- Pomœrium
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Sous la Rome antique, le pomerium ou pomœrium[2] ─ est l'enceinte sacrée d'une ville, et plus spécialement la limite de la cité romaine que Romulus, en tant que rex, étymologiquement « tireur de trait » (« roi » en français) traça d'un sillon lors de la fondation de Rome en 753 av. J.-C.
Il constitue la limite de la ville, et correspond peu ou prou à Rome à la muraille de Servius Tullius. Cependant, le mur d'enceinte de la ville ne marque pas la limite du pomerium, dont le tracé est signalé par des cippes. Son caractère sacré est très fort, équivalent à celui du terrain sacré d'un temple, défini par la pratique du templum étrusque, et le territoire de la ville est consacré à Jupiter. Lorsque Remus, par dérision, viola cette limite en sautant au-dessus du sillon, Romulus le tua, l'acte étant en effet sacrilège. Il existe un pomerium pour chaque cité antique.
C'est à l'intérieur du pomerium qu'ont lieu les activités civiques qui différencient pour les Anciens l'homme de l'animal. Il s'agit des cultes civiques (notamment la triade capitoline), des activités politiques (délibérations, vote sur le forum), de la justice. C'est également à l'intérieur du pomerium que sont établies les institutions nécessaires à la bonne marche de la cité : tribunaux, trésor, archives.
Ce caractère sacré en exclut la mort et tout ce qui rappelle la mort. Les cadavres, dépouilles et armes en sont donc bannies : le champ de Mars, terrain de manœuvres militaires où a lieu chaque année la conscription, est à cet égard situé à l'extérieur des limites de la ville et les cimetières sont établis aux sorties des villes romaines (les catacombes chrétiennes suivront cette tradition et seront donc hors du pomerium). Les exécutions capitales, à Rome, avaient lieu sur la roche Tarpéienne, qui était au pied de la falaise du Capitole. On précipitait les condamnés du haut de cette falaise. La limite du pomerium passant sur cette falaise, les condamnés mouraient à l'extérieur. Également, c'est sur les marches de la Curie de Pompée (site de l'Area Sacra), à l'extérieur du pomerium, que César fut assassiné. Trajan est le seul empereur dont les cendres ont été conservées à l'intérieur du pomerium, dans la colonne qui porte son nom.
L'interdit religieux lié au pomerium conduisit à des faits notables :
- un triomphe devait faire passer le triomphateur avec son armée par le pomerium, le long de la via Sacra. Or, aucun détenteur de l'imperium ─ pouvoir lié à la mort ─ ne pouvait pénétrer ainsi dans le pomerium : le général ─ ou le promagistrat ─ concerné devait attendre à l'extérieur du pomerium que le Sénat romain le relève de son imperium pendant la durée de la cérémonie.
- à la fin de la République, le corps du démagogue Clodius Pulcher fut incinéré sur le forum, celui de Jules César également. Dans les deux cas, cet acte était un sacrilège, commis volontairement par leurs partisans pour attirer la colère des dieux sur les assassins des deux défunts.
L'empereur Aurélien en repoussa les limites en 273 par la construction du mur d'Aurélien.
Notes et références
- A Topographical Dictionary of Ancient Rome
- Plutarque, pomœrium provient de post murum « derrière le mur ». Il appuie son explication sur le fait que la charrue qui trace le sillon primordial est relevée à l'emplacement des portes, et que si les murs de la cité sont sacrés, les portes elles ne le sont pas. Ce qui permet le transport de choses impures dans ou hors de la cité. (Vies Parallèles, Romulus, XI,4). Selon
Articles connexes
- Le templum étrusque (Apports des Étrusques aux Romains)
Catégories :- Cité de la Rome antique
- Politique de la Rome antique
- Apports des Étrusques aux Romains
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