Roger ii de sicile

Roger ii de sicile

Roger II de Sicile

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Roger couronné roi par le Christ (église de la Martorana, Palerme)

Roger de Hauteville (1095 - Palerme, 1154) est le second fils du « Grand comte » Roger de Hauteville, premier comte normand de Sicile et de Adélaïde de Montferrat. Il est le fondateur du royaume de Sicile (1130), souvent qualifié de Sicile normande ou de Royaume normand de Sicile.

Sommaire

Biographie

L'Italie du Sud en 1112, à la majorité de Roder II

De la mort de Roger Ier (1101) à la fin de la régence de la reine Adélaïde (1112), Pouille, Calabre et Sicile connaissent une relative stabilité, qui doit beaucoup à l'œuvre accomplie par le « grand comte ». La capitale est alors transférée de Mileto à Palerme. À la mort de Guillaume de Pouille, en 1127, la principauté normande est cependant marquée par une relative désorganisation politique. Laissée sans héritier direct, elle est prise par la force par Roger II. Dans un souci de légitimité, ce dernier se fait sacrer prince de Salerne puis grand duc de Pouille en 1128.

Manifestant un sens aigu du droit, il réunit une assemblée des princes laïcs et ecclésiastiques à MelfiRobert Guiscard avait déjà prêté serment à Nicolas II en 1059. Ces grands seigneurs reconnaissent le pouvoir du nouveau duc. Le pouvoir de justice est confisqué et des mesures sont prises contre les guerres privées.

Fort de ce soutien, Roger s'approprie l'Italie du Sud avant de se faire couronner à Palerme, le 25 décembre 1130, par l'antipape Anaclet II , qui trouve chez le prince normand un de ses rares appuis.

Mais ce soutien à l'antipape, qui est par ailleurs son beau-frère, fait de Roger l'un des ennemis du pape Innocent II qui appelle contre lui l'empereur germanique Lothaire II. Ce conflit avec la papauté devait marquer une grande partie de son règne[1].

Roger connaît alors une série de revers. Quelques jours après son sacre, une révolte générale des barons normands qui soutiennent le pape Innocent, en particulier à Bari, éclate sur le continent. Il est mis en échec par Robert II de Capoue et Rainolf d'Alife.

En 1135, Roger II ainsi qu'Anaclet II sont excommuniés. L'année suivante, à la faveur d'une expédition de Lothaire II, Bari se livre à l'empereur et Salerne est prise. Cependant, les événements tournent à la faveur de Roger II, quand, en 1139, Innocent II est capturé sur les bords du Garigliano. Par la bulle du 27 juillet 1139 celui-ci doit s'avouer vaincu et reconnaître définitivement Roger II, Rex Siciliae, ducatus Apuliae et principatus Capuae [2].Cette épisode marque l'aboutissement d'un siècle d'aventure normande au Sud de l'Italie. Il meurt dans sa capitale, Palerme, en 1154.

Un roi pacificateur et unificateur

C'est à Roger II que revient la tâche d'unifier les possessions normandes en un royaume, depuis la Sicile. Pour la première fois, l'unité politique de toutes les possessions normandes en Italie est réalisée derrière un prince normand de Palerme à Ancône. À ce titre, Roger II peut être considéré comme le promoteur d'un nouveau modèle politique. Synthèse d'éléments féodaux normands, italo-lombards et arabes, le pouvoir de Roger II s'inspire de formes orientales et plus particulièrement de la monarchie et de l'administration byzantine. Roger II puise aussi dans les traditions fatimides qui prévalaient alors en Sicile. Ce royaume a un centre décentré, la Sicile qui est à la fois une île de refuge et de commandement, qualifiée dans les sources de «  jardin secret des rois ».
La capitale, Palerme -Al Madina en arabe - est largement occupée jusque vers 1140 par de nombreux musulmans. Vers 1140, en échange de la reconnaissance de Roger II, le pape Innocent II obtient son hommage. Un droit qui s’exprime lors de toutes les crises de la monarchie. La même année, lors des assises d'Ariano, un code lois refondues, inspiré du droit romain, voit le jour. Derrière l'appareil bureaucratique qui se met en place demeure une monarchie toute féodale. On a pu parler à ce titre d'État moderne, mais le royaume de Sicile reste inscrit dans une pyramide féodale dont Roger II est le sommet. Quatre ans plus tard, en 1144, sont promulguées les « lois sur la révisions des privilèges » qui recherchent un équilibre entre l'appareil d'État et les prérogatives des grands barons.

Un roi conquérant

Tari du règne de Roger II vers 1130-1154

Le royaume de Sicile peut être considéré à juste titre comme un « état de conquête »[3] et Roger II fut un acteur principal de ce mouvement. En témoigne, le motif de la cape de couronnement du souverain, image d'un impérialisme certain vis-à-vis du Sud de la Méditerranée.
La Sicile fut dès le règne de Roger Ier, un pont vers l’Afrique du Nord, formidable réserve de mercenaires et porte vers les routes caravanières sahariennes. Mais à la mort du Grand Comte, il ne reste avec Mahdiya que des liens commerciaux. Dès 1116, l'Ifriqiya connaît une série de crises dynastiques. Dans ce contexte et dès avant son couronnement, en 1117, 1118 et 1223, Roger lance des raids sur les côtes africaines, sans succès.
Dès les années 1140, inaugurant une politique de prestige sur la scène internationale, le roi de Sicile relance la conquête vers l'Ifriqiya, conquête que facilite la politique de bon voisinage entretenue avec les Fatimides d'Égypte. Une relation épistolaire entre le souverain normand et le calife al-Hafiz, en 1135, prouve cette entente de fait. Ainsi, le calife manifeste son soutien au roi lors de la prise de l'île de Djerba [4].
Cette entreprise fut menée par un haut personnage de la cour de Roger II, l'amiral Georges d'Antioche (décédé vers 1152), Grec de Syrie qualifié dans les sources d'Émir des émirs. Roger II affronte ainsi le prince de Mahdiya (1148) et ses alliés Almoravides. Tenu un temps en échec, il est conduit à s'allier avec le comte de Barcelone contre les Almoravides, alliance qui inaugure une politique méditerranéenne, renforcée par des alliances matrimoniales, qui devait permettre au roi d'Aragon de prendre possession de la Sicile à la fin du XIIIe siècle [5]. Vers 1150, la Sicile contrôle tout le littoral tunisien de Sfax à Gabès ainsi que l'île de Djerba. De 1147 à 1149, Roger II menace aussi les côtes byzantines, s'empare un temps de Corfou et razzie les côtes grecques ; mais la flotte de Venise met fin à l'aventure après une vigoureuse campagne navale devant Corfou. Cette épisode marque la fin de la « thalassocratie normande » qui perd ses comptoirs au Maghreb et ses relations privilégiées avec l'Égypte.

Un prince bienveillant et éclairé

Article détaillé : Culture arabo-normande.

Il est le mécène du grand cartographe Al-Idrisi qui rédige pour lui le Kitâb Rudjâr ou Livre de Roger (achevé en 1153/1154).

Mappemonde d'Al-Idrisi, Livre de Roger
Roger II - Illustration du Liber ad honorem Augusti de Petrus de Ebulo, 1196

Chronologie

  • Décembre 1095 : naissance de Roger ;
  • 22 juin 1101 : mort de son père, le « Grand comte » - Régence de sa mère Adélaïde ;
  • 1105 : mort prématurée de son frère aîné Simon ;
  • 1112 : majeur - Fin de la régence et début de son gouvernement personnel ;
  • 1113 : marie sa mère à Baudouin de Jérusalem ;
  • 1117 : sa mère est répudiée et renvoyée en Sicile - 1er mariage du jeune Roger de Sicile avec la princesse Elvire de Castille, fille du roi Alphonse VI de Castille ;
  • 1122 : le jeune et faible duc Guillaume d'Apulie, fils de son cousin Roger Borsa, lui, laisse la Sicile tout entière et la Calabre ;
  • 1124 : Roger pénètre en Basilicate (Montescaglioso) ;
  • 1127 : mort prématurée du duc Guillaume d'Apulie, sans hérédité légitime connue - Roger devient alors prince de Salerne et duc d'Apulie, de Calabre et de Sicile ;
  • 1128 : investiture de la Papauté (pape Honorius II) ;
  • 1129 : révolte maîtrisée en Apulie - Paix générale dite, de Melfi, haut-lieu normand depuis Guillaume Bras-de-Fer, son oncle ;
  • 1130 : schisme Anaclet II (anti-pape)/Innocent II - Anaclet II couronne Roger roi de toutes ses possessions à Palerme. Devient le roi Roger II de Sicile (« II » pour affirmer la continuité dynastique par rapport à son père, qualifié de Roger « Ier ») ;
  • 1131 : début d'une longue période de troubles en Italie normande - Révoltes de barons normands, menaces papales et germaniques ;
  • 1135 : Roger II de Sicile investit son fils Alphonse comme prince de Capoue après avoir investit son fils Roger, duc d'Apulie, et son autre fils, Tancrède, comme prince de Bari - Prise de l'île de Djerba ;
  • 1137 : campagne de l'empereur germanique Lothaire III, allié à Innocent II - Investiture du puissant baron normand d'Italie, Rainulf d'Alife avec le duché d'Apulie ;
  • 1139 : Roger II de Sicile est victorieux de Innocent II qui est fait prisonnier - Paix ou accords de Mignano - Innocent investit (bon gré, mal gré) le roi Roger avec le royaume de Sicile - Rétablissement de l'ordre en Italie du Sud et de l'autorité royale ;
  • 1140 : promulgation de l'« Assise d'Ariano » ;
  • 1146 : conquête de Tripoli en Afrique ;
  • 1147 : la flotte « normande » de Roger (composée surtout de mercenaires musulmans recrutés en Afrique), s'attaque à l'Empire byzantin en saccageant notamment, Thèbes et Corinthe (Grèce) ;
  • 1148 : conquête de Mahdia, Sousse et Sfax - Les Normands contrôlent tout le littoral tunisien de Sfax à Gabès ainsi que Djerba ;
  • 1149 : nouveau mariage de Roger II de Sicile avec Sybille de Bourgogne ;
  • 1151 : Roger associe au trône son fils Guillaume, le plus âgé de ses fils survivants - Nouveau mariage de Roger avec Beatrix de Rethel ;
  • 1153 : prise de la ville de Bône en Afrique ;
  • 1154 : mort de Roger à Palerme - Apogée des Normands en Méditerranée. Son fils Guillaume devient roi

Sources

Bibliographie

  • Henri Bresc, in J.-C. Garcin (sous la direction de, États, sociétés et cultures du monde musulman médiéval, Nouvelle Clio, PUF, 1995.
  • Jean-Pierre Delumeau et Isabelle Heullant-Donat, L'Italie au Moyen Âge, Hachette, Paris, 2002.
  • (en)Hubert Houben, Roger II of Sicily, Cambridge University Press, 2002.
  • (en) William Tronzo, The Cultures of his Kingdom. Roger II and the Cappella Palatina in Palermo. Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 1997.

Voir aussi

Notes et références

  1. P. Aubé, Les empires normands d'Orient, op. cit., p.135
  2. P. Aubé, Les Empires normands d'Orient, op. cit., p.155.
  3. H. Bresc, États, sociétés et cultures... , op. cit., p.190
  4. C. Cahen, Orient et Occident au temps des croisades, Aubier, 1983, p. 97-98.
  5. P. Aubé, Les Empires normands d'Orient, op. cit., p. 127

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