- Saint-Sauveur-du-Monde-lèz-Chirac
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Monastère Saint-Sauveur-de-Chirac
Monastère Saint-Sauveur-de-Chirac Vue générale de l'édifice Latitude
Longitude[1] Pays France Région Languedoc-Roussillon Département Lozère Ville Le Monastier-Pin-Moriès Culte Catholique romain Type Monastère Rattaché à Ordre de Saint-Benoît,
Compagnie de JésusDébut de la construction XIe siècle Classé(e) Monument historique[N 1],[2] modifier Le monastère Saint-Sauveur-de-Chirac était un monastère bénédictin puis jésuite fondé au XIe siècle à proximité de Chirac. Il a donné son nom à la localité où il se trouve, Le Monastier, et est situé dans le département français de la Lozère, sur la commune du Monastier-Pin-Moriès. Il a été actif jusqu'à la Révolution française. Il ne reste principalement de ce monastère que l'église Saint-Sauveur-de-Chirac, devenue Monument historique par arrêté du 10 avril 1931[2]. Cette église est devenue, à la suite de la disparition du monastère, l'église paroissiale.
C'est dans ce monastère que Guillaume de Grimoard a fait son noviciat, il a ensuite été abbé de Saint-Victor-de-Marseille, puis élu Pape sous le nom d'Urbain V.
Sommaire
Histoire
Origine
C'est vers l'an 1060 que l'évêque de Mende, Aldebert Ier de Peyre, et son frère Astorg Ier baron de Peyre décident de fonder un monastère sur leur terre de Peyre. Ce monastère qui porte alors le nom de « Saint-Sauveur-du-Monde-lèz-Chirac », est établi à peu de distance de Chirac, qui est l'une de leurs possessions. Le 16 mars 1062, ils rendent hommage pour leur monastère auprès de l'abbaye Saint-Victor de Marseille[3]. Une hypothèse explique que le monastère aurait d'abord été construit plus près de Chirac, mais, ravagé par une inondation, il aurait été déplacé à sa place actuelle en 1090. Cette hypothèse n'a cependant pas été prouvée[3]
Le monastère est achevé en 1072, puis c'est vers 1090 qu'est construit le couvent par des moines bénédictins, ainsi qu'une église primitive. Ils sont d'abord 12 moines affectés au monastère[4]. La consécration de l'église se fait en présence du pape Urbain II en 1095. C'est sans doute cette année là qu'Aldebert Ier de Peyre meurt[N 2]. Après son épiscopat, il fut lui-même moine de Saint-Sauveur où il s'était retiré[5].
Entre temps, en 1074, Robert de Saint-Urcize et son frère Bernard, font don au monastère des églises de Nasbinals et de Saint-Urcize, ainsi que de possessions sur l'Aubrac[6]. En 1091, les seigneurs de Montrodat, vassaux des Peyre, donnent au monastère l'église Sainte-Marie de Coulagnet (près Marvejols)[7].
Au cours de son épiscopat, l'évêque de Mende, Aldebert III du Tournel, a plusieurs fois contesté leurs possessions aux moines de Saint-Victor, mais ne put s'emparer de leurs biens. Une bulle pontificale émise entre 1096 et 1099 avait, en effet, exempté le monastère de la juridiction épiscopale[5].
À partir de 1110-1120, on assiste à un désengagement progressif de la famille de Peyre, qui avait jusque là beaucoup donné au monastère, et où plusieurs de ses membres avaient fini leurs jours[8]. L'essentiel du patrimoine du monastère s'est constitué avant cette date.
La prospérité et les guerres
Le monastère possède plusieurs domaines. Parmi eux, on retrouve le château du Buisson, cédé par le baron Astorg de Peyre en 1235 à son oncle Aldebert, prieur du monastère. Ce sont, sans doute, les moines qui introduisirent dans la région la culture de la vigne et du safran[9]. Le village du Monastier s'est alors peu à peu construit autour du monastère.
Au siècle suivant, le prieur est Anglic de Grimoard, frère du seigneur de Bellegarde et de Grizac, Guillaume. Deux de ses neveux se sont destinés aux ordres. Son filleul, Anglic également, est entré chez les chanoines de Saint-Augustin de Saint-Ruf à Valence. Il deviendra cardinal. Son autre neveu, Guillaume, est lui venu faire son noviciat à Saint-Sauveur-de-Chirac. Il y reste sa jeunesse puis rejoint l'abbaye mère de Saint-Victor de Marseille pour poursuivre sa formation monastique, avant de revenir au Monastier où il reçut l'ordination sacerdotale[10]. Il est élu Pape en 1362, et prend le nom d'Urbain V.
Mais en cette deuxième moitié du XIVe siècle le Gévaudan subit les destructions de la guerre de cent ans. En effet, le traité de Brétigny, en 1360, a fait du Rouergue voisin une terre anglaise. Les anglais occupent donc toute la frontière à l'ouest du pays, et les grandes compagnies font de fréquentes incursions en Gévaudan. En 1361, ils ravagent Chirac et le Monastier. Ils pillent alors le monastère à la recherche d'or et de bijoux[9].
Urbain V prend alors à sa charge les réparations. Il en profite peut-être pour l'agrandir. Mais surtout, il fait construire une tour et des fortifications entre 1366 et 1368. Cette tour était établie près du chevet de l'église[11].
Ces fortifications ont servit d'abris durant deux siècles plutôt pacifiques. Mais, consécutivement au massacre de la Saint-Barthélémy, le capitaine huguenot Matthieu Merle et ses troupes ravagent le pays. Ils s'emparent du Monastier en 1583. Le monastère est alors brûlé et l'église en grande partie démolie. Parmi les moines, le frère Lavigne est tué, les autres ont fui les lieux ou on trouvé refuge. À leur retour au monastère, ils s'installent dans la tour, qui demeure alors le seul endroit habitable[9]. Ils en seront rapidement chassés par les moines du collège royal de Rodez, nouveaux propriétaires des lieux, qui ont décidé de détruire cette tour.
Le monastère aux Jésuites
En effet, depuis 1576, le monastère a commencé à changer de mains, passant de l'ordre de Saint-Benoît et l'abbaye Saint-Victor de Marseille à la compagnie de Jésus et le collège royal de Rodez. C'est en cette année 1576, le pape Grégoire XIII unit le monastère au collège royal. Le roi Henri III de France ratifie l'acte en 1578, mais l'abbaye mère de Saint-Victor s'y oppose. L'acte final de la transaction est signé en 1580, et Saint-Victor obtient du collège royal qu'il pourvoit à l'entretien des moines[9].
Cependant, il n'en fut rien. En effet, le premier acte des jésuites fut de détruire la tour où les moines avaient trouvé refuge. Ainsi privés de toit, les moines durent quitter le monastère, soit pour rejoindre leur famille, soit pour l'errance, ou encore pour se tourner vers la religion réformée. En 1587, les jésuites obtiennent du pape Sixte-Quint qu'ils puissent jouir des revenus du monastère, ce qui était la condition pour qu'ils réparent le couvent. L'évêque de Mende, l'abbé de Saint-Victor et le baron de Peyre se sont bien attaqués à cette décision, mais ils furent déboutés par le parlement de Toulouse en 1602[12].
Sous l'administration des Jésuites, le couvent comme l'église sont reconstruits et modifiés.
La compagnie de Jésus est dissoute en 1775. Le collège royal de Rodez est alors détenu par des prêtres séculiers, qui conservent leurs droits sur le monastère du Saint-Sauveur.
Depuis la Révolution française
À la Révolution française, le monastère est vendu comme bien national. Quelques années plus tard, il est acheté par l'abbé Serre qui y installe une école. L'église est quant à elle devenue l'église paroissiale[9].
L'église actuelle
Historique
L'église primitive a été construite entre 1090 et 1095, et a été consacrée cette année-là en présence du pape Urbain II. Elle a subi les affres de la guerre de cent ans, et des grandes compagnies. Sa façade et son chevet d'origine ont été détruits en 1381[13]. Au XVIe siècle, l'église est à nouveau ravagée, par les guerres de religion. Les nouveaux propriétaires de la compagnie de Jésus font les réparations. Ainsi ils refont la voûte de la grande nef. Ils transforment ensuite l'abside, détruite, en la première travée. Enfin ils font graver le monogramme des jésuites, J.H.S. pour « Jésus des Hommes le Sauveur ».
En 1801 elle devient alors l'église paroissiale, grâce à l'accord entre le premier consul Bonaparte, et le pape Pie VII[14].
Plan général
L'église présente une forme presque carrée. Les deux collatéraux sont de largeur inégales. En effet, le collatéral droit, dans le sens de l'entrée, est plus étroit que celui de gauche.
Il existe huit contreforts extérieurs, quatre au nord, et quatre au sud. L'extérieur présente encore des traces des fortifications du monastère, comme la grande rainure d'où descendait la herse[13].
Contre le bas-côté sud, il existe un escalier, qui donne accès à une petite tribune de pierre. C'est par là qu'il était possible d'accéder à la tour détruite, édifiée par Urbain V. On peut, depuis, atteindre le clocher.
Mobilier et éléments intérieurs
La chaire de pierre sculptée date de 1726, alors que les chapiteaux, eux aussi sculptés sont bien plus anciens[15].
L'église dispose d'un très ancien reliquaire, mais dont l'origine est très incertaine. Il se pourrait qu'il s'agisse de celui offert par Urbain V à l'église de Fraissinet-de-Lozère, qui a disparu, mais rien ne le prouve[13]. Ce reliquaire figure, par ailleurs, parmi les objets classés monuments historiques[16].
Le portail
Le portail est de style roman. Il est voûté en plein-cintre, et est décoré d'une voussure au motif feuillagé. Les armes des Grimoard, que Le Monastier a d'ailleurs employé comme blason communal, surmontent le tout. Elles se blasonnent : De gueules, au chef émanché de quatre pièces d'or[17]. Au dessus du portail, on retrouve donc le plus important des vestiges des fortification, la rainure d'où descendait la herse.
La nef
Le chœur
Localisation
Le monastère est situé dans ce qui est désormais le cœur du village du Monastier, village qui s'est développé autour dudit monastère. Il appartient à la commune du Monastier-Pin-Moriès, regroupement de 3 communes, dans le département de la Lozère.
Lors de son édification, il était sur les domaines des barons de Peyre, qui détenait notamment le château de Chirac, à quelques kilomètres au nord-ouest de là. Il est situé sur la rive droite de la rivière de la Colagne, peu avant qu'elle ne se jette dans le Lot, au lieu-dit des Ajustons.
Liste des prieurs
- ???? : Jean
- 1098 - 1118 : Hugues
- ???? : Guillaume d'Aurelle
- 1109 - 1117 : Raimond de Montrodat
- vers 1118 : Raymond de Blieux
- avant 1147 : Astorg[N 3]
- avant 1147 : André
- 1147 - ???? : Raimond de Pourrières
- 1155 : Bermond[N 3]
- 1208 - 1226 : Aldebert de Peyre[N 4]
- vers 1330 : Anglic de Grimoard[N 5]
- ???? : Guillaume de l'Orme
Annexes
Notes
- ↑ Seule l'église est classée
- ↑ Si la date de la mort d'Aldebert Ier de Peyre est imprécise, il semble qu'il a été remplacé par Guillaume II à la tête de l'évêché en 1095
- ↑ a et b Il appartenait peut-être à la maison de Peyre
- ↑ Une tradition chez les Peyre était que l'aîné (ou l'héritier) porte le prénom d'Astorg, et que le puyné porte celui d'Aldebert et rentre dans les ordres.
- ↑ Parfois nommé Anglic Ier pour ne pas le confondre avec son neveu, le cardinal Anglic de Grimoard
Sources et références
- ↑ Selon les données du (fr) Géoportail
- ↑ a et b (fr) base Mérimée
- ↑ a et b Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, chapitre 11, pp. 237-239
- ↑ (fr) Site de la commune du Monastier
- ↑ a et b Lozère, encyclopédie Bonneton, pp. 21-22, disponible (fr) sur Google Books
- ↑ Les débuts d'un prieuré victorin en Gévaudan : Le Monastier-Chirac (XIe-XIIe siècles), par Jérôme Belmon, p. 8
- ↑ Les débuts d'un prieuré victorin en Gévaudan : Le Monastier-Chirac (XIe-XIIe siècles), par Jérôme Belmon, p. 12
- ↑ Les débuts d'un prieuré victorin en Gévaudan : Le Monastier-Chirac (XIe-XIIe siècles), par Jérôme Belmon, p. 21
- ↑ a , b , c , d et e Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome II, chapitre 35, pp. 994-998
- ↑ J. B. Christophe, p. 536
- ↑ Recherches historiques sur le Monastier, par J. Daudé, 1885, p.103
- ↑ Recherches historiques sur le Monastier, par J. Daudé, 1885, p.152
- ↑ a , b et c Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, chapitre 18, pp. 511-514
- ↑ (fr) [image] Panneau d'information à proximité de l'église
- ↑ Églises rurale & décors peints en Lozère, par Michel Verrot, pp. 73-75
- ↑ (fr) Base Palissy
- ↑ (fr) Heralogic
Lien externe
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