre cuite de la région des Abruzzes[24])
- Edda Dell'Orso, voix
- Alide Maria Salvetta, voix
- I Cantori Moderni di Alessandroni, chœur
- Franco Cosacchi, Nino Dei, Enzo Gioieni, Gianna Spagnuolo, voix
Bibliographie
- (fr) Christopher Frayling, Il était une fois en Italie, éd. de La Martinière, 2005 (ISBN 2-7324-3332-2)
- (en) Christopher Frayling, Sergio Leone: Something To Do With Death (littéralement : Sergio Leone : Quelque chose à propos de la mort), Faber & Faber, 2000 (ISBN 0571164382)
- (en) Eli Wallach, The Good, the Bad, and Me: In My Anecdotage (littéralement : Le Bon, la Brute et Moi : Parmi mes anecdotes), Harcourt Trade Publishers, 2006 (ISBN 0156031698)
- (it) Richard Schickel, Clint Eastwood - L'uomo dalla cravatta di cuoio - La biografia ufficiale (littéralement : Clint Eastwood - L'homme à la cravate de cuir - La biographie officielle), Sperling & Kupfer, 1999 (ISBN 882002831X)
- (en) Mark Sceurman et Mark Moran, Weird NJ (littéralement : NJ bizarre), Barnes and Noble, 2004 (ISBN 076073979X)
- (en) Paul Duncan et Douglas Keesey, Clint Eastwood: Taschens Movie Icons (littéralement : Clint Eastwood: Les icones cinématographiques Taschens), Taschen America Llc, 2006 (ISBN 9783822820049)
- (it) Marco Giusti, Dizionario del Western all'italiana (littéralement : Dictionnaire des westerns à l'italienne), Arnoldo Mondadori Editore, 2007 (ISBN 9788804572770)
- (it) Oreste De Fornari, Tutti i film di Sergio Leone (littéralement : Tous les films de Sergio Leone), Ubulibri, 1985 (ISBN 8877480378)
Notes
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i (en) Anecdotes à propos de Le Bon, la Brute et le Truand sur IMDB en date du 4 août 2007.
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v , w , x , y , z , aa , ab , ac , ad , ae , af , ag , ah , ai et aj (en) Cristopher Frayling, Sergio Leone: Something To Do With Death, Faber & Faber, 2000. ISBN 0571164382
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m et n (it) Marco Giusti, Dizionario del Western all'italiana, Milan, Arnoldo Mondadori, 2007, ISBN 9788804572770
- ↑ a , b , c et d (it) Sergio Leone, C'era una volta il Cinema, Radio 24, I magnifici
- ↑ a , b et c (it) Storie di attori, Sergio Donati. (littéralement « Histoires des acteurs ») Site web consulté le 04-08-2007.
- ↑ A en croire le commentaire du DVD remasterisé, ce nom a été forgé de toutes pièces lors du doublage en français. le personnage se nomme en fait « Angel-Eyes », mais « Sentenza » convenait mieux au mouvement des lèvres que « Yeux d'Ange »...
- ↑ (en) Mark Sceurman et Mark Moran, Weird NJ, New York, Barnes & Noble, 2004. ISBN 076073979X
- ↑ (it) Oreste De Fornari, Tutti i film di Sergio Leone, Milan, Ubulibri, 1985, ISBN 8877480378
- ↑ a et b (en) Eli Wallach, The Good, the Bad, and Me: In My Anecdotage, Harcourt Trade Publishers, 2006, ISBN 0156031698
- ↑ a , b et c (it) Storie di film, Sergio Donati. Site visité le 04-08-2007.
- ↑ a et b (it) Richard Schickel, Clint Eastwood - L'uomo dalla cravatta di cuoio - La biografia ufficiale, Milano, Sperling & Kupfer Editori, 1999, ISBN 882002831X
- ↑ (it) Intervista a Sergio Leone Site consulté le 04-08-2007
- ↑ (it) Chi è Carlo Leva Site consulté le 04-08-2007
- ↑ a et b (en) Données sur les ventes du box office Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (en) Rotten Tomatoes Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (en) Classification des 100 meilleurs films de tous les temps d'après les lecteurs de Mr. Showbiz Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (en) Classification des 100 meilleurs films de tous les temps d'après les lecteurs de Empire Magazine Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (en) Classification des 100 meilleurs films de tous les temps d'après les lecteurs de Time Out Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (en) Classification des 250 meilleurs films de tous les temps d'après les utilisateurs du site IMDB Site consulté le 6-8-2007
- ↑ (fr) Classification des 250 meilleurs films de tous les temps d'après les utilisateurs du site Allociné Site consulté le 6-5-2009
- ↑ (it) Gianni Minà, Una vita da maestro, site consulté le 26-08-2007
- ↑ (it) Gaia Giuliani, Gli spaghetti western alla Scala. A Morricone la bacchetta da direttore, site consulté le 26-08-2007
- ↑ (en) Classification de la trame sonore du film selon Billboard Magazine, site consulté le 4-8-2007
- ↑ (fr) Patrick Ehresmann, Le Western à l'Italienne, site consulté le 19-11-2007
Voir aussi
Lien externe
(fr+en) Il Buono, il brutto, il cattivo sur l’Internet Movie Database
Sources
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Il buono, il brutto, il cattivo ».
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