- Arts décos
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Art déco
De 1920 à 1939, et en réaction à l'Art nouveau d'avant la Première Guerre mondiale, l'Art déco fut un mouvement artistique extrêmement influent surtout dans l'architecture et le design, mais concerna en fait plus ou moins toutes les formes d'arts plastiques.
Le style Art déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925.
Sommaire
Contexte
Les années folles
1918 : fin de la Première Guerre mondiale, un monde était mort, une société très différente surgissait des décombres. Plus concrètement, les villes détruites avaient besoin d'être reconstruites. La ville de Reims par exemple, détruite à 80 % pendant la guerre, a été reconstruite en grande partie dans un style architectural Art Déco.
La société sort de quatre ans de cauchemars qu'elle entend rapidement oublier ; elle a subi des changements radicaux : l’ordre bourgeois établi bascule, des fortunes colossales se sont établies pendant la guerre.- Les découvertes
L’aviation intercontinentale avec Charles Lindbergh et Jean Mermoz, l’automobile, le téléphone, la théorie de la relativité d'Albert Einstein, etc.
- Littérature
Jean Cocteau, André Breton et le surréalisme.
- Psychanalyse
Freud, qui découvre l'hystérie, auprès du Docteur Charcot (neurologue français), et jette les bases de la psychanalyse.
Le contexte artistique
Plusieurs événements artistiques ont provoqué des changements majeurs dans les arts décoratifs et particulièrement le mobilier.
- Les ballets russes de Serge Diaghilev
Mêlant danse, musique, et peinture, inspirés des Mille et Une Nuits, ils sont une invitation au luxe et à l'exotisme; les costumes sont créés par Léon Bakst, le rideau de scène et les décors par Picasso, Derain, Delaunay et bien d'autres. D’où la mode des éventails, des plumes, des jets d’eau, des couleurs vives. Les couleurs insolites vont s’imposer dans le décor du mobilier : on verra des boudoirs aux murs orangés, des salons tendus de noir.
- Le cubisme
Le mouvement cubiste se constitue autour de Braque et de Pablo Picasso. Il applique la théorie de Paul Cézanne pour qui «la nature peut se traiter par le cylindre, la sphère, le cône». Picasso ira encore plus loin en reproduisant toutes les faces de l’objet sur un même plan. Ex : Les Demoiselles d'Avignon.
- Le fauvisme
Les couleurs audacieuses l’emportent sur la forme et ne jouent plus un rôle descriptif : les artistes comme Matisse, Derain ou Vlaminck reviennent aux tons purs et à des couleurs primaires.
L’architecture fonctionnelle
- Le béton armé devient d’utilisation courante; il se prête à toutes les formes.
- Les architectes s’insurgent contre l’éclectisme caractéristique de l'art du Second Empire et de la IIIe République. Ils revendiquent la simplicité, la géométrie et la cohérence structurelle : la forme doit exprimer la fonction du bâtiment, sans ornements superflus; l’architecte Adolf Loos écrira « Ornement et crime ».
- À Lyon, Tony Garnier construit le stade Gerland, la grande halle, mais aussi l’hôpital Édouard-Herriot et le quartier des États-Unis.
- En 1919, Walter Gropius crée une école appelée le Bauhaus, école d'art pluridisciplinaire ayant pour slogan « Art et technique : une nouvelle unité » ; cette école fait partie des avants-gardes artistiques des années 20 avec entre autres le groupe hollandais De Stijl qui influença par la suite le Bauhaus par l'intermédiaire de Theo van Doesburg.
- Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier ira encore plus loin avec le pavillon de l’Esprit Nouveau, lors de l’exposition de 1925. Mais on le cache derrière des palissades. Il deviendra néanmoins une construction phare du mouvement moderne. Le Corbusier sera par la suite le grand théoricien de cette architecture fonctionnelle. Plus tard, il organisera le CIAM (Congrès International de l'Architecture Moderne), et en ressortira la Charte d'Athènes.
Caractéristiques
Autant les formes de l'Art nouveau étaient ondulantes, très détaillées et prenaient exemple sur la nature, autant l'Art déco s'est tourné vers des formes épurées et essentiellement géométriques. La courbe, encore très présente aux débuts de ce mouvement, tend à disparaitre progressivement au profit de l'angle droit, notamment avec le courant De Stijl. Ce fut une véritable mais brève explosion artistique concernant de nombreuses disciplines :
- architecture : Chrysler Building (New York). Tony Garnier, Auguste Bluysen, Le Corbusier et son frère, Robert Mallet-Stevens.
- design : aménagement intérieur de l'Aubette (Strasbourg). Ludwig Mies van der Rohe. Amédée Ozenfant.
- cinéma : L'Inhumaine de Marcel L'Herbier avec des décors de Robert Mallet-Stevens.
- peinture : Tamara de Lempicka.
Une figure emblématique de la période Art déco est la garçonne : on assiste en effet à l'émancipation de la femme qui occupe une place au moins égale à celle de l'homme, dans les années 1920. Le mot vient du roman du même nom écrit par Victor Margueritte. Les plus belles représentations de la garçonne sont Suzanne Lenglen (tennis), Louise Brooks (cinéma), Tamara de Lempicka (peinture) ou encore Joséphine Baker (danseuse noire)…
Après une période faste durant les années 1920, le courant s'essouffle peu à peu vers la fin des années 1930, progressivement remplacé par l'influence grandissante du Bauhaus et plus généralement du Style international qui accompliront le rêve des artistes de l’Art déco : la production en série, qui annonce déjà la société de consommation que nous connaissons, le beau à moindre prix.
L'un des thèmes en architecture était d'utiliser les formes des objets quotidiennement utilisés par le propriétaire du bâtiment afin d'expliquer la fonction de ce dernier, mais le concept fut étendu. Ainsi, le toit du Chrysler Building évoque les pare-chocs des voitures de la marque. Ce concept atteint son paroxysme avec le style California Crazy où l'objet surdimensionné est un élément ou le bâtiment entier.
Le style Art déco ou style 1925 - 1939
Le mot « Art déco » est né dans les années 1960, période pop-art, pour désigner le style qui triomphe à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui a lieu à Paris en 1925.
Un mouvement de réaction contre l’Art nouveau était déjà apparu dès 1910 en France, et encore plus tôt à l’étranger comme en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, etc. : on qualifie alors les formes Art nouveau de « molles » ou encore de « style nouille ». On s’oriente dès lors vers des lignes simples, des formes droites, inspirées par la peinture cubiste et l’architecture aux structures orthogonales de béton armé.
Deux tendances très différentes coexistent :
- La tendance traditionnelle : c’est le style « ART DECO » qui s'adresse à une élite fortunée.
- La tendance moderne, fonctionnelle : c’est le début du design, qui recherche une production industrielle, pour une clientèle de masse.
Style Art déco, tendance traditionaliste
Luxe et perfection
Le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s'agit de meubles réalisés par des ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques.
Formes
Les formes restent classiques, avec parfois des rappels des styles antérieurs : Louis XVI, Directoire, Louis-Philippe. Mais l’art cubiste va pousser à une simplification des formes.
Les volumes sont parallélépipédiques, aux angles vifs, ou arrondis, ou à pans coupés. Le cercle et l’octogone sont également appréciés.
Les meubles sont souvent supportés par des socles.
Les moulures sont rares.
Inspiration conjointe
Fortuitement, ce style architectural partage aussi plusieurs caractéristiques avec l'architecture traditionnelle Précolombienne sans s'en être inspiré directement, notamment:
L'usage du béton offre une surface plus lisse et nue que la brique, rappelant les massif blocs de pierres utilisés dans ces civilisations antérieures.
Les corniches et linteaux de fenêtres sont couverts de Hauts reliefs Géométriques dans ces deux cas.
Les représentations solaires avec rayons sont récurrentes dans ces deux mêmes cas.
Les grattes-ciels Art Déco sont généralement faits de segments empilés de dimensions décroissantes dont les jonctions se font à angles droits; ceci rappelle la configuration des pyramides à degrés des lieux cultes Aztèques et Mayas.
Deux écoles « révolutionnaires »
Le Bauhaus
En 1919 ouvrit en Allemagne un centre de formation esthétique connu sous le nom de Bauhaus. Sous la direction de Walter Gropius, il devint l'un des plus influents de ce siècle, et fut actif jusqu'en 1933. Son seul but était de former des artistes à travailler pour l'industrie, et même si l'on a parfois exagéré son influence, le Bauhaus imprima sa marque sur le design du XXe siècle. À partir de matériaux industriels modernes réduits à leur forme la plus élémentaire et dénués de tout ornement, les créateurs du Bauhaus tentaient de créer des produits débarrassés de toutes références historiques. Cet objectif n'était pas toujours atteint. La célèbre chaise Wassily de Marcel Breuer présente nombre des caractéristiques associées « au style Bauhaus » : en acier tubulaire, de forme géométrique dépouillée, elle doit sa construction au talent de l'artisan et de la machine.
Le plus grand succès du Bauhaus fut ses méthodes d'enseignement, qui furent copiées dans le monde entier. Gropius attira des artistes célèbres, comme Wassily Kandinsky, Josef Albers et Paul Klee, et des architectes reconnus comme Marcel Breuer
Le VKhUTEMAS
École de design d'avant-garde qui ouvrit à Moscou en 1920. Son nom était le sigle des ateliers techniques d'état comme le Bauhaus, le but de l'école était de former des artistes à l'industrie. Elle partageait les caractéristiques de l'école allemande, Wassily Kandinsky et El Lissitzky participaient aux deux organisations. Alexandre Rodtchenko, dessina des meubles pour le cercle des travailleurs à l'exposition de Paris de 1925. Cependant aucun des prototypes de meubles créés par cette école, ne devint une réalité industrielle.
Décoration et textile
Si la ligne est épurée, le mobilier affiche une décoration soignée et souvent luxueuse.
La sculpture est très méplate. Elle utilise un répertoire géométrique, floral ou animal, très stylisé, géométrisé. La rose est très présente en bouquet, en corbeille, en guirlande.
Pour le traitement des surfaces, on utilise la dorure, la laque ou encore la marqueterie : incrustation de filets, de plaquettes en ivoire (influence de l'art nègre), de nacre ou de métal (argent, cuivre, laiton, aluminium).
La coloration de certains bois tel l’érable, teinté en rouge, bleu, vert ou gris (goût de la polychromie né des ballets russes).
Les figures sont stylisées, les motifs régulièrement répétés. Le tissu sature souvent les intérieurs de rythmes saccadés et vifs qui rappellent ceux de la musique légère de l’époque. Tous les motifs et influences déjà cités se répètent avec une constance qui contribue, certes, à l’unité du style, mais finit aussi par rendre les intérieurs étouffants.
Le Corbusier et les modernistes prêchent quant à eux, « la loi du Ripolin » : le retour au simple mur blanc, qui s’imposera progressivement.
Le mobilier
Les sièges sont souvent d’inspiration Directoire ou Restauration. Un souci de confort est à remarquer dans les fauteuils, inspirés du fauteuil club, aux formes profondes. Le bois est peu apparent et souvent dissimulé par un revêtement en cuir ou en textile.
Le cosy-corner, création de l’époque, fait fureur. C’est un divan d’angle, encastré dans une boiserie avec diverses étagères.
Les commodes et meubles d’appui ont une façade très souvent galbée, voire ventrue.
Les tables sont rondes, ovales ou rectangulaires avec les angles cassés. Les coiffeuses et bureaux de dames sont particulièrement raffinés.
Dernier témoin d’une longue tradition française, il sombrera dès 1939 avec Hitler et le nazisme.
Pendant que les traditionalistes de l’Art déco font recette auprès de la bourgeoisie et des artistes en vogue, quelques ateliers méconnus, tenus à l’écart, s’intéressent à la production en série de meubles bon marché : les fonctionnalistes, prophètes du « style contemporain », jetteront les bases du design en s'éloignant de l'esthétique artisanale pour se laisser gagner par l'esthétique industrielle. Dès 1917, un groupe de peintres, d'architectes, de designers et de philosophes hollandais créèrent un collectif baptisé De Stijl, le style. S'éloignant des formes naturelles de l'architecture et du design, le groupe De Stijl tenta de créer un langage visuel capable d'exprimer une nouvelle esthétique industrielle en utilisant une palette réduite et en se limitant à des droites.
Matériaux et techniques
Les bâtis sont le plus souvent en chêne. Les structures moulurées ou plaquées utilisent l’acajou, le palissandre, le thuya, l’amarante, le citronnier… Contrastes de bois clairs (citronnier) et de bois foncés (amarante), de couleurs et de matières.
Principaux créateurs
Jean Dunand, dinandier d'exception tout autant que maître de l'art du laque, crée des vases de toutes formes, des panneaux décoratifs, des paravents, des meubles, des bijoux, des accessoires de mode. Parmi les grands laqueurs se compte également Gaston Suisse, fortement inspiré par les laques d'Extrême Orient que son père lui avait appris à connaître.
L’homme de l’époque, c’est Jacques-Émile Ruhlmann. Il travaille sur commande, pour une élite fortunée. Il s’inspire du passé mais étire les lignes, fusèle les formes et crée des décors savants. Il utilise des bois rares et dessine avec une précision inouïe chaque détail pour que l’exécution (par les artisans) soit parfaite.
Pierre Legrain, Pierre Chareau, également marqués par l’influence de l’art nègre et du cubisme, créent des meubles aux lignes strictes. Néanmoins ces meubles ne sont pas pour une fabrication en série, mais pour une clientèle d’exception. Le luxe des matériaux contredit la sobriété des lignes.
Galerie d'images
Entrée de la plage publique d'Aix-les-Bains
Chrysler Building, dans Manhattan
Cinéma Eden de Saint Jean d'Angély (Charente Maritime, France), par André Guillon (1931)
Voir aussi
Articles connexes
Styles
Monuments art déco
- Église Saint-Augustin de Bruxelles
- Édifice Price
- Gare de Cherbourg-Transatlantique
- Grand Rex
- Musée Alice et David van Buuren : ancienne maison des époux Van Buuren à Bruxelles
- Rockefeller Center : complexe architectural Art déco à New York
- Association des villes Art déco
- Empire State Building
Personnalités
- Alexandre Léonard
- Maurice Ascalon
- Vadim Meller
- Alexandra Exter
- Christian Fjerdingstad
- Tamara de Lempicka
- Reverso
Bibliographie
- Patricia Bayer, Intérieurs Art Déco, Thames & Hudson, 2000
- Félix Marcilhac, Jean Dunand, Thames & Hudson, Les éditions de l'amateur, 1991
- Chronologie du design, Tout l’art Encyclopédie – Flamarion
- Généalogie de l’art contemporain, CRDP LILE, 1999
- Catalogue de l’exposition Design, Miroir du siècle, 1993
- La Mode au XXe – I, Délandre
- Edward Lucie-Smith, Histoire du mobilier, l’univers de l’art, 1990
- Bernard Blistène, Une histoire de l'art du XXe, Beauxart Magazine, 2002
- Raymond Guidot, Histoire du design, Hazan, 2000
- Le design du meuble au XXe siècle, Taschen, 1989
- P Gössel et G lieuthäuser, L’Architecture du XXe siècle, Taschen, 2001
- L'architecture moderne, une histoire critique de Kenneth Frampton, Thames & Hudson, 2006
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