- Philippe Bunau-Varilla
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Philippe Bunau-Varilla ou Philippe-Jean Bunau-Varilla, né le 26 juillet 1859 à Paris où il est mort le 18 mai 1940, est un ingénieur français qui s'est illustré dans l'histoire du canal de Panama.
Sommaire
L'ingénieur et l'homme d'affaires
Né de père inconnu en 1859 à Paris, Philippe Bunau poursuit de brillantes études. Il obtient les diplômes de l'École polytechnique en 1880 puis de l'École nationale des ponts et chaussées en 1883. C'est à cette époque qu'avec son frère Maurice, ils ajoutent le nom de Varilla à leur nom de famille. Philippe Bunau-Varilla, à 24 ans, part à Panama en 1884 pour participer à la construction du canal lancée par Ferdinand de Lesseps. Il travaille tout d'abord en qualité de chef de la division Pacifique du canal. Suite à la démission du directeur général Jules Dingler, puis des autres ingénieurs en chef, Philippe Bunau-Varilla se retrouve directeur général de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama en 1885, à 26 ans. Il laissera le poste à Léon Boyer début 1886.
Ayant survécu à une attaque de fièvre jaune, il rentre peu après en France. Là, il s'associe aux ingénieurs Auguste Artigue et Conrad Sonderegger pour créer une société qui obtient de la Compagnie Universelle le contrat de la section la plus délicate du canal, le massif de Culebra. Son frère Maurice Bunau-Varilla supervise à Paris la comptabilité. Philippe Bunau-Varilla retourne à Panama en 1887. Sa société prend en charge le creusement de Culebra (qui sera ensuite appelé Gaillard Cut) et la mise en place des écluses conçues par Gustave Eiffel.
Le 4 février 1889, la Compagnie Universelle entre en cessation de paiement. C'est la banqueroute, et Philippe Bunau-Varilla rentre en France. En deux ans, son frère Maurice et lui ont fait fortune alors que des milliers de petits actionnaires ont été ruinés. Ils investissent une grande partie de leurs gains pour prendre le contrôle du quotidien Le Matin. Quand éclate le scandale de Panamá en 1892, Philippe et Maurice Bunau-Varilla se voient reprocher d'avoir négocié des tarifs trop élevés. Pour éviter les poursuites, ils doivent accepter d'investir dans la Compagnie nouvelle du canal de Panamá, fondée en 1894 par le liquidateur judiciaire de la Compagnie Universelle de Ferdinand de Lesseps, qui reprend l'activité et les droits de l'ancienne.
Ni Philippe, ni son frère ne feront jamais partie de la direction de la Compagnie Nouvelle. Pour relancer le projet, qui lui tient à cœur, Philippe rédige des éditoriaux, rapports, et livres enthousiastes, comme Panama, le passé, le présent, l’avenir, publié par Masson en 1892, et compte sur l'aide de son frère Maurice, alors rédacteur en chef du Matin. Il va même en Russie chercher des sources de financement.
Faute de soutien en France, il part en 1901 en croisade aux États-Unis pour convaincre ce pays d'achever le Canal de Panama, en abandonnant leur projet de canal interocéanique au Nicaragua. Cette campagne de conférences met Philippe Bunau-Varilla en contact avec l'élite politique et financière proche du Parti Républicain. Il rentre en France et réussit à convaincre la direction de la Compagnie Nouvelle d'accepter de vendre le projet pour la somme de 40 millions de dollars. En 1902, ses efforts sont couronnés de succès quand le Congrès des États-Unis adopte l'amendement Spooner, faisant du canal de Panama le projet officiel du gouvernement des États-Unis. John Hay, le secrétaire d'État du président Theodore Roosevelt mène alors de délicates négociations avec la Colombie (dont le Panama est alors un département), qui aboutissent à la signature du traité Hay-Herrán en 1903. La Colombie ayant refusé d'entériner le traité, un groupe d'indépendantistes panaméens décide de faire sécession. Philippe Bunau-Varilla prend le parti des insurgés et devient l'un des organisateurs de la révolution, soutenue par les États-Unis, qui conduira à l'indépendance du Panama.
Philippe Bunau-Varilla obtient alors d'être nommé ministre plénipotentiaire de la république du Panama, et prend en charge la négociation à Washington en novembre 1903 du traité Hay-Bunau-Varilla, qui accorde aux États-Unis la concession du Canal de Panama ainsi que d'une zone américaine, en plein centre du nouveau pays, à perpétuité. Ce traité, négocié en quinze jours, permet la protection de la République du Panama par l'armée et la marine des États-Unis, l'élection de Theodore Roosevelt en 1904, et l'achèvement du Canal de Panama en 1914.
Même si les autorités du Panama se sont montrées satisfaites du traité les premières années, il sera ensuite reproché à Philippe Bunau-Varilla d'avoir octroyé aux États-Unis une trop large souveraineté sur la Zone du Canal et d'avoir accepté la perpétuité de la concession, exigée par John Hay. Modifié à plusieurs reprises, le traité Hay-Bunau-Varilla sera finalement abrogé en 1977 avec la signature des traités de Torrijos-Carter, par Omar Torrijos et Jimmy Carter, qui rendent au Panama la souveraineté sur le canal et la zone américaine le 31 janvier 1999.
En dehors du canal de Panama, Philippe Bunau-Varilla a également participé à la construction du chemin de fer du Congo[Lequel ?], ainsi qu'à d'autres projets ferroviaires en Espagne et au Portugal. Il a siégé aux conseils d'administrations des compagnies exploitant ces voies ferrées. Cependant, c'est son frère Maurice qui sera le véritable homme d'affaires de la famille, utilisant au mieux le pouvoir de son journal Le Matin pour s'enrichir.
Après le canal
En 1904, Bunau-Varilla retourne en France et dirige plusieurs chantiers en Europe et en Afrique, notamment la construction du chemin de fer du Congo et du métro à Paris. Il publie chez Plon en 1913 un nouvel ouvrage sur son entreprise, Panama: la création, la destruction, la résurrection.
Pendant la Première Guerre mondiale, Bunau-Varilla sert comme officier dans l'armée française. Il perd une jambe à la bataille de Verdun. Directeur du service des eaux à l’armée de Verdun, il met au point un procédé de chloration de l'eau, dit de verdunisation, qui est utilisé dans les tranchées. Il développe dans les années 1920 une « méthode d'assainissement intégral des eaux limpides par l'emploi de sels chlorés » qu'il décrit dans son ouvrage Autojavellisation imperceptible, publié aux éditions Baillière en 1926.
Grand-croix de la Légion d'honneur, il sera élevé au rang de grand officier de la Légion d'honneur. En 1937, il publie chez Plon De Panama à Verdun. Mes combats pour la France, qui lui vaut le prix Marcelin-Guérin decerné par l'Académie française. Il meurt à Paris le 18 mai 1940.
A la veille de la seconde guerre mondiale, Bunau-Varila manifeste de forts sentiments pro-hitlériens. En témoignent quelques lignes reproduites à la page 74 de Mon journal après la Libération, de Jean Galtier-Boissière, patron du Crapouillot. Dans une lettre retrouvée par les rédacteurs du Populaire, Bunau-Varila écrivait : "Aujourd'hui, de plus en plus persuadé que je suis de l'avenir heureux de la France grâce à votre grand Führer, je sens que l'année qui vient verra apparaître une démonstration effective de la vie heureuse des peuples de l'Europe nouvelle." Galtier-Boissière ironise en disant que l'occupant trouvait que Bunau-Varila "affichait ses sentiments pro-allemands de façon trop prononcée" et qu'il était "plus hitlérien qu'Hitler".
Œuvres
- Panama, le passé, le présent, l'avenir. Panama, le trafic, 1892
- Le Détroit de Panama, documents relatifs à la solution parfaite du problème de Panama détroit libre, large et profond, 1907
- Panama, la création, la destruction, la résurrection, 1913
- La Grande aventure du Panama, son rôle essentiel dans la défaite de l'Allemagne, 1920
- Le mécanisme du succès dans les affaires : La comptabilité telle qu'on la parle et telle qu'on devrait la parler, 1923.
- La Verdunisation des eaux, 1929
- Guide théorique et pratique de la verdunisation, 1930
- Les Expériences de verdunisation à Nancy, 1931
- De Panama à Verdun : mes combats pour la France, 1937
Voir aussi
Bibliographie
- Gabriel Loizillon : Les frères Bunau-Varilla et le canal de Panama, Paris, 2009, ISBN 978-1-4092-2326-9
- Marc de Banville : Canal Français, l'aventure illustrée des Français au Panama (1880-1904), Paris, 2003
- Jean Galtier Boissière, Mon journal depuis la Libération, La Jeune Parque, Paris, 1945.
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