- Code de Hammurabi
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Le Code de Hammurabi (vers 1750 av. J.-C.) est une stèle babylonienne de 2,5 mètres de haut, en basalte, surmontée d'une sculpture de Hammurabi, devant le dieu du Soleil de Mésopotamie, Shamash, divinité de la Justice. Le texte de la stèle fait l'éloge du roi Hammurabi et présente un ensemble de décisions arbitrales que le roi aurait rendues.
Hammurabi aurait fait graver cette stèle pour la faire dupliquer sur son territoire, ce qui justifierait l'expression "code", toutefois la stèle ne pourrait qu'être commémorative et aurait été sculptée et gravée pour rendre hommage au roi et témoigner de l'inspiration divine dont il aurait fait preuve.
Sommaire
Découverte
Cette stèle aurait été emporté vers 1150 av. J.-C. dans la ville de Suse, en Iran, quand les rois élamites s'emparèrent de la Babylonie et emmenèrent différentes œuvres d'art mésopotamiennes dans leur pays. C'est dans cette ville qu'il fut découvert par l'égyptologue Gustave Jéquier membre de l'expédition dirigée par Jacques de Morgan, en décembre 1901. Le père Jean-Vincent Scheil traduisit l'intégralité de la stèle, de retour à Paris, en France. Depuis, la stèle est exposée au Musée du Louvre, à Paris. Une copie est également exposée au musée archéologique de Téhéran.
Initialement, la stèle de Hammurabi aurait été placée dans le temple de Sippar.
Le texte est longtemps resté le plus ancien connu dans le monde. Le plus ancien texte de décisions royales que l'on connaisse (actuellement)[1] est le code d'Ur-Nammu rédigé vers 2 100 av J-C [2] mais il ne nous est parvenu que de manière parcellaire.
Aspect
La stèle est de 2,5 mètres de haut, en basalte. La stèle est surmontée par une sculpture représentant Hammurabi, debout devant le dieu du Soleil de Mésopotamie, Shamash, divinité de la Justice.
En dessous est inscrit, en caractères cunéiformes akkadiens, un long texte comprenant un ensemble de décisions de justice compilées. Le texte débute par une introduction qui, dans la plus grande tradition des inscriptions royales mésopotamiennes, détaille les hauts faits du roi Hammurabi, ses grandes qualités, et les motivations qui l'ont fait graver ses décisions de justice sur cette stèle : faire en sorte que « le fort n'opprime pas le faible ». Après viennent les décisions de justice elles-mêmes, divisées en 282 articles par le Père Jean-Vincent Scheil.
Cette division est en réalité arbitraire, dans la mesure où le texte n'est pas découpé en différents articles. Les articles 66 à 100, illisibles sur la stèle, ont été restitués grâce à des copies effectuées sur des tablettes d'argile.
Le texte de la stèle s'achève par un bref épilogue, encore à la gloire de Hammurabi.
Les différents « articles » du Code de Hammurabi, fixent différentes règles de la vie courante. Les lois qui y sont rassemblées touchent aux apports qui unissent les groupes sociaux, la famille, l’armée, la vie (Religion) religieuse et la vie (Secteurs économiques) économique. Elles ont toujours trait à des situations très précises concernant les vols, les prêts, les honoraires, les contrats, les fermages, les débiteurs insolvables, les esclaves fugitifs, le statut de la femme.
Les « articles » régissent notamment :
- la hiérarchie de la société : trois groupes existent, distingués par leur honorabilité, en premier l' awīlum, homme libre vivant dans la sphère du palais et travaillant pour l'administration royale, puis le muškēnum, homme libre travaillant dans le cadre communautaire, et enfin le wardum, esclave ;
- une certaine « protection sociale » : un esclave ne doit en aucun cas être séparé de sa femme et de ses jeunes enfants ;
- les prix : il s'agit plus de la fixation d'un « juste prix » indicatif, que d'un prix obligatoire imposé par le pouvoir ; on peut voir dans le Code que les honoraires des médecins varient selon que les soins donnés s'adressent à un homme libre ou à un esclave ;
- les salaires : ils varient selon la nature des travaux réalisés ; là encore il s'agit plutôt d'un salaire indicatif, non impératif ;
- la responsabilité professionnelle : un architecte qui a réalisé une maison qui s'est effondrée sur ses occupants et ayant causé la mort du propriétaire, on tuera l'artisan. Si c'est le fils du propriétaire qui est tué, on tuera le fils de l'artisan. Si c'est une esclave du propriétaire qui est tué, l'artisan devra lui fournir un nouvel esclave.
- le fonctionnement judiciaire : la justice est rendue par des tribunaux et il est possible de faire appel auprès du roi, les décisions doivent être écrites ; la recherche du témoignage est à la base de la sentence prise par le juge et l’on n’a recours aux procédés magiques, telle l’ordalie, que lorsque la vérité paraît insaisissable ;
- les peines : toute une échelle des peines est inscrite suivant les délits et crimes commis. La Loi du Talion est la base de cette échelle : qui porte préjudice en doit réparation à proportion de celui-ci.
Fonction
Le Code de Hammurabi n'est pas un ensemble ordonné de règles édictées par voie d'autorité, analogue à un code pénal ou civil au sens moderne, à partir duquel les juges doivent viser un texte précis pour motiver une décision. Il s'agit d'une compilation de décisions de justice, issue de la pratique jurisprudentielle et contentieuse, rendues par le roi Hammurabi et réunies en un texte. Il s'agissait de fournir des exemples de la sagesse du roi, conservés à l'usage des générations à venir. On l'a ainsi comparé à une sorte de traité de la justice. Le Code de Hammurabi était encore en usage à l'époque néo-assyrienne (911-609), certaines de ses dispositions faisant encore jurisprudence.
L'introduction et la conclusion du texte, parfois délaissées dans les études contemporaines, sont particulièrement intéressantes ; on peut en déduire l'intention des rédacteurs du texte : c'est avant tout l'œuvre législative d'un roi désirant accéder à la postérité en montrant le bon exemple à suivre. L'étude comparée des codes de lois mésopotamiens a permis de mieux comprendre comment ce genre littéraire était issu des recensions commémoratives des hauts faits royaux, dans lesquels on inclut les actes juridictionnels pris par le roi, à titre d'exemples concrets de ses grandes qualités, comme la construction d'un temple ou une victoire. L'exercice de la bonne justice (mišarum) entre dans la fonction royale mésopotamienne au même titre que l'entretien des dieux ou le commandement militaire.
Sources
Notes et références
- code d'Urukagina » qui serait le plus ancien texte juridique écrit (vers -2350) mais il ne nous en est parvenu aucun fragment. (cité dans l'article « Code d'Hammurabi » de l'Encyclopædia Universalis et dans Les grandes dates de l'histoire du droit sur le site de l'aidh.) Il est fait référence dans certains textes antiques au «
- fragment d'un code sumérien datant d'Ur-Nammu, le fondateur de la IIIe dynastie d'Ur (vers 2 100), fournit le plus ancien texte de décisions actuellement connu. » (Jean Gaudemet 1998, p. 29) « Une tablette contenant un
Bibliographie utilisée
- Jean Gaudemet, Les institutions de l'Antiquité, Paris, Montchrestien, coll. « Domat Droit public », 5e éd., 1998, 511 p. (ISBN 2-7076-1063-1)
Pour aller plus loin
Articles connexes
Bibliographie indicative
- D. Charpin, Hammu-rabi de Babylone, Paris, 2003
- (en) R. Westbrook, « Old Babylonian Period », dans R. Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law vol. 1, Leyde, 2003, p. 361-430
- (en) M. Roth, Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Atlanta, 1997
- A. Finet, Le Code de Hammurabi, Paris, 2002
- B. André-Salvini, Le Code de Hammurabi, Paris, 2004
- J. Bottéro, « Le "Code" d'Hammurabi », dans Mésopotamie, L'écriture, la raison et les dieux, Paris, 1987, p. 191-223
- D. Charpin, « Lettres et procès paléo-babyloniens », dans F. Joannès (dir.), Rendre la Justice en Mésopotamie, Archives judiciaires du Proche-Orient ancien (IIIe-IIe millénaire avant J.-C.), Saint-Denis, 2000, p. 68-111 [lire en ligne]
Liens externes
- Présentation sur le site du Musée du Louvre.
- (en) Traduction du Code d'Hammurabi
- [PDF] Jean-Guy Degos, « La Mésopotamie, berceau de la finance et de la comptabilité. » sur IRGO, 1999 (comprend la traduction littérale du Code d'Hammurabi)
- JP Morenon : traductions françaises intégrales, comparées et commentées de 4 traducteurs (JV Scheil, LW King, A Finet et P Cruveilhier).
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