- Arlequin
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Arlequin, Arlecchino en italien, est un personnage type de la commedia dell'arte qui est apparu au XVIe siècle en Italie, dont le costume est fait de losanges multicolores. Ceux-ci représenteraient les multiples facettes d'Arlequin.
Sommaire
Origine
L'Arlequin a des origines italiennes comme le montrent beaucoup de titres où apparait ce personnage.
Origines lointaines
Elles relèvent des « sannions » ou « bouffons » qui jouaient les fables atellanes, ainsi nommées de la ville d'Atella, d'où ils étaient venus, vers les premiers temps de la République romaine, pour ranimer les Romains découragés par une peste affreuse...
Cicéron, émerveillé de leur jeu, s'écrie : « Quid enim potest esse tam ridiculum quam sannio est? Sed ore, vultu, [imitandis moribus,] voce, denique corpore ridetur ipso »[1] (de Oratore, lib. II, cap. 64.) Le costume de ces mimes, tout à fait étranger aux habitudes grecques et romaines, se composait d'un pantalon (et non d'une toge) de diverses couleurs, avec une veste à manches, pareillement bigarrée, qu'Apulée, dans son Apologie, désigne par le nom de centunculus, habit de cent pièces cousues ensemble. Ils avaient la tête rasée, dit Vossius, et le visage barbouillé de noir de fumée : Rasis capitibus et fuligine faciem obducti. Tous ces traits caractéristiques se trouvent dans des portraits peints sur des vases antiques sortis des fouilles d'Herculanum et de Pompéi ; et l'on peut en conclure que jamais descendant de noble race n'a offert une ressemblance de famille aussi frappante que celle qui existe entre Arlequin et ses aïeux[2].
Quant à la personnalité d'Arlequin, elle fut sans doute empruntée aux personnages d'esclaves des comédies latines (celles de Plaute et Térence, eux-mêmes très inspirés par les spectacles comiques latins pré-classiques), au caractère souvent très proche (goinfres, poltrons, fanfarons, paresseux, lascifs...), aucune trace textuelle d'atellane n'ayant subsisté après l'Empire Romain.
Étymologie
Son nom viendrait de celui du roi de la mythologie germanique « Herla » (Herla King en anglais ou Erlkönig en allemand) à l'origine de la tradition française d'un diable nommé « Hellequin »[3], ce qui donna la variante Harlequin, passé en italien sous la forme Arlecchino à l'origine du français Arlequin. On pense aussi aux termes anglais « hell » (enfer) et « king » (roi). Arlequin serait donc un personnage issu des croyances populaires concernant l'enfer. De plus, c'est un personnage qui s'inspire du protagoniste italien Arlecchino, possédant des caractéristiques semblables mais qui ne portait pas à chaque représentation les mêmes habits.
Sur scène
Contrairement à ce que l'on a pu dire, le personnage d'Arlequin n'a pas été créé par l'acteur italien Domenico Biancolelli. On en trouve la trace en Italie dès le XVIe siècle. En France, les comédiens du duc de Mantoue, parmi lesquels un acteur qui se fait appeler Arlequin, sont invités par la reine Marie de Médicis, en 1606[4], mais ils se font prier et ne se rendent en France qu'en 1608. Arlequin n'est pas au rendez-vous, immobilisé dit-on, par une maladie[5].
Il était employé dans beaucoup de pièces de commedia dell'arte et figure comme un personnage indispensable à celle-ci. Sa fonction est celle d'un valet comique. Il est connu pour sa bouffonnerie. Contrairement à Brighella, il fait preuve de peu d'intelligence, il est bête, famélique, crédule et paresseux. Il est toujours en quête de nourriture et pour en trouver, il est capable d'inventer toutes sortes de stratagèmes, pirouettes ou acrobaties, mais le reste du temps, il cherche avant tout à dormir et éviter le moindre effort.
Arlequin joue le rôle de l'humble serviteur, comme dans Arlequin, serviteur de deux maîtres, de Carlo Goldoni. Il peut aussi être l'amoureux de Colombine et par conséquent un rival pour Pierrot. Il apparaît en France à l'époque de Molière où ses caractéristiques évoluèrent. Ainsi, il deviendra avec les pièces de Marivaux un valet naïf et sensible comme, par exemple, dans l'Île des esclaves.
Dans la rue
De tous temps, aux Carnavals et aux charivaris, sera associée la diabolique figure de « Hellequin », allitération de « Helleking », (Roi de l'Enfer).
L'Arlequin est encore un personnage du Carnaval de Binche. Ce sont exclusivement des enfants d'une école primaire de la localité qui peuvent faire partie de cette société.
Anecdote
Arlequin porte un bonnet sur lequel figure une queue de lapin. Cette queue symbolisait la lâcheté, rendant tout autant plus ridicule l'accoutrement d'Arlequin.
Œuvres où figure Arlequin
- La Descente d'Arlequin aux enfers (1689), de Regnard
- Arlequin homme à bonne fortune (1690), de Regnard
- Arlequin serviteur de deux maîtres (1753), de Goldoni
- Les Amants timides, de Goldoni
- Pagliacci, de Leoncavallo
- Sept contes, de Michel Tournier
Chez Marivaux :
- Arlequin poli par l'amour (1720) (texte sur Wikisource)
- La Surprise de l'amour (1722) (texte sur Wikisource)
- La Double Inconstance (1723) (texte sur Wikisource)
- La Fausse Suivante (1724) (texte sur Wikisource)
- Le Prince travesti (1724) (texte sur Wikisource)
- L'Île des esclaves (1725) (texte sur Wikisource)
- La Seconde Surprise de l'amour (1727) (texte sur Wikisource)
- Le Jeu de l'amour et du hasard (1730) (texte sur Wikisource)
Ballets :
Dans la commedia dell'arte (ou auteur inconnu) :
- Arlequin chevalier du soleil, de Fatouville
- Arlequin empereur dans la lune, de Fatouville
- Arlequin Jason ou la toison d'or comique, de Fatouville
- Arlequin lingère du palais, de Fatouville
- Arlequin Mercure galant, de Fatouville
- Arlequin Protée, de Fatouville
- Les Deux Arlequins
- Arlequin Phaéton
- Arlequin défenseur du beau sexe
- Arlequin misanthrope
- L'Arlequinade
- Les Aventures d'Arlequin
- Le Désespoir d'Arlequin
Bibliographie
- Maurice Sand, Masques et bouffons (comédie italienne), Paris, Michel Lévy frères, 1860
- François Moureau, De Gherardi à Watteau : Présence d'Arlequin sous Louis XIV , Paris, Klincksieck, 1992
Article connexe
- Habit d’arlequin sur le wiktionnaire
- Maison d'Arlequin
Notes et références
- le site de l'Académie de Nice. On peut traduire par : « En effet, qu'est-ce qui peut être aussi comique que l'est un bouffon ? C'est qu'il nous fait rire par sa bouche, par sa figure, par ses parodies, par sa voix, par tout son corps enfin. » Texte latin pris sur
- P.M. Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la Langue Française. p. 77. Paris, 1842. P. Bertrand, éd.
- La Mesnie Hellequin : horde composée de monstres et de revenants, de créatures infernales et de femmes nues, venant harceler les vivants. Elle donne, curieusement, dans la commedia dell'arte, naissance à une personne totalement différente : Arlequin dont les habits et la fantaisie semblent tourner en dérision le monde des cauchemars dont il est issu.
- BnF, Manuscrit 500 Colbert 87, fol. 80 v°
- A. Baschet, Les comédiens italiens …, p. 152.
Catégories :- Théâtre italien
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