- Piero della Francesca
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Piero di Benedetto de Franceschi dit Piero della Francesca ou encore Pietro Borghese est né entre 1412[1] et 1420[2] à Borgo San Sepolcro (aujourd'hui Sansepolcro) dans la haute vallée du Tibre en Toscane, ville où il meurt le 12 octobre 1492.
La maîtrise de l'art de la perspective, du rendu de la lumière et de la qualité du traitement des couleurs de Domenico Veneziano influença Piero della Francesca avec lequel il commença sa vie de peintre.
Piero della Francesca et Melozzo da Forlì sont les plus célèbres maîtres de la perspective du XVe siècle, reconnus comme tels par Giorgio Vasari et Luca Pacioli.
Sommaire
Biographie
Piero della Francesca apprend les bases de l’art à Borgo San Sepolcro dans l'atelier du seul artiste-peintre de la cité, Antonio di Anghiari, associé de son père cordonnier pour la fabrication d'étendards, comme l'atteste un document de paiement datant du 21 octobre 1436 relatif à une commande de blasons et d’étendards papaux pour les portes et les tours de la ville, et sur lequel le nom de Piero della Francesca figure aux côtés de celui d’Antonio.
La plus ancienne œuvre connue qui lui est attribuée, les fresques de la Vie de la Vierge dans le chœur de l'église Sant'Egidio, date de 1439.
Retourné à Sansepolcro, et nommé conseiller du peuple en 1442, il commence le polyptyque de la Vierge de Miséricorde mais avant son achèvement, la confrérie de la Miséricorde de Borgo Sansepolcro lui passe commande d'un retable en 1445 ; le maître réalise personnellement saint Sébastien, saint Jean Baptiste, le panneau central et la Crucifixion.
Il se rend en 1450 à Ferrare où il réalise plusieurs fresques dans certaines salles du palais d'Este, puis à Venise et à Rimini où Sigismond Pandolfo Malatesta l’appelle en 1451. Il lui confie le décor de la chapelle des reliques du temple Malatesta. La fresque de Sigismond Malatesta en orant aux pieds de saint Sigismond, roi des Burgondes prend place dans un cadre en trompe-l'œil.
Il devient, à l'occasion de ses voyages à travers l'Italie, un familier de la cour d'Urbino.
La Flagellation, l'une de ses œuvres majeures, fut réalisée autour de 1452. C'est une création personnelle qui ne dépend d'aucune commande.
Piero della Francesca consacre les années comprises entre 1452 et 1459 à la décoration du chœur de l'église San Francesco d'Arezzo pour un cycle de fresques qui évoque l'Histoire de la Vraie Croix du Christ, tirée de la Légende dorée de Jacques de Voragine, thème appartenant traditionnellement au registre de l'iconographie franciscaine.
Il part, malgré ce chantier monumental engagé et témoignage de son génie, réalise la fresque représentant sainte Marie-Madeleine, dans le dôme d'Arezzo, en 1460. Il peint, la même année, la Madonna del Parto pour la chapelle Santa Maria di Nomentana du cimetière de Monterchi, bourgade voisine de Borgo Sansepolcro. Il exécute, les années suivantes, le polyptyque de saint Augustin, dont il ne reste que quatre panneaux, ainsi que le retable du couvent San Antonio à Pérouse. Ensuite on le retrouve à Rome, le 12 avril 1459 pour le paiement de ses peintures de la chambre de Pie II au Vatican, et de nouveau à Arezzo pour livrer l'étendard de la confrérie de l'Annunziata en 1468.Il repart à Urbino où Frédéric III de Montefeltro, duc d'Urbino, l'associe en 1465 aux architectes Alberti et Luciano Laurana. Il leur confie la rénovation de son palais. Le diptyque des ducs d'Urbino, intitulé Triomphe de la Chasteté, qui rassemble les portraits de Frédéric et de son épouse Battista Sforza, les représente de profil sur un fond de paysage en perspective. Il travaille également pour une œuvre représentant l'Eucharistie.
Il revient à Arezzo pour les fresques de la Badia en 1473, et à Sansepolcro en 1478, pour l’exécution d’une fresque de la Vierge commandée par la confrérie de la Miséricorde. On le retrouve placé à la tête de la confrérie de San Bartolomeo entre 1480 et 1482.
Le 22 avril 1482, il loue « une maison avec un puits » à Rimini. Le 5 juillet 1487, il établit son testament. Il meurt à Sansepolcro, aveugle, le 12 octobre 1492.
Techniques et influences
Sans céder aux effets du trompe-l'œil, Piero della Francesca utilise la perspective afin d'ordonnancer des compositions naturalistes grandioses.
Il étudie les œuvres flamandes en possession de son protecteur, Lionel d'Este, marquis de Ferrare. Le Saint Jérôme pénitent, de 1450, intègre les influences nordiques à la tradition italienne du paysage.
Dans la décoration du chœur de l'église San Francesco d'Arezzo pour le cycle de fresques évoque l’Histoire de la Vraie Croix du Christ, il renonce à la répartition des scènes dans l'ordre chronologique. Il adopte un rapprochement symétrique et analogique.
Pour Frédéric III de Montefeltro, le diptyque des ducs d'Urbino qu'il exécute sur un fond de paysage en perspective, est directement inspiré de la peinture flamande de la fin du XVe siècle.
Le mathématicien
Alors qu'aujourd'hui son œuvre mathématique est à peu près complètement ignorée, Piero della Francesca était, de son vivant, un mathématicien réputé. Selon Giorgio Vasari c'était même le meilleur géomètre de son époque.
Il a écrit trois grands traités : deux de géométrie, De prospectiva pingendi (« De la Perspective en peinture ») et Libellus de quinque corporibus regularibus (« Des Cinq Corps réguliers »), ainsi qu'un livre d'abaque, le Trattato d'abaco.
Pendant longtemps la Cité idéale lui a été attribuée[3], mais autant à Francesco di Giorgio Martini ou à Luciano Laurana, artistes renommés qui travaillaient à la cour du duc d’Urbino, Federico da Montefeltro.
Œuvres
Majeures et qui nous sont parvenues
Triomphe de la Chasteté
Article détaillé : Le Triomphe de la Chasteté.Les portraits du duc d'Urbino Frédéric III de Montefeltro et de son épouse Battista Sforza (it), réalisés entre 1460 et 1470, tempera sur bois, sur les volets du diptyque du Triomphe de la Chasteté, les deux profils se font face sur fond d'un paysage idéalisé et en perspective.
Au verso, leur arrivée dans la ville accompagnée d'anges et de licornes, symboles de chasteté. Les tableaux sont conservés et exposés à la galerie des Offices de Florence.
Polyptyque de Saint-Antoine
Polyptyque de Saint-Antoine, pour le couvent Sant'Antonio de Pérouse de 1469 - tempera sur bois de peuplier de 170 cm x 191,5 cm, conservé à la Galerie nationale de l'Ombrie à Pérouse dont le sommet du volet principal de l'œuvre est occupé par l'Annonciation, sa partie centrale par une Vierge à l'Enfant entourée de saint Antoine, saint Jean-Baptiste, saint François et sainte Élisabeth.
Cette partie du retable, le fronton réalisé plus tardivement (1469), est la preuve manifeste de la maîtrise des règles (nouvelles) de la perspective par Piero.
Article détaillé : Annonciation (Piero della Francesca).Article détaillé : Polyptyque de Saint-Antoine.Nativité
Peinture à l'huile conservée à la National Gallery de Londres, 1470.
Ce tableau est un essai de la peinture à l'huile (essai de cette nouvelle technique d'origine flamande).
Commande de son neveu pour son mariage, ce tableau représente la Vierge Marie à genoux devant l'Enfant Jésus accompagnée par des anges qui chantent au premier plan, alors qu'au second plan on distingue Joseph et les bergers, le bœuf et l'âne .
Article détaillé : Nativité.Madonna del Parto
Article détaillé : Madonna del Parto.Peinte à fresque, elle fut réalisée en 7 giornate de travail. Piero della Francesca utilisa des couleurs de premier choix, notamment une quantité considérable de bleu d'outre-mer obtenu à partir du Lapis-lazuli importé des lointaines grottes de l'Afghanistan. L'œuvre était destinée à orner le mur au-delà du maître-autel de l'ancienne église Santa Maria di Nomentana.
Lors d'un tremblement de terre en 1785, l'édifice fut entièrement détruit excepté le mur et sa fresque, miraculeusement debout. Détachée de la paroi, elle fut replacée au même endroit dans la nouvelle église dans une niche (et était devenu un lieu de pèlerinage pour les femmes sur le point d'accoucher). Malheureusement la partie supérieure fut gravement endommagée et la calotte du baldaquin dut être repeinte. Aujourd'hui restaurée, on peut l'admirer dans un musée qui lui est spécialement consacré, sous les remparts de la ville de Monterchi.
Conversation sacrée
La sacra Conversazione est un retable peint pour l'église San Donato degli Osservanti d'Urbino. Il est conservée à la pinacothèque de Brera de Milan. Il s'agit d'un thème chrétien conventionnel présenté sous une composition nouvelle apparue vers le milieu du XVe siècle, plaçant la Vierge à l'Enfant, trônant sous un dais et entouré de saints et du commanditaire de l'œuvre, certains personnages parlant entre eux.
Article détaillé : Conversation sacrée.Marie-Madeleine
La Maddalena, œuvre peinte en 1460 et visible à la Cathédrale San Donato d'Arezzo.
Article détaillé : Marie-Madeleine.Baptême du Christ
Le Battesimo di Cristo, œuvre réalisée entre 1448 et 1450 et conservée à la National Gallery de Londres.
Article détaillé : Le Baptême du Christ.Flagellation du Christ
La Flagellazione di Cristo, une œuvre réalisée en 1450 avant son retour à Sansepolcro.
Une huile sur bois de 59 cm x 81 cm, conservée à la Galleria nazionale delle Marche d'Urbino.
Article détaillé : La Flagellation du Christ.Résurrection
Fresque du Museo Civico di Sansepolcro visible sur le mur même de sa réalisation (le musée ayant été défini sur ce bâtiment de la Résidence).
Article détaillé : La Résurrection.Vierge de Miséricorde
La Madonna della Misericordia, dans le même musée, œuvre particulière en polyptyque et dorures, assez rare chez Piero.
Article détaillé : Madonna della Misericordia.Légende de la Vraie Croix
La Leggenda della Vera Croce, un cycle de fresques de Basilique San Francesco d'Arezzo (1452-1459) restaurées depuis 2000 après 15 ans de travaux.
Article détaillé : La Légende de la Vraie Croix.Autres œuvres
- La Madonna di Senigallia (v. 1460-1475), détrempe sur bois, 61 x 53,3 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino
- Le portrait de Sigismondo Pandolfo Malatesta, huile et tempera sur bois (1451), au Musée du Louvre, Paris
- Sigismondo Pandolfo Malatesta en prière devant saint Sigismond (1451) Temple Malatesta, Rimini
- Saint Jérôme pénitent (1450), Staatliche Museum, Berlin
- Le polyptyque de saint Augustin, huile et tempera sur bois (1460-1470), d'Arezzo dont les panneaux sont dispersés :
- Saint Augustin à Lisbonne
- Saint Jean-Baptiste à la Frick Collection de New York
- Saint Michel archange à la National Gallery
- Saint Nicolas de Tolentino à Milan, Museo Poldi Pezzoli.
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Madonna di Senigallia, galleria nazionale delle Marche, Urbino
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Portrait de
Sigismond Malatesta
Notes et références
- Piero della Francesca (vers 1412-1492) sur le site latribunedelart.com
- Piero della Francesca (entre 1415 et 1420-1492), Encyclopædia Universalis en ligne
- Radici d'Italia: Urbino, un idéal urbain
Bibliographie
- Daniel Arasse, dont des chapitres de plusieurs de ses livres lui sont consacrés.
- Alain Buisine, Piero della Francesca par trois fois, Presses Universitaires du Septentrion, coll. « Peintures », 2001.
- Piero's Archimedes, [fac-sim du Codice Riccardiano 106 par Piero della Francesca]; eds. Roberto Manescalchi, Matteo Martelli, James Banker, Giovanna Lazzi, Pierdaniele Napolitani, Riccardo Bellè. Sansepolcro, Grafica European Center of Fine Arts e Vimer Industrie Grafiche Italiane, 2007. 2 vol. (82 ff., XIV-332 pp. English, Français, Espanol, Deutsch, Italiano et Arabic) (ISBN 978-8-8954-5025-4)
- Roberto Longhi, Piero della Francesca, 1927 - édition complète en français traduction Pierre Léglise-Costa éditions Hazan 1988
- Carlo Ginzburg, Enquête sur Piero della Francesca, 1983.
- Neville Rowley, "Piero della Francesca, d'Arezzo à Sansepolcro", Gallimard, 2007 (ISBN 9782070347681)
- Roberto Manescalchi, L'Ercole di Piero, tra mito e realtà,( ParteI), Grafica European Center of Fine Art (Terre di Piero), Firenze, 2011. (ISBN 9788895450056)
Voir aussi
Expositions récentes
- (fr) (it) (en) (de) Piero della Francesca e le corti italiane à Arezzo, Sansepolcro et Monterchi (2007)
- (it) Piero della Francesca
Articles connexes
- Fresque
- Perspective
- Légende Dorée
- Fresques de Piero della Francesca
- Tableaux de Piero della Francesca
Liens externes
■ Giorgio Vasari le cite dans Le Vite : p. 360-367 - édition 1568 Catégories :- Naissance dans la province d'Arezzo
- Peintre italien du XVe siècle
- Peintre italien de la première Renaissance
- Peintre d'art sacré
- Peintre fresquiste
- Peintre cité par Vasari dans Le Vite
- Mathématicien italien
- Renaissance italienne
- Naissance en 1420
- Décès en 1492
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