- Baldr
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Baldr Balder, Baldur, Balderus Baldr le Bon réalisé en 1900 par Jacques Reich.Lumière, beauté, jeunesse, amour, bonheur Nom en vieux norrois Baldr Attribut(s) Hringhorni Résidence Breidablik Mythes Edda poétique
- Baldrs draumar 17
- Grímnismál 12
- Hyndluljóð 29
- Lokasenna 27
- Skírnismál 21
- Vafþrúðnismál 54-55
- Völuspá 31-33, 62
- Gylfaginning 15, 22, 32, 49, 50, 53
- Skáldskaparmál 1
Dieux associés Höd Famille Père Odin Mère Frigg Fratrie Höd et demi-frères de par son père Odin; Thor, Vali, Vidar, et peut être Týr. 1re épouse Nanna Enfant(s) Forseti modifier Dans la mythologie nordique, Baldr (vieil islandais : Baldr, latin : Balderus) est le dieu Ase de la lumière, la beauté, la jeunesse et l'amour. Il est le fils d'Odin et de Frigg. Son épouse est Nanna, et leur fils Forseti. Son domaine est Breidablik, qui est dans les cieux (ou en Suède, selon la Ynglinga Saga), dans une contrée d'où le mal est banni. Par jalousie, le dieu Loki causera sa mort. Baldr sera alors envoyé dans le monde des morts et Loki sera puni pour ses méfaits, précipitant l'arrivée de la bataille prophétique du Ragnarök où la majorité des dieux périront. Néanmoins Baldr en sera épargné et avec quelques autres survivants il prendra part au renouveau.
Le prologue évhémériste à l'Edda en prose l'assimile à Bældæg, un des fils de Woden (=Odin), qui régna sur la Westphalie et fut l'ancêtre, selon la Chronique anglo-saxonne, des maisons royales de Wessex et de Northumbrie.
Sommaire
Étymologie
L'étymologie du nom de Baldr est discutée, on l'a rattaché à « chef », non sans débats, mais l'explication la plus acceptée est « courageux »[1].
Caractéristiques
Le dieu Baldr est décrit au chapitre 22 de la partie Gylfaginning de l'Edda de Snorri. Il est le second Ase que le Très-Haut décrit à Gangleri, après Odin. Il n'y aurait que du bien à dire de Baldr et tous l'aiment ;
- « Il est si beau et si brillant qu'il émet de la lumière ; il y a une fleur des champs si blanche qu'on l'a comparée aux cils de Baldr [...] - et de cela tu peux conclure quelle est sa beauté, à la fois de cheveux et de corps. Il est le plus sage des Ases et le plus habile à parler et le plus clément. Mais il possède cette caractéristique essentielle qu'aucun de ses jugements ne peut se réaliser. »[2]
En effet, en Islande et selon les régions de Scandinavie, les fleurs Matricaria maritima ou Matricaria perforata sont communément appelées Baldrsbrá, « cil de Baldr ». Il est probable que le nom de ces fleurs vienne effectivement du dieu, mais dans le cas contraire il s'agirait d'un exemple où l'auteur de l'Edda, Snorri Sturluson, ait inventé une étymologie pour l'expliquer avec des mythes[1].
Breidablik, qui se traduit par « Large Éclat »[3], est la demeure céleste où Baldr réside, où « il ne peut rien y avoir d'impur »[2]. Ensuite est citée un strophe en vers qui correspond à la strophe 12 du poème eddique Grímnismál :
- 12.
- Breiðablik ero in siavndo,
- enn þar Baldr hefir
- ser vm gerva sali;
- a þvi landi
- er ec liggia veit
- fosta feícnstafi.[4]
- 12.
- La septième est Breidablik
- Et là, Baldr
- S'est fait une salle,
- Dans ce pays
- Où je sais que se trouvent
- Le moins de maléfices[3].
Les descriptions des dieux continuent, et au chapitre 32 du Gylfaginning, on apprend que Baldr et la déesse Nanna ont un fils appelé Forseti, qui héritant de caractéristiques de son père, préside un tribunal où toutes les querelles sont résolues[5].
Les mythes
Skadi se choisit un mari
Dans le chapitre 1 de la partie Skáldskaparmál de l'Edda de Snorri, on apprend comment les Ases tuèrent le géant Thjazi qui avait ravi la déesse Idunn. La fille de Thjazi, qui s'appelle Skadi, arriva armée à Ásgard pour le venger mais les dieux lui offrirent de se choisir un mari parmi eux en guise de réparation, toutefois elle ne pourra choisir qu'en voyant leurs pieds. En remarquant des pieds très beaux, elle dit « C'est celui-là que je choisis, il ne doit pas y avoir grand-chose de laid dans Baldr! ». En espérant tomber sur Baldr, c'est en fait Njörd qu'elle obtint[6].
La mort de Baldr
Le mythe essentiel associé à Baldr est le récit de sa mort, raconté dans le chapitre 49 de la Gylfaginning.
Baldr se mit à faire des rêves sinistres sur sa propre mort, ce qui effraya les Ases. Odin se rendit dans le Niflheim, interroger l'âme d'une prophétesse défunte (ce que raconte le poème eddique Baldrs draumar), qui lui révéla le sort de son fils. Frigg fit alors jurer tous les éléments, les minéraux, les végétaux, les animaux de la création qu'ils ne feront jamais de mal à Baldr, qui devint de ce fait invulnérable. Les Ases s'amusèrent de jeter toutes sortes de projectiles vers Baldr et de le frapper avec toutes sortes d'objets, et de le voir toujours indemne.
Mais Loki en conçut du ressentiment, et, prenant l'apparence d'une femme, obtint de Frigg l'aveu qu'elle avait oublié de demander au gui de prêter serment, tant cette plante avait l'air frêle et jeune. Loki prit un bâton de gui, le donna à Höd, le dieu aveugle, et guida son bras pour qu'il le jette sur Baldr, qui fut transpercé et mourut aussitôt.
Le désarroi parmi les Ases fut grand, et Hermod (frère de Baldr) se porta volontaire pour se rendre au royaume de Hel afin d'obtenir le retour de Baldr contre une rançon. Hermod monta Sleipnir et se mit en route.
Entre temps, les Ases célébrèrent les funérailles de Baldr, qu'ils voulaient incinérer sur son navire Hringhorni. Mais le navire refusait de quitter la terre ferme. Ils firent venir du Jötunheim une géante du nom de Hyrrokkin pour le déplacer, qui y parvint si bien que la terre trembla et des flammes naquirent du frottement des billots, ce qui mit Thor en colère. Il l'aurait tuée si les Ases ne l'avaient supplié de lui laisser la vie sauve. Le corps de Baldr fut placé sur le navire, et son épouse Nanna en mourut de chagrin. Elle fut placée sur le bûcher à ses côtés. Thor consacra le bûcher avec son marteau Mjöllnir, mais un nain du nom de Lit courut devant lui, et Thor l'envoya dans les flammes d'un coup de pied.
Beaucoup furent présents à l'incinération de Baldr, comme le dit la Gylfaginning: «premièrement Odin, accompagné de Frigg, des Valkyries et de ses corbeaux; pendant que Freyr conduisait un char tiré par un sanglier appelé Gullinbursti ou Slidrugtanni; Heimdall montait un cheval appelé Gulltopp, et Freyja ses chats. Furent également présents une grande troupe de géants du givre et de géants des montagnes. Odin plaça sur le bûcher un bracelet appelé Draupnir qui eut, de ce jour, la propriété de produire huit bracelets de même poids toutes les neuf nuits. Le cheval de Baldr fut mené au bûcher, avec tout son harnachement.» (Snorri Sturluson, Edda en prose 2:49.)
De son côté, Hermod chevaucha neuf nuits et atteint la rivière Gioll, dont le pont, tout en or, était gardé par la vierge Modgud. Celle-ci s'enquit de son identité et de son lignage, et lui demanda ce qu'il venait faire en Hel alors qu'il n'était pas mort. Hermod lui révéla qu'il était venu chercher Baldr, et Modgud confirma qu'il était bien passé par le pont.
Hermod chevaucha vers Hel, en sauta les portes monté sur Sleipnir et trouva son Baldr assis à la place d'honneur. Le lendemain, il supplia Hel de permettre à Baldr de rentrer avec lui. Celle-ci déclara qu'elle accepterait si tout dans le monde, vivant ou non, pleurait Baldr. Mais si le moindre objet refusait de le faire, elle le garderait à jamais.
Puis Baldr confia le bracelet Draupnir à Hermod, pour qu'il le rende à Odin, et Nanna (sa femme) lui donna une robe de lin et d'autres cadeaux pour Frigg, ainsi qu'un anneau pour Fulla. Hermod rentra alors à Ásgard.
Puis les Ases envoyèrent des messages aux quatre coins de l'univers, demandant à chaque chose de pleurer Baldr, ce que toutes firent, sauf une géante appelée Thokk, que l'on présume avoir été Loki déguisé. De ce fait, Baldr demeura en Hel.
Vali venge Baldr
À la strophe 11 du poème eddique Baldrs draumar, la voyante révèle à Odin que c'est son fils Vali qui vengera Baldr en tuant Höd :
- 11.
- Rindr berr Vala
- i væstrsolvm,
- sa man Oðins sonr
- æinnættr væga:
- hond vm þvær
- næ hofvð kæmbir,
- aðr a bal vm berr
- Balldrs andskota[7];
- 11.
- Rindr a conçu Váli
- Dans les salles de l'ouest,
- Celui-ci, âgé d'une nuit,
- Tuera le fils d'Ódinn,
- Ne se lavera pas les mains
- Ni ne peignera ses cheveux
- Que sur le bûcher n'ait porté
- L'ennemi de Baldr[8].
Aux strophes 32 et 33 de la Völuspá, une voyante prédit les mêmes faits, que Vali âgé que d'une nuit vengera Baldr en tuant Höd. Il ne se lavera ni ne se peignera avant d'avoir accomplit cet acte. Cette vengeance est également évoquée dans Hyndluljóð 29.
Ragnarök
À la fin des temps, lorsque le monde renaîtra après le Ragnarök, Baldr reviendra de Hel pour y demeurer. La Völuspa nous apprend que Baldr reviendra avec son frère Höd. L'herbe renaîtra et tous les fils et les filles des dieux survivants se réfugieront autour de lui sur l'Yggdrasil.
Gesta Danorum
Dans la Gesta Danorum, Baldr est décrit comme l'amoureux malheureux et éconduit de Nanna, jaloux de son rival Hother (=Höd). Baldr était invulnérable, mais Hother le vainquit grâce à la seule arme qui puisse le tuer, l'épée de Miming.
Théories
Les chrétiens s'appuyèrent beaucoup sur la ressemblance de Baldr avec Jésus Christ (deux martyrs, purs, qui renaîtront après l'apocalypse) afin de convertir les peuples nordiques[réf. nécessaire].
Mythologie comparée
Georges Dumézil note une comparaison entre le récit de la mort de Baldr et un récit hindou (une autre religion indo-européenne) issu de la Mahābhārata. En effet, dans la mythologie hindoue, le roi aveugle Dhritarāshtra (aveugle comme le dieu scandinave Höd) autorise le démoniaque Duryodhana (qui n'est autre que la déesse destructrice Kâlî, comparable dans sa fonction au dieu scandinave Loki) de monter le scénario qui perdra Yudhisthira. Il s'agit d'un jeu de dés normalement sans danger pour ce dernier car c'est le meilleur joueur, mais par la ruse Duryodhana le défait le forçant ainsi à l'exil. L'exil de Yudhisthira est comparable dans la mythologie nordique à la mort du dieu Baldr, tué accidentellement par son frère aveugle Höd lors d'un jeu à cause d'une ruse de Loki. Le héros hindou Dhritarāshtra et le dieu scandinave Höd développent tous les deux un sentiment de culpabilité. Comme Baldr, Yudhisthira reviendra une fois ces ennemis vaincus lors de la guerre de Kurukshetra (comme le Ragnarök), et au renouveau il sera souverain[9].
Baldr et le héros mythologique finnois Lemminkäinen ont des similarités, par exemple chacun est tué par un aveugle lors d'un festin de dieux ou de héros, ce qui a encouragé certains chercheurs à penser qu'ils possèdent une origine commune[réf. nécessaire].
Dans la culture moderne
Balder est un personnage de comics Marvel, inspiré du Baldr de la légende nordique. A la fin du roman American Gods (2001), il est suggéré que le héros principal serait en fait une incarnation du dieu Baldr, ce qui est confirmé dans la nouvelle faisant suite, The Monarch of the Glen (2006).
Baldr est parfois mentionné dans la musique, surtout dans les genres issus du Heavy Metal qui empruntent souvent à la mythologie. Deux albums du groupe de Black metal norvégien Burzum, Dauði Baldrs (1997) et Belus (2009), s'orientent autour du mythe de la mort de Baldr. Les paroles du groupe de Death metal suédois Amon Amarth font également à plusieurs reprises référence au mythe de sa mort.
Il apparaît dans l'épisode 19 de la saison 5 de la série Supernatural, qui emprunte très librement à la mythologie.
Balder est le protagoniste du jeu Too Human (2008) qui se déroule après son retour de Helheim.
Annexes
Bibliographie
- Régis Boyer, L'Edda Poétique, Fayard, 1992, 685 p. (ISBN 2-213-02725-0)
- Georges Dumézil, Loki, Flammarion, 1986, 259 p. (ISBN 2-08-081342-0)
- Patrick Guelpa, Dieux & mythes nordiques, Septentrion, 2009, 266 p. (ISBN 978-2-7574-0120-0) [lire en ligne]
- (en) Anatoly Liberman, « Some Controversial Aspects of the Myth of Baldr », dans Alvíssmál, no 11, 2004, p. 17-54 [texte intégral]
- Snorri Sturluson, L'Edda (traduit, introduit et annoté par François-Xavier Dillmann), Gallimard, 1991, 319 p. (ISBN 2-07-072114-0)
- Robert-Jacques Thibaud, Dictionnaire de mythologie et de symbolique nordique et germanique, Dervy, 2009, 476 p. (ISBN 978-2-84454-601-2)
Notes
Références
- Sturluson 1991, p. 164.
- Sturluson 1991, p. 55.
- Boyer 1992, p. 637.
- (is)Grímnismál sur http://etext.old.no/. Consulté le 19 septembre 2010
- Sturluson 1991, p. 60-61.
- Sturluson 1991, p. 107.
- (is)Völuspá sur http://etext.old.no/. Consulté le 1er août 2010.
- Boyer 1992, p. 602.
- Dumézil 1986, p. 253.
- Völuspa 31-33, 62
- Saxo Grammaticus, Gesta Danorum 3:2:3-5, 9-12, 3:3:2-7, 3:4:13
- Snorri Sturluson, Edda en prose 1:10, 2:15, 2:22, 2:32, 2:49, 2:50, 2:53, 3:1, 3:2, 3:5, 3:12, 3:13, 3:16, 3:17, 3:19, 3:44, 3:56, 4:18, 4:22, 5:44.
- Snorri Sturluson, Heimskringla 1:5.
Catégorie :- Divinité nordique
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