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Ragnarök
Pour les articles homonymes, voir Ragnarök (homonymie).Dans la mythologie nordique, le Ragnarök (vieux norrois signifiant Consommation du Destin des Puissances) désigne une prophétique fin du monde où les éléments naturels se déchaîneront et une grande bataille aura lieu conduisant à la mort de la majorité des divinités, géants et hommes, avant une renaissance. Il est principalement relaté dans l’Edda poétique (Völuspá) probablement écrit par un clerc islandais après l’an mil[1] inspiré d’Apocalypse et fin de monde millénariste [2], mais aussi dans l’Edda de Snorri, écrit au XIIIe siècle par Snorri Sturluson qui s’est lui-même inspiré de l’Edda poétique, des récits[3] bibliques[4] du jugement dernier,[5] (apocalypse)[6], de l’Ecclésiaste[7],[8],[9] mais également de textes scythe, gréco-latins, celtes, slaves, finno-ougrienne, nord orientale (« chamaniste »)... Ces influences, emprunts aux autres cultures, réécriture par des clercs chrétiens, attribués à tort à la mythologie viking, ont déformé la connaissance que nous avons de la foi Scandinave[10],[11]
L'événement
Affrontement
Ragnarök est un affrontement qui prendra place sur la plaine de Vígríd et dont on connaît précisément le déroulement. Il opposera les dieux, les Ases, menés par Odin et appuyés par les guerriers morts au combat s'entraînant dans la Valhöll, les Einherjar, aux fils de Muspell menés par Surt, aux géants de glace et à Loki, le dieu du feu, ainsi que divers monstres dont le loup Fenrir et le serpent Jörmungand. Ces derniers recevront l'appui des morts indignes du Niflhel, l'enfer.
Fenrir, le plus féroce des monstres, tuera Odin avant d'être achevé par Vidar. Après un long combat, Thor triomphera de Jörmungand avec son marteau divin Mjölnir mais ne pourra faire que neuf pas avant de succomber au venin du serpent. Loki et Heimdall, le gardien de la porte d'Ásgard, s'entretueront. Týr, pour sa part, tuera un autre loup géant du nom de Garm mais succombera ensuite à ses blessures après sa victoire. La plupart des autres dieux et géants finiront aussi par mourir au combat[13].
Le Ragnarök s'accompagnera aussi de l'apparition de plusieurs désastres naturels ainsi que de la submersion du monde sous les eaux.
Étapes du renouveau
Plusieurs dieux survivront notamment les fils d'Odin, Vidar, Vali et Hœnir ; les fils de Thor, Modi et Magni qui hériteront de Mjollnir son marteau. Quant à Baldr il reviendra du monde des ténèbres. Le monde refait surface, redevenu fertile et prodigue en limon. Les dieux survivants se rencontrent, le monde est alors repeuplé par les deux seuls humains survivants : Lif et Lifthrasir, qui au début de la bataille auront trouvé refuge dans l'arbre sacré Yggdrasil, survivront. Après le carnage, ils en redescendront et pourront reconstruire un nouveau monde et une nouvelle humanité.
Inspirations chrétiennes
Les motifs des Ragnarök rappelant l’Apocalypse biblique
Une foule de motifs des Ragnarök rappellent l’apocalypse de la Bible : Heimdall soufflant dans son cor comme les anges sonnent la trompette, le soleil qui s’obscurcit, les étoiles qui tombent du ciel, grands cataclysmes, et les monstres qui se libèrent au Ragnarök sont comme les bêtes de la mer et de la terre que décrit saint Jean. Les dieux combattent contre les forces du désordre, comme l’archange Michel fait la guerre aux dragons et à ses anges. Or ce dragon est le diable, et Loki correspond à Lucifer : Satan et Loki sont tous deux enchaînés avant d’être définitivement vaincus et le Ragnarök comme l’apocalypse est suivi d’une régénération universelle où Baldr doit revenir comme le Christ au jugement dernier[14] Un seul couple humain Lif et lifthrasir survit protégé par le tronc Yggdrasil évoque Ève et Adam au pied du pommier...
Régis Boyer précise : Précisons que Baldr doit revenir après le Ragnarok comme le Christ après le jugement dernier [15]. La punition de Loki évoque fortement Prométhée[16] et d’une source toute chrétienne, véritable satan esprit méchant qui précipitera la fin apocalyptique comme dans la Bible. Le couple de deux humains sauvé par le tronc Yggdrasil évoque Ève et Adam, puis Baldr retrouve les merveilleuses tables d'or, comme Moïse, les tables de la loi [17]… Il va sans dire que la Bible a été pillée[18], ainsi que les Etymologiae d’Isidore de Séville XI :3 que Snorri Sturluson avait lues de près. [19]
Le vieux texte germanique « Muspilli » (dont le terme est un hapax: expression que l'on a observé qu'une seule fois à une époque donnée), est un exemple de réécritures chrétiennes d’un mythe païen; Surtr remplacé par l'Antéchrist, Elias - remplaçant Thor, Loki par Satan, la bataille par le jugement dernier... Grau propose un rapport de tout le texte de la poésie, à part deux vers, à celui de l’ouvrage du théologien du 4ème siècle Saint Éphrem le Syrien [20] [21]
La littérature apocalyptique de la Bible proliférante au Moyen Âge et en particulier à l’époque du millénarisme a beaucoup influencé ces auteurs Chrétiens[22],[23]
Avis des historiens : réécritures chrétiennes, textes païens impurs
Régis Boyer, entre autres historiens, insiste particulièrement dans de nombreux ouvrages : « Il ne faut pas se lasser de répéter que nos deux sources majeures concernant les croyances scandinaves, Saxo Grammaticus (gesta danorum, vers 1200) et Snorri (Edda dite en prose vers 1220), étant de bons clercs de plus férus de culture classique, n’ont cessé de faire de l’interpretatio [24] vis-à-vis des histoires qu’ils voulaient nous raconter et que fort souvent, ils n’entendaient plus »[25]. « ils se souviennent très fort d’une lecture attentive de la Bible »[26]. « Il faut tenir compte de possibles adaptations ou réécritures. Ces documents sont le fait d’hommes qui étaient des clercs ou avaient reçu une formation cléricale. Ils se livrent à une interpretatio christiana. » [27]
De nombreux Historiens[28], dont Régis Boyer, nous mettent en garde à de nombreuses reprises : « Il est parfaitement évident que les auteurs de tous les textes que nous avons conservés ou bien étaient des clercs, ou bien avaient reçu une formation cléricale (...) Il s’ensuit que nos sources, toutes nos sources sont impures »[29]. "Il faut donc garder constamment ses distances envers ce texte trop beau pour être vrai."[30]Régis Boyer parle même d’intoxication : « il faut demeurer conscient que cette imprégnation pour ne pas dire intoxication littéraire (chrétienne et classique), afin d’apprécier à leur juste valeur les prestations scaldiques, eddiques, et sagas »[31].
« Sous le vernis chrétien se trouvent de grands textes de la littérature européenne. » [32] Einar Olafur Sveinsson spécialiste islandais actuel dit (en parlant de tous les textes) que : « la littérature ancienne de son pays est mi ecclésiastique, mi séculiere ». Régis Boyer constate : »on ne voit pas comment le contredire »[33].
Les influences chrétiennes dans les récits des Ragnarök avaient déjà été fort bien traitées par Axel Olrik dès le début du XXe siècle (Om Ragnarok, 1902) et personne ne les remet en cause.
Avis d’historiens plus nuancés
Les poèmes eddiques ou ceux des scaldes nous proposent une riche collection de mythes, mais les différentes versions sont souvent lacunaires, obscures, voire contradictoires. Et l’on reproche aisément aux sagas de présenter le culte païen avec la vision imagée et peu réaliste de leurs auteurs chrétiens. (…) L’éducation chrétienne de Snorri pourrait bien avoir altérer sa conception du paganisme (sa présentation évhémériste,(évhémérisme) des dieux païens). Les Scandinaves s’imprégnèrent progressivement d’images chrétiennes mais faut-il rapprocher pour autant le serpent de Midgardr du Léviathan de l’Apocalypse d’Isaï (XXVII,1) : le serpent fuyard, le dragon qui est dans la mer ? Dans la Völuspá à la veille du Ragnarok est-ce que le déclin de la morale et des luttes fratricides sont proches des signes précurseurs de la ruine du temple selon saint Marc (XIII ;12) ? Le châtiment des méchants et la récompense des bons relève t-il plutôt de la mentalité chrétienne ? Ces textes sont le fruit d’un lointain héritage commun, et qu'il est difficile de savoir si un motif est d’origine païenne (comme la mythologie gréco-romaine) ou chrétienne[34].
Régis Boyer écrit qu'« à ce jeu de similitudes et de possibles influences on peut passer un temps considérable sans aboutir pour autant à des conclusions assurées. [...] Nous sommes - nous ne cessons de le vérifier - en domaine bien indo-européen » [35]. Mais quelle que soit l'origine de ces textes, « ils influencent et intoxiquent »[36] la mythologie des vikings et nous sommes bien éloignés de la foi vivante et de la mentalité des Scandinaves[37] [38].
Pour les néophytes
Les Ragnarök évoque une bataille entre les dieux nordiques associés aux guerriers d'élite, contre les géants et monstres, où nous assistons à l’anéantissement de la quasi-totalité du Panthéon Nordique principal. Seul le dieu Balder échappe au drame et est présenté comme Jésus Christ après l'apocalypse (il est bon, il ressuscite et devra régner mille ans, débarrassé des démons, avant le jugement dernier.)
Nous savons que le fond nordique (et plus largement indo-européen) du texte Ragnarök a été réécrit en Islande par des chrétiens après deux siècles et demi de christianisme, au XIIIe siècle.
Régis Boyer et beaucoup d’autres Historiens parlent beaucoup des influences chrétiennes sur la rédaction de la Voluspa et des Ragnarök, semblables à: la fin de monde millénariste, et jugement dernier,[39] (apocalypse)[40]. Le millénarisme, soutient l'idée d'un règne terrestre du Messie, après que celui-ci aura chassé l'Antéchrist et préalablement au Jugement dernier. (Cette pensée est présente dans certains courants du judaïsme, dans l'Apocalypse de Jean, dans les écrits des Pères apostoliques et dans l'islam sunnite et chiite.)
Hypothèse
Avant l'an mil chrétien, les serviteurs de la Bible menaçaient d'une fin du monde imminente pour l'an mil[41]. Ils se basaient entre autres sur leur dernier livre de la bible "apocalypse"[42].
Cette fin du monde n'eut pas lieu. L'an mil et les années suivantes s'écoulèrent normalement sans le courroux divin. Le monde chrétien fut rassuré d'avoir échappé à la colère divine, mais se trouva fort désappointé également quant à leurs fausses prédictions. Qu'en était-il de cette fin du monde tant annoncée? L’Église devait répondre, c’était vital pour la pérennité de sa religion.
L’Église révéla alors que cet apocalypse dont ils parlaient tant, ne visait en fait que « la fin du système mauvais » ; seuls les dieux, les géants, les monstres... païens furent détruits. Ce qui pourrait l’expliquer sont les deux textes principaux de la mythologie Nordique, celui de la Völuspá dont l’auteur serait un clerc chrétien[43], et le texte des Ragnarök de Snorri écrit deux siècles et demi après l’adoption du christianisme.
Très longtemps, le dieu Odin fut considéré comme l’Antéchrist, beaucoup de gravures le représentant pendu par un pied tête en bas, (le Christ crucifié la tête en haut), Odin avec le flanc transpercé d’une lance (comme le Christ).
Nous avons vu de très nombreuses similitudes entre les Ragnarök, l'Apocalypse chrétienne et les textes classiques païens.
Nous pourrions prendre un exemple d'une de ces ressemblances: celle de Prométhée qui vient en aide aux humains et qui s’attire la colère de Zeus qui l’enchaîne à un rocher...avec celle de Lucifer qui vient tenter les humains et se retrouve également enchaîné..[44].
Toutes ces similitudes, très antérieures à l’époque Viking, ont sans aucun doute influencé les Ragnarök écrit très longtemps après, en pleine époque chrétienne et par des chrétiens soumis à de sévères censures[45],[46] Le texte des Ragnarök voit à son tour un Loki qui se retrouve enchaîné...
Ce texte et tous les textes nordiques, sont le fruit d’un très lointain héritage commun, et qu'il est difficile de savoir si un motif est d’origine païenne comme la mythologie gréco-romaine ou chrétienne. Le texte des Ragnarök est un mixage fort habile de tous ces textes, il pourrait emprunter le début à la mythologie grecque et la fin à l’apocalypse chrétienne.
Mais quelque soient l'origine de ces textes nous sommes bien éloignés de la foi vivante et de la mentalité des Vikings et plus largement des Scandinaves[47],[48].
Des auteurs évhéméristes
L'Islande devenue chrétienne, l'Église ne badine pas plus là qu'ailleurs sur la stricte observance de ses lois[49]. La rédaction deux siècles après l’âge Viking, donne latitude à l’Église, d’entreprendre un travail patient et opiniâtre d’éradication, bien connu d’autre part[50]. Elle s’efforçait de dévaluer les croyances et pratiques menaçant la doctrine chrétienne, les dieux passent à l’état de diables, ou subtilement ils se retrouvent ridiculisés. (Harbardsljod ou la Lokasenna). Ou les dieux ne sont plus que de simples humains divinisés[51], ainsi ils périssent lors du combat final (Voluspa, ragnarök…) Régis Boyer [52] [53]
Snorri et Saxo Grammaticus s’efforceront bien de reconstituer un panthéon organisé vaille que vaille autour de quelques grands dieux en se contredisant souvent et parfois gravement. Il n’est pas difficile de montrer l’inconsistance de leur doctrine, notamment dans leur application à faire de l’évhémérisme [54] en affirmant que les dieux ne sont que d’anciens magiciens divinisés Trojumanna saga (saga des troyens)[55] en raison de leur suprématie dans leur art, on est fondé à les soupçonner de suivre quelques grands modèles célèbres dans tout le Moyen Âge comme Isidore de Séville ou tout simplement la Bible. Régis Boyer[56] L’Église apportait dans ses bagages toute une magie biblique ou orientale qui connut un grand succès dans le monde [57]
Ragnarök : monde mythique artificiel, bien éloigné de la foi vivante de l’ère païenne
Mrs H. Ellis Davidson, historienne : « Dans cette description nous avons affaire à un monde mythique artificiel, bien éloigné de la foi vivante de l’ère païenne »[58],[59].
Régis Boyer : « les Scandinaves étaient des hommes d’actions prisant les valeurs d’actions et on leur fait tort en les accablant de pratiques et de concepts dont, sans aucun doute, ils eussent été fort empêchés ! (...) Ils subirent des apports extérieurs et donc une grande multiplicité d’influences : textes scythe, gréco-latine, celtique, slave, finno-ougrienne, nord orientale (« chamaniste ») et chrétienne. De là vient sans doute, l’incessante série d’analogies qui s’impose à l’observateur, (ressemblances) Nornes avec les Parques ; Valkyries avec Apsaras ; Tyr avec Mars ; Odinn avec Mercure ; Loki avec Lug ; Fjorgyn avec Perkun ; la Voluspa pourrait avoir été écrite par Hildegarde de Bingen, etc., etc. »[60] (sainte chrétienne, qui écrivit ses visions cosmogoniques, d'ordre mystique, se rattachant à une certaine forme de merveilleux chrétien. Les auteurs de ces textes étaient de formation cléricale et ils se sont livrés à de l’interprétation des textes bibliques, tel que l’Apocalypse[61].
Le contexte chrétien prosélyte
Le contexte chrétien prosélyte n’était pas favorable à la persistance du culte des divinités païennes. Dans la Saga du Roi Olaf Tryggvason, d’après les ordres de ce dernier, afin de prouver leur piété, les gens doivent insulter et ridiculiser les déités majeures des païens quand ils sont nouvellement convertis au christianisme. Les déités nordiques telle Freyja sont finalement rendues démoniaques conformément aux enseignements de l'autorité chrétienne[62] [63].
Les Vikings avaient l’obligation d’abandonner leurs anciennes croyances. « L’Église n’autorise pas d’autres dieux, qu’elle considère comme des démons et des forces du Mal. Freyja, la grande Déesse des Vikings, symbole de la fécondité, fut pour l’Église un objet de ridicule et de mépris. » [64] Il est clair qu’il ne reste plus grand-chose des croyances nordiques anciennes, l’explication tient dans Le prologue de la Gylfaginning du plus fameux et talentueux auteur Snorri Sturluson, en effet nous puisons dans ses écrits la quasi-totalité des croyances nordiques. Extrait du prologue dans l’Edda de Snorri, s’adressant aux jeunes Scaldes : il ne faut pas oublier ou mettre en doute ces récits et dépouiller alors l’art scaldique, des anciennes kenningar qu’ont employées les grands Scaldes. Toutefois les chrétiens n’ont pas à croire aux dieux païens ou à la véracité de ces écrits[65]. Régis Boyer conclut : « Voilà qui donne à penser quant à l’attitude profonde des auteurs »[66].
Bataille ultime ou bataille éternelle ?
Pour le professeur Régis Boyer: « Tous les documents islandais anciens sont écrits sur palimpsestes (parchemins dont on a effacé l’écriture pour les réutiliser), il faut gratter l'apport continental chrétien pour tenter de retrouver l'authenticité scandinave (germanique) ancienne [67] La seule réalité historique de ces textes est la mentalité : il est bien plus intéressant d'essayer de la reconstituer que de prendre à la lettre des récits souvent trop complaisants ou adaptés de sources latines. [68]
Hypothèse
La bataille ultime où les dieux nordiques principaux et les guerriers meurent, c’est les Ragnarök texte réécrit par des chrétiens plus de deux siècles après l’ère païenne Scandinave[69].
La bataille éternelle où les dieux nordiques païens ne périssent pas, seuls les guerriers risquent la mort mais ils reprennent vie après le combat pour festoyer. Texte très ancien que l’on retrouve dans divers documents comme Hjadninga vig[70].
Les nombreuses sources d’Historiens dans les paragraphes ci-dessus attestent que « les Ragnarök » (bataille ultime), est un texte avec un fond païen, remanié par les chrétiens[71],[72],[73] [74].
Boyer nous engage à retrouver le vrai texte païen derrière les réécritures chrétiennes,[75] en cherchant un texte païen qui pourrait se « cacher » derrière celui des Ragnarök ; le texte le plus probable pourrait être celui de la bataille éternelle.
Nous pourrions conclure, au conditionnel évidemment car nous ne sommes sûr de rien, que la Bataille ultime pourrait être en fait une réécriture de la Bataille éternelle[76].
Nous savons également que les auteurs chrétiens (évhéméristes) [77] qui ont réécrit tous les textes Nordiques païens, déconsidéraient et vilipendaient les dieux païens [78] pour en faire de simples mortels, magiciens asiatiques, venus de Troie[79].
Extrait de l’ouvrage évoquant les deux batailles
Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves du professeur Régis Boyer : "Plus important est le peuplement de la Valhöll, ces einherjar (einheri), qui sont « ceux qui constituent une armée ». Selon Gylfaginning 24-25, ils sortiront au Ragnarök par rang de 800 à la fois, par chacune des 640 portes simultanément afin d'affronter les forces du Mal. Ce serait afin de pourvoir à cet ultime assaut fatidique qu’Odinn se soucierait tant de peupler sa Valhöll. En somme, ces morts auraient pour mission suprême d’assurer la victoire des forces de vie au moment le plus dramatique de toute l’histoire mythique du monde, motif qui coïncide bien avec l’esprit profond de toute la thématique que je détaille ici. En attendant, les einherjar passent leur journée à s’entre-combattre, mais blessés et « morts » reviennent à la pleine vigueur ou à la vie chaque soir pour banqueter joyeusement de la chair de Saehrimnir, servit par les valkyries. De ce fait nous voici, renvoyés à un autre motif légendaire bien vivant dans le Nord, celui de la bataille éternelle. Qui présente des rapports évidents, si elle n’en est pas une version plus élaborée, d’un mythe très ancien, attesté par l'Edda de Snorri, la Ragnarsdrapa de Bragi Boddason ou des textes plus récents comme Saxo Grammaticus ou le Sörla Thattr (XIIIe siècle), celui de la Hjadninga él ou Hjadninga vig (combat des Hjadningar), lui-même tiré d’une Hildar saga, aujourd'hui disparue. Le trait commun à ces diverses versions est une bataille éternelle, provoquée par une femme...’’’’ [80].
Richard Wagner
L'Edda poétique et Snorri Sturluson emploient le terme Ragnarökr ou Ragnarökkr (« Crépuscule des Puissances »). L'acception « Ragnarök » incombe au fait qu'elle a été retenue par Richard Wagner, qui a fait du Crépuscule des Dieux (Die Götterdämmerung) le titre de la dernière partie de son opéra L'Anneau du Nibelung.
Bibliographie
- RAGACHE, Gilles et LAVERDET, Marcel, Les Vikings : mythes et légendes, Paris: Hachette, 1990, (ISBN 201015905-5), pp.34-6.
Notes et références
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- ↑ Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf ISBN 2-204-02766-9 p121
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- ↑ Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf ISBN 2-204-02766-9 p.148
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- ↑ l’Islandais des sagas d’après les sagas des contemporains, Paris SEVPEN, op. cit)
- ↑ Mrs H. Ellis Davidson, Gods and Myths of Northern, Harmondsworth, Penguin Books, N° A670, 1964 page 24
- ↑ Régis Boyer Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, éditions Payot, page 37, ISBN 978-2-228-90165-9
- ↑ Fazio, Moffet, Wodehouse (2003:201).
- ↑ D'après l’Edda poétique et l’Edda de Snorri
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- ↑ Régis Boyer, Vikings idées reçues, le cavalier bleu, Éditions ISBN 2-84670-040 0 2002, page 70
- ↑ W. A. Craigie, Religion of Ancient Scandinavia (1914)
- ↑ T. Kendrick, History of the Vikings (1930), p.349, 350.
- ↑ Jean Renaud, Les Dieux des Vikings, Éditions Ouest France (ISBN 9782737314681) sept 96, page 190
- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, P36 ISBN 978-2-228-90165-9
- ↑ Régis Boyer, Les Sagas islandaises, Payot, ISBN 978-2-228-90164-2, p122
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- ↑ Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf ISBN 2-204-02766-9, p 18
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- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, page141, ISBN 978-2-228-90165-9
- ↑ Régis Boyer,« les sagas Islandaises », Payot,ISBN 978-2-228-90164-2 (p.71,72)
- ↑ Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, ISBN 2-251-41014-7 , P98
- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, éditions Payot, page 37, ISBN 978-2-228-90165-9
- ↑ Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, ISBN 2-251-41014-7 p 206
- ↑ Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf ISBN 2-204-02766-9 p 18
- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, page 141, ISBN 978-2-228-90165-9
- ↑ Régis Boyer « l’Islande médiévale », Guide des belles lettres, ISBN 2-251-41014-7 p 111, 112
- ↑ Jean Renaud, Les Dieux des Vikings, Éditions Ouest France (ISBN 9782737314681) sept 96, page 190
- ↑ Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, ISBN 2-251-41014-7, pp. 202, 211
- ↑ Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, page141, ISBN 978-2-228-90165-9
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