Sept ans au Tibet

Sept ans au Tibet
Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne le film. Pour le livre, voir Sept ans d'aventures au Tibet. Pour la chanson, voir Seven Years in Tibet (chanson).

Sept ans au Tibet

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Brad Pitt

Titre original Seven Years in Tibet
Réalisation Jean-Jacques Annaud
Scénario Becky Johnston
d'après le récit de Heinrich Harrer
Acteurs principaux Brad Pitt
David Thewlis
Danny Denzongpa
Sociétés de production Mandalay Pictures
Reperage & Vanguard Films
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Aventure
Drame
Sortie 1997
Durée 139 minutes

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Sept ans au Tibet (Seven Years in Tibet) est un film d'aventure franco-américain de Jean-Jacques Annaud, réalisé en 1997. Ce drame cinématographique s'inspire du livre Sept ans d'aventures au Tibet, le récit autobiographique du séjour de l'alpiniste autrichien Heinrich Harrer dans l'ancien Tibet, de 1944 à 1951.

Sommaire

Synopsis

L'expédition débute par une escalade en montagne

Le film s'inspire de l'histoire de Heinrich Harrer entre 1939 et 1951. Celui-ci, alpiniste autrichien, fait partie d'une expédition germano-autrichienne visant à gravir le Nanga-Parbat, un sommet inviolé de l'Himalaya, situé en Inde, et ce au moment même où éclate la Seconde Guerre mondiale. Harrer abandonne sa fiancée enceinte en Autriche. Fait prisonnier par les Anglais avec ses compagnons, il réussit à s'évader en 1944. Commence alors une longue errance qui le mène, avec son ami Peter Aufschnaiter, à Lhassa, la capitale du Tibet, où il fait la connaissance du 14e Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, alors âgé de 11 ans, dont il devient l'ami. Cette rencontre le transforme. L'invasion du Tibet par la Chine en 1950 l'oblige à fuir. Il quitte le dalaï-lama à regret. À l'occasion de cette séparation, Tenzin Gyatso lui offre une boite à musique pour son fils. À la fin du film, Heinrich Harrer découvre son fils, se réconcilie avec lui grâce à la boîte à musique et lui fait partager sa passion de l'alpinisme.

Fiche technique

Distribution

Critiques du film

Dans son livre My China Eye: memoirs of a Jew and a journalist (2005), Israel Epstein voit dans Sept ans au Tibet une locomotive de la propagande internationale en faveur du séparatisme tibétain qui aurait déraillé à la suite de la découverte que Heinrich Harrer, le protagoniste autrichien et auteur du livre dont le film s'inspirait, dissimulait depuis longtemps un passé nazi bien attesté[2].

Fiabilité au plan historique

Le journaliste Charles Ealy publia en octobre 1997 un article mettant en question la fiabilité du film au plan historique[3].

Il rapporte par exemple que le fils de Harrer, Peter, n'a pas eu l'enfance heureuse que lui prête le film. En fait, le gamin passa la majeure partie de sa jeunesse en pensionnat, il ne fut pas invité au deuxième mariage de son père qu'il ne voyait qu'une fois par an. La fameuse scène de réconciliation en haut d'une montagne entre le père et le fils, déclare Peter, n'a jamais eu lieu[4]. De même, Ealy affirme que, contrairement à ce que montre le film, l'entrée des Chinois à Lhassa en 1950 fut pacifique et non pas violente[5]. Harrer lui-même, dans son livre, fait état d'un comportement discipliné et tolérant : les Tibétains capturés furent relâchés, disant qu'ils avaient été très bien traités[6]. Enfin, le journaliste met en doute le chiffre, avancé dans le film, de plus de 1,2 million de Tibétains tués depuis l'invasion chinoise. Il s'agit d'une estimation fournie par le dalaï-lama mais, fait-il remarquer, il n'y a guère de documents permettant d'en établir l'exactitude [7]. Ces constatations font dire à Ealy que si Sept ans au Tibet est peut-être une réussite au cinéma, par contre c'est un échec sur le plan historique[8].

La fidélité du film par rapport aux événements et aux personnages historiques est contestée également par Gary Wilson, journaliste du Workers World[9]. Ce dernier reproche au film de faire un héros d'un membre des troupes de choc nazies[10].

De fait, les investigations publiées en 1997 par les journalistes autrichiens Gerald Lehner et Tilman Müller[11] ont montré que Heinrich Harrer avait rejoint les Chemises brunes autrichiennes (la SA) et l'association des enseignants nazis de Graz dès 1933, puis les Chemises noires (la SS) en avril 1938 après l'annexion de l'Autriche par le Troisième Reich.

Si l'on voit dans le film le dieu-roi sauver la vie d'un insecte, ajoute Gary Wilson, en revanche on ne voit pas le sort réservé aux esclaves fugitifs[12]. De plus, à la différence de ce que le film donne à voir, continue-t-il, l'armée chinoise a été bien accueillie à son arrivée car cela signifiait la fin de l'esclavage, de la servitude et des brutalités[13].

Dans une critique publiée dans une revue maoïste de l'époque [14], l'auteur, qui qualifie le film de « version cinématographique aseptisée et romancée » des mémoires de Harrer, déplore la falsification des positions et des actions de l'Armée populaire de libération[15]. On voit en effet trois généraux chinois gagner Lhassa pour rencontrer le dalaï-lama. Ces généraux se comportent grossièrement avec tout le monde, dédaignent un mandala, un symbole de paix et d'amitié fabriqué par un religieux pour l'occasion, tandis que leur chef dit à un ministre tibétain que la religion est un poison. Ces façons de faire, déclare l'auteur, sont inexactes sur le plan historique[16].

Comparaison entre le film et le livre

L'exilé tibétain Jigme Duntak, dans un article mis en ligne sur le blog Tibet Talk en 2009, compare le livre de 1952 et le film de 1997, non sans constater que nombre de passages intéressants du livre sont passés à la trappe et que certaines parties du film sont des inventions. Ainsi :

- dans le livre, Harrer ne parle jamais de ses rapports avec son épouse restée en Autriche, ni de la couturière tibétaine à laquelle lui-même et Aufschnaïter font les yeux doux dans le film; au contraire, il déclare avoir décidé de faire une croix sur tout rapport avec le sexe féminin pendant son séjour;

- le film passe sous silence nombre des travaux que Harrer avait faits pour le gouvernement tibétain : jardinage, construction de fontaines, cartographie, traductions, photographies de cérémonies, etc.;

- et il n'entre pas dans le détail des tribulations et des rencontres de Harrer et Aufschnaïter avant d'arriver à Lhassa[17].

Interrogés en 1998, l'ancien négociateur et signataire de l'Accord en 17 points en 1951, Ngabo Ngawang Jigme, ainsi que son 3e fils, Ngapo Jigmé, conviennent du fait que les événements dépeints dans le film sont totalement fictifs et n'ont rien à voir avec ceux relatés par Heinrich Harrer. Ainsi, selon Ngapo Jigmé, ce dernier ne fut jamais confronté aux troupes chinoises, puisqu'il quitta Lhassa bien avant l'entrée de l'Armée populaire de libération dans la ville. Selon Ngabo Ngawang Jigme, un seul détail est proche de la réalité, l'Autrichien a appris l'anglais au dalaï-lama [18].

Accueil

Le film a rapporté 131 457 682 $ au box-office mondial (dont 37 957 682 $ aux États-Unis)[19]. Il a réalisé 2 798 490 entrées en France et 562 125 en Suisse[20].

Il a reçu des critiques mitigées, recueillant 59% de critiques positives, avec une note moyenne de 6,3/10 et sur la base de 32 critiques collectées, sur le site internet Rotten Tomatoes[21]. Il obtient un score de 55/100, sur la base de 18 critiques, sur Metacritic[22].

Distinctions

Sauf mention contraire, cette liste provient d'informations de l'Internet Movie Database[23].

Récompenses

  • Guild of German Art Houses Cinemas 1998 : Meilleur film étranger
  • Political Film Society Award for Peace 1998
  • Rembrandt Awards 1998 : Meilleur acteur international (Brad Pitt)

Nominations

  • Golden Globes 1998 : Meilleure musique
  • Awards of the Japanese Academy 1998 : Meilleur film étranger
  • Grammy Awards 1998 : Meilleure composition instrumentale pour le cinéma ou la télévision
  • Political Film Society Award for Exposé 1998
  • Political Film Society Award for Human Rights 1998

Anecdotes

  • À la suite de pressions diplomatiques vraisemblablement d'origine chinoise, les sites de tournage initiaux dans une vallée himalayenne en territoire indien n'ont pas reçu l'agrément des autorités. Le réalisateur a donc tourné l'essentiel du film en Argentine et au Canada pour les scènes d'alpinisme en haute altitude, ainsi que dans le Tyrol en Autriche.

Notes et références

  1. Filmographie Brad Pitt, VoxoFilm. Consulté le 17 février 2011
  2. (en) Israel Epstein, My China Eye: memoirs of a Jew and a journalist, Long River Press, 2005, 358 p., p. 285 (ISBN 1-59265-042-2) : « Barbed, too, were his comments about the film Seven Years in Tibet. Intended as a super-bomb of international propaganda for Tibeetan separatism, but waylaid by the discovery that Heinrich harrer, an Austrian protagonist and author of the book on which it was based, had long hidden his own documented Nazi past. »
  3. (en) Charles Ealy, Tibet's Shaket history. Much of this ("7 years in Tibet") 'ture' story just isn't so, The Dallas Morning News, 12 octobre 1997.
  4. Charles Ealy, op. cit. ; citation : « While the movie includes the father's desertion, the son says it misrepresents the rest of the story giving the boy a happy home life with mother and stepfather. The movie also stages a grand reconciliation atop a mountain between father and son. That never happened, the son says. In fact, peter Harrer told vanity fair that he spent most of his youth in boarding schools, that he wasn't invited to attend his father's second wedding and that he and his father see each other about once a year ».
  5. Charles Ealy, op. cit. : « Contrary to the movie, the Chinese entry into Lhasa in 1950 was peaceful rather than violent ».
  6. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, translated from the German by Richard Graves; with an introduction by Peter Fleming; foreword by the Dalai Lama, E. P. Dutton, 1954, (ISBN 0874778883), fin du chapitre 16 : « In 1910 the invading Chinese had plundered and burned when they came to Lhasa, and the inhabitants were paralyzed with fear that these outrages would be repeated. Nevertheless it is fair to say that during the present war the Chinese troops had showed themselves disciplined and tolerant. And Tibetans who had been captured and then released were saying how well they had been treated. »
  7. Charles Ealy, op. cit. : « The movie asserts that more than 1.2 million Tibetans have been killed since the Chinese invasion. These figures are based on estimates from the Dalai Lama, but there is little documentary evidence to determine their accuracy ».
  8. Charles Ealy, op. cit. : « Seven Years in Tibet may succeed as a movie, but it fails as history ».
  9. (en) Gary Wilson, It was no Shangri-La: Hollywood Hides Tibet's True History, livraison du 4 décembre 1997 du Parti du monde des travailleurs.
  10. Gary Wilson, op. cit. : « The movie "Seven Years in Tibet" not only glorifies feudal Tibet and its aristocrats; it also makes a hero of a Nazi storm trooper - Heinrich Harrer ».
  11. (en) Gerald Lehner et Tilman Müller, Dalai Lama's Friend, Hitler's Champion, The Himal Magazine site.
  12. Gary Wilson, op. cit.; citation : « While Seven Years shows the Dalaï Lama protecting an insect, it does not show the slaves who had their heels slashed for attempting to flee slavery ».
  13. Gary Wilson, op. cit. ; citation : « Contrary to what is being shown by Hollywood, the Tibetans people welcomed the Chinese Red Army when it arrived. It meant the end to slavery and serfdom and the brutality ».
  14. (en) Two Long Hours of Historical Revisionism. Seven Years in Tibet Movie Review, MIM Notes, 15 novembre 1997.
  15. Two Long Hours of Historical Revisionism, op. cit. : « the sanitized and romanticised film version of the self-promoting memoir of an elite Nazi », « (...) it fabricates the positions and actions of the Chinese People's Liberation Army ».
  16. Two Long Hours of Historical Revisionism, op. cit. : « (...) the methods used by the PLA in the film are (...) historically inaccurate ».
  17. (en) Jigme Duntak, My Recollections on Seven Years in Tibet, blog Tibet Talk WordPress, 31 janvier 2009 : « (...) I feel the movie did not do justice to the book at all. For one, a lot of parts from the book, which I think would have made the movie much more interesting, are omitted, and secondly, some parts of the movie are completely outright fabricated.
    - In the book Harrer never mentions anything about his relations with his wife back in Austria, nor does he mention anything about any love interests or competition between he and Aufschnaiter for the Tibetan seamstress depicted in the movie (...). In fact, in the book Harrer states that he had put off any relations with any female companions while in Tibet (...).
    - The movie omits many of the jobs Harrer had done for the Lhasa government (...) such as: gardening, building fountains, making maps, translating works, recording various ceremonies and also taking photos of many different things.
    - It also omits many of the details of Harrer and Aufschnaiter’s very tough times in Tibet when they had traveled through miles and miles of desolate terrain and found the company of many nomadic Tibetans, friendly and unfriendly
     »
    .
  18. (en) Jasper Becker, Interview with Ngapoi Ngawang Jigme, in South China Morning Post, 2 avril 1998, reproduit sur le site World Tibet Network News : « Both he and his son agree that the events portrayed in the film are completely fictitious and bear no resemblance to the book by Heinrich Harrer (...) Jigme said: "(...) Only one of the details is close to the truth - that Harrer taught the Dalai Lama English (...)" His son is far blunter. (...) "Harrer never saw the Chinese troops, he left Tibet long before the PLA entered" ».
  19. (en) Seven Years in Tibet, Box Office Mojo
  20. Sept Ans au Tibet, Lumière. Consulté le 17 février 2011
  21. (en) Seven Years in Tibet, Rotten Tomatoes
  22. (en) Seven Years in Tibet, Metacritic
  23. (en) Awards for Sept Ans au Tibet, Internet Movie Database
  24. Source : Jen-Jacques Annaud lui-même dans les bonus du DVD du film.


Articles connexes

Liens externes

Livre

  • Beck Johnston, Jean-Jacques Annaud, Laurence B. Chollet, Alisa Tager, David Appleby, Heinrich Harrer, Pat Morrow, Bill Kaye, The Seven Years in Tibet: Screenplay and Story Behind the Film, Newmarket Press, New York, 1997, 224 p..

Lien externe


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