- Société de Port-Royal
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La Société de Port-Royal est une société familiale, culturelle et scientifique fondée en 1802, qui a pour objectif de faire vivre le patrimoine et le souvenir du jansénisme et de Port-Royal-des-Champs. Elle est présidée par Bernard Gazier depuis 1990.
L'histoire de la Société de Port-Royal remonte au début du XVIIIe siècle pour ce qui est de la constitution de son patrimoine financier. Elle n'est alors pas organisée véritablement, et est connue sous le nom de Boîte à Perrette.
Article détaillé : Boîte à Perrette.Sommaire
La constitution de la Société au XIXe siècle
L'existence véritable de la Société de Port-Royal date de 1802. À cette date, une dizaine de descendants de familles jansénistes récupèrent petit à petit l'ensemble des fonds de la boîte à Perrette dispersés pendant la Révolution française et s'associent, sous la forme juridique de la tontine, pour utiliser cet argent à des œuvres charitables et à la conservation du souvenir de Port-Royal.
L'argent sert notamment à financer des écoles tenues par les frères Tabourins, à Paris et en province (Auxerre notamment), mais aussi, en 1828, à racheter les ruines de Port-Royal-des-Champs en association avec une autre figure du jansénisme tardif, Louis Silvy. À cette époque, la société ainsi formée ne porte pas de nom. Elle se renouvelle par cooptation et intègre uniquement des membres de familles jansénisantes[1].
En 1845, la société prend le nom de « Société Saint-Augustin », par allusion à l'évêque d'Hippone, référence théologique incontournable du jansénisme. Outre l'entretien de Port-Royal et des écoles, la société entreprend à cette époque de réunir dans un immeuble qui lui appartient à Paris, rue Saint-Jacques, une bibliothèque « janséniste ». Elle récupère des fonds très importants venus de parlementaires jansénistes du XVIIIe siècle, comme Louis Adrien Le Paige, bailli du Temple, mais aussi une partie importante (environ un tiers) des papiers de l'abbé Grégoire, transmis par son secrétaire l'abbé Jean-Louis Rondeau[2]. D'autres familles jansénistes lèguent leurs livres à la Société, qui se constitue ainsi peu à peu un fonds exceptionnellement riche.
La Société fait également figure à cette époque de relais entre les diverses communautés jansénisantes dispersées en France, mais aussi avec l'Église d'Utrecht. Elle édite la Chronique religieuse dans les années 1850, revue militant pour la sauvegarde du gallicanisme au sein de l'Église de France. Cette revue est principalement rédigée par l'abbé Wladimir Guettée avant que celui-ci ne rejoigne l'Église orthodoxe.
La grande figure de cette société est, à la charnière des XIXe et XXe siècle, Augustin Gazier (1843-1922). Bien qu'il n'en ait jamais été le président, son statut d'universitaire (il était professeur à la Sorbonne) lui a permis d'associer aux actions de la Société le monde savant de l'époque, comme pour la commémoration du bicentenaire de la mort de Racine en 1899 à Port-Royal-des-Champs, qui réunit à la fois les derniers jansénistes et le « gratin » universitaire et intellectuel de l'époque.
L'ouverture au XXe siècle
Au début du XXe siècle, la Société éprouve le besoin de se constituer en association afin de clarifier son statut. Elle devient donc en 1921 une Société civile immobilière[3]. Elle s'ouvre davantage à des intellectuels favorables au souvenir de Port-Royal, chose rendue possible par la fermeture en 1868 de la dernière école « janséniste » et par un détachement certain des querelles religieuses. Augustin Gazier souhaite créer à côté de cette société une autre association, davantage destinée à promouvoir la mémoire de Port-Royal chez les intellectuels, et voudrait réserver la société de Port-Royal à la gestion financière et morale de la mémoire janséniste. Sa mort l'en empêche, mais son projet voit le jour quelques décennies plus tard.
En 1950, le danger qui pèse sur les Granges de Port-Royal-des-Champs pousse des intellectuels comme François Mauriac ou Henry de Montherlant à se mobiliser pour que soit conservé et entretenu le souvenir de Port-Royal. Avec des universitaires comme Louis Cognet, Jean Mesnard et Charles Mauricheau-Beaupré, conservateur du château de Versailles, ils créent une association appelée « Société des Amis de Port-Royal ». Cette association, qui fonctionne en grande coordination avec la Société de Port-Royal, s'occupe de la promotion et de la sauvegarde intellectuelle de Port-Royal et du jansénisme[4], alors que la Société de Port-Royal se recentre sur la gestion patrimoniale, notamment sur l'ouverture et la professionnalisation de la Bibliothèque qu'elle a constituée, riche de dizaines de milliers d'ouvrages, dont une grande part introuvables ailleurs, et de manuscrits.
Poursuivant sa politique d'ouverture, mais gênée par la charge financière des ruines de Port-Royal, la Société lègue en 2004 ces ruines à l'État, tout en conservant un rôle moral et de conseil sur la gestion du site. Cette action permet la réunification du site de Port-Royal, séparé en deux parties depuis la Révolution française.
Bibliographie
- Cécile Gazier, Histoire de la Société et de la Bibliothèque de Port-Royal, 1936.
- Chroniques de Port-Royal n°1, 1950.
- Chroniques de Port-Royal n° 55, 2005.
Références
- Marie-José Michel dans Jansénisme et Paris, Paris : Klincksieck, 2000. La notion de « jansénisation » est due à
- Église constitutionnelle. Les papiers conservés sont essentiellement ceux qui concernent les enquêtes sur les patois régionaux et la correspondance relative à l'
- Ce qui montre son action avant tout patrimoniale.
- Cette action passe par l'organisation de colloques universitaires annuels sur l'histoire, la théologie et la littérature relatives à Port-Royal, ainsi que par la publication des actes de ces colloques augmentée par d'autres articles dans la revue Chroniques de Port-Royal.
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