Sionisme chrétien

Sionisme chrétien

Le sionisme chrétien est le nom donné à la croyance d'un certain nombre de chrétiens, en particulier des protestants fondamentalistes, que la création de l'État d'Israël en 1948 est en accord avec les prophéties bibliques, et prépare ainsi le retour de Jésus sur Terre comme Christ triomphant de l'Apocalypse.

Cette croyance se distingue des présentations "non-religieuses" du sionisme par son ancrage dans une tradition théologique et biblique. Les chrétiens sionistes considèrent comme un commandement divin d'aimer et soutenir le peuple juif élu par Dieu et l'État d'Israël. Le sionisme chrétien rassemble différents groupes, généralement fondamentalistes, croyant que la judaïsation de la Palestine historique, couvant l'actuel État d'Israël et les territoires palestiniens, est une obligation divine qui ramènera Jésus sur terre, le fera définitivement reconnaître comme messie et assurera le triomphe de Dieu sur les forces de mal à l'issue de de l'apocalypse.

Cette croyance se distingue du soutien traditionnel et non-messianique à Israël et au sionisme de nombreux chrétiens, pour lesquels ce soutien résulte d'un engagement moral et politique, et non relligieux.

Le sionisme chrétien s'est progressivement développé aux États-Unis où il est devenu une composante de la droite évangélique et bénéficie de la bienveillance du mouvement néoconservateur[1].

Sommaire

Fondements théologiques du sionisme chrétien

Les racines du sionisme chrétien se trouvent dans plusieurs livres de la Bible, en particulier dans les visions apocalyptiques du livre de Daniel, et du livre d'Ézéchiel, ainsi que dans l'Apocalypse du Nouveau Testament. Les visions uniquement spirituelles et poétiques pour la majorité des croyants sont interprétées par ces sionistes chrétiens comme devant avoir une traduction géopolitique.

L'élection divine du peuple juif

Malgré sa filiation juive, certains chrétiens ont développé l'idée que si le peuple juif était initialement le peuple élu, son refus de reconnaître en Jésus le Messie a entraîné son rejet par le Tout-Puissant. Alors s'est répandu l'idée que les références aux Juifs et à Israël dans la Bible se réfèrent en réalité de façon allégorique à l'Église[2]. Saint Augustin affirmait ainsi que la dispersion des Juifs était la conséquence d'une punition divine pour avoir rejeté Jésus. L'Église devient dans cette perspective le nouvel Israël, l'Israël selon l'esprit par opposition à l'Israël selon la chair. Portée à leur plus haut degré, cette théorie affirme que les promesses faites par Dieu à Abraham, de même que les prophéties, s'adressent à l'Église et non au peuple juif.

Cette docrtine, parfois dite du supersessionisme, a été remise en cause dans différentes théologies chrétiennes. Plusieurs passages bibliques alimentent la réflexion sur cette question : l'épître de Paul aux Romains (9 : 11) - « Car, quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu'ils n'eussent fait ni bien, ni mal, afin que le dessein d'élection subsistât, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle » est vue comme une confirmation que le caractère élu du peuple juif a été maintenu. De nombreux versets de la Bible affirment le caractère perpétuel de l'élection divine : « J'établirai mon alliance entre toi et moi, et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. »

Les chrétiens évangéliques auxquels se rattachent les chrétiens sionistes ont tiré les conséquences du caractère perpétuel de l'élection divine d'Israël en définissant le statut de l'Église et des Arabes, vus comme desdendants d'Ismaël.

  • Pour les évangéliques, l'Église, constituée des vrais chrétiens, ceux qui ont vécu une nouvelle naissance et ont accepté Jésus comme leur sauveur personnel, est également élue de Dieu, mais Dieu a des projets différents pour l'Église, les Juifs et le reste de l'humanité[3],[4] : « Dieu a souvent plusieurs objectifs pour différents groupes, et Ses buts pour chaque groupe sont toujours mutuellement compatibles. [...] Tout comme Israël a été élu, l'Église l'a été aussi. Leurs tâches spécifiques sont différentes, mais tous deux sont élus. »
  • Pour les évangéliques, la bénédiction de Dieu à Abraham par la multiplication de la postérité (Genèse 16 : 10) s'applique aux Arabes, assimilés aux descendants d'Ismaël. Ils se défendent donc d'être anti-arabes. Mais la promesse de Dieu au sujet de la Terre Sainte s'est transmise selon eux à travers les seuls Isaac et Jacob (Genèse 17 : 19) et non à Ismaël et Ésaü, frère de Jacob.

Le don de la terre d'Israël au peuple juif

Une fois intégrée l'idée selon laquelle le peuple juif est resté le peuple élu, les chrétiens sionistes lisent la Bible en interprétant littéralement les mentions qui y sont faites du peuple juif, de Jérusalem, d'Israël. À la lumière de cette interprétation, de nombreux verset bibliques indiqueent que Dieu a donné la Terre sainte aux Juifs.

Pour les chrétiens sionistes, aimer et apporter son soutien à Israël, ne relève pas du choix car il s'agit d'un ordre divin[5] : Dieu demande à ses fidèles de prier pour la paix de Jérusalem (Psaumes 122 : 6), de ne point se taire pour l'amour de Sion (Ésaïe 62 : 1), de consoler le peuple juif (« Consolez, consolez môn peuple dit votre Dieu » (Ésaïe 40 : 1), Jésus affirme que « le salut vient des Juifs » (Jean 4 : 22).

Plusieurs versets bibliques sont régulièrement cités par les sionistes afin de légitimer la possession par le peuple juif de la terre d'Israël.

  • Genèse 12 : 1-2 : « L'Éternel dit à Abraham : Va-t'en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai. »
  • Genèse 13 : 14-15 : « L'Éternel dit à Abraham, après que Loth se fut séparé de le lui : Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l'Orient et l'Occident ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. »
  • Genèse 17 : 8 : « Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur dieu. »
  • Ésaïe 19 : 24-25 : « En ce même temps, Israël sera, lui troisième, Uni à l'Égypte et à l'Assyrie, Et ces pays seront l'objet d'une bénédiction. L'Éternel des armées les bénira, en disant : Bénis soient l'Égypte, mon peuple, Et l'Assyrie, œuvre de mes mains, et Israël, mon héritage. »
  • Deutéronome 1 : 8 : « Voyez, j'ai mis le pays devant vous ; allez, et prenez possession du pays que l'Éternel a juré à vos pères, Abraham, Isaac et Jacob ; de donner à eux et à leur postérité après eux. »

Selon un de ses collaborateurs, Clark Clifford, le président Harry Truman était très pieux et récitait souvent ce dernier verset, ce qui le conduisit à reconnaître, contre les recommandations du département d'État, l'État d'Israël, seulement onze minutes après qu'il eut été proclamé[2]. Suite à ce soutien, le président Harry Truman, ovationné par le Jewish Theological Seminary de New York, affirma : « Je suis Cyrus, je suis Cyrus », référence au roi perse qui autorisa les Juifs à rentrer à Jérusalem et donna l'ordre de reconstruire le Temple détruit par Nabuchodonosor[2].

Pour Jerry Falwell, chef de file de la droite évangélique[6] : « Les chrétiens doivent démontrer amour et préoccupation sincères pour le peuple juif, comme Dieu l'ordonne. »

Doctrine de la prospérité

Pour les chrétiens évangéliques, respecter la volonté divine garantit bénédiction et prospérité, tandis que désobéir promet aux fidèles un grand malheur[6]. En effet, obéir à Dieu engendre sa bénédiction, et ses faveurs ont des répercussions positives sur la vie des fidèles. Cette croyance s'inscrit dans ce qu'on appelle la « doctrine de la prospérité », selon laquelle la prospérité d'un homme, d'une institution ou d'une nation est le signe visible qu'il (elle) a été béni(e) par Dieu comme l'indique Deutéronome 8 : 17-18 : « Garde-toi de dire dans ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m'ont ces richesses. Souviens-toi de l'Éternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir, afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a jurée à tes pères. »

Le verset de la Genèse (12 : 3) dans lequel Dieu s'adresse à Abraham et à sa descendance est emblématique de l'application de la doctrine de la prospérité à un cas précis, celui du peuple juif : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » Ce verset, ainsi que Psaumes 122 : 6 et Ésaïe 62 : 1, sont constamment évoqués par les évangéliques pro-israéliens[7].

Beaucoup d'évangéliques américains pensent que la croissance économique et le statut de première puissance mondiale des États-Unis au cours du XXe siècle sont le résultat direct de la bénédiction américaine à l'égard d'Israël[8]. Des médias évangéliques se font le relais de cette vision, comme le texte Aimez le peuple juif de Jack Chick, qui propose une version fondamentaliste radicale de la théorie de la prospérité appliquée au commandement d'aimer les Juifs. L'auteur prétend prouver le lien entre la relation de certains États au peuple juif et leur bien-être consécutif. Il donne l'exemple de puissances, qui, selon lui, ont maudit les Juifs et ont été maudites par Dieu en retour : l'Égypte, l'Empire romain, Babylone, la Perse, la Grèce, l'Allemagne, l'Irak... A l'inverse, l'Angleterre de la reine Victoria ou les États-Unis ont été bénis par Dieu. Pour les chrétiens sionistes, la doctrine de la prospérité offre un retour sur investissement : si on soutient Israël, on est protégé, sinon on est détruit implacablement.

Le sionisme chrétien et les récits apocalyptiques

Les fondamentalistes n'admettent pas la critique historique des textes qu'ils lisent, textes qu'ils interprètent dans une perspective messianique et apocalyptique. Pour eux, les évènements historiques sont à lire suivant un scénario qui mène à la fin des temps et à la rédemption, sur lesquelles le courant protestant majoritaire n'insiste pas.

C'est dans les textes bibliques prophétiques et eschatologiques que les Chrétiens sionistes fondent également leurs conceptions favorables au peuple juif et à l'État d'Israël : livres d'Ézéchiel et Daniel et Apocalypse de Jean.

  • Le livre d'Ézéchiel annonce la restauration des Juifs sur leur terre et la destruction des envahisseurs futurs. Ézéchiel annonce que Dieu se lèvera pour protéger son peuple, massacrer les ennemis d'Israël et juger les hommes. La promesse abrahamique sera tenue, les Juifs dispersés parmi les nations seront ramenés sur leur terre et le Temple sera reconstruit[9].
  • Le livre de Daniel prédit la montée en puissance de divers royaumes, ennemis d'Israël, qui seront finalement vaincus par Dieu à la fin des temps[8].
  • L'apocalypse de Jean, qui est le texte eschatologique chrétien le plus développé fait référence à la Bête et à son signe (666) et à la confrontation finale du bien et du mal.

Pour les chrétiens évangéliques, ces prophéties sur la fin des temps font explicitement référence au peuple juif[10]. Les chrétiens évangéliques sont en désaccord sur l'interprétation des versets 20 : 1-6 de l'Apocalypse de Jean : la question est de savoir si Jésus viendra au début ou à la fin du Millenium, période conclusive de l'histoire humaine se terminant par 1000 ans de paix, prospérité et justice. La première opinion s'est répandue chez les évangéliques, pessimiste car elle affirme que seul le retour de Jésus peut apporter la justice aux hommes incapables de la créer eux-mêmes[11]. Il faut donc hâter le retour du Christ pour qu'advienne le règne millénaire du Christ mais pour hâter ce retour, il faut organiser celui des Juifs dans la terre qui leur a été donnée par Dieu[12].

Les chrétiens sionistes s'appuient sur les œuvres du prêtre anglican John Nelson Darby qui a théorisé la division de l'histoire de l'humanité en "dispensations", une succession d'âges divins pendant lesquels les rapports entre Dieu et les hommes varient[12]. Cette thèse a été décrite par le théologien Thimothy Weber dans son ouvrage On the Road of Armageddon[13].

Pour les sionistes chrétiens, les Juifs, peuple terrestre de Dieu connaîtront la période des Tribulations, précédant le millénium. L'Antéchrist, qui pourrait être un Juif selon le pasteur sioniste chrétien Jerry Falwell[14], après avoir promu la paix dans le monde et unifié celui-ci et protégé Israël, se retournera contre le peuple juif et en particulier contre ceux qui se convertiront au christianisme. A l'issue de cette période, Dieu ayant vaincu son ennemi lors de la bataille d'Armageddon, les Juifs se convertiront et reconnaîtront en Jésus leur messie et alors le jugement dernier pourra avoir lieu et le millénium s'accomplir[15].

Histoire du sionisme chrétien

Le restaurationnisme, début du sionisme chrétien

Des théologiens protestants comme les Britanniques Joseph Mede (1586-1635) et Richard Baxter (1615-1691), interprétant les prophéties de l'Ancien Testament, commencèrent à prédire une conversion massive des Juifs au christianisme et leur restauration en Israël. En 1621, Sir Henry Finch (1558-1625), membre du Parlement britannique affichant un protestantisme fervent, publia un ouvrage d'exégèse biblique intitulé The World's Great Restauration, or the Calling of the Jews dans lequel il prédisait le retour imminent des douze tribus d'Israël en Terre sainte.

Un écrivain et diplomate français, Isaac de la Peyrère (1596-1676), secrétaire du prince de Condé, a exprimé à plusieurs reprises des points de vue théologiques en faveur d'un retour des Juifs en Palestine.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, un courant chrétien proto-sioniste s'installa progressivement au cœur de l'Angleterre : le restaurationnisme[16]. Un certain nombre de théologiens et de penseurs s'en sont faits les hérauts, à l'image de Thomas Newton (1704-1782), évêque de Bristol ou de Anthony Ashley Cooper (1801-1885), comte de Shaftesbury.

D'après l'historien Paul Merkley, Napoléon Bonaparte aurait fait valoir des arguments proto-sionistes au cours de son séjour au Proche-Orient et lors de ses batailles contre les Turcs en Palestine en 1799, incitant les Juifs d'Asie et d'Afrique à réclamer la restauration de leurs droits civiques sur la terre de Palestine[17].

Le désir de restaurer les Juifs en Terre sainte s'accompagnait souvent du vœu de les convertir : au cœur des efforts missionnaires résidait l'idée que la conversion des Juifs était un préalable au retour du Christ et à l'avènement de la fin des temps. A la tête de la London Society for Promoting Christianity among the Jews, fondée en 1808, le révérend anglican Lewis Way a contribué à populariser, notamment à travers son magazine The Jewish Expositor, l'idée qu'un retour des Juifs en Palestine hâterait leur conversion et le retour sur terre celui du Christ[18].

Au XIXe siècle, le proto-sionisme chrétien se répandit progressivement dans différentes confessions chrétiennes américaines[19]. En 1891, le premier document américain en faveur du sionisme fut publié par un chrétien, sous la forme d'une pétition « en faveur de la restauration de la Palestine aux Juifs » et présenté au président des États-Unis Benjamin Harrison. Encouragés par les dirigeants sionistes Nathan Strauss et Louis Brandeis, l'auteur de la pétition, William Blackstone, parvint à présenter en 1917 au président Woodrow Wilson une nouvelle version de sa pétition, qui l'accueillit favorablement[20].

William Hechler, chrétien restaurationniste germano-britannique, rencontra le 10 mars 1896 à Vienne Théodore Herzl, théoricien du sionisme juif moderne. Une amitié et une collaboration entre les deux hommes s'en suivit. Hechler étant tuteur du prince héritier du grand-duc de Bade, il réussit à organiser en 1898 deux rencontres entre Theodor Herzel et Guillaume II qui contribuèrent à crédibiliser le sionisme.

Les dirigeants sionistes surent faire jouer la fibre religieuse des dirigeants chrétiens qu'ils rencontraient. Ainsi, Chaïm Weizmann, connaissait les influences familiales philosémites et restaurationnistes de David Lloyd George, ministre des Finances puis Premier ministre britannique de 1916 à 1918[21]. De même, Arthur Balfour, homme pieux, était profondément séduit par la perspective du rétablissement d'un pouvoir juif en Palestine.

Le sionisme chrétien et l'État d'Israël depuis 1948

La naissance d'Israël a ému de nombreux chrétiens évangéliques dans le monde entier. De nombreux militants chrétiens sionistes présentent les événements de 1948 comme fondateurs de leur activité, comme David Allen Lewis, qui à quinze ans était déjà sensibilisé à la question par une série de prêches donnés dans son église des Assemblées de Dieu, à Britton, dans le Dakota du Sud[22].

Les évangéliques dressèrent un parallèle entre la proclamation officielle de la création d'Israël et les versets d'Ésaïe 66 : 7-8 affirmant qu'un pays ne peut naître en un jour, si ce n'est celui du peuple élu[Note 1].

Cependant, bien que diffus dans la société américaine, le sionisme chrétien moderne est restée confinée aux débats théologiques de la communauté évangélique jusque dans les années 1970. 1948 était la condition pour qu'émerge le sionisme chrétien[23].

La guerre des Six Jours a été le déclencheur qui a permis à nombre de chrétiens évangéliques de passer d'un soutien spirituel fondé sur la prière à des actions pratiques en faveur de la restauration juive en Palestine. L'unification de Jérusalem et la prise par Israël de terres faisant partie de l'Israël biblique a réjoui des chrétiens sionistes comme Jerry Falwell ou Cheryl Morrison[24]. À partir de 1967, les chrétines sionistes créèrent des organisations d'aide humanitaire ambitieuses pour fournir une assistance financière aux Israéliens et aux Juifs du monde entier.

Ému par l'aventure israélienne, sioniste passionné, le pasteur, théologien et docteur en linguistique sémitique G. Douglas Young a beaucoup contribué au rapprochement entre évangéliques et Israéliens[25].  ; il fonda en 1957 un institut rebaptisé Jerusalem University College qui, en 1971, organisa une conférence à laquelle participèrent plus de 1500 délégués venu de 30 pays qui célébra l'unité de Jérusalem sous contrôle juif. G. Douglas Younga également créé en 1976 l'organisation Bridges for Peace (BFP), conçue dans l'objectif de bénir le peuple juif.

Le Premier ministre israélien de 1977 à 1983, Menahem Begin, encouragea les croyances des sionistes chrétiens. Il cultiva ses liens avec un certain nombre de dirigeants évangéliques fondamentalistes comme Jerry Falwell, David Allen Lewis, Hal Lindsey, Pat Robertson ou encore Billy Graham. Jerry Falwell entretint d'ailleurs une véritable amitié avec Jerry Falwell, qui reçut le prix Jabotinsky, témoignage d'une grande reconnaissance des milieux nationalistes israéliens[26].

En 1978, le pasteur pentecôtiste américain David Allen Lewis, fonda avec d'autres dirigeants protestants, dont le professeur méthodiste Franklin Litell, la National Christian Leadership Conference for Israel (NCLCI), qui avait vocation à férérer les chrétiens sionistes au-delà de leurs dénominations[27].

En 1980, un groupe d'évangéliques résidant à Jérusalem mené par le théologien néerlandais Jan Willem van der Hoever a fondé l'International Christian Embassy Jerusalem (ICEJ), un "acte de solidarité" à la suite du vote de la Knesset établissant Jérusalem comme la capitale "une et indivisible" d'Israël. L'ICEJ s'est beaucoup développé, multipliant ses activités de la publications de bulletins d'information à des programmes d'aide aux entreprises et aux immigrants juifs, notamment originaires d'Union soviétique [28].

Depuis 1981, le pasteur John Hagee, à la tête d'une église de 18 000 membres, l'église évangélique Cornerstone de San Antonio au Texas, organise chaque année dans son église une "Nuit pour honorer Israël", sorte de soirée de gala au cours de laquelle il célèbre la nation israélienne et les liens unissant juifs et chrétiens[Note 2]. Passionné d'interprétation biblique et prophétique, le pasteur a publié de nombreux ouvrages apocalyptiques dans la ligne de la pensée chrétienne sioniste qui s'est largement diffusée depuis le début des années 1980.

Dans les années 1990, les chrétiens sionistes ont renforcé leurs relations avec le mouvement néo-conservateur américain et avec la droite israélienne bien que le développement du processus de paix, devant aboutir contre leur souhait à une division de la terre donnée par Dieu aux Juifs, leur ait fait perdre de l'importance[29].

L'élection d'un président républicain dont la diplomatie était orientée par les néo-conservateurs très favorables à Israël et hostiles aux États arabes antisionistes et le traumatisme provoqué par les attentats du 11 septembre 2001 a donné aux chrétiens sionistes l'occasion de peser davantage politiquement. Les références à un combat commun aux États-Unis et à Israël se sont multipliées dans le discours politique américain[30].

En 2006, John Hagge fonda Christians united for Israel (CUFI), un groupe de pression qui est rapidement devenu le plus gros réseau de chrétiens favorables à Israël[31].

Les chrétiens sionistes ont relayé les options néo-conservatrices en faveur d'Israël et hostiles à toutes décision allant dans le sens d'un abandon de la terre promise par Dieu au peuple juif.

Ainsi, la décision du gouvernement d'Ariel Sharon de se retirer de la Bande de Gaza en 2005 a été très mal perçue par ces milieux, qui y voient la destruction d'un projet devant permettre le retour de Jésus-Christ. Un des pasteurs connu de la droite religieuse américaine (Pat Robertson) a ainsi sous-entendu le 6 janvier 2006 dans son émission The 700 Club sur Christian Broadcasting Network (CBN) que l'accident vasculaire cérébral d'Ariel Sharon était une vengeance divine contre le retrait de Gaza : « Dieu éprouve de l'hostilité à l'égard de ceux qui divisent Sa terre [...] Et à chaque Premier ministre d'Israël qui décide de la découper et d'y renoncer, Dieu dit : "Non, ceci est Mien". Ariel Sharon divisait la terre de Dieu », déclaration qui semble aussi interpréter l'assassinat de Yitzhak Rabin comme une punition divine. Cette attitude explique que les sionistes chrétiens soient aux États-Unis hostiles à toute intervention américaine en faveur de négociations israélo-palestiniennes. Ils influencent dans ce sens certains députés ou sénateurs républicains.

Depuis les années 2000, le sionisme chrétien est un des marqueurs de la droite chrétienne américaine, au même titre que la lutte contre l'avortement, la défense des valeurs morales et familiales, l'hostilité au mariage homosexuel.

Plaque commémorant l'arrivée de sionistes chrétiens américains à Jaffa en 1866

Relations entre le sionisme chrétien et le sionisme juif

Bien que l'objectif des sionistes chrétiens ne soit pas le même que celui des juifs sionistes puisqu'il implique à terme la conversion de ces derniers, ce courant de pensée représente un soutien fervent aux sionistes religieux les plus radicaux pour la fondation du “Grand Israël”, c'est-à-dire Israël dans ses frontières bibliques, incluant les territoires palestiniens, voire au-delà[Note 3].

De fait, les Juifs du monde entier ne sont pas tous favorables avec les sionistes chrétiens. La communauté juive américaine, majoritairement démocrate, n'est pas unanime dans son appréciration du phénomène. Les Juifs de gauche se méfient des sionistes chrétiens, le plus souvent très conservateurs. Cependant, les soupçons de judéophobie ou d'antisémitisme à l'égard des évangéliques ont été progressivement écartés comme en témoigne l'évolution de l'appréciation d'Abraham Foxman, dirigeant de la Anti-Defamation League, qui a après avoir été hostile au sionisme chrétien est devenu un pragmatique convaincu de la sincérité et de l'utilité du sionisme évangélique[32].

L'auteur et polémiste américano-isréalien, Ze'ev Chafets témoigne également de cette évolution, de la méfiance au soutien pragmatique[33] : « J'ai longtemps cherché des preuves que les évangéliques ne sont pas sincères, sont cyniques ou déviants dans leur attitude envers Israël et les Juifs, et je n'en ai pas trouvé. Peut-être qu'ils aiment trop les Juifs. Peut-être qu'ils aiment les Juifs pour de mauvaises raisons. Mais pour le moment, les chrétiens évangéliques ne sont pas nos ennemis. Ce sont les ennemis de nos ennemis, et ils veulent être acceptés et appréciés. En échange, ils offrent une alliance de temps de guerre et un partenariat total avec l'Amérique judéo-chrétienne. C'est une offre que les Juifs américains dervaient envisager tant qu'elle est encore sur la table. »

La droite israélienne apprécie ce soutien perçu comme utile bien qu'elle se méfie du fait que du souhait exprimé par les sionistes chrétiens que les Juifs reconnaissent finalement en Jésus le Messie. Pour le pasteur Jerry Falwell, aimer le peuple juif est un commandement divin et cet amour justifie le souhait de sa conversion. De toute façon, pour Jerry Falwell, les Juifs doivent accepter que les chrétiens pratiquent l'évangélisation à leur égard comme à l'égard de toute l'humanité, car c'est une "vocation irrévocable" de l'Église définissant ce qu'être chrétien signifie réellement[34]. A cet égard, l'existence du groupe des Juifs messianiques, qui se définissent comme ethniquement Juifs mais qui disent reconnaître en Jésus le sauveur, entretient chez les sionistes chrétiens l'espoir d'une conversion de masse du peuple juif[35].

Le mouvement néo-conservateur, qui regroupe notamment un certain nombre de penseurs juifs ayant quitté la gauche démocrate trop timorée à leurs yeux à l'égard des regimes autoritaires, en particulier des dictatures arabes anti-israélienne, a contribué au rapprochement entre Israël, le sionisme juif et le sionisme chrétien. Ainsi, dès 1984, Irving Kristol, plaidait dans la revue Commentary[36] : « Pourquoi est-ce que les Juifs devraient se préoccuper de la théologie d'un prêcheur fondamentaliste ? [...] En quoi ces abstractions théologiques ont-elles de l'importance en comparaison du fait plus prosaïque que ce même prêcheur est vigoureusement pro-Israël ? »

En 1995, Elliott Abrams, autre figure de proue du mouvement néo-conservateur, souligna le déclin du pouvoir politique des Juifs américains et la nécessité pour eux de s'allier avec les évangéliques[37],[38], ce qui a contribué à répandre l'idée d'une droitisation de la communauté juive américaine.

Ainsi, bien qu'ayant des fondements théologiques ou idéologiques différents, le sionisme chrétien et les différents courants du sionisme juif travaillent ensemble en faveur d'Israël.

Position d'autres Églises chrétiennes

Selon Albert de Pury, professeur à la faculté de théologie de l'université de Genève : « dès le XIXe siècle, ils s'engagent, des années avant les sionistes juifs, pour la création d'un État d'Israël en Palestine. Ils sont certes émus par les souffrances du peuple juif, s'élèvent contre l'antijudaïsme chrétien, mais voient surtout dans ce futur État la ré-instauration de l'ancien Israël annoncée par des prophéties bibliques. Un homme politique britannique comme Lord Balfour (sa Déclaration de 1917 prévoit l'établissement d'un foyer national juif en Palestine) appartenait à ce courant protestant ». « Ces mouvements n'ont aucune idée de ce que sont les églises d'Orient. On peut même parler de mépris. Cela crée des tensions au sein du protestantisme dont le courant majoritaire s'engage pour la création d'un État palestinien et une paix juste au Proche-Orient. Ces militants messianiques n'ont aucune notion des enjeux politiques réels sur le terrain. Pour eux, seule compte leur vision biblique qui les conduit à soutenir les positions israéliennes les plus extrémistes ».

De fait, les repréentants locaux des Église catholique romaine, l'Église orthodoxe, l'Église épiscopale, et l'Église évangélique luthérienne, ont publié le 22 août 2006 un document œcuménique, la « Déclaration de Jérusalem sur le sionisme chrétien[39] » rejetant cette doctrine : « Le sionisme chrétien est un mouvement politique théologique moderne qui adopte les positions idéologiques les plus extrêmes du sionisme, nuisant ainsi à l’établissement d’une paix juste entre la Palestine et Israël. [...] Dans sa forme extrême, il met l’accent sur des évènements apocalyptiques conduisant à la fin de l’histoire plutôt qu’au vécu actuel de l’amour du Christ et de la justice ».

Notes et références

Notes

  1. Ésaïe 66 : 7-8 : « Un pays peut-il naître en un jour ? Une nation est-elle enfantée d'un seul coup ? A peine en travail, Sion a enfanté ses fils. ».
  2. Le concept de "Nuit pour honorer Israël est né de l'indignation du pasteur John Hagee après la condamnation américaine de l'attaque israélienne contre le réacteur nucléaire irakien d'Osirak.
  3. La Bible donne plusieurs définitions de la « terre promise ». Selon les plus larges, celle-ci va « du fleuve de l’Euphrate jusqu’à la mer occidentale », c'est-à-dire de l'Irak actuel à la Méditerranée - Deutéronome 11:24), voire « depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate », c'est-à-dire de l'Égypte à l'Irak actuel - Genèse 15-18). Certains groupes radicaux marginaux ont donc une vision maximaliste, revendiquant la Jordanie ou au-delà.

Références

  1. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 181 et 182.
  2. a, b et c Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 217.
  3. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 230.
  4. Merrill Simon, Jerry Falwell and the Jews, Middle Village, New York, Jonathan David Publishers, 1984, p. 11-12.
  5. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 231.
  6. a et b Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 232.
  7. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 233.
  8. a et b Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 234.
  9. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 237.
  10. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 238.
  11. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 240.
  12. a et b Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 241.
  13. Thimothy Weber, On the road to Armageddon : how evangelicals became Israel's best friend, éd. Grand Rapids, Mich. : Baker Academic, 2004, p. 21.
  14. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 244.
  15. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 245.
  16. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 191.
  17. Paul Charles Merkley, The Politics of Christian Zionism, 1891-1948, Londres, Portland, OR, Frank Cass, 1988, p. 39.
  18. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 194.
  19. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 201.
  20. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 215 et 216.
  21. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 215.
  22. David Allen Lewis, Can Israel Survive in a Hostile World ?, Green Forest, AZ, New Leaf Press, 1994, p. 170.
  23. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 27.
  24. Cheryl Morrisson, A Bible Study on Israel. What the Bible Says About Israel end the Jeawih People, Arvada, CO, Faith Bible Chapel International, 2004, p. 29.
  25. Paul Charles Merkley, Christian Attitudes Towards the State of Israel, Montréal, McGill-Queen's Press, 2001, p. 163.
  26. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 163.
  27. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 33.
  28. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 35.
  29. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 38.
  30. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 39.
  31. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 24.
  32. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 180.
  33. Ze'ev Chafets, A Macth Made in Heaven : American Jews, Christian Zionists and One Man's Exploration of the Weird and Wonderful Judeo-Evangelical Alliance, New York, NY, Harper Collins, 2007, p. 213 et 217.
  34. Merrill Simon, Jerry Falwell and the Jews, Middle Village, New York, Jonathan David Publishers, 1984, p. 17, 18 et 32.
  35. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 173.
  36. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 181.
  37. Célia Belin, Jésus est juif en Amérique, éd. Fayard, Paris, février 2011, p. 182.
  38. J.J. Goldberg, Jewih Power : Inside the American Jewish Establishment, MA, Addison-Wesley, 1996, 110.
  39. Déclaration de Jérusalem sur le sionisme chrétien.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sionisme chrétien de Wikipédia en français (auteurs)

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