Kalkhu

Kalkhu
Kalkhu
Gravure représentant les fouilles de A. H. Layard en Assyrie.
Gravure représentant les fouilles de A. H. Layard en Assyrie.
Localisation
Pays Drapeau d'Irak Irak
Province Ninawa
Coordonnées 36° 05′ 57″ Nord
       43° 19′ 39″ Est
/ 36.09915, 43.3275
[1]
Superficie 3,60 hectares
Kalkhu et les principaux sites assyriens
Kalkhu et les principaux sites assyriens
Iraq location map.svg
Kalkhu
Kalkhu
Histoire
Époque du IVe millénaire av. J.‑C. à 612 av. J.-C.

Kalkhu (en arabe : kālḫū, كالخو), aussi nommée Kalhu, forme ancienne Kalwakhum, et Kalakh dans l'Ancien Testament, fut l'une des grandes capitales néo-assyriennes et correspond aux sites actuels de Nimrud, qui tire son nom du héros biblique Nimrod, et de Tell Azar qui recèle les ruines de "Fort Salmanazar". La ville, construite sur une falaise surplombant le Tigre à l'ouest, était située à 35 km de Ninive (Mossoul actuellement), et contrôlait le Zab supérieur et le Tigre. Il s'agit de l'une des plus grande villes anciennes connues s'étendant sur environ 360 ha, dont 20 sont occupés par l'acropole (Nimrud).

Sommaire

Fouilles archéologiques

Le site de Nimrud a été repéré par l'anglais Badger en 1844. L'année suivante, son compatriote Austen Henry Layard entame les fouilles. Il croyait alors avoir trouvé Ninive. Aidé de son assistant Hormuzd Rassam, il débuta ses fouilles, et fit de nombreuses découvertes. Il exhuma notamment les grandes statues de lammasu (les taureaux androcéphales gardant l'entrée des palais assyriens), et les longues frises sculptées des principaux palais de l'acropole. Il découvrit également un objet de quartz ressemblant étrangement à une lentille, connue sous le nom de lentille de Nimrud, et dont l'utilité est encore débattue, certains historiens y voyant la première trace d'un instrument optique[2]. Layard fouilla le site de 1845 à 1847 et de 1849 à 1851, avant de repartir tout en amenant certaines de ses découvertes au British Museum, devenu son pourvoyeur de fonds lors de ses secondes fouilles.

Après son départ, d'autres fouilleurs vinrent sur le site : Jones, Loftus, puis Henry Rawlinson, qui identifia le site comme étant l'antique Kalkhu, en 1853. Rassam retourna sur le site en 1877, toujours pour le British Museum.

En 1949, l'anglais Max Mallowan arriva sur le site après avoir fouillé d'autres tells dans la région. Avec lui, les premières fouilles rigoureuses du site furent effectuées. Il dégagea les principaux monuments de la cité, que ce soit dans la citadelle, mais aussi à l'extérieur. Les palais furent fouillés, et on y trouva de nombreuses tablettes et des œuvres d'art. Après son départ en 1958, les fouilles continuèrent sous la direction d'archéologues anglais.

En 1969, une équipe irakienne investit le site. Ils y restèrent, secondés par des équipes étrangères de temps en temps. En 1989, l'équipe de l'archéologue M. Mahmud exhuma les tombes de dignitaires assyriens et leur trésor constitué de nombreux bijoux. Les fouilles ont été interrompues depuis par les évènements politiques.

Historique

Le site Kalkhu est habité depuis la préhistoire. Les plus vieux objets retrouvés sur le site datent de la période de Halaf (fin VIe-début Ve millénaire). La ville même fut cependant fondée plus tard. Elle est mentionnée dans la documentation de la période paléo-babylonienne sous le nom de Kalwakhum. Elle est alors située dans une zone essentiellement peuplée de Hourrites. Elle intègre sans doute le royaume assyrien durant les conquêtes effectuées dans sa région à partir du règne d'Assur-uballit Ier (1366-1330), mais elle n'est mentionnée pour la première fois par un roi assyrien que sous le règne de Salmanazar Ier (1275-1245).

Au IXe siècle, cette ville n'est plus qu'un centre administratif sans importance, devenu une "colline de gravats", mais sa situation en faisait le site propice à l'établissement de la capitale que Assurnazirpal II (883-859) désirait construire, quittant ainsi la vieille cité d'Assur. Ses motivations restent obscures. Le fait que Assur soit à la merci d'une attaque venant de l'ouest (elle était située sur la rive ouest du Tigre), où résidaient les dangereux Araméens, alors que Kalkhu était plus protégée (sur la rive est, avec le Grand Zab à proximité), a sans doute pesé dans cette décision.

Dans un texte rédigé sur l'ordre d'Assurnazirpal, surnommé Standard Inscription, le roi décrit les étapes de la restauration de la ville. Il fait déblayer le site, construire une terrasse pour son palais, puis entame la construction du reste du bâtiment sur ses solides fondations. Il rénova le reste de la ville, fit construire des temples à plusieurs dieux dont "Enlil et Ninurta", et une ziggourat dédiée à ce dernier. La ville fut protégée par des puissantes fortifications, puis on irrigua les alentours en creusant un canal dérivé du Zab Supérieur, et on put ainsi faire pousser des vergers et des champs dans la périphérie de Kalkhu.

Mais Kalkhu avait beau être une grande et belle ville, elle n'avait pas suffisamment d'habitants, car la région n'était pas assez peuplée. La ville fut donc peuplée, dans la grande tradition assyrienne, par des populations déportées venant de tout l'empire, comme le dit le roi lui-même : "J'ai amené les gens de tous les pays que je gouverne, (et) de ceux que j'ai conquis, (c'est-à-dire) du pays de Suru, du pays de Zamua, du Bīt-Zamani et de (Kir)rure, de la ville de Sirqu qui est au-delà de l'Euphrate, ...". Ainsi, il créait une ville cosmopolite, avec plusieurs populations différentes. La commémoration de la fondation de la ville fut l'occasion d'un grand banquet auquel furent conviés non seulement les Grands du royaume, les dignitaires des pays vassaux, mais aussi tous les nouveaux habitants de la cité, en tout 69 574 personnes selon la Standard Inscription.

Les souverains suivants vont continuer à embellir la cité. Salmanazar III (859-824) va bâtir le "palais sud-est" dans la citadelle. Hors de la citadelle, il édifia l'ekal mašarti ("Fort Salmanazar"), l'arsenal des armées assyriennes.

Adad-Nirari III (811-783) construisit un autre palais dans la citadelle, à côté de celui d'Assurnazirpal II. Celui-ci fut ensuite incorporé dans le "palais central", bâti sous le règne de Teglath-Phalasar III (745-727). Sargon II (722-704) restaura un vieux palais, le "palais brûlé", avant d'abandonner Kalkhu pour fonder une nouvelle capitale à Dur-Sharrukin. Lorsque Sennacherib (704-681) installa ensuite sa capitale à Ninive, Kalkhu ne fut pas pour autant délaissée. Assarhaddon (681-669) bâtit un dernier palais dans la citadelle, le "palais sud-ouest".

Kalkhu sombra avec l'Assyrie lors de l'invasion du pays par les Babyloniens et les Mèdes. Elle fut assiégée, prise et pillée par ces derniers en 614. Elle sera détruite peu après. Le site restera cependant encore habité pendant quelques siècles, avant d'être abandonnée à l'époque séleucide.

La colline de Nimrud

Plan général du site de Kalkhu, avec la citadelle des palais et des temples (Nimrud) et l'arsenal (Tell 'Azar).

Les principaux monuments de Kalkhu étaient concentrés sur son acropole, aujourd'hui la colline de Nimrud, d'une surface d'environ 20 hectares, située à l'angle sud-est de la ville, surplombant le Tigre.

Les palais

Plan du palais nord-ouest de Kalkhu
Bas-relief d'un des palais de Nimrud
Article détaillé : Palais assyriens.

La cité de Kalkhu comprenait de nombreux palais royaux. Le premier et le plus important est le "Palais nord-ouest" des archéologues, le "Palais sans égal" des Assyriens. Il a été bâti sous le règne d'Assurnasirpal II. Ses dimensions étaient d'environ 200 mètres sur 130 mètres. Il s'organise autour d'une salle du trône rectangulaire, mesurant 45 mètres de longueur sur 15 de largeur, qui sépare les deux parties du palais. D'un côté, deux portes donnent sur le babānu, la zone publique, dans la partie ouest du palais, autour de laquelle se trouvent plusieurs magasins, et le secteur administratif. De l'autre côté, vers la partie est du palais, on accède au bitānu, la zone privée, par la salle du trône. Autour de la cour principale de cette zone, mesurant 32 mètres sur 27, on trouve une pièce où le roi et ses invités privés se divertissaient, au sud, et les appartements royaux, à l'est. Au nord-est se trouvait le harem. Ce palais a livré de nombreuses sculptures, ainsi que de longues frises d'orthostates, tant d'œuvres d'art qui font de nos jours le bonheur des visiteurs du British Museum et du Metropolitan Museum de New York.

C'est dans cette zone que des archéologues irakiens ont découvert en 1989 de trois tombes avec leur trésor gardé intact, épargné par le pillage. La première renfermait le corps d'un homme, la seconde de deux femmes, Taliya épouse de Sargon II et Yaba épouse de Salmanazar V, et la troisième de Mulissu, épouse d'Assurnasirpal II. On y a trouvé de nombreux bijoux, dont de nombreux en or, tous finement ciselés.

Les autres palais sont pour la plupart en moins bon état. Celui, voisin, édifié par Adad-nerari III est rattaché au "Palais central", de Teglath-Phalasar III, où a été retrouvée "l'obélisque noire" de Salmanazar III, bloc d'albâtre noir mesurant 2 mètres, sur lesquelles sont gravées des scènes commémorant les hauts faits de ce roi. Au sud-est se trouve le "Palais brûlé", restauré par Adad-nerari III puis surtout Sargon II, qui doit son nom au fait qu'il a été dévasté par un incendie. Le dernier palais est le "Palais sud-ouest" d'Assarhaddon, construit par le roi vers la fin de sa vie, et qui servira peu. Ses ruines sont peu importantes.

Ces palais ont tous livrés de nombreuses tablettes administratives, ainsi que de la correspondance. On a aussi retrouvé de nombreux ivoires dans les principaux monuments de la cité, la plupart probablement issus de pillages effectués dans les grandes villes de Syrie et du Levant.

Les temples

La citadelle de Kalkhu comprenait aussi des temples assez importants. Le plus important était le temple de Ninurta, situé au nord-ouest de la citadelle. Il était accompagné d'une ziggurat, construite par Assurnasirpal II et dont les restes s'élèvent encore aujourd'hui à une quarantaine de mètres. Cette divinité était très importante pour de nombreux souverains assyriens, ce qui explique la ferveur de son culte dans ce pays. Le deuxième temple était celui de Nabû (nommé l'Ezida, le "temple pur", comme celui de Borsippa), autre divinité importante en Assyrie. Le "palais sud-est" semble en fait avoir fait partie de cet ensemble.

D'autres temples de moindre taille étaient consacrés à Ishtar, Ea, Sîn et Gula.

Fort Salmanazar

À l'angle sud-est de la ville se trouvait l'arsenal des armées assyriennes, l'ekal mašarti aussi nommé "Fort Salmanazar" (Kār-Šulmānu-ašared), du nom de son fondateur, Salmanazar III. C'est un ensemble de bâtiments occupant un espace de 8 hectares et organisés autour de quatre grandes cours, qui servaient d'entrepôts, de casernes, d'écuries, de trésor, de centre administratif, en bref le lieu principal de la logistique de l'armée. Cet arsenal sert jusqu'à la fin de l'Empire, faisant de Kalkhu le quartier général des armées assyriennes. On y a retrouvé de nombreux objets en ivoire, dont certains sont de grande qualité.

Notes et références

  1. Coordonnées données par (en) Nimrud (ancient: Kalhu/Calah) sur U.S. Department of Defense Legacy Resource Mangement Program (DoDLRMP)
  2. (en)Oldest Optical Device? The Nimrud Lens.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • H. A. Layard, Les ruines de Ninive, Éditions de l'Unesco, Paris, 1999
  • (en) M. Mallowan, Nimrud and Its Remains, 2 vol., Collins, Londres, 1966
  • (en) Cuneiform Texts from Nimrud (CTN) : édition des textes retrouvés à Kalkhu



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Kalkhu de Wikipédia en français (auteurs)

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