- Pont suspendu
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Un pont suspendu est un ouvrage métallique dont le tablier est attaché par l'intermédiaire de tiges de suspension verticales à un certain nombre de câbles flexibles ou de chaînes dont les extrémités sont reliées aux culées, sur les berges.
Contrairement à tous les autres ponts, les ponts suspendus exercent une traction horizontale sur leur point d'appui.
Les premières formes de pont suspendu sont apparues en Chine au Ier siècle ap. J-C.
Sommaire
Avantages et inconvénients
La structure d'un pont suspendu lui permet d'avoir des portées importantes mais en contrepartie, présente un certain nombre d'inconvénients.
Les déformations dues à la souplesse de l'ouvrage
Les dispositions techniques de ces ouvrages d'abord légers et assez mobiles, ont évolué pour en faire des ouvrages de déformation comparables (quoique plus grandes) à celles des ponts rigides. Au début le tablier n'avait pas de rigidité propre et subissait tous les mouvements du câble (qui étaient très importants) au passage des surcharges et du vent ; par la suite, ces mouvements ont été réduits par l'emploi de haubans fixés directement aux pylônes et qui immobilisaient le tablier à leur point d'attache; enfin on a rendu le tablier rigide (emploi de poutre de rigidité), ce qui, en répartissant l'action des surcharges sur l'ensemble des suspentes, a assuré une stabilité de forme à la construction.
Autres inconvénients
- Il nécessite la présence de massifs d'ancrage imposants et lourds, indispensables pour retenir les forces considérables qui s'exercent, ce qui le lie fonctionnellement à la géologie du sol qui va le supporter.
- Le remplacement des câbles devient un travail très dur et fastidieux demandant plusieurs mois ainsi que la fermeture du pont durant ce délai.
- La prise au vent mal étudiée peut provoquer son effondrement, le Tacoma Narrows Bridge inauguré le 1er juillet 1940, s'est effondré le 7 novembre 1940 sous l'effet d'un vent de seulement 60 km/h.
Histoire du pont suspendu
Dans les civilisations chinoises, incas, ou africaines, le pont suspendu fut très tôt un moyen de franchissement traditionnel, principalement dans les régions montagneuses où se présentait la difficulté de gorges à franchir. Ainsi on estime que l'on trouvait plus de 200 ponts suspendus chez les Incas au XVIe siècle à l'arrivée des Espagnols, pièces maîtresses du vaste réseau de chemins de l'empire amérindien[1]. Ils atteignaient couramment les 50 mètres de longueur, probablement plus, soit plus long qu'aucune arche de maçonnerie européenne de l'époque. Seule l'apparition du pont à structure métallique permettra de dépasser cette distance de franchissement sans pilier intermédiaire. Si les Incas furent la seule civilisation amérindienne à développer de tels ponts suspendus, ils existaient dans d'autres civilisations de régions montagneuses du Monde, dans l'Himalaya et en Chine ancienne. On trouvait déjà en Chine des ponts suspendus avec chaînes d'acier au IIIe siècle av. J.‑C. Mais ces ponts antiques étaient le plus souvent composés de lianes, et d'un tablier en bois, permettant le passage d'une charge modeste avec une structure de pont légère.
C'est en Amérique que va naître le pont suspendu moderne. Un juge, James Finley, a l'idée d'un pont suspendu avec des chaînes en fer forgé. Le pont Jacob's Creek est achevé en 1802, à l'ouest de la Pennsylvanie[2]. James Finley, devant le succès de cette formule qui permet un pont peu coûteux et facile à construire, va déposer un brevet[3]. Une première génération de ponts voit le jour à partir de 1810. La portée se situe entre 15 et 50 mètres maximum. Mais l'utilisation des ponts fait apparaître un problème d'oscillation : le pont entre facilement en résonance, et la pression qui s'exerce sur les chaînes les fait céder. En réalité, le savoir-faire américain en ingénierie et dans la qualité du fer forgé est bien trop faible. Le développement des ponts est limité en taille, et en charge. De nombreux accidents interrompent le succès naissant du pont suspendu.
La technique va alors franchir l'Atlantique, pour trouver de nouveaux adeptes chez les Britanniques, qui possèdent une énorme avance dans la métallurgie. Les chaînes sont considérablement améliorées. En conséquence, les ponts suspendus deviennent très ambitieux. Les premiers ponts britanniques sont construits vers 1815, les dimensions ne cessent de croître. En 1826, le célèbre ingénieur Thomas Telford construit le pont suspendu de Menai (Menai Bridge), de 125 mètres de portée, qui permet le passage des bateaux à voiles. C'est alors le plus grand pont du monde, la plupart des ponts de l'époque se situant entre 70 et 100 mètres de portée. Le pont suspendu est le seul moyen pour atteindre de telles longueurs, le pont devient monument à la gloire du progrès, en pleine révolution industrielle européenne.
C'est justement l'essor européen de celle-ci qui exporte le pont suspendu sur le continent. En France, la technologie est connue au travers des exploits britanniques relatés dans les journaux. Une mission d'étude des Ponts et Chaussées est menée en 1821, sans aboutir. Le territoire contient un des fleuves les plus difficilement franchissables à l'époque : le Rhône. Les ponts sont très peu nombreux : 3, dont un rompu (le pont d'Avignon) entre Lyon et l'estuaire. En effet, le fleuve est large, très puissant, et ne connaît pas de baisse notable de son flux puisque subissant la fonte des neiges. Sans saison « sèche », il est donc impossible d'édifier des piles selon la méthode éprouvée. La compagnie Seguin Seguin Frères (Annonay, Ardèche), dirigée par Marc Seguin, propose donc un projet innovant en 1822 : le pont suspendu de Tournon. L'entreprise comprend très vite qu'un pont suspendu classique est impossible en France du fait de la qualité médiocre des chaînes. On tente alors de les remplacer par des faisceaux de fils de fer. C'est la naissance du câble. Après plusieurs essais, un refus des Ponts et Chaussées, le projet est finalement accepté. À l'innovation des câbles est ajoutée l'utilisation de béton hydraulique pour les fondations, du béton armé (25 ans avant les premiers brevets) pour les superstructures, et des structures de renforcement rigidifient le tablier en bois. Le pont suspendu a pris sa forme moderne.
En 1823 est construit à Genève la passerelle de Saint-Antoine[4], puis dès 1832 à Fribourg le grand pont suspendu[5] dont les câbles en fils tréfilés à 87 kilos de rupture, et utilisés à 27 kilos (fils parallèles) permettent d'atteindre 273 mètres de portée. De nombreux ponts légers sont ainsi construits : Bercy et Constantine à Paris (101 mètres), Gray, Châteaulin, La Roche-Bernard, etc., mais ces ouvrages étaient très mobiles et les charges de circulation devaient y être limitées. Ils subirent une éclipse en France jusqu'au moment où la création de la poutre de rigidité permit de réaliser des ouvrages d'une tenue comparable à celle des ponts en charpente [6].
D'après un premier décompte, environ 400 ponts furent construits pendant ce XIXe siècle, une grande majorité entre 1825 et 1850. Nombre sont encore les réalisations toujours en place.
Typologie des ponts suspendus
Selon la forme
Les ponts suspendus se présentent sous trois formes selon que la travée de rive est suspendue ou non[6] :
- Les ponts à travée suspendue unique avec câble d'ancrage direct sur rive (travée de rive, si elle existe, franchie par des tabliers en charpente), donnant des travées de rives réduites ;
- Les ponts à trois travées suspendues (travées centrale et de rives), forme normale du pont suspendu qui doit être un ouvrage de grande portée, donc à travée de rive importante et qu'il faut également suspendre.
- Les formes avec l'une ou l'autre disposition de rive, mais à travées multiples correspondant aux très longs ponts, ou à ceux permettant des appuis intermédiaires faciles,
Selon la rigidité
On distingue [7] :
- Les ponts suspendus flexibles, soutenus par des câbles ou chaînes parfaitement flexibles;
- Les ponts suspendus rigides où le câble flexible est remplacé par deux poutres rigides articulées chacune avec une culée, et réunies aussi l'une à l'autre par une articulation placée au milieu de la portée.
Éléments composant un pont suspendu
Les parties composant un pont suspendu sont :
- Le tablier qui supporte la chaussée ;
- les suspentes, tiges verticales reliant le tablier aux câbles porteurs ;
- Les câbles de retenue ou câbles porteurs qui reprennent les efforts transmis par les suspentes ;
- Les câbles d'équilibre, qui assurent l'équilibre dans le cas d'un pont flexible à travées multiples ;
- Les câbles d'ancrage (uniquement dans certains cas), qui relient les câbles de retenue au massif d'ancrage ;
- Les pylônes sur lesquels s'appuient les câbles ;
- Les selles ou sellettes, pièces spéciales disposées au sommet des pylônes, et qui servent à fixer ou à soutenir les câbles en ces endroits ;
- Les massifs d'ancrage.
Indicateurs caractérisant un pont suspendu
Deux indicateurs caractérisent un pont suspendu :
- sa portée, qui est égale à sa longueur L dans le cas d'un pont suspendu à une travée, sans travée de rive.
- sa flèche (f), qui est la distance entre le milieu de la corde joignant les sommets des deux pylônes et le milieu du câble de retenue (ou câble porteur).
Pour les ponts de petite et moyenne portée, on a en général la relation suivante entre ces deux indicateurs [8]:
Les plus grands ponts suspendus
Article détaillé : Liste des ponts suspendus les plus longs.Les ponts suspendus sont classés généralement selon leur portée principale, à savoir la longueur de la travée principale (plus grande distance entre pylônes).
Les dix plus grandes portées de ponts suspendus Image Lien Nom Portée
ppale (m)Longueur
(m)Terminé en Lieu Pays 1 Pont du détroit d'Akashi 1991 [9] 3 911
([Note 1])1998 Kōbe / Île d'Awaji
(Hyōgo)
Japon 2 Pont de Xihoumen 1650 [10] 5 4522009 Île de Jintang / Île Cezi
(Zhejiang)
Chine 3 Pont est du Grand Belt 1624 [11] 6 7901998 Korsør / Sprogø
(Sjælland)
Danemark 4 Pont Runyang 1490 [12] 7 2102005 Yangzhou / Zhenjiang
(Jiangsu)
Chine 5 Pont du Humber 1410 [13] 2 2201981 Hessle / Barton-sur-Humber
(Yorkshire et Humber)
Royaume-Uni 6 Pont de Jiangyin 1385 [14] 3 0711999 Jiangyin / Jingjiang
(Jiangsu)
Chine 7 Pont Tsing Ma 1377 [15] 3 5231997 Île Tsing Yi / Île Ma Wan
Hong Kong 8 Pont Verrazano-Narrows 1298 [16] 4 1751964 New York (État de New York)
États-Unis 9 Golden Gate Bridge 1280 [17] 2 7371937 San Francisco / Sausalito
(Californie)
États-Unis 10 Pont de Yangluo 1280 [18] 2 7252007 Wuhan (Hubei)
Chine Notes et références
Notes
- La valeur donnée ne tient compte que de la partie suspendue, travée(s) centrale(s) et travée(s) de rive, les viaducs d'approches ne sont pas comptés.
Références
- in The New York Times, Science & Technology, "With Bridges of Fiber Cable, the Inca Leapt Canyons", samedi 19 mai 2007
- français, allemand et anglais sur le site Web Structurae. Consulté le 17 avril 2009. Jacob's Creek Bridge en
- Port Folio Volume III, A Description of the patent chain bridge, juin 1802
- français, allemand et anglais sur le site Web Structurae. Consulté le 17 avril 2009. Pont de Saint-Antoine en
- français, allemand et anglais sur le site Web Structurae. Consulté le 17 avril 2009. Grand Pont Suspendu en
- Encyclopédie pratique du bâtiment et des travaux publics - Quillet - 1948
- Ponts métalliques - Jean Résal - Eds Baudry et Cie - 1893
- Notions de travaux publics - R. Allard et G. Kienert - Ed Eyrolles - 1957
- (en)[PDF]Honshū-Shikoku Bridges - informations sur Honshū-Shikoku Bridge Authority. Consulté le 31 octobre 2010(28.5 Mo)
- (zh)浙江舟山西堠门大桥 sur Dz-surface.com. Consulté le 5 septembre 2010
- (en)The Bridge, Storebaelt.dk. Consulté le 4 septembre 2010
- (zh)公司简介 sur Rybridge.com. Consulté le 15 août 2010
- (en)The Humber Bridge, technical specifications sur Humberbridge.co.uk. Consulté le 4 septembre 2010
- (zh)江阴长江大桥 sur Chodai.co.jp. Consulté le 9 octobre 2010
- (en)Lantau link sur Gov.hk. Consulté le 4 septembre 2010
- Le pont de Verrazano sur Lcpc.fr - Laboratoire Central des Ponts et Chaussées. Consulté le 4 septembre 2010
- (en)Bridge Design and Construction Statistics sur Goldengatebridge.org. Consulté le 4 septembre 2010
- (en)[PDF]Xu Guoping, Deng Hai, Liu Minghu, Juhani Virola, « The Yangluo Bridge », 2005. Consulté le 4 septembre 2010
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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