- Mzab
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Pour l’article homonyme, voir M'zab (Maroc).
Vallée du M'Zab * Patrimoine mondial de l'UNESCO Coordonnées Pays Algérie Subdivision Wilaya de Ghardaïa Type Culturel Critères (ii) (iii) (v) Superficie 4 000 ha Numéro
d’identification188 Zone géographique États arabes ** Année d’inscription 1982 (6e session) modifier Le Mzab ou M'zab (mozabite : Aghlan, arabe : مزاب) est une région du nord saharien berbérophone, située dans la wilaya de Ghardaïa, une division administrative assimilable à une province. Situé à 600 km (310 mi) au sud d'Alger, il y a approximativement 360 000 habitants (estimation 2005)[1],[2].
Sommaire
Étymologie
Selon le traducteur d'Ibn Khaldoun, le mot Mzab provient du mot Al Azzaba « Les hommes non-mariés » [3].
Le mot Mzab provient du mot mousaab : en langue mouzabite le caractère S (sad en arabe) se lit parfois Z ; c'est le cas du mot e-ssiyam( jeûne) qui se lit en Mouzabite azomi[réf. nécessaire]
Géographie physique
L'oued M'zab traverse ce plateau du nord-ouest vers le sud-est.
Situation, superficie
L'annexe de Ghardaïa est située entre 33° et 31° 15' de latitude nord - 2° 30' et 5° de longitude est.
La superficie de l'annexe de Ghardaïa qui couvre l'ensemble du pays appelé M'zab est de 2 750 000 hectares. Cette superficie comprend non seulement la Chebka mais aussi les parcours sahariens avoisinants d'aspects plat ou faiblement ondulé qui s'inclinent à l'est vers la dépression d'Ouargla, et à l'ouest vers le Grand Erg Occidental.
La ville de Ghardaïa, chef-lieu administratif, sur l'Oued M'Zab, occupe une position centrale dans la moitié Nord et au cœur de la Chebka. Elle est distante d'Alger de 630 kilomètres et située à peu près sur le méridien de la capitale algérienne.
Géologie - Orographie
Le Mzab est un plateau rocheux dont l'altitude varie entre 300 et 800 mètres. Ce relief, qui date du crétacé supérieur, se présente sous la forme d'une vaste étendue pierreuse et de roches brunes et noirâtres. Les terrains sont calcaires. Leur structure à peu près horizontale indique qu'ils sont restés en place, à l'écart des mouvement orogéniques, depuis leur formation.
L'altitude moyenne est de 500 mètres (Ghardaïa : 526 mètres).
Les vallées les plus profondes bordées de falaises rocheuses aux pentes rapides accusent une déclivité qui dépasse rarement 100 mètres par rapport au plateau.
Le M'zab est donc dans l'ensemble une région plate mais où l'érosion fluviale, jointe à l'action du climat désertique, a créé une multitude d'accidents superficiels qui rendent les communications des plus malaisées.
Climat - Pluviométrie - Hydrographie
Le M'zab doit à sa situation d'appartenir tout entier au climat désertique. Mais la Chebka est plus encore : "un désert dans le désert". Le plateau rocheux, perméable, buriné par l'érosion éolienne, dépourvu de cuvettes d'accumulation, ne porte ni terres ni eau. Épine dorsale du Sahara, il dirige le produit de ses faibles précipitations à l'est et à l'ouest hors de la portée de ses habitants par des oueds médiocres de type purement saharien : Oued M'Zab, Oued Metlili, Oued Sebseb, Oued N'Sa. À l'extrémité nord-est cependant, l'Oued Zegrir, descendu de la région des Dayas (Annexe de Laghouat) a des crues plus fréquentes et crée une situation favorisée à l'Oasis de Guerrara.
La hauteur moyenne des précipitations atmosphériques, mesurée à Ghardaïa, est de 67 m/m seulement. Elles tombent essentiellement sous forme de pluies d'orage à l'automne et au printemps. Certaines années sont à peu près sèches (39 m/m en 1944), d'autres exceptionnellement pluvieuses (109 m/m en 1951).
Étant donné la basse latitude et l'altitude modérée, la température est très élevée en été (maximum absolu à Ghardaïa : 50 °C), modérément fraîche en hiver (minimum absolu : moins 1 °C à Ghardaïa). Les gelées sont rares et de faible importance. En hiver comme en été, la variation diurne de température est importante, étant donné la sécheresse parfaite de l'atmosphère. Pour la même raison, la luminosité est intense.
Des vents de sable venant du Sud-Ouest accentuent périodiquement la sécheresse du climat. Ils sont particulièrement fréquents et violents à la fin de l'hiver et au début du printemps.
Végétation
Dans la Chebka, le paysage est désolé et la végétation spontanée, toujours très rare, ne se rencontre qu'en bordure des oueds. Les espèces qui reverdissent après chaque pluie sont des herbacées et des arbustes (Rtem, Jujubier) appartenant tous à la flore saharienne.
Cette maigre végétation ne peut être utilisée que pour le paccage des camelins, des caprins et d'assez rares ovins.
En dehors de la Chebka, la végétation est plus abondante et permet aux ovins des régions présahariennes de séjourner en grand nombre sur les pâturages pendant l'hiver et le printemps.
Mais, même dans ces régions moins défavorisées, l'arbre demeure une exception remarquable et la flore ne comporte pas d'espèces plus développées que le jujubier.
Quelques Betoum (pistachier sauvage) se rencontrent dans le lit des oueds les plus humides (Oued N'Sa).
Histoire
Article détaillé : Mozabites.La région a été peuplée par des communautés troglodytes à partir du Néolithique. On connaît assez mal ces premiers habitants. En tout, le Mzab a vu naître 25 cités aujourd'hui disparues.
Durant l'Antiquité, les romains notèrent la présence de rares campements nomades numides avant Jésus-Christ, berbères ensuite.[réf. nécessaire]
À partir du Xe siècle, après la chute de leur empire Rostémide et soucieux de laisser une distance dissuasive avec leurs détracteurs fatimides, les survivants de la famille royale guidèrent leurs citoyens dans la région inhospitalière de la Chebka (« filet »), où ils entamèrent la construction de leurs villes fortifiées. Mêlés aux populations berbères présentes, ces premiers habitants du Mzab s'appelèrent les Béni Mzab (« enfants du Mzab »)
La population noire[4] (« ikurayan ») aurait été importée par la traite orientale. Ils viendraient de la région de Kôra au Soudan, anciennement enlevés de leurs pays par les touaregs ou les arabes. Ils étaient surtout employés comme jardiniers. La population mulâtre serait issue des mariages entre hommes Mozabites et femmes noires, et formait la milice du Mzab lorsqu'une guerre éclatait entre arabes et mozabites, mais n'étaient pas employés à la garde. Leur métier était fabriquant de savates, bouchers, crieurs publics, et pouvaient devenir clercs (mais ne pouvaient prétendre à faire partie des « douze »). À une certaine date ils furent tous affranchis mais pouvaient décider de rester avec leurs anciens maîtres[5].
Ils furent rejoints par une première communauté juive tochavim déjà présente dans le Maghreb, probables descendants d'une fraction israélite partie à l'ouest lors de l'Exode, comme en attestent les manuscrits ancestraux qu'ils conservaient à la synagogue de Ghardaïa.
Au XIIe siècle, une seconde communauté juive en provenance de l'île de Djerba vint à l'instigation des ibadites de Ghardaïa.
Du XIVe siècle au XVIe siècle, la région a fait partie du Royaume Zianide. Dès cette période, des communautés arabes vinrent s'agréger au Mzab.
La diaspora des juifs séfarades issue de l'expulsion des Juifs d'Espagne par le décret d'Alhambra (1492) entraîna leur émigration massive en Afrique du Nord, dont au Mzab.
1510 : Expédition du détachement militaire mozabite (brigade de Cheikh Bahayou ben Moussa Atfaoui) sur l’ile de Djerba. Les troupes de Cheikh Bahayou ont réussi avec les troupes de Djerba, à détruire l’expédition navale de Don Garcia De Toledo, au large de Djerba. Cette brigade fut mobilisée pour repousser les attaques espagnoles sur les côtes algériennes, en concert avec les forces navales ottomanes de Khierddine Barbarous. Ceci suite à l’accord de ce dernier avec les notables mozabites d’Alger (Cheikh Bahayou ben Moussa Atfaoui et le délégué général du M’zab à Alger Cheikh Bakir Ben Hadj Mohamed Ben Bakir Lemliki)[6].
1792 : 1206H, annexion du M’zab au Baylik de l’Est Algérien(Baylik = wilaya, département ou province). Ceci à la demande de Salah Bey au Dey d’Alger (gouverneur général d’Algérie) Hassan Bacha Doulatli. Cette démarche a été déclinée par les notables du M’zab, suite à un différent d’ordre fiscal. Le Dey d’Alger a, rapidement, annulé cette annexion et a nommé un nouveau Bey à Constantine (Bey Bouhenk)[6].
Depuis le XVIIIe siècle, la région accentue son rôle de carrefour commercial caravanier de l'Afrique saharienne, autour de produits tels que la laine, les dattes, le sel, le charbon, les armes, mais aussi les esclaves[réf. nécessaire]. La présence de Mozabites installés dans les villes du nord du Maghreb telles que Tunis et Alger confirme leurs capacités commerciales.
La France occupa l'Algérie en 1830 et la retira de la domination ottomane.
Après la capture de Laghouat par les Français, les Mozabites concluent avec le gouvernement d'Alger une convention qui les engage à payer une contribution annuelle de 1 800 francs pour obtenir l'autonomie. En 1853, la Fédération des Sept Cités du Mzab signe un traité avec la France, le texte garantit une autonomie à la région. Puis, la France annexa le Mzab afin de mettre fin à l'oppression des pillards nomades (1882).
Les colons français notèrent notamment l'ingéniosité du système d'irrigation particulièrement développé par les mozabites dans leurs oasis et la motorisèrent [réf. nécessaire]. La région du M'Zab fut notamment représentée en peinture par les peintres Maurice Bouviolle, Marius de Buzon et d'autres peintres Orientalistes Français.
L'abrogation du décret Crémieux par le gouvernement de Vichy en 1940, ainsi que les lois sur le statut des Juifs applicables tant en métropole qu'en Algérie, suscitèrent la crainte de la communauté juive algérienne d'une action génocidaire nazie semblable à la Shoah en France, les poussant à se réfugier dans le Mzab.
Bien que participant activement à la vie du Mzab, l'éclatement du conflit israélo-palestinien en 1948 envenima les relations entre juifs et arabes du Mzab. La communauté israélite préféra profiter de la « solidarité nationale » française pour se retirer du Mzab, préférentiellement pour l'Alsace.
Les villes du Mzab
À l'origine le Mzab était un ensemble de 5 oasis de 72 km² à 600 km au sud d'Alger :
- Ghardaïa
- Beni-Isguen
- El-Ateuf
- Mélika
- Bou Noura
et de deux oasis isolés plus au nord :
- Berrian
- Guerrara.
Ghardaïa
Fondée en 1048[7] ou 1053[8] sur la rive droite de l'Oued M'zab et en amont des quatre autres centres de la Pentapole par deux frères Slimane et Mohammed ben Yahia, cette ville devint rapidement la capitale commerciale du M'zab.
La Mosquée et son minaret en forme de tronc de pyramide très allongé, domine toute la cité. Celle-ci, située sur les flancs d'une éminence conique au milieu de l'oued M'Zab, développe l'étagement de ses maisons en un panorama qui ne manque ni d'originalité, ni de grandeur.
C'est, de plus, une véritable ville d'été par le nombre de maisons de campagne qui s'y trouvent. Ces villas de plaisance sont occupées durant toute la saison chaude par les familles entières venues chercher l'isolement et quelque fraîcheur.
Mais la vie y continue comme en ville, dans les chapelles qui tiennent lieu de mosquée, dans les écoles coraniques, chez les artisans et commerçants qui font la saison.
Bou-Noura
Fondée en 1046 par une fraction des Béni-Mthar d'Ouargla encouragée par le succès de la jeune ville d'El-atteuf.
Vers 1750, une fraction de Melika expulsée, les Oulad Abdallah, fut accueillie à Bon-Noura par les Béni-Mathar qui, après les avoir laissé construire des maisons, les chassèrent à leur tour. Ils se réfugièrent à El-atteuf.
Mais les autres ksours vinrent attaquer Bou-Noura et la détruisirent de fond en comble.
Le ksar qui existe aujourd'hui fut rebâti sur le premier par les survivants des Oulad Abdallah.
Son oasis, limitée à quelques milliers de palmiers, est d'une importance tout à fait négligeable. Bou-Noura est, comme les autres ksours de la Pentapole, dans la dépendance économique de Ghardaïa dont elle n'est distante que de 3 kilomètres.
Beni-Isguen
Fondée en 1347 au confluent de l'oued N'tissa et de l'oued M'zab, elle ne fut d'abord qu'un petit village grossi au XVIe siècle d'éléments émigrés de Ghardaïa.
C'est aujourd'hui, après Ghardaïa, la ville la plus importante de la Pentapole.
Ville sainte du M'zab, foyer intellectuel de l'Ibadisme, Beni-Isguen occupe une position toute particulière dans la sentimentalité mozabite. Sa rigoureuse propreté, la belle ordonnance de ses rues et de ses maisons, ses remparts intacts attirent l'attention. C'est une ville antique prolongée jusqu'à aujourd'hui et toujours jalousement préservée des contacts étrangers.
La palmeraie s'étend le long de l'oued N'tissa sur 3 kilomètres.
Beni-Isguen a perdu son ancienne importance commerciale au profit de Ghardaïa située à 2 km seulement. Elle possède cependant un marché aux enchères quotidien très couru qui est une sorte de bourse de l'artisanat.
EI-Atteuf
La plus ancienne ville du M'zab, fondée en 1012 de l'ère chrétienne par une fraction d'ibadites venus de l'oued Dya.
Située à l'extrémité aval de la Pentapole et détachée par rapport aux autres ksours, El-atteuf est aujourd'hui une cité peu florissante en raison de sa situation géographique. Les palmiers de l'oasis sont dispersés le long de l'oued M'zab.
Melika
Petite cité guerrière qui domine la vallée de l'oued M'zab. Elle fit alliance avec les Chaamba Berezga de Metlili, qu'elle conquit à l'influence mozabite après avoir procédé à un échange de population.
Sa palmeraie est à peu près inexistante, mais les habitants de Melika possèdent à Metlili de très nombreux jardins.
Sa population comprend une fraction arabe originaire de Metlili.
Berrian
Fondée en 1101 de l'Hégire (1690) sur l'oued Bir, affluent de l'oued N'sa, à 45 km au nord de Ghardaïa, par deux fractions chassées de cette dernière ville. La population comprend une minorité arabe composée d'Oulad Yahia, tribu maraboutique venue des Zibans.
L'oasis de Berrianne est florissante. L'eau est assez peu abondante, mais la terre est très fertile et les jardins sont bien entretenus.
La ville est un centre commercial important en voie de développement rapide grâce à sa position sur la grande route Ghardaïa-Alger et aux échanges occasionnés par la proximité immédiate du pays du mouton.
Guerrara
Fondée en 1631 par les Oulad Makha, qui habitaient auparavant Ghardaïa et Melika, elle est la plus excentrique des villes du M'ZAB, à 100 km de Ghardaïa.
Cette cité, très considérable pour le désert (7 719 habitants) se trouve sur le passage des caravanes parcourant le Sahara d'est en ouest et du nord au sud.
Une partie de la population (fractions des Attatcha, Draisse et Oulad Abdallah) est arabe. Ces nomades furent appelés au XVIIIe siècle par les Mozabites de la ville pour renforcer leur lutte les factions opposées.
Le marché quotidien, qui a lieu l'après-midi, est très fréquenté par les Larbaa, les Oulad Nail et les nomades de Touggourt et de Biskra.
L'oasis (45 000 palmiers) installée au fond d'une daia contre les dernières maisons de la ville, est presque luxuriante en temps ordinaire. L'Oued Zegrir, qui vient de la région des daias, la submerge de ses eaux à intervalles irréguliers.
La crue détournée et retenue par des ouvrages hydrauliques fort ingénieux, peut séjourner plusieurs mois avant de s'infiltrer.
Guerrara, deuxième ville du M'zab, est la capitale du mouvement moderniste mozabite qui a vu le jour dans ses murs.
Metlili-des-Chaamba
Ce petit ksar, accolé à une vaste palmeraie, est le berceau des Chaamba et, en même temps, fait partie intégrante du M'zab, à la vie économique duquel il participe étroitement.
Langues
Article détaillé : Mozabite.La population mozabite de souche berbère pratique encore sa langue vernaculaire le mozabite pratiquée par environ 200 000 locuteurs[9], qui se rattache étroitement aux Langues berbères(Tamazight) [10].
L'ensemble de ces populations parle l'arabe, langue du commerce, des affaires et des actes civils.
Les Chaamba, une fraction des Banu Sulayms ne parlent que l'arabe.
L'hébreu est utilisé par les derniers israélites dans les actes civils et religieux, et peu, semble-t-il, dans la vie courante.
Le français, introduit lors de la colonisation, est conservé dans les programmes scolaires et universitaire.
Religions
Article détaillé : Ibadisme.C'est surtout par une religion particulière que se distinguent les mozabites. Le rite ibadite auxquels ils appartiennent est caractérisé en premier lieu par une intransigeance doctrinale qui est en opposition avec l'Islam orthodoxe. L'ibadisme rejette ces « arrangements avec le ciel » que souvent les hommes font dans la pratique pour tempérer une religion trop sévère. Pour l'ibadite, tout homme religieux, s'il veut être digne de ce nom et gagner le ciel, doit observer non seulement l'esprit, mais la lettre du texte sacré, le Coran, que l'Ange Gabriel a transmis au Prophète et qui est la parole même de Dieu.
Le Coran est le Livre de la vie tout entière. Aucun Hadith ne saurait en détruire, amender ou étendre les préceptes ; aucun homme ne saurait valablement édicter de nouvelles règles religieuses. L'intervention de l'homme n'est justifiée que dans la mesure où celui-ci, tirant les conclusions du Livre Saint, s'occupe de définir les règles pratiques de la vie religieuse.
Cette intransigeance aboutit à une sorte de protestantisme musulman où l'absence d'intermédiaires entre Dieu et l'homme est compensée, comme chez Calvin, par une réglementation restrictive extrêmement développée.
Fruit de circonstances religieuses, le M'zab se présente comme une nation théocratique. Pour éviter le libre examen où n'aurait pas manqué de conduire le rejet de toute espèce de sacerdoce, les mozabites ont confié dès les origines, à des assemblées religieuses, les Djemaàs de Mosquée présidés par un Chikh, le soin d'édicter des règles absolues tant civiles que religieuses. Les règles qui constituent la charte même de l'ibadisme mozabite ont, été réunies au XVIIe siècle en une immense codification, le « Nil », par un savant théologien de l'ibadisme.
Les Chaambas se rattachent au rite orthodoxe malékite. Leur piété stimulée par le contact de leurs voisins est généralement très vive.
Par ailleurs, comme tous les Maghrébins, les Chaambas ont toujours été sensibles à l'action des hommes pieux, des santons locaux ou régionaux, créateurs de confréries. C'est au XVIe siècle que Sidi Chikh, qui passa une partie de sa vie à Metlili, fit rentrer un grand nombre de Chaamba dans les observances de sa doctrine.
Les Juifs possédaient à Ghardaïa une synagogue qui contient de très anciens manuscrits de la Bible. Le contact des mozabites a fait que chez eux aussi les prescriptions religieuses sont observées avec le plus grand soin. Plusieurs Rabbins desservent la communauté.
Architecture
Il y a cinq qsur, « villages fortifiés » (ksour), localisés sur un affleurement rocheux le long de l'Wed Mzab et collectivement connus comme la Pentapolis. Ce sont Ghardaïa (« Tagherdayt »), principal village aujourd'hui, Beni Isguen (« Isjen »), Melika (« Mlishet »), Bounoura (« Bunur ») et El-Ateuf (« Tajnint »). En y ajoutant les plus récentes cités de Bérianne et El Guerara, le Mzab Heptapolis est au complet.
La combinaison d'un fonctionnement puritain de la foi ibadite avec la façon de vivre des oasis a conduit à une organisation stricte du territoire. Chaque citadelle était une sorte de forteresse-mosquée, dont le minaret servait de tour de garde. Des maisons de taille et de type standards ont été construites en cercles concentriques autour de la mosquée. L'architecture des colonies mozabites a été dédiée à une égale vie communautaire, avec le respect de l'intimité familiale. Les constructions du Mzab sont de style Libyen-phéniciens, plus spécifiquement berbère et a été répliqué dans d'autres parties du Sahara[11].
En été, les mozabites migrent dans des « citadelles d'été », centrées autour d'oasis de palmiers. C'est l'un des groupes majeurs d'oasis du désert Saharien, bordé par des contrées arides nommées chebka, traversées par des lits de rivières asséchées.
La vallée du Mzab fait partie du patrimoine mondial[12] depuis 1982, comme un exemple intact d'habitat humain traditionnel parfaitement adapté à l'environnement.
Tourisme
« Le paysage de la vallée du M'Zab, créé au Xème siècle par les Ibadites autour de leurs cinq ksour, ou villages fortifiés, semble être resté intact. Simple, fonctionnelle et parfaitement adaptée à l'environnement, l'architecture du M'Zab a été conçue pour la vie en communauté, tout en respectant les structures familiales. C'est une source d'inspiration pour les urbanistes d'aujourd'hui. »
— Unesco
Ghardaïa
- • Vieux Ksar
- • Vieille mosquée
- • Ancienne Place du marché
- • Mosquée souterraine
- • Palmeraie
- • Partage des eaux
- • Système d’irrigation
Beni-Isguen
- • Vieux Ksar
- • Tour Boulila
- • Marché de la vente à la criée
Melika
- • Vieux Ksar
- • Cimetière de Cheikh Sidi Aïssa
El-Atteuf
- • Vieux Ksar
- • Mausolée Cheikh Ammi Brahim.
Bou-noura
- • Vieux Ksar
Le directeur du tourisme de cette région a indiqué que plus d'un millier de touristes (350 étrangers) ont séjourné dans la vallée du Mzab entre le mois d'octobre et de novembre 2010[13].
Société
La nature insulaire des ibadites a préservé la zone, et l'ibadisme continue de rythmer la vie sociale de la région. Un conseil fédéral, Majlis Ammi Said, unités représentatives des Sept Cités comme Ouargla, une ancienne ville localisée à 200 km au sud-est de la vallée du Mzab. Ce conseil forme un corps fédéré pour les affaires religieuses, sociales, et, de plus en plus culturelles. Ce conseil fédéral religieux représente un « type islamique de gouvernement » unique aujourd'hui.
De nombreux détails de la vie sociale ibadite sont régis par ce gouvernement islamique, comme le poids en or donné en dot à une femme (maximum de 60 grammes) jusqu'à la durée de la célébration des fiançailles (trois jours). Le conseil prend des décisions sur des détails comme les dots, les célébrations, les robes. Il peut également décider de punitions, incluant l'exil, et une forme de tabriyya « quarantaine », où l'offenseur ne doit pas interagir avec ses concitoyens. Cependant, avec l'intégration économique, sociale et politique à l'Algérie, ces sanctions sont moins prononcées, et tendent à avoir plus d'effets sur les femmes.[réf. nécessaire]
Gardaya est une des quatre larges villes militaires et administratives dans laquelle le sud algérien était divisé à l'époque coloniale et la seule des cinq cités du Mzab qui admettait des européens, des juifs, des arabes et d'autres éléments étrangers[14].
Annexes
Voir aussi
- Mozabite
- Mozabites
- Ghardaïa
- Wilaya de Ghardaïa
- Hilaliens
- Berbère
- Berbères
- Ibadisme
- Ibn Rustom
- Rustomides
Bibliographie
- A. Coyne, Le Mzab (Algers, 1879)
- Rinn, Occupation du Mzab (Algers, 1885)
- Amat, Le M'Zab el les M'Zabites (Paris, 1888).
- [ lire en ligne] Étude sur la zenatia du Mzab
Références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Mzab » (voir la liste des auteurs)
- http://lexicorient.com/e.o/mzab.htm
- http://www.globosapiens.net/travel-information/Ghardaia-2369.html
- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, note de la page 851, selon le traducteur De Slane
- http://books.google.com/books?id=IRfWgB_TTMoC&pg=PA83&lpg=PA83&dq=n%C3%A8gres+gharda%C3%AFa&source=bl&ots=nShxpwLJLb&sig=dKK_J1UQSKS3L61SAcxWkqwECjM&hl=en&ei=NnC-TdirIcG5hAf4_eDBBQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=4&ved=0CDMQ6AEwAw#v=snippet&q=n%C3%A8gres&f=false Faits et dires du Mzab, J. Delheure
- Faits et dires du Mzab, J. Delheure, p.30
- Rôle des Mozabites dans l’histoire de l’Algérie. Auteur : Cheikh Hammou Aissa Ennouri
- http://www.opvm.dz/public/opvm/catalogue/index/id/dc673ccd14b3f39992e5e70652d70fef Office de protection et de promotion de la vallée du M'Zab
- http://www.monographie.caci.dz/index.php?option=com_content&view=article&id=77 Chambre algérienne de commerce et d'industrie
- (fr) « Langue et littérature berbères », article de Salem Chaker, professeur de berbère à l'Inalco et directeur du Centre de recherche berbère.
- Émile Masqueray, « Comparaison d’un vocabulaire des Zenaga avec les vocabulaires correspondants des dialectes Chawia et des Beni Mzab », Archives des missions scientifiques et litteraires 3/5, 1879, p. 473-533
- "Mzab". E.J. Brill's first encyclopaedia of Islam, 1913-1936. 2. BRILL. pp. 167 .. ISBN 90-04-08265-4 Houtsma, Martijn Theodoor (1987).
- UNESCO
- http://www.radioalgerie.dz/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=2154:engouement-des-touristes-pour-le-mzab&catid=3:societe&Itemid=37 Rédaction Radionet - Mardi, 02 Novembre 2010 12:36
- http://www.jstor.org/pss/2843999
Liens externes
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