- Quand passent les cigognes
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Quand passent les cigognes est un film soviétique de Mikhaïl Kalatozov réalisé en 1957.
Son titre russe est Летят журавли (Letjât žuravli), qui se traduit littéralement en français par "Les grues volent". Pour éviter cette traduction peu heureuse à l'oreille française, ainsi que le double sens des mots "grue" et "voler", les grues sont devenues cigognes.
Sommaire
Synopsis
Pendant le Seconde Guerre mondiale, Véronika attend le retour de son fiancé Boris, parti sur le front. Sans nouvelles, elle cède aux avances du cousin de celui-ci, un planqué peu glorieux, égoïste et distant. Délaissée, Véronika s’implique à sa manière dans le conflit en investissant son énergie à l’aide et au réconfort des soldats blessés rapatriés au pays. Elle prend conscience de l’horreur de la guerre.
Commentaires
Avec ce film, le cinéma soviétique se démarque de tout l’élan patriotique de sa production précédente en montrant une histoire d’amour filmée dans un esprit neuf.
Certaines scènes sont marquantes et novatrices :
- Le préambule calme de l’avant-guerre permettant à Véronika et Boris de positionner leur amour sur un avenir.
- La scène tourbillonnante de l’escalier gravi par Boris (une première technologique pour l’époque).
- Le moment où Véronika terrorisée par les bombardements et à bout de forces cède à Mark en répétant à l’infini sa négation qu’elle ne peut plus contrôler.
- La scène à l'hôpital où un blessé apprend que sa fiancée l'a trompé; le docteur le console en s'adressant à toute la salle pour fustiger le comportement de certains qui ne font pas preuve de courage et que ces lâches ne méritent pas l'estime d'héroïques combattants.
- La mort de Boris, qui voit défiler l'avenir rêvé avec Veronika.
- La scène qui montre certains "planqués", à l'arrière, passant du bon temps et qui font du trafic pour satisfaire à des caprices frivoles alors que tout manque.
- La scène finale, poignante et désespérée, l’ultime espoir que Véronika place dans l’arrivée de ce train rempli de soldats de retour au bercail.
Importance historique
Ce film symbolise le dégel, c’est-à-dire l'assouplissement du régime soviétique sous Nikita Khrouchtchev.
Prouesses techniques
Ce film est réputé pour ses somptueux mouvements d'appareil, qui restent de vraies prouesses techniques. On se souviendra notamment de la montée d'escalier de Boris, citée ci-dessus ; il est suivi du début à la fin par la caméra, qui reste à sa hauteur, et panoramique à 360 degrés tout en montant (on notera que le point nodal effectue donc un vissage, ce qui n'est pas si fréquent). L'opérateur portait vraisemblablement la caméra, en étant pendu à un câble... qui montait tout en tournant.
Ensuite, un plan très réputé (minute 23:46 à 24:21) suit Veronika depuis un tramway en circulation, dans lequel elle est assise. Elle se lève pour descendre, suivie par la caméra, court dans la foule pour voir le défilé, tandis que la caméra effectue pour la suivre un travelling latéral assez rapide. Arrivée à une barrière, Veronika s'arrête tandis que la caméra s'élève jusqu'au très grand ensemble.
Ce plan séquence commence en caméra portée ; à la descente du tramway, l'opérateur suspend sa caméra, à l'aide d'un électro-aimant, à un travelling sur câble. Au bout de celui-ci, un opérateur récupère l'appareil, pour l'accrocher à une grue qui l'élève jusqu'au très grand ensemble.
Le film doit au chef opérateur Sergei Ouroussevski son originalité photographique et sa richesse formelle.
Fiche technique
- Titre : Quand passent les cigognes
- Réalisation : Mikhaïl Kalatozov
- Scénario : Viktor Rozov
- Photographie : Sergueï Ouroussevski, prix de la Commission Supérieure Technique du festival de Cannes 1958
- Distribution : États-Unis : Warner Bros. Pictures
- Décors : Evguéni Svidételiev
- Musique : Moiseï Vaïnberg
- Son : Igor Maïorov
- Durée : 91 minutes
- Date de sortie : 1958
Distribution
- Tatiana Samoïlova (V.F : Nadine Alari) : Veronika, mention spéciale d'interprétation au festival de Cannes 1958
- Alexeï Batalov (V.F : Roland Menard) : Boris
- Vassili Merkouriev (V.F : Pierre Morin) : Fiodr Ivanovitch, le père de Boris
- Alexandre Chvorine (V.F : Jean-Louis Jemma) : Mark
- Svetlana Kharitonova (V.F : Denise Bosc) : Irina
- Constantin Nikitine (V.F : Jean-Claude Michel) : Volodia/Vladimir
- Valentin Zoubkov (V.F : Claude Bertrand) : Stepan
- Ekatérina Kouprianova : Anna Mikhaïlovna
- Boris Kokovkine : Tchernov
- Antonina Bogdanova : Grand-mère
Récompenses
- 1958 : Palme d'or au festival de Cannes 1958, "pour son humanisme, pour son unité et sa haute qualité artistique"
- Prix spécial du Ier festival cinématographique de l'URSS à Moscou
- Diplôme du IXe festival international du film de travailleurs (Tchécoslovaquie)
- Mention du Ier festival annuel à Vancouver
- Diplôme d'honneur au festival des festivals à Mexico
- Prix Selznick du meilleur film étranger de l'année aux USA
Critique
À la sortie du film, le cinéaste Éric Rohmer a écrit : « Nous trouvons tout ici : la profondeur du champ et les plafonds d'Orson Welles, les travellings acrobatiques d'Ophuls, le goût viscontien de l'ornement, le style de jeu de l'Actor's Studio ». Georges Sadoul remarquait certaines outrances.
Lien externe
Catégories :- Film soviétique
- Film de Mosfilm
- Film sorti en 1958
- Palme d'or
- Film sur la Seconde Guerre mondiale sur le front est
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