Servaes de Konink

Servaes de Konink

Servaes de Koninck

Servaes de Koninck, aussi Servaes de Konink, Servaas de Koninck ou Servaas de Konink (Dendermonde ou Gand (comté de Flandre), vers 1654 - Amsterdam, vers 1701) est un compositeur de motets, de chansons néerlandaises, de musique de chambre et de scène, d’airs français et cantates italiennes de style baroque. Il fut surtout actif dans la République des Sept Pays-Bas.

Sommaire

Enfance et formation aux Pays-Bas espagnols

De 1663 à 1665, De Koninck fut enfant de chœur (jeune choriste) à l’Église Saint-Jacques de Gand. En 1675, il s’inscrivit comme étudiant à l’Université catholique de Louvain. En 1680, il habita aux alentours de Bruxelles.

Carrière dans la République

Autour de 1685, il s'était établi à Amsterdam, où il fut précédé par cet autre compositeur des Pays-Bas méridionaux, Carel Hacquart. Il y fréquenta l’entourage du théâtre d'Amsterdam et eût été musicien indépendant à Amsterdam. Il fut professeur de musique à l'école de filles française de Lucie Quartier.

Entre 1696 et 1699, l’éditeur de musique amstellodamois Estienne Roger publia de lui sept opus: deux recueils de sonates pour un et deux flûtes avec et sans basse continue, la tragédie Athalie de Jean Racine, pour laquelle De Koninck arrangea les chœurs en (1697), deux fascicules de trios, les Hollandsche Minne- en Drinkliederen (également de 1697) et une collection de motets (1699).

Le peu de temps qui sépare la publication de chaque opus par l’éditeur Roger, suggère qu'un certain nombre de ses compositions fut déjà achevé bien antérieurement à la date de publication et n’était qu’en attente d’un éditeur. Hormis cette série d’ouvrages, il existe encore un certain nombre de ses compositions en manuscrit ou imprimé. De Koninck décéda à Amsterdam en 1701.

L’entourage de Cornelis Sweerts

Á Amsterdam, aux alentours de 1700, Servaes fut un des quatre compositeurs originaires de l'étranger, qui contribuèrent à l’essor temporaire de la musique néerlandaise et dont on rencontre sans cesse les noms soit liés les uns aux autres soit au libraire Cornelis Sweerts et/ou le poète Abraham Alewijn : à part De Koninck même, il s’agit de David Petersen (1651-1737, originaire de Lübeck), Nicholaas Ferdinand Le Grand (c. 1655-1710, France ou les Pays-Bas méridionaux?) et Hendrik Anders (1657-1714 de Oberweißbach, Thüringen).

Plusieurs chansons de Hendrik Anders et de Servaes De Koninck apparurent dans les Verscheide Nieuwe Zangen de 1697, édités par Cornelis Sweerts. Déjà en 1695, Ferdinand Le Grand eut mis en musique la seconde partie des chants mixtes (Tweede deel der Mengelzangen) du même Sweerts, et en 1705, Alewijn et Sweerts furent unis en tant qu’auteurs des poèmes rassemblés dans le recueil Boertige en ernstige minnezangen (chansons d’amour grossières et sérieuses) mis en musique par les compositeurs Petersen, Anders et De Koninck.

Sweerts énumère presque tous les compositeurs ayant contribué, dans ces années du 17e siècle tardif, à l’essor temporaire de la musique sur des textes en néerlandais dans son Introduction à l’art de la chanson et de jouer les instruments (Inleiding tot de zang- en speelkunst):

Traduction libre du texte original Poème de Cornelis Sweerts, reprenant des noms de compositeurs néerlandais de la fin du 17e siècle
ANDERS a soigneusement tenté de traduire en néerlandais,
les styles italien et français,
et il semble que, dans ces deux langues,
il n’aurait pas pu obtenir autant de gloire qu’en néerlandais :
PETERSEN et SCHENCK, eux aussi, nous montrent de la façon la plus claire,
que chacun devra honorer sa propre langue davantage:
Ainsi, il y a des pièces honnêtes de ROSIER et de DE KONINCK,
qui, chantées de façon à aboutir à l’art, réjouissent tout le monde.
Heel stip heeft ANDERS daar in ‘t Neerduits op gelet,
Dat die naar de Italjaanse en Franschen trant gezet
Kan werden: en het blijkt, dat hij in beide taalen
Niet zo veel glorie als in ‘t Neerduits zou behalen:
Ook doen ons PETERZEN en SCHENK op ‘t klaarste zien,
Dat elk zijn eigen spraak meer eere hoort te bien:
Zoo zijn ‘er van ROZIER en KONING braave stukken,
Die opgezongen naar de kunst, elkeen verrukken.

Musique de scène

De Koninck autant qu’Anders et Petersen, eurent été actifs dans le genre musical qu'on appela le zangspel, proche de l'opéra et dans lequel la musique instrumentale, toutes sortes de machineries et la chanson de théâtre jouirent un rôle important. Les textes de ces zangspelen provinrent d’auteurs tel que Sweerts, Abraham Alewijn et Dirck Buysero.

En 1688, le pastoral De Vryadje van Cloris en Roosje (l'amour de Cloris et Rosette), dont le livret est attribué à Dirck Buysero, eut obtenu un succès retentissant. Cette courte farce deviendra une pièce de répertoire. La représentation de cette farce comme supplément au célèbre pièce de théâtre Gijsbrecht van Aemstel de Vondel devint une tradition maintenue encore loin dans le 20e siècle, mais sans la musique de De Koninck, dont la partition périt dans l’incendie de 1772 qui détruisit le théâtre. Bartholomeus Ruloffs composa alors de la musique de scène nouvelle pour cette pièce.

Il est à noter que, si de cette musique de scène rien ne fut publié, des sélections de chansons provenant d'autres productions de théâtre le furent. Il n'est pas à exclure que quelques pièces musicales provenant de ces zangspelen eussent été reprises dans la série De Hollantsche Schouburgh, dont furent publiés sept fascicules entre 1697 et 1716 auprès de la maison d’édition amstellodamoise d’Estienne Roger, et dont De Koninck fut le principal éditeur.

Chansons d’amour et à boire

Une édition particulière parmi les sept parues auprès de la maison d’édition amstellodamoise d’Estienne Roger, est le recueil de chansons d’amour et à boire (Hollandse Minne- en Drinkliederen), dont on ne connaît pas le nom du poète et qui fut destiné aux amateurs de la bourgeoisie. Afin de les attirer, l’éditeur eut indiqué de façon explicite qu’ils eurent été composés dans le style français et italien (Fransche Manier en Italiaansche Manier. Ces indications sur le style des compositions s’inscrivirent bien dans la politique d’édition d’Estienne Roger qui voulut accorder à son fonds un cachet international. Le style français auquel fut fait référence, fut d’ailleurs celui du compositeur d’origine italienne Giovanni Battista Lulli, connu pour son style raffiné et retenu ; un idiome que De Koninck maîtrisa dans les moindres détails. Le style italien serait plus animé, plus expressif et plus exubérant, mais n’est pourtant pas très présent dans cette collection. Toutefois, ce mélange de styles illustra le goût autant international qu’éclectique à Amsterdam à la fin du 17e siècle.

De Koninck expérimente ici avec des genres plus compliqués et des distributions plus ambitieuses qui, de façon peu surprenante, rappelèrent le théâtre : sept chansons de la collection furent fusionnées afin de former ensemble une Zaamen-Spraak tusschen Coridon et Climene (la conversation entre Coridon et Climène) qui se termine par un duo à l’italienne (op zyn Italiaansch).

Autres publications

Une autre publication de De Koninck chez l’éditeur Estienne Roger, méritant une attention particulière, est l’Opus 7, le Sacrarum armoniarum(1699), où l'impact de l’évolution récente de la musique italienne est davantage visible dans le motet marial Mortales sperate, en particulier dans les arias da capo - courtes - pour voix de ténor et alto et l'augmentation de l’apport des instruments, constamment en dialogue avec les chanteurs. Les motets Latins ne sont pas sans rappeler les origines catholiques du compositeur.

Les sonates de De Koninck révèlent l’influence de Corelli, alors que ses compositions pour violon ont subi celle de Petersen et Schenck.

Dans la musique incidentelle pour Athalie, l’influence de Lulli et de Charpentier n’est jamais bien loin. Comme Couperin et Clérambault, De Koninck se profila comme défenseur des goûts réunis.

Discographie

Il est assez exceptionnel de voir paraître sur le marché, des enregistrements d’œuvres de De Koninck sur des disques compacts. Une monographie discographique unique encore en 2009 est :

  • Servaas de Koninck. Ah! I wish I were a little dog! Love and Drinking Songs of the Netherlands, par Dopo Emilio, Emergo Classics CE 3961-2, 1993.

Des compositions de De Koninck ont été reprises dans un certain nombre de compilations de musique néerlandaise ou baroque:

  • Saints & Sinners, par Cappella Figuralis, dirigée par Jos Van Veldhoven, Channel Classics, 1998 (de De Koninck, le motet Venite ad me (De Elevatione))
  • Four Dutch Composers of the Golden Age, Ensemble Bouzignac Utrecht, dirigée par Erik van Nevel, Vanguard Classics, 1995 (de De Koninck, le motet Mortales Sperate)
  • Musica Neerlandica, Apollo Ensemble & Max van Egmond, 1995 (de De Koninck, la chanson à boire In het glaasjen).

Liens externes

Fichier audio:

Sources et références

  • The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Londres, 2001
  • Pieter Dirksen, Zingen in een kleine taal rond 1700 in Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, sous la rédaction de Louis Peter Grijp, Amsterdam University Press - Salomé – éd. Pelckmans - Meertensinstituut - Koninklijke Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis, Amsterdam, 2001, ISBN 90 5356 488 8 (pour la Belgique : éd. Pelckmans ISBN 90 289 30000 0)
  • Frits Noske, Nederlandse liedkunst in de zeventiende eeuw. Remigius Schrijver en Servaas de Koninck in Tijdschrift van de Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis, D. 34ste, Afl. 1ste (1984), pp. 49-67
  • Anthony Zielhorst, Nederlandse liedkunst in Amsterdam rond 1700, tome 3, Utrecht, 1991
  • Rudolf Rasch, Servaes de Koninck in Het HonderdComponistenBoek. Nederlandse muziek van Albicastro tot Zweers, Pay-Uun Hiu et Jolande van der Klis (red.), Haarlem, 1997
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