Royauté

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La royauté désigne un régime politique dans lequel le chef d'un État porte le titre de roi. En France, depuis le XVIIe siècle, elle est de plus en plus souvent désignée par le terme impropre de monarchie qui désigne les régimes politiques dans lesquels une seule personne exerce tous les pouvoirs. La royauté ne doit pas non plus être confondue avec d'autres régimes politiques comme l'empire qui suppose des territoires éparpillés et ne présuppose pas l'existence d'un roi, ni avec la tyrannie qui est un régime affranchi de toute loi.

Son étude, qui a longtemps été délaissée par les sociologues, les politologues et les historiens, a été remise en faveur par l'anthropologie sociale, avec les travaux essentiellement britanniques de James George Frazer, d'Henry James Summer Maine, d'Arthur Maurice Hocart, mais aussi de Georges Dumézil.

Sommaire

Limitations de la royauté

Bien qu'elle se manifeste par des aspects sacrés, la royauté exerce un pouvoir politique qui est presque toujours distincte du pouvoir religieux[1]. Bien qu'elle se manifeste aussi par une très grande richesse, elle ne participe pas non plus au pouvoir économique[2]. La royauté semble se limiter à une fonction de représentation (pouvoir d'incarner l'unicité de l’État et de traiter avec les autres États), de paix (intérieure et extérieure) et de justice. À la limite, elle se réduit à la fonction de maintien des règles et des traditions, d'arbitrage suprême entre les différents pouvoirs qui émanent de lui, sauf la justice et la conduite de la guerre[3]. Elle n'est donc pas équivalente à la monarchie, qu'Aristote ou Montesquieu définissent comme le régime politique dans lequel tous les pouvoirs sont exercés par un seul: le monarque peut porter le titre de roi, mais également celui d'empereur, de tyran, de dictateur, de consul, de Premier secrétaire, de Guide, etc...

La royauté est toujours définie par des règles coutumières qui s'imposent au roi, le désignent et lui donne sa légitimité. En France, l'ensemble de ces règles et de ces usages s'appelait les lois fondamentales du royaume.

Échelles de la royauté

La royauté est un régime qui ne se rencontre pas qu'à la tête d'un État avec un roi ("rex"), mais aussi de groupes plus petits avec des chefs coutumiers ou roitelets (regulus) à la tête de tribus ou de clans chez beaucoup de peuples primitifs ou antiques, par exemple les Celtes de la Gaule ou de l'Ancienne Irlande.

Mais à l'inverse, elle ne se rencontre en principe pas à la tête de plusieurs États, le terme propre étant alors celui d'empereur[4]. La royauté se rencontre aussi dans des anciennes confréries de métier, de défense (le roi de l'arbalète), de secours, de communautés villageoises des adolescents, ou adelphies (le roi de la fête communale) ; dans ce cas, cette royauté est presque toujours annuelle et toujours élective, soit par un concours, soit par un tirage au sort.

Modes de désignation des rois

Le mode de désignation des rois, que l'on rencontre chez presque tous les peuples, est l'élection, comme en général pour tous les héritiers dans les sociétés traditionnelles. Mais il s'agit d'une élection qui se fait d'une part entre un très petit nombre de candidats dynastes, choisis dans la ou les familles princières selon des règles coutumières, d'autre part d'un nombre d'électeurs réduit aux chefs des clans ou des familles qui dépendent de sa couronne. Des procédures et des rituels, mélanges d'épreuves et d'interrogation du sort, peuvent s'ajouter au concours des votes pour renforcer la croyance en ses hautes capacités et en sa maîtrise du destin, et asseoir ainsi sa légitimité et son autorité chez ceux qui auraient préféré un autre candidat. Il s'agit donc réellement de choisir le meilleur et d'assurer à l'ensemble du groupe la prospérité, la paix, la réussite des entreprises, etc...[réf. nécessaire]

Ce système a laissé la place en France, et dans les autres pays d'Europe, à des règles de succession qui ont d'abord admis le partage de la royauté entre plusieurs héritiers[5], puis la désignation du successeur par le roi parmi ses fils, puis la dévolution légale au seul fils aîné, avec une élection qui s'est progressivement réduite à la participation au sacre des douze pairs de France (représentants des 12 grands fiefs de la couronne) et à une acclamation populaire lors du couronnement. L'avantage de cette réduction de l'élection à un mécanisme légal étant d'éviter les infanticides et les guerres de succession entre les différents partis des candidats, guerres d'autant plus féroces que les femmes et les concubines royales y étaient parties prenantes[6].

Autres modes de désignation du roi :

  • Dynastie : le fils ou fille aîné(e) devient roi ou reine lors du décès ou au renoncement au trône de celui-ci. C'est le cas de la plupart des rois de France. En cas d'absence de descendance directe, la royauté échoit à l'héritier le plus proche selon des règles diverses et souvent sources de contestations. Voir par exemple la "loi salique".
  • Désignation : le roi en exercice désigne ou fait désigner son successeur. Cas de nombreux empereurs romains qui recouraient pour cela à la fiction d'une adoption de leur successeur. Ce problème était réglé en France où l'adoption n'a pas été admise dans le droit civil jusqu'au XIXe siècle. Voir Népotisme.
  • Élection : le roi est élu par ses pairs et parmi ceux-ci. Les pairs sont généralement les nobles de ce royaume. Selon la tradition des Francs, Hugues Capet, par exemple, fut élu.
  • Auto proclamation : un individu prend le pouvoir par un moyen quelconque et se proclame roi : cas des fondateurs de dynastie (également nommés usurpateurs par les partisans éventuels de la dynastie précédente).

Un roi ou une reine demeure en fonction jusqu'à sa mort, sa déposition ou son abdication. cette dernière n'était cependant pas admise pour la couronne de France.

Afin de s'assurer avec certitude de la filiation, les reines de France devaient accoucher en public.

Quel que soit le mode d'accession au trône, la royauté tire son autorité dans une certaine forme de continuité, résumée par exemple en France par l'expression : « Le Roi est mort, vive le Roi ! ». Il n'y a pas d'idée de rupture, la légitimité venant de la sacralité de la fonction et la continuité étant le signe de la permanence du lien. La fonction comme telle est immortelle, puisque sacrale, le roi d'une certaine manière se retrouve dans ses descendants, ou ses successeurs.

Sacre

Au sommet de la hiérarchie féodale, le roi est investi, non seulement du pouvoir temporel qui porte aussi sur le temporel de l'Église de France, ainsi que sur la faculté d'autoriser ou d'interdire une congrégation religieuse ou une autre religion en France. Bien que la personne du roi ait un caractère sacré, et que son avènement soit considéré comme une volonté divine, le sacre n'est pas un ordre sacré, et le roi n'appartient pas plus au Clergé qu'aux autres ordres.

La vie du roi est très ritualisée. Dans les anciennes doctrines : le roi est l'axis mundi, c'est-à-dire centre du monde, il est le lien privilégié avec le divin, apportant prospérité, paix et abondance au royaume. La reine ayant normalement un rôle complémentaire a celui du roi, et non pas identique : la relation roi-reine matérialise la relation peuple-terre.

Favorisant les récoltes, il est celui qui permet de conserver l'ordre, et le renouvellement de celui-ci. Il est celui autour duquel le monde s'ordonne, c'est-à-dire le royaume. Le roi est censé être le protecteur et le guide de ses sujets. Il protège contre les ennemis extérieurs, il assure donc la paix. En France et en Angleterre, le roi est réputé avoir le don le guérir des écrouelles par la simple imposition des mains : c'est la légende populaire pour Saint Louis de France. Il est aussi celui qui rend la justice, il doit donc incarner la justice par excellence.

Liturgie

Certains rois ou empereurs d'Occident firent l'objet d'une dévotion organisée après leur mort par leur successeurs.

Barbe rousse et barbe fleurie

C'est le cas de Charlemagne, qui fit l'objet d'une liturgie mise en place par l'empereur Frédéric Barberousse du Saint-Empire, ce qui lui permit d'asseoir son propre pouvoir temporel.

Notes et références

  1. C'est le cas aussi chez les peuples africains (roi vs sorcier), chez les anciens juifs (roi vs grand prêtre), chez les peuples celtes (rois vs druides), dans les anciens royaumes de Siam et du Cambodge, chez les rois chrétiens, etc.. Mais ce n'est pas le cas chez les musulmans.
  2. Chez certains peuples africains, il y a, à côté du roi et du sorcier, un roi des terres qui ne relève pas d'eux
  3. C'est ce que montrent, entre autres, Pierre Clastres dans La Société contre l'État et Arthur Maurice Hocart dans Rois et courtisans
  4. Même si certains empereurs antiques, comme celui de Perse portaient le titre de grand roi. Cependant, on trouve des royautés qui s'exercent sur d'autres peuples que celui du roi, mais c'est presque toujours à cause d'une défaite, et dans ce cas ces nations ont un statut de peuples tributaires, non de peuple sujet. Dans les autres cas, comme les Anciens Normands et les autres peuples de France, il y a eu un traité de paix et une alliance des lignages princiers des deux peuples qui se trouvent par ce fait, réunis en un seul sous la nouvelle dynastie.
  5. C'est le cas chez les Carolingiens, en particulier après le Traité de Verdun par Charlemagne, ce qui était concevable pour lui, puisqu'il était empereur.
  6. Voyez: Augustin Thierry, Récits des Temps mérovingiens, adaptation romancée de l' Histoire des Francs de Grégoire de Tours.

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