Symphonie Manfred de Tchaïkovski

Symphonie Manfred de Tchaïkovski

Symphonie Manfred

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Manfred Op. 58 Манфред
Scène de Manfred (1833), par Thomas Cole
Scène de Manfred (1833), par Thomas Cole

Genre Symphonie
Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski
Sources littéraires Manfred, drame en vers de Lord Byron
Durée approximative env. 55 min
Dates de composition 1885
Création 23 mars 1886
Moscou

Manfred, op. 58 (Манфред en russe), est une symphonie de Piotr Ilitch Tchaïkovski en quatre scènes daprès le poème dramatique Manfred de Lord Byron, composée entre mai et septembre 1885 et créée à Moscou le 11 (23)[1] mars 1886, sous la direction de Max Erdmannsdörfer.

La symphonie est dédiée à Mili Balakirev, qui en proposa le thème à Tchaïkovski et sefforça de diriger son travail.

Sommaire

Fiche technique

Structure

  1. Lento legubre (si mineur)
  2. Vivace con spirito (si mineur)
  3. Andante con moto (sol majeur)
  4. Allegro con fuoco (si mineur)

Orchestration

Instrumentation de la Symphonie Manfred
Cordes
premiers violons, seconds violons, altos,

violoncelles, contrebasses, 2 harpes

Bois
3 flûtes, la troisième jouant le piccolo,

2 hautbois, 1 cor anglais,

2 clarinettes (en la), 1 clarinette basse (en si bémol), 3 bassons

Cuivres
4 cors (en fa),

2 cornets (en la), 2 trompettes (en ),

3 trombones, 1 tuba

Percussions
timbales,

cymbales, grosse caisse, cloches, tambourin, triangle, tam-tam

Clavier
orgue (dans le dernier mouvement)

Histoire

La proposition de Balakirev à Berlioz

Hector Berlioz, à qui Balakirev proposa initialement lidée d'une symphonie sur le thème de Manfred

Cest en 18671868 quHector Berlioz effectue son dernier voyage en Russie. À cette occasion, il reçoit une lettre de Mili Balakirev qui a entendu son Harold en Italie. Balakirev lui-même a été sollicité par son ami Vladimir Stasov pour écrire une vaste symphonie à programme daprès Byron ; il écrit à Berlioz:

« 

Vous aimez Byron, lequel a imaginé tant de sujets fascinants qui vous conviendraient parfaitement; je pense à Manfred. Il est impossible de refuser une symphonie consacrée à un tel héros, pour la seule raison que Byron avait une destinée semblable à la vôtre. Tout comme les Anglais, qui, englués dans leur morale pharisienne et dans les mœurs dune routine conventionnelle nont pas réussi à le comprendre, les Français ne vous ont pas compris parce quils nont pas atteint le niveau de maturité musicale qui leur permettrait de voir plus loin que lart de quelqu'un comme Gounod. Mais revenons à ManfredJimagine le premier mouvement de votre symphonie de cette manière :
[Suit le programme de Stasov.]
Quel merveilleux sujet pour un premier mouvement ! Le second est en pleine opposition au premier. Ce serait quelque chose dans le style de votre scène aux champs de votre première symphonie. […] Troisième mouvement : un scherzo fantastique dans le style de votre Reine Mab. On ne peut quimaginer les délicates couleurs que vous pourriez utiliser pour lorchestre, les combinaisons nouvelles et originales que vous tenteriez.
Quatrième mouvement : un allegro sauvage et sans retenue, plein de folle audace, dans le style de votre Harold.
Dans tous les cas, jaimerais connaître votre opinion à ce sujet. Il me semble quil ait été conçu pour vous. Dans tous les cas, que ce sujet vous parle ou non, je me permets de vous dire que ce serait un péché de ne pas le traiter, vous le premier compositeur d'Europe.

 »

Balakirev, qui comme à son habitude se comporte en chef de groupe, décrit à Berlioz la symphonie idéale quil aurait pu composer, sorte de mélange de la Symphonie fantastique, de Harold en Italie et de Roméo et Juliette. Mais Berlioz devait mourir lannée suivante et Balakirev attendra quatorze ans avant de repenser à ce projet.

La proposition du projet à Tchaïkovski

Piotr Ilitch Tchaïkovski (18401893), le compositeur de la symphonie Manfred

En 1881, Tchaïkovski dédie à Balakirev sa fantaisie-ouverture Roméo et Juliette. Ce nest qu'un an plus tard quil reçoit une réponse du dédicataire, datée du 28 septembre (10 octobre)[1] 1882 :

« 

Je serai heureux de vous rencontrer et jaimerais à cette occasion vous faire part du programme dune symphonie que vous mèneriez à bien magnifiquement. Je dois vous avouer que jai récemment étudié vos partitions et, il est nécessaire de le dire, je me suis réjoui de voir combien votre talent sétait développé et avait gagné en force. Vous avez atteint votre apogée dans vos deux poèmes symphoniques La Tempête et Francesca da Rimini, surtout dans ce dernier. Mais pourquoi les avoir si malencontreusement baptisésfantaisies” ? Peut-être parce que tout baron possède sa propre fantaisie. Il me semble que dans le sujet que je vous ai préparé vous devriez faire aussi bien que dans ces pièces, car je pense que jai très bien mis à jour l'endroit réside votre force.

 »

Tchaïkovski remercie Balakirev des compliments qui lui sont faits, mais sexcuse de ne pouvoir pour le moment le rencontrer :

« 

En lisant ces mots, ne voudriez-vous pas me communiquer le fond du programme du sujet que vous me proposez dans votre lettre ? Cela mintéresse beaucoup. Je vous promets fermement que, si ma santé me le permet, je mènerai avec le plus grand empressement la tâche que vous me soumettez.

 »

Balakirev lui répond le 28 octobre (9 novembre)[1] :

« 

Jai fait à lorigine cette proposition à Berlioz, qui la déclinée car son âge et son état de santé le portaient à ne plus composer du tout. La partition de votre Francesca me donna lidée que vous réussirez brillamment, à condition que vous vous exerciez, que vous critiquiez sévèrement votre œuvre, que vous permettiez à votre imagination de mûrir et que vous ne vous pressiez pas pour terminer la chose. Je ne pourrais la réaliser moi-même car elle ne saccorde pas à mon état desprit ; en revanche, elle vous va comme un gant. Cest Manfred de Byron dont voici le programme.

 »

Balakirev reproduit à nouveau le programme de Stasov, effectuant au passage quelques petites modifications, et il schématise entièrement la symphonie :

« 

Premier mouvement : avant de vous donner le programme, je vous avertis quà lexemple de deux symphonies similaires de Berlioz (la Fantastique et Harold), votre future symphonie doit comporter son idée fixe[2], laquelle dépeindrait Manfred lui-même et apparaîtrait dans chaque mouvement.
La tonalité du mouvement serait fa dièse mineur, le second thème serait en majeur.
Deuxième mouvement : Adagio pastorale (la majeur). Bien sûr, au début du mouvement, vous aurez à écrire quelque chose suggérant une chasse, mais il faudra être très attentif à ne pas sombrer dans le banal. Dieu vous préserve des vulgarités dans le style des fanfares allemandes et de la Jägermusik.
Lapparition dAstarté devrait se faire en bémol majeur, précédemment en majeur dans le premier mouvement ; il sagit ici dune pensée flottante, dune sorte de réminiscence immédiatement effacée par la souffrance de Manfred. Cette musique doit être légère, transparente, aérienne, idéale et virginale. Ne convenez-vous pas quil sagit dun fascinant programme ? Et si vous vous exercez convenablement, je suis certain que cela sera votre chef-dœuvre.

 »

Balakirev conseille ensuite à Tchaïkovski décrire les deux parties de flûte sur la même portée et de nutiliser quune seule ligne pour les percussions au lieu dune portée complète[3] car :

« 

Comme vous le voyez, je veux que votre futur chef-dœuvre soit parfait en tous points et que rien ne doit être perfectible. Ce sujet nest pas seulement profond, mais aussi contemporain, car le malaise du genre humain est au fait que lhomme narrive pas à préserver ses idéaux. Ils sont brisés et il ne subsiste pour la consolation de lâme que la seule amertume. En conséquence, voilà d proviennent toutes les tribulations de notre temps

 »

Limpression de malaise qu'il évoque sera immédiatement perceptible dès les premières mesures de Manfred, dans les dissonances des cordes. Mais à ce moment-, lœuvre nest encore quun très vague projet et la réponse de Tchaïkovski, datée du 12 (24) novembre[1] 1882 est tout sauf enthousiaste :

Lord Byron (17881824), poète britannique auteur de Manfred
« 

Je ne dispose daucune traduction de Manfred et je ne veux pas vous donner une réponse définitive concernant votre programme tant que je naurai pas lu le texte de Byron. Si je remarque une forte affinité avec ce texte, je changerai peut-être mon attitude envers la tâche que vous me proposez, mais jen doute. Dans tous les cas, je doit vous faire part des sentiments que jai éprouvés à la lecture de votre lettre.
Bien que vous considériez La Tempête et Francesca comme mon apogée personnelle (ce que je réfute totalement), javais pensé en quelque sorte que votre programme pourrait faire naître en moi le désir de le transposer en musique et jai attendu avec une grande impatience votre lettre. Mais lorsque je la reçus, je fus déçu. Votre programme nest rien d'autre que le manuel du symphoniste désireux dimiter Berlioz. Je reconnais, en le parcourant, que lon pourrait construire une symphonie complète dans le style de ce compositeur, mais cela me laisse absolument froid et lorsque limagination et le cœur se refroidissent, cela ne vaut vraiment pas la peine de se mettre à composer. Afin de vous plaire, je pourrais toujours, pour reprendre votre expression, “mexerceret extraire du fond de ma pensée une pleine série dépisodes plus ou moins intéressants, dans lesquels on retrouverait la lugubre et conventionnelle musique de la dépression de Manfred, une quantité de paillettes dans lorchestration du scherzo de la Fée des Alpes, un levé de soleil enluminé par les cordes aigues des violons, et une mort de Manfred soulignée par des trombones jouant pianissimo ; je pourrais à cette occasion enjoliver ces épisodes à laide d'harmonies curieuses et piquantes, et enfin présenter cette œuvre au monde sous le titre élevé de Manfred, une symphonie daprès etc.[2] Il se pourrait même que je reçoive des félicitations pour fruit de mon labeur, mais écrire de telles chose ne me tente vraiment pas.

 »

Tchaïkovski continue sa lettre en critiquant ses œuvres précédentes, dont Francesca et la Tempête, et la termine sur ces mots :

« 

Je nai jamais pensé que la musique à programme à la Berlioz fût généralement une fausse forme artistique, mais jattire seulement votre attention sur le fait que je nai jamais rien produit de significatif dans ce domaine. -dessus, il faut certainement voir lombre de Schumann[4] comme cause de ma froideur à l'égard de votre programme. Jadmire profondément son Manfred et je suis habitué à rattacher inconsciemment le Manfred de Byron avec celui de Schumann, que je ne sais comment approcher le sujet sans entendre en moi une autre musique que celle de SchumannMais tout compte fait, je lirai Manfred

 »

En octobre 1884, Tchaïkovski rencontre Balakirev à loccasion de la première dEugène Onéguine. Balakirev lui remet alors le programme original de Stasov dont le schéma musical a été considérablement revu par lui. La tonalité principale devrait être si bémol mineur ; le second thème du premier mouvement devait être écrit en majeur, et bémol majeur lors de la réexposition. Balakirev donne la tonalité de sol bémol majeur pour le larghetto et sen tient à majeur pour le scherzo. Il voit le final écrit en si bémol mineur, lombre dAstarté en bémol majeur (con sordini) et enfin le requiem conclusif en si bémol majeur. Il indique pour chaque mouvement des œuvres dautres compositeurs, destinées à aider Tchaïkovski à trouver linspiration : parmi elles, Hamlet de Liszt et les préludes de Chopin.

À cette époque, rien n'assure que Tchaïkovski va entreprendre le projet, mais les conversations théologiques et philosophiques quil a eues avec Balakirev ont commencé à le convaincre. En outre, il est décidé à rendre hommage au chef de file du groupe des Cinq.

Le 31 octobre (12 novembre)[1] 1884, Tchaïkovski, qui sapprête à partir pour Davos un de ses amis est en train de mourir, écrit à nouveau à Balakirev :

« 

Je pars demain matin. Je vais me rendre aujourdhui chez un libraire et jachèterai Manfred. Cela mirait tout à fait de me rendre dans les Alpes et cette circonstance pourrait être bénéfique à la transposition musicale de Manfred, si je ne my rendais pas pour voir un mourant. Dans tous les cas, je vous assure que jemploierai tous mes pouvoirs, quel quen soit le prix, pour réaliser votre vœu.

 »

De Davos, le 17 (29) novembre, il lui écrit :

« 

Jai lu Manfred et jy pense sans arrêt, bien que je naie encore commencé à penser aux thèmes et à la forme. Je ne me presse pas davantage, mais je vous assure positivement que si je suis encore vivant à cette date, la symphonie sera achevée pas plus tard que cet été.

 »

La composition

En fait, il faut attendre avril 1885 pour que les premières esquisses soient achevées. Pendant tout lété 1885, Tchaïkovski travaille avec ardeur sur le projet ; le premier mouvement est terminé en juin, le scherzo lui prend un mois entier (juillet-août), la pastorale arrive à son terme le 11 (23)[1] septembre tandis quil ne lui faut quun seul jour pour mettre un terme au final (officiellement), cest-à-dire quil lachève le 12 (24) septembre. Le 13 (25), il écrit à Balakirev:

« Prend garde, mon ami ! La prochaine étape est la mort ! »
Illustration pour le Manfred de Byron par Gustave Doré (1853)
« 

Jai accompli votre vœu. Manfred est fini, et dans quelques jours, on débutera limpression de la partition. Je pense que vous serez un peu fâché par la vitesse avec laquelle jai écrit. Je sais que vous auriez préféré que jachève Manfred en prenant mon temps, en parallèle avec d'autres œuvres. Vous avez probablement raison et jaurais certainement suivi votre avis de ne pas me presser si je le pouvais. Le fait est que je ne le peux pas. Une fois que je suis absorbé par une tâche, je ne peux me reposer avant de lavoir complètement achevée. Ainsi fonctionne mon enveloppe musicale ; probablement cette manie de vouloir achever à tout prix ce que jentreprends, pour ainsi dire en un seul jet, est le cœur de tous mes défauts, mais peut-être aussi celui de mes mérites. Dans tous les cas, je ne peux faire autrement. Je travaillé à la partition de Manfred sans décoller, pendant quatre mois (de la fin mai à aujourd'hui). Ce fut une tâche très difficile, mais aussi très plaisante, surtout lorsquaprès avoir débuté au prix de grands efforts, je commençai à être absorbé par elle. Bien entendu, je ne peux prédire si cette symphonie vous plaira ou non, mais croyez-moi, jamais au cours de ma vie je ne me suis exercé de la sorte, ni autant épuisé au travail. La symphonie suit votre programme en quatre mouvements, mais je vous demande de mexcuser car je n'ai pu garder les tonalités et modulations que vous maviez indiquées, bien que jaurais aimé le faire. La symphonie est écrite en si mineur[5] ; seul le scherzo respecte la tonalité que vous maviez notifiée[6]. La chose est très difficile dexécution et requiert un énorme orchestre, cest-à-dire un grand nombre de cordes. Au fur et à mesure que les épreuves seront corrigées, je vous les enverrai. J'ai fait moi-même la réduction pour piano, mais avant de la graver, je vais beaucoup la jouer et la retravailler. Manfred vous est naturellement dédié.

 »

En fait, la symphonie nest pas encore achevée totalement, comme Tchaïkovski lexplique à son frère Modeste quelques jours après.

Ses sentiments à légard de lœuvre ne cessent dévoluer, allant de la franche hostilité à lenthousiasme. Alors quil débutait la composition de Manfred, il avait écrit à Sergueï Taneiev, lun de ses élèves préférés :

« 

Après beaucoup dhésitation, jai décidé décrire Manfred, depuis que je me suis aperçu que je naurai pas de repos tant que je naurai pas tenu ma promesse donnée inconsidérément à Balakirev cet été. Je ne sais pas ce qui va en advenir, mais à présent, je ne cesse dêtre déçu par moi-même. Il est mille fois plus plaisant décrire sans programme. Je me sens comme un charlatan abusant son public : je ne le paie non pas avec de largent sonnant mais avec du papier-monnaie sans valeur.

 »

Tchaïkovski rejoint les désillusions de Claude Debussy sur la musique à programme. Jamais il ne sest plaint autant à propos dune œuvre, mais ces plaintes finissent par le convaincre du bien-fondé de la réalisation. En juillet 1885, alors quil nen est encore quau deuxième mouvement, il écrit à Emiliya Pavlovskaïa :

« 

La symphonie sest révélée vaste, sérieuse, difficile, chronophage, parfois épuisante. Mais une voix intérieure me dit que je ne travaille pas en vain et que cette œuvre sera lune de mes meilleures symphonies.

 »

À sa cousine Anna Merkling, il écrit en septembre :

« 

Jachève en ce moment lœuvre qui ma pris tout mon été. Cela ma coûté un effort inhabituel, car ce fut un problème très complexe. Finalement, je suis en train de lachever et petit à petit, à mesure que le mot fin approche, mon esprit se fait de plus en plus léger et respire plus librement. Je fus nerveux et déprimé pendant tout lété : la faute en revient au sujet sinistre de cette symphonie, le Manfred de Byron.

 »

La création et le jugement de Tchaïkovski sur Manfred

La symphonie est créée à Moscou le 11 mars (26 mars)[1] 1886 sous la direction de Max Erdmannsdörfer. Tchaïkovski est enthousiaste, tout comme le public qui lui a fait bon accueil. À cette occasion, il écrit à sa protectrice, Nadejda von Meck, que cette œuvre est la meilleure de toutes les symphonies quil a écrites.

Ce jugement ne dure quun temps ; le compositeur traverse des moments d'abattement et une profonde crise dinspiration au cours des années 18881890. En 1888, il écrit au grand-duc Constantin :

« 

Sans vouloir me montrer plus modeste que je ne le suis, je peux dire que cette production est abominable et que je la hais profondément, à lexception du premier mouvement. Ainsi, si javais laccord de l'éditeur, je détruirai les trois autres mouvements, absolument insignifiants sur le plan musical (le final est mortel) et à partir de cette symphonie lourdement dessinée, je créerais un « symphonische Dichtung ». Alors, jen suis convaincu, mon Manfred serait en mesure dêtre agréable à entendre et cest ainsi que cela devrait être. Jécrivis le premier mouvement avec plaisirle reste du matériel est le résultat dun effort continu, qui, je me rappelle, me fut vraiment désagréable.

 »

La partition est cependant restée telle quelle était à sa création, lauteur ayant été absorbé par de nouveaux projets, dont la Cinquième Symphonie et La Dame de pique.

Analyse

Plusieurs thématiques sont dessinées[réfnécessaire] dans Manfred :

  • la relation amour-haine que Tchaïkovski noue avec Balakirev, chef du groupe des Cinq, créateur lui aussi dune musique à programme avec le poème symphonique Tamara ;
  • la conception platonicienne de la création, émanation dune puissance supérieure, la voix intérieure ;
  • laffirmation dun nouvel orchestre : Manfred est la seule symphonie de Tchaïkovski a requérir un orchestre élargi, cest-à-dire avec cor anglais, clarinette basse, deux cornets en plus des trompettes et deux harpes. En cela, lon retrouve l'instrumentation des ballets ou des derniers opéras : le prélude Yolande débute avec la même combinaison de bois graves).

Manfred peut être considérée comme[réfnécessaire] une œuvre vraiment contemporaine pour son époque. Tout en détestant le programme de Balakirev, Tchaïkovski sest soumis au jeu proposé par son mentor, en mettant en scène ses propres sentiments déguisés et en sobligeant à aller bien plus loin qu'il n'était allé dans sa Quatrième Symphonie : les dissonances et les fanfares de l'introductionde simples accords mineurs de cuivres, très lourdssont bien plus glaçantes[réfnécessaire] que celles de sa Quatrième.

Enregistrements

  • Arturo Toscanini enregistra lœuvre plusieurs fois avec son orchestre symphonique de la NBC, en 1940, en 1949 et en 1953. La version de 1953 (Music & Arts), particulièrement réputée, est bien représentative de la vision quavait Toscanini de cette œuvre. Le chef a fait dimportantes coupures dans la partition, principalement dans le dernier mouvement[7].

Transcriptions et utilisations

  • Tchaïkovski et Aleksandra Hubert arrangèrent cette symphonie pour deux pianos (4 mains) entre juin (?) et novembre 1885.
  • Le premier et le quatrième mouvement ont été utilisés dans une série danimation japonaise, Gankutsuō (2005).

Ressources

Bibliographie

  • Correspondance de Tchaïkovski (traduction de Vincent Haegele)
  • (en) Partition Eulenbourg
  • André Lischke, Piotr Ilyitch Tchaïkovski, Fayard, 1993

Notes

  1. a, b, c, d, e, f et g La première date est celle du calendrier julien, utilisé en Russie jusqu'à la révolution dOctobre, et qui avait quelques jours davances sur le calendrier grégorien.
  2. a et b En français dans le texte
  3. Ce que fait dailleurs toujours Tchaïkovski : chez lui, les percussions sont écrites sur une simple ligne.
  4. Robert Schumann avait composé en 18481849 une musique de scène pour le texte de Byron.
  5. Et non en si bémol mineur comme prévu à lorigine.
  6. Ce qui est faux, lui aussi est en si mineur et non en majeur
  7. Tchaikovsky Forum : Toscanini's "Manfred"

Liens connexes

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