- Western Spaghetti
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Western spaghetti
Le western spaghetti est un sous-genre de western qui doit son nom à un sarcasme du cinéma américain quant à ses origines italiennes.
Malgré cette ironie, le genre sera largement reconnu et plébiscité grâce à quelques films mythiques de très grande qualité. En effet, au début des années 1960, le western est sur le déclin avant que l'influence de réalisateurs tels que Sergio Leone lui insufflent une nouvelle jeunesse. L'impact du western à la sauce méditerranéenne sera tel qu'il va en faire évoluer radicalement les codes, et influencer profondément et durablement le cinéma mondial.
Sommaire
Caractéristiques
Si les catégories de base du western traditionnel (film d'action, qui se situe au XIXe siècle ou au tout début du XXe siècle dans l'Ouest américain) se retrouvent bien dans la déclinaison italienne du genre, celle-ci se démarque des productions américaines typiques à plusieurs niveaux.
Spécificités scénaristiques
Tout d'abord, le western spaghetti dépasse le schéma manichéen récurrent pour mettre en scène des personnages bien plus complexes. Il ne s'agit plus d'une lutte unilatérale des gentils cow-boys, blancs, chevaleresques et propres sur eux contre les indiens sauvages et primitifs ou les terribles bandits mexicains. Au contraire, les protagonistes des westerns spaghettis ont tout de l'anti-héros. Misogynes et mal rasés, cyniques et individualistes, ils sont a priori plus prompts à dégainer pour le bien de leur portefeuille que pour se mettre au service d'une noble cause. Cependant ces pistoleros crasseux, hirsutes, violents, bagarreurs, ivrognes, vénaux, sadiques, amoraux ont l'avantage d'être beaucoup plus crédibles que les cow-boys qui après avoir chevauché toute la journée conservent des vêtements immaculés et une coiffure impeccable. Les femmes, bien que jouant un rôle secondaire, ne sont pas à négliger. Elles sont bien souvent des prostituées (ou d'ex-prostituées), elles fument le cigare, boivent du whisky et savent généralement se défendre contre les assauts libidineux des aventuriers à l'hygiène corporelle sommaire voire quasiment inexistante. La violence est omniprésente, on trouve des scènes de duels et de rixes bien évidemment mais aussi des scènes de tabassages, de pendaisons et de mutilations, à la différence des westerns traditionnels, le sang coule et la cruauté est généralement bien répartie entre les bons et les méchants. À la palette spatiale traditionnelle le western spaghetti ajoute un nouveau lieu : la maison close, car les pulsions sexuelles des personnages ne sont pas niées. Du point de vue de la physionomie, si les anti-héros ont des têtes abominables, les méchants n'ont rien à leurs envier : ils sont plus terrifiants et grotesques que les héros, sont dotés de tares diverses et variées (strabisme divergeant, gibbosité, scarifications...).
Il ne faudrait toutefois pas se réduire à ne voir en eux que des opportunistes prêts à tous les coups bas. En fait, en s'éloignant de l'archétype du héros sans peur et sans reproche, le western spaghetti rend ses personnages bien plus humains, et foncièrement sympathiques malgré tous leurs défauts. En alternative à l'opposition blanc/noir traditionnelle, le western spaghetti propose une palette de gris bien plus complexe, et qui laisse une latitude bien plus grande à la psychologie des personnages. Cette tendance avait déjà émergé dans le western traditionnel dans des films tel que Vera Cruz.
Spécificités esthétiques
Esthétiquement, le western spaghetti se définit sous l'influence décisive de Sergio Leone par des angles de caméra très largement ouverts sur des paysages imposants, mais aussi par l'utilisation de cadrages originaux et très expressifs (comme des contre-plongées, l'encadrement de la scène dans des fenêtres ou des cordes de potence, etc.) ou des cadrages très serrés (gros plan sur un regard, une main sur une gâchette,...). La musique de film joue également un rôle très important, lente et rythmée, elle s'accélère progressivement pour faire monter l'intensité dramatique lorsque le scénario le réclame. Le western spaghetti a sans conteste fourni quelques unes des plus belles bandes originales du septième art sous la direction d'Ennio Morricone. Parmi les poncifs du genre, et sous l'influence une fois de plus de Sergio Leone il y a encore les longues scènes de duels, lentes et dramatiques, soutenues par une musique lancinante à souhait, avec des successions de gros plans sur les protagonistes. Quelques exemples-type :
- la confrontation du cimetière entre Blondin, Sentenza et Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand
- la marche savamment orchestrée de Franck dans Il était une fois dans l'Ouest
- le duel des barrières dans Le Grand Duel
Musiques
Les western spaghetti s'illustrent aussi par un genre particulier de musiques, qui détonent beaucoup au regard de celles du western traditionnel. Comme dans le reste de son esthétique, le western spaghetti marque cette différence par des thèmes plus 'clichés' ou plus entraînants, d'autres plus froids et menaçants et certains plus amples et plus lyriques ; le tout faisant preuve d'une étonnante inventivité et d'une fraîcheur encore intacte, quand certains des films se sont démodés. Ennio Morricone culmine, mais n'est que l'arbre devant la forêt ; il faut citer Bruno Nicolai, Francesco De Masi, Stelvio Cipriani, Roberto Pregadio, Luis Bacalov, Marcello Giombini...
Films, acteurs et réalisateurs
C'est sans conteste le réalisateur Sergio Leone qui a définitivement marqué le genre, avec sa trilogie du dollar - Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand - et avec Il était une fois dans l'Ouest. D'autres réalisateurs ont toutefois signés des œuvres de qualité, tels Sergio Corbucci avec Navajo Joe, Django ou Le Grand silence, et Sergio Sollima avec Colorado ou Le dernier face à face. On parle d'ailleurs parfois des trois Sergio.
Lieux
Les westerns spaghettis ont principalement été tournés dans le désert de Tabernas dans la région d'Almería en Espagne. Doté d'espaces vierges de présence humaine et ressemblant aux paysages de l'Arizona ou du Nevada avec des conditions météos exceptionnelles, des steppes, des dunes, des ravins, des collines et des canyons. La main d'œuvre bon marché et la facilité d'accès à quelques kilomètres de grandes villes ont fini de convaincre les réalisateurs de ce style cinématographique à privilégier le désert espagnol aux plaines américaines.
Texas Hollywood situé à Tabernas dans le désert de Tabernas est l'un des trois poblados (villages) de western encore en activité (il y en avait à la grande époque jusqu'à 14).
Les deux autres ne sont plus utilisés qu'à usage strictement touristique et sont Mini Hollywood (avec un zoo) et Western Leone.
Les autres sont hélas laissés à l'abandon.
Quelques films majeurs
- 1964 : Pour une poignée de dollars, de Sergio Leone, avec Clint Eastwood
- 1965 : Et pour quelques dollars de plus, de Sergio Leone, avec Clint Eastwood et Lee Van Cleef
- 1966 : Le Bon, la Brute et le Truand, de Sergio Leone, avec Clint Eastwood, Eli Wallach et Lee Van Cleef
- 1966 : Django, de Sergio Corbucci, avec Franco Nero
- 1967 : Navajo Joe, de Sergio Corbucci, avec Burt Reynolds
- 1967 : Requiescant, de Carlo Lizzani, avec Lou Castel, Pier Paolo Pasolini, Franco Citti et Ninetto Davoli
- 1968 : Il était une fois dans l'Ouest, de Sergio Leone, avec Charles Bronson, Henry Fonda, Jason Robards et Claudia Cardinale
- 1968 : Le Grand Silence de Sergio Corbucci avec Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski
- 1968 : Le dernier jour de la colère de Tonino Valerii
- 1968 : La Mort était au rendez-vous de Giulio Petroni
- 1971 : Blindman, de Ferdinando Baldi, avec Tony Anthony et Ringo Starr. Remake de Zatoichi, le plus dingo-flamboyant des westerns italiens
- 1972 : Le Grand Duel de Giancarlo Santi.
- 1973 : Mon nom est personne, de Tonino Valerii et Sergio Leone, avec Henry Fonda et Terence Hill
- 1976 : Keoma, de Enzo G. Castellari, avec Franco Nero et Woody Strode
- 1977 : A Man Called Blade, de Sergio Martino
Après le succès
Baroque et caricatural par essence, le western spaghetti se transforme peu à peu en comédie et les pochades burlesques de Terence Hill et Bud Spencer le discréditent. A la fin des années 1970, le genre s'essouffle et l'on ajoute des ingrédients d'autres provenances pour essayer de le relancer, ainsi les mélanges avec les films d'arts martiaux - appelés dans le milieu de la critique cinématographique le western soja - ont donné Mon nom est Shangaï Joe (Mario Caiano, avec Klaus Kinski), ou La Brute, le Colt et le Karaté (Antonio Margheriti), dont on note des remakes dans les années 2000 : Shanghai Kid avec Jackie Chan.
Clint Eastwood a été particulièrement influencé par le western spaghetti, dans ses films on retrouve des personnages complexes. Dans Josey Wales hors-la-loi il campe un ancien fermier dont la ferme a été détruite et la famille massacrée par une milice pro-nordiste, ce fermier rejoindra une milice pro-sudiste et refusera la paix (dans le western traditionnel on tait volontairement les exactions commises pas les soldats de l'Union pendant la guerre de sécession). Dans Impitoyable il est un ancien tueur qui reprend du service, le shériff de Big Whiskey est un sadique qui prend plaisir a tabasser les délinquants (alors que dans le western traditionnel le shériff est toujours un brave défenseur de la loi). Dans L'épreuve de force il joue un policier alcoolique qui doit convoyer une prostituée, témoin dans un procès.
Aujourd'hui encore, le genre continue d'influencer les nouvelles générations de cinéastes : Quentin Tarantino (Kill Bill), Sam Raimi (Mort ou vif), Álex de la Iglesia (800 balles) ou Christopher McQuarrie (Way of the Gun).
En 2004, le film Hidalgo était encore une transposition du western en d'autres horizons, mais le titre analogue de western couscous ne lui conviendrait pas.
Le genre a aussi laissé sa patte dans le monde du jeu video. Le jeu Red Dead Revolver en est un parfait exemple. Une particularité de ce dernier vient de ses thèmes musicaux, authentiques bandes originales de films.
Bibliographie
- L. Staig, T. Williams - Le western italien
Lien externe
- (fr) Page thématique "Western spaghetti" sur Psychovision.net
- (fr) Dossier sur le site dvdrama.com réalisé par Tepepa proposant un grande liste de films chroniqués
- (en) "Shobary's Spaghetti Westerns " : Site d'un aficionado comportant chroniques, liste d'acteur, mp3s des thèmes originaux, affiches de cinéma
- (fr) Vidéo: Almeria, lieu de tournage en 1973, une archive de la Télévision suisse romande
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