Nicholaas Ferdinand Le Grand

Nicholaas Ferdinand Le Grand

Nicolaas, Nicolas of Nicholaas Ferdinand Le Grand, vers 1660 (?) et 1710, est un compositeur, actif dans la République des Provinces-Unies, dont le nom indique qu'il pourrait être originaire de la France ou des Pays-Bas méridionaux.

Sommaire

Biographie

Grâce au certificat de baptême de sa fille aînée, née en 1685 à Amsterdam, nous connaissons le nom de sa femme : Catherine Lion. Une autre fille naquit en 1696, et un fils l'année suivante. Un certain Claas Lagran, demeurant au NZ Voorburgwal, et dont la fille Marie, en 1707, contracta mariage avec un confiseur, Heinrich Klostermeijer, pourrait être le compositeur. Catherine Lion, huysvrou van Niecolaus Verdinant Le Grant (épouse de Nicolas Ferdinand Le Grand), demeurant au Fossé du Prince, à côté de la Brasserie de l’Ange (op de Prinsegracht naas de brouwery van den Engel) mourut en 1708[1].

Le Grand était surtout chanteur et maître de chant (sangemeester) ; de là probablement qu’on ne connaît de lui que des œuvres vocales. Le Grand a été musicien du Théâtre d’Amsterdam, probablement de façon permanente[2]. Quoi qu’il en soit, le 8 juin 1688, il chante le rôle-titre d’un drame musical (un zangspel ; genre proche de l’opéra) en langue néerlandaise De vrijage van Kloris en Roosje (Le flirt de Cloris et Rosette), composé par Servaes de Koninck et dont le livret est attribué à Dirck Buysero[2].

En 1697, un acte est passé devant notaire[3] dans lequel Le Grand est mentionné en tant que co-fondateur d'un Collegium Musicum ayant comme but de donner des concerts ; notamment à Amsterdam en été et à La Haye en hiver. Les autres co-fondateurs sont le compositeur Hendrik Anders, le compositeur Carlo Rozier et ses filles Marie-Petronella et Maria-Anna, Jacque Coqu et sa fille Catherine, François Desroziers et Michael Parent. Au XVIIe siècle, le nom Collegium Musicum est souvent utilisé pour désigner des concerts[4].

Œuvre

Chansons néerlandaises avec basse continue autour de 1700

Dans les dernières décennies du XVIIe siècle, la musique dans la République des Provinces-Unies sera marquée par un regain d'intérêt pour des textes dans la langue maternelle, en particulier dans le genre du zangspel, de l’opéra, de la cantate et de la chanson. Un groupe relativement restreint de compositeurs et poètes semble être responsable pour l'accroissement de chansons en langue néerlandaise à partir de 1694: ce sont les poètes Abraham Alewijn et Cornelis Sweerts et les compositeurs Nicholaas Ferdinand Le Grand, David Petersen, Hendrik Anders et Servaes de Koninck. Les premières éditions de leurs recueils de chansons parurent à Amsterdam jusqu’en 1709, alors que les œuvres d’Alewijn furent encore réimprimées entre 1711 et 1716 à Amsterdam et à Haarlem. L'épanouissement de la chanson néerlandaise semble étroitement lié à la musique de théâtre et, plus particulièrement, à celle du Théâtre d'Amsterdam, auquel Le Grand est associé autant que Servaes de Koninck et Hendrik Anders. Le Grand a joué un rôle central dans cette école de chant d'Amsterdam : il est le seul compositeur à avoir participé à deux ouvrages, à la fois d'Alewijn et de Sweerts, pour un total de 65 chansons (c’est de lui et de Johannes Schenck qu’ont été préservées le plus de chansons pour cette période)[5].

Les caractéristiques de ce répertoire sont l’apparition d'une basse continue et la quasi-absence de caractéristiques populaires, reflétant ainsi le goût de l'époque. Les chansons se rapprochent d’ailleurs davantage de l'air français et de l’aria italienne[6].

La contribution de Le Grand au genre de la chanson néerlandaise

L'œuvre de Le Grand est dominé par le style français. L’air y est mieux représenté que l’aria et même dans les « genres mixtes », on trouve plus fréquemment le style français. La construction de la mélodie des airs se rapproche clairement du style de Servaes de Koninck : ces mélodies ont été construites principalement par degrés, avec des sauts au début ou à la fin d'une phrase.

La façon italienne de Le Grand, ainsi que celle de De Koninck, est capricieuse dans la construction de la mélodie : sauts, accords brisés, rythmes pointillés et passages imitatifs apparaissent fréquemment[7]. Par rapport à la façon française, le style italien est beaucoup plus marqué par des sauts et des passages de type colorature rendant les mélodies italiennes plus animées que les mélodies françaises. Un bel exemple de l'application d’éléments italiens est la Cantata a canto solo de Le Grand[8].

En tant que compositeur, Le Grand est associé aux recueils suivants de chansons néerlandaises (en tout, il a composé 65 chansons) :

  • Harderszangen, paroles d’Abraham Alewijn, publié en 1699, réimprimé en 1716
  • Mengelzangen en Zinnebeelden, en collaboration avec le compositeur Hendrik Anders, paroles de Cornelis Sweerts, publié en 1694, réimprimé en 1697
  • Tweede Deel der Mengelzangen, paroles de Cornelis Sweerts, publié en 1695
  • Triomf der Batavieren, paroles de Abraham Alewijn, probablement publié en 1708, réimpression probablement de 1709[9],[10]

Notoriété

Dans l’introduction aux Harderszangen de 1699 (?), le poète Abraham Alewijn désigne Le Grand comme : « [...] un grand maître de chant qui, par des pensées suaves, a ajouté à ces poèmes charme et splendeur [...] » (« [...] groot Zangkunstenaar, die deeze Gedichten, door zoetluidende gedachten, bekoorlykheid en luister toegevoegt heeft [...] »). Sweerts se contente de l’appeler simplement « maître de chant » à Amsterdam (Zangmeester t'Amsterdam) sur la page de titre de son recueil Tweede Deel der Mengelzangen. Pieter Mortier le qualifie de la même façon dans le recueil Triomf der Batavieren : Sangmeester binnen Amsterdam[1].

Notes et références

  1. a et b [1] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d'Utrecht, Série Studium Generale 9104, ISBN 90-72145-20-8, p. 143
  2. a et b [2] Rudolf Rasch, in : cours en ligne Een muzikale republiek, Geschiedenis van de muziek in de Republiek der Verenigde Nederlanden, 1572-1795, Hoofdstuk Tien, De theaters I: Amsterdam, 10.4 De Amsterdamse Schouwburg 1677-1772
  3. [3] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d’Utrecht, 1991, Studium Generale Reeks 9104, ISBN 90-72145-20-8, p. 142
  4. [4] Rudolf Rasch, in cours en ligne Een muzikale republiek, Geschiedenis van de muziek in de Republiek der Verenigde Nederlanden, 1572-1795, Hoofdstuk Dertien, Het concertwezen, 13.2 Amsterdam
  5. [5] Pieter Dirksen, Amsterdam 1698, Cornelis Sweerts houdt een pleidooi voor het gebruik de eigen taal in de muziek, Zingen in een kleine taal rond 1700, in : Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, éd. par Louis Peter Grijp, Ignace Bossuyt, Amsterdam University Press, 2001, ISBN 90-5356-488-8, 9789053564882, p.  318
  6. [6] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d’Utrecht, 1991, Studium Generale Reeks 9104, ISBN 90-72145-20-8, p. 133
  7. [7] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d’Utrecht, 1991, Studium Generale Reeks 9104, ISBN 90-72145-20-8, p.  146-147
  8. [8] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d’Utrecht, 1991, Studium Generale Reeks 9104, ISBN 90-72145-20-8, p. 146
  9. [9] A.KJ. Zielhorst, Liedkunst in Amsterdam rond 1700, in : De Eeuwwende 1700, dl. 3, De Kunsten, André Klukhuhn, éd. en collaboration avec R.A. Rasch et al., Bureau Studium Generale, Université d’Utrecht, 1991, Studium Generale Reeks 9104, ISBN 90-72145-20-8, p. 134
  10. [10] Ce recueil a vraisemblablement été écrit à l’occasion de la victoire de l’armée anglo-néerlandaise sur les Français dans la Guerre de Succession d’Espagne en juillet 1708 ; le titre n’est pas sans rappeler le souvenir au prédécesseur de cette tradition ; le drame musical sur le Traité de Nimègue de Dirck Buysero (livret) et Carel Hacquart (musique) datant de 1678. Voir Pieter Dirksen, Amsterdam 1698, Cornelis Sweerts houdt een pleidooi voor het gebruik de eigen taal in de muziek, Zingen in een kleine taal rond 1700, in : Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, éd. par Louis Peter Grijp, Ignace Bossuyt, Amsterdam University Press, 2001, ISBN 90-5356-488-8, 9789053564882, p. 321

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