Papetière

Papetière

Papeterie

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Voir « papeterie » sur le Wiktionnaire.

L'industrialisation s'est souvent faite sur les sites d'anciens moulins à papier, ou en bordure de canaux ou de fleuves naviguables qui recevaient les effluents non traités des usines
Usine de fabrication de papier kraft situé à Georgetown en Caroline du Sud. Lors de sa construction, cette usine de la société International Paper Company était la plus grande du monde

Le mot papeterie peut désigner :

  • une entreprise spécialisée dans la transformation du bois ou de vieux papier, ou de pailles en papier ou d'autres fibres (chiffons) (au Québec, on emploie le terme papetière). Si le papier est utilisé sur place pour faire du carton, on parle de papeterie-cartonnerie.
  • art de fabriquer le papier
  • le commerce du papier
  • une entreprise qui vend des articles en papier.
  • l'ensemble des articles relatif au papier
  • une petite boîte contenant le matériel nécessaire pour écrire et cacheter des lettres

La transformation du bois ou de fibres recyclées ou d'autres fibres en papier pouvant être un procédé extrêmement complexe, les entreprises tendent depuis les années 1980 à se spécialiser dans différents créneaux :

Par simplification, les usines de production qui appartiennent à ces sociétés sont souvent nommées papeteries.

Sommaire

Description

Théoriquement n'importe quelle fibre végétale longue, fine et solide peut permettre de faire du papier, mais le bois reste la 1re source de pâte à papier. Ces usines peuvent contenir des unités de production complètement intégrées ou être constituées de différentes unités complémentaires. Les usines intégrées acceptent les rondins (nommés billots au Québec) ou les copeaux, qui seront convertis en fibre. Ces fibres sont diluées dans une solution à 4 %, qui servira à fabriquer le papier. Une fois séchées, ces fibres sont moulées en ballots de pâte kraft, lesquels sont achetés par d'autres usines. Ces ballots sont hydratés pour former une solution à 4 %, qui sera transformée en papier.

Les usines modernes consomment de grandes quantités d'énergie, d'eau et de bois de façon très efficace par le biais de procédés de transformation complexes. Le principe de fabrication est toujours resté celui de la formation de la feuille induite par le séchage en quelques secondes d'un mince film de pâte à papier liquide sur un feutre.

La productivité est passée en quelques années de quelques dizaines de tonnes/jour à des centaines de tonnes. La largeur des machines a aussi beaucoup augmenté. La coupe se fait au micro-jet d'eau (avec la précision proche de celle d'une coupe au laser)

C'est sur la précision du contrôle de cette technique, où le séchage du produit donne les caractéristiques et propriétés finale du papier, qu'ont porté les grandes évolutions techniques de la machine à papier. Les technologies modernes permettent de produire une feuille de plus de 100 m de long et jusqu'à 10 m de laize (largeur) à une vitesse allant jusqu'à 108 km/h (30 m/s).

L'industrie papetière est classée comme

- industrie lourde,
- industrie très consommatrices d'énergie. Les rendements ont été améliorés par la cogénération (production combinée d'électricité et de chaleur). La vapeur ainsi produite servira au chauffage des rouleaux séchant et pressant le papier. La source primaire d'énergie, c'est-à-dire le gaz, est brûlé dans un moteur à gaz ou une turbine à gaz.
- industrie soumise aux quotas d'émissions de gaz à effet de serre et au marché du carbone et des droits à polluer.
- industrie très consommatrice d'eau. C'est pourquoi les usines sont souvent situées en bordure de cours d'eau ou au dessus d'une nappe phréatique accessible.

Environnement

Le papier est à l'origine d'une consommation importante d'énergie, de matière première et génère des transports, des gaz à effet de serre et des effluents et sous-produits parfois très polluants (ex : boues de désencrage..), sources d'impacts environnementaux importants. Les industriels ont beaucoup réduit les quantités d'eau consommées pour produire une tonne de papier, recyclent mieux le papier et ont amélioré l'efficience énergétique de certains process (turbines à gaz, cogénération..) mais cette filière reste énergivore et ayant une empreinte écologique élevée. Quelques entreprises ont mis en place des démarches leur permettant de bénéficier d'écolabels (FSC par exemple, label reconnu par de grandes ONG internationale dont Greenpeace et WWF)

Impacts sur la forêt, et des transports ; De nombreuses usines importent de la pâte à papier concentrée de zones forestières éloignées (Canada, Europe du Nord essentiellement…). Le test de nombreuses souches d'arbres OGM inquiète les ONG et certains experts en matière de biodiversité.

Odeurs : Ces usines sont productrice d'odeurs particulières, parfois nauséabondes qui affectent leur entourage.
Des odeurs indésirable peuvent provenir de réactions chimiques de cuisson induites par le procédé kraft, qui dégagent des sulfites d'hydrogène et autres gaz de soufre. Tant que les concentrations n'en dépassent pas certains seuil, rarement atteint, ces émanations ne sont pas réputés dangereuses pour la santé des communautés environnantes.
D'autres odeurs peuvent être liées aux stations d'épuration internes et à des odeurs émises par des bactéries se développant dans les circuits de recyclage de l'eau. Dans certains cas, de plus en plus rares (utilisation de charbon ou fuel lourd non dessoufré), des odeurs et une forte acidification de l'air peuvent être dues au combustible, souvent remplacé par du gaz dessoufré depuis les années 1970-1980. On parle donc de nuisances (olfactives) plutôt que de pollution à propos des odeurs.

Pollution : Les boues de désencrage et moindrement les boues d'épuration et résidus de pulpeurs (dans le cas du papier recyclé) peuvent contenir des métaux lourds et des résidus de biocides et azurants optiques ou d'autres additifs issus du process de fabrication.
Pour que cette pâte ne fermente pas en route et ne prenne pas une odeur désagréable, elle est traitée par des biocides (bactéricides et fongicides toxiques), qui peuvent se retrouver dans l'eau et la vapeur lors du process de fabrication.
Avec une production de plus en plus "à juste-à-temps ou flux tendu", les variations brutales d'utilisation de sucres, d'amidon (enduit de couchage) dans certaines usines, ou d'autres additifs peut favoriser des pullulations de bactéries, ou au contraire tuer les populations de bactéries qui épurent l'eau, ce qui dans les deux cas peut perturber certaines stations d'épuration.

Réponses : Les industriels, avec l'aide de laboratoires, de programmes de recherche et des Agences de l'Eau ou de leurs équivalents là où ils existent, mettent au point des technologies plus efficientes et moins polluantes, mais la production augmentant, la diminution de pollution à la tonne produite est pour partie compensée par la forte augmentation des tonnages annuels produits dans le monde. Les démarches d'écomanagement (ex ISO 14001) et d'écosociocertification (ex : FSC) sont d'autres réponses. La qualité des effluents a été dans les pays riches considérablement améliorés depuis les années 1970. Restent les impacts en amont et différés en aval, en particulier en matière d'émissions non compensées de Gaz à effet de serre, le papier étant un matériaux rapidement périssable et souvent in fine brûlé, malgré un fort accroissement du recyclage.

Historique

Vers la fin du IIIe siècle av. J.-C., la technique de fabrication du papier est découverte par les Chinois puis transmis au arabes en 751 via les papetiers prisonniers à la Bataille de Talas, elle s'est ensuite diffusée en méditerranée à partir du XIIe siècle[1].

En France, la vallée d'Ambert dans le Puy-de-Dôme, connaît un véritable essor vers le milieu du XIVe siècle avec l'apparition d'une grande quantité de moulins à papier (pas moins de 40 moulins sur le ruisseau de Laga proche du village de Valeyre), où la qualité des eaux et la force hydraulique attire de nombreux papetiers. Seul vestige persistant encore aujourd'hui de ce temps passé : le Moulin Richard De Bas qui produit encore sous les yeux des touristes du papier qui était plébiscité à la cour de Louis XV.

La fabrication du papier s'industrialise au XIXe siècle avec l'invention de la première machine à papier en continu de Louis Nicolas Robert en 1798. L'alimentation en pâte est alors faite en continu sur une forme plane et le papier sort en bobine, mais doit être tranché en feuilles pour être séché. En 1804, les frères Henry et Sealy Foudrinier achètent la concession de la machine Robert et publient un brevet en 1807 au nom de Gamble et Foudrinier. La machine Foudrinier est concurrencée par l'Anglais John Dickinson (1782–1869) qui met au point une machine à forme ronde en 1809. De multiples améliorations sont apportées pour le séchage en continu en sortie de machine, mais la structure évolue peu jusqu'en 1890.

Les machines à papier sont relativement similaires avec une laize comprise entre 1,20 m et 1,80 m pour une vitesse de 20 à 30 m/min.

C'est le développement de la rotative pour la grande presse « mangeuse » de papier qui fait exploser la demande. La machine à table plate supplante la machine à forme ronde et c'est la Pusey and Jones Company aux États-Unis qui construit, à la demande de la Hudson River Paper Company, la première machine adaptée à une table de 15 m de long.

La vitesse de 200 m/min est franchie en 1908 par W.H. Millspaugh. La puissance et la supériorité nord-américaine pour la construction de grosses machines à papier est alors patente et la course au gigantisme continuera. En 1920, deux firmes canadiennes sont en tête pour les performances de production : l'Abitibi Power and Paper Co et la Belgo Paper Co.

À l'époque, l'industrie du papier est encore fragmentée en France. C'est la Chapelle Darblay à Saint-Étienne-du-Rouvray et Beghin à Corbehem qui produisent la majorité du papier continu. D'autres firmes plus petites, comme ARJOMARI (regroupement de quatre papeteries de Seine-et-Marne) et les papeteries de France à Lancey, sont plus spécialisées dans des produits plus manufacturés, mais qui nécessitent néanmoins des machines performantes.

Dans les années 1990, avec la montée en puissance des groupes de défense de l'environnement, les papeteries nord-américaines ont pris le virage écologique. Elles ont commencé à fabriquer différents produits contenant des fibres recyclées.

Cette période a aussi marqué le début d'une ère d'intégration, les plus grandes achetant les plus petites.

Liste d'importantes papeteries (incomplète)

Principaux acteurs américains

Principaux acteurs européens

Les principaux producteurs de papier européens sont (classés par capitalisation boursière au 7 février 2008)[2] :

Autres

  • Ahlstrom

Autres acteurs français

Références

  1. De la fibre à la pâte à papier : 2000 ans d'évolutions, par Gérard COSTE (Ingénieur EFPG Enseignant à l'EFPG). Septembre 2006
  2. Bloomberg et Les Échos, in Les Échos du 8 février 2008, page 20

Voir aussi

Lien externe

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