O.f.m.c.

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Frères mineurs capucins

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Saint François d'Assise portant le capuchon, par Francisco de Zurbarán, 1658

Les Frères mineurs capucins forment l'une des trois branches masculines du Premier Ordre de la famille franciscaine, approuvé comme véritable Ordre de saint François en 1517 par le pape Léon X. De nombreux frères provenant presque tous de la branche de l'Observance et séparée de celle des Conventuels ont rallié alors ce nouvel ordre. Ils sont ainsi nommés du capuce ou capuchon dont ils couvrent leur tête.

Sommaire

Histoire

Ils furent établis en 1525 par Matthieu de Baschi, moine franciscain de Montefiascone, qui voulut réformer son ordre. Ils résidaient pour la plupart dans les Marches d'Ancône, dans cette province où le souvenir des premiers compagnons de saint François d'Assise et celui des Spirituels se perpétue. Ces moines sont motivés par la dynamique de réforme ou renouveau qui enfièvre l'Ordre franciscain depuis le XIIIe siècle. Les Spirituels (qui sont condamnés en 1317) n'ont pas cessé de promouvoir une pratique intransigeante de pauvreté absolue légitimée par l'exemple de François et de ses compagnons. Ce courant de retour authentique aux sources est la principale motivation dans la réforme capucine.

Frère Mathieu de Bascio venant de l'Observance ne veut plus porter l'habit de son Ordre ayant eu la vision de saint François portant un habit avec un capuchon pointu (janvier 1525). Il demande au pape par l'intermédiaire de la duchesse de Camérino (nièce du pape) une dispense orale pour porter cet habit et prêcher d'une manière itinérante.

Frère Mathieu est l'initiateur en quelque sorte d'une réforme attendue par plus de sept cents frères de son propre Ordre qu'est l'Observance. À la suite de ce début de réforme, Louis de Fossombrone et ses futurs compagnons gagnent l'estime de la duchesse de Camérino qui devient leur protectrice à cause de leur abnégation au service des pestiférés.

Fr. Louis et ses compagnons mènent une vie érémitique selon la règle des ermitages de saint François, ces premiers frères portaient un habit avec un capuchon pointu, une barbe et vivaient d'aumône.

En 1535 se tient le chapitre si longtemps attendu, après que les Capucins du groupe des Reformati se sont tournés vers le ministre général des Conventuels. Il était alors possible d'établir la jeune fraternité et son gouvernement sur le fondement solide du droit. Bernardin d'Asti est nommé vicaire général, après avoir été le chef du mouvement réformateur dans la province romaine de l'Observance). Ni Mathieu de Bascio, ni Louis de Fossombrone n'ont, comme lui, marqué d'un sceau indélébile l'organisation et la forme de la vie de l'ordre naissant. Bernardin d'Asti reçut plus tard le nom de « Père de l'Ordre des Capucins » en donnant les premières constitutions à l'Ordre en 1536. L'ordre fut approuvé par Paul III en 1536.

Le pape Paul III en 1543, après le départ de certains frères influents dans l'Ordre (Bernardin d'Ochino) leur interdit toute activité apostolique pendant deux ans voulant même supprimer l'Ordre. Mais le cardinal Sanseverino parla en faveur des accusés et conseilla de vérifier auparavant la conduite des membres de l'Ordre. Ils se sont donc résignés à vivre dans leurs couvents ou leurs ermitages. Le pape nomme un commissaire général avec mission de rétablir la paix dans l'Ordre. Pour cette mission difficile il choisit François de Jesi qui fut élu par la suite vicaire général. L'interdiction comprenait aussi de ne pas pouvoir s'étendre au-delà des Alpes et cela de 1535 à 1550. Ces restrictions sont dues à des raisons de politique interne entre le pape et le ministre général des Observants, ce dernier voulant attirer les Capucins sous son obédience. L'influence des Observants cessa peu à peu, ce qui contribua à creuser de plus en plus la distance entre les deux branches. C'est la génération d'après Bernardin d'Asti qui eut tendance à considérer l'Ordre comme un rameau distinct de l'arbre franciscain.

C'est finalement en 1574 que Grégoire XIII donne la liberté aux Capucins de se répandre partout dans le monde. La même année les premiers frères Capucins arrivent à Paris introduits eu France sous Catherine de Médicis et Charles IX, ils s'y multiplièrent rapidement. Ils sont également, à cette époque, à l'appui de la Contre-Réforme, très présents dans les Pays-Bas espagnols (future Belgique sans la Principauté de Liège), dont les Provinces-Unies protestantes (futurs Pays-Bas), viennent de faire sécession.

Sur intervention du saint cardinal Charles Borromée archevêque de Milan, les Capucins s'établissent à Altdorf (en Suisse) en 1581. Par dessus-tout, on constate la grande expansion géographique de l'Ordre au-delà des Alpes et l'envoi des premières expéditions missionnaires. À la fin de cette période on compte 40 provinces et 15 000 religieux. L'expansion rapide mais difficile des Capucins nous fait entrevoir leur importance dans la mise en œuvre de la Contre-Réforme.

Par la suite plusieurs promulgations sont faites :

  • en 1608 les Capucins sont déclarés « de vrais frères mineurs et fils de saint François » ;
  • en 1619 un bref (lettre du pape ne comportant pas son sceau) promulgue que le supérieur général s'appellera ministre général au même titre que les autres.

Époque moderne

Aboli en France en 1790, l'ordre se maintint à l'étranger. Il a reparu en France depuis 1851. Les Capucins portaient tous avant le Concile Vatican II, une robe d'étoffe brune, ou grise dans certains pays de l'hémisphère Sud, un manteau, un capuchon pointu, une longue barbe, et marchaient les pieds nus dans des sandales : telle est du moins l'image traditionnelle qui les caractérise.

Ils accordent une grande importance au vœu de pauvreté. dans certains pays, ils vivent encore partiellement d'aumônes. De nos jours, en France, ils ont été très présents dans le mouvement des prêtres ouvriers, et dans les luttes sociales. L'abbé Pierre fut d'abord capucin avant de choisir plus d'autonomie : jusqu'à ses derniers jours, il a gardé sa robe brune et la corde caractéristique de l'ordre à côté de lui, ainsi que la barbe. Le choix de vie est marqué par l'austérité. À la différence d'autres ordres religieux, la pauvreté doit autant que faire se peut être personnelle et collective : l'enrichissement des communautés est fréquemment critiquée à l'intérieur même de l'ordre. Ce choix de vie s'accompagne d'une proximité maximale avec les couches sociales défavorisées.


La fraternité, sans être un vœu, est une constante de l'éthique capucine. Elle est théologique (Jésus-Christ premier-né d'une multitude de frères) et sociale : l'instauration d'une fraternité humainement reconnue en priorité avec les plus pauvres est une constante de l'ordre capucin.


De leur origine érémitique, les capucins ont gardé la tradition de "l'oraison mentale" : méditation silencieuse à l'église fréquemment pratiquée ensemble, et appuyée par une pratique personnelle. Cet ordre a produit en France quelques hommes distingués, entre autres le P. Ange de Joyeuse, le P. Joseph du Tremblay ou l'Abbé Pierre.

Aujourd'hui

Aujourd'hui les capucins abandonnent souvent leur tenue traditionnelle au profit d'un vêtement ordinaire simple, principalement en Europe Occidentale, en dehors du couvent : en France, seuls des frères âgés la portent en dehors des offices liturgiques. Parmi les signes possibles de reconnaissance, beaucoup ont choisi de porter un Tau en olivier autour du cou, ou métallique au revers du col. Le Tau représente une croix en forme de T. Objet du sermon d'ouverture du IVe Concile du Latran par Innocent III, il fut adopté comme signature par François d'Assise et figure sur le billet autographe adressé à son confrère Léon. Il a son origine dans l'Ancien Testament au livre d'Ezéchiel, chapitre IX, verset 4.

Touché de plein fouet par la sécularisation, cet ordre recrute malgré tout encore en France. La diminution numérique ajoutée à la banalisation de leurs vêtements les y rend peu visibles dans la vie quotidienne, mais n'empêchent pas des initiatives audacieuses récentes telles que la fondation de fraternités à Montpellier (1998), en Algérie (2006) et en banlieue parisienne (Villeneuve Saint Georges, 2009).

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