Moshe Ben Maimon

Moshe Ben Maimon

Moïse Maïmonide

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Moïse Maïmonide
Philosophe cordouan
Philosophie médiévale
Moïse Maïmonide (selon une représentation artistique fréquente)
Moïse Maïmonide (selon une représentation artistique fréquente)
Naissance : 30 mars 1138 (Cordoue, Espagne)[1]
Décès : 13 décembre 1204 (Fostat, Égypte)
École/tradition : Philosophie juive, Péripatétisme
Principaux intérêts : Métaphysique, Éthique, Théologie
Idées remarquables : Accord entre la loi et la raison
Œuvres principales : Le Guide des égarés
Influencé par : Talmud, Aristote, Al-Farabi, Avicenne, Al-Ghazâlî, Averroès
A influencé : Thomas d'Aquin, Maître Eckhart, Pic de la Mirandole, Bodin, Spinoza, Mendelssohn, Lumières juives, Hermann Cohen, Léo Strauss

Le rabbin Moshe ben Maimon (hébreu: הרב משה בן מיימון, souvent abbrévié en HaRambam; arabe: أبو عمران موسى بن ميمون بن عبد الله القرطبي الإسرائيلي Moussa ibn Maimoun ibn Abdallah al-Kourtoubi al-Israili Moïse fils de Maïmon fils d'Abdallah (Ovadia) le cordouan juif; grec: Μωυσής Μαϊμονίδης Moyses Maïmonides, francisé en Moïse Maïmonide) était un médecin, officiant à la cour de Saladin, philosophe, commentateur de la Mishna, légaliste, codificateur, et Naggid (chef de la communauté) des Juifs d’Égypte, né le 30 mars 1138 à Cordoue et mort le 13 décembre 1204 à Fostat.

Excellant dans chacun des domaines qu'il exerça, il influença durablement le monde non-juif (notamment le Moyen Âge latin). Bien que ses travaux furent fortement contestés de son vivant[réf. nécessaire], tant dans le domaine de la philosophie que de la loi et l'éthique juives, il fut reconnu après sa mort comme l'une des plus grandes figures de la pensée juive, de l'histoire du peuple juif et du judaïsme même[réf. nécessaire], au point d'être comparé dans son épitaphe à Moïse : « Mi Moshe ad Moshe lo kam ké Moshe » (De Moïse à Moïse, il ne s'en leva aucun comme Moïse[2]).

Ses travaux sont actuellement considérés comme des classiques de la pensée et de l'étude juives. De nombreuses tendances du monde juif se sont revendiquées de son héritage, tant les pieux Juifs du Yémen, dont certains ne reconnaissent d'autre autorité que la sienne, que les partisans des Lumières juives, qui virent dans ses efforts pour concilier la foi et la raison, la tradition juive et la culture grecque, un précédent historique de leurs propres idées, perpétuées par Moses Mendelssohn qu'ils n'hésitaient pas à qualifier de « troisième Moïse. » C'est également du fait de son érudition dans le judaïsme et les sciences profanes que son nom fut donné aux athénées (Lycées) Maïmonide de Paris et Bruxelles.[réf. nécessaire]

Sommaire

Biographie

Statue de Maimonide dans le quartier de la Juderia de Cordoue.

Fils de Maïmon ben Yossef HaDayan, Issu d'une longue et illustre lignée de rabbins et juges, que certains n'hésitent pas à faire remonter jusqu'à Rabbi (lui-même réputé de lignée davidique), il naquit à Cordoue. Le fait que sa date de naissance soit connue au jour près (encore qu'un doute subsiste sur l'année, 1135 ou 1138), ainsi que celle de son décès est indicateur de la réputation qu'il avait acquise de son vivant. Il perdit sa mère en jeune âge.

Vers l'âge de 13 ans, il fut contraint à l'exil lors de la prise de Cordoue par les Almohades. Ceux-ci contraignaient effectivement à la conversion ou l'exil. La famille Maïmon émigra vers le Maghreb oriental almohade (actuel Maroc), où le jeune Moïse s'instruisit en sciences juives et profanes. Il lut Aristote, Hippocrate et bien d'autres et prit connaissance des écrits d'Averroès à la fin de sa vie. La légende veut qu'il se soit brouillé avec son père, désespéré par son désintérêt affiché pour les études religieuses, avant de reparaître, voilé par son talith, faisant un magistral sermon lors du Shabbat avant de se réconcilier avec son père, vaincu par l'émotion et la maestria dont faisait preuve son fils. S'il s'agit bien d'une légende, inspirée de la biographie de Rabbi Akiva rapportée dans le Talmud, il est probable que son intérêt pour les sciences philosophiques en soit à l'origine. Cependant, le Talmud lui-même ne rapporte-t-il pas : "La croyance des nations (idolâtres), ne la crois pas, la sagesse des nations, crois-la" ?

Cependant, Fès devint rapidement elle aussi le théâtre de disputes sur fond d'intolérance religieuse, et la famille Maïmon dut émigrer en Terre d'Israël. C'est là que mourut le Rav Maïmon en 1170, après avoir encouragé sa famille à descendre en Égypte, où Maïmonide fut prié par toutes les communautés de devenir leur rabbin. Il n'avait que quarante-deux ans, mais le karaïsme dominait en Égypte, et seul un homme de sa stature serait capable d'y faire face.

A la mort dans un naufrage de son frère David, dont le commerce de perles assurait leur subsistance, il refusa de "se faire une couronne de la Torah", et exerça la médecine pour subvenir à ses besoins. Son cabinet était ouvert à tous, juif, chrétien, musulman, riche ou indigent. Il parvenait encore à donner de magistrales leçons de philosophies, suivies de tous, et des cours d'études sacrées. Il devint rapidement médecin attitré du secrétaire de Saladin, ce qui lui valut autant d'inimitiés des médecins égyptiens que de membres de la communauté juive qui le soupçonnaient de vivre comme un converso.

Cette assertion, aussi fausse que ridicule, provient de ses rivaux, mais aussi de son disciple préféré, Joseph ibn Aqnin (auquel Maïmonide destina le Guide des égarés). Joseph avait transitoirement feint d'embrasser l'islam, avant de fuir, et de se rendre en Égypte, où il trouverait refuge auprès d'un érudit réputé nommé Moussa bin Maimun. Bien qu'il n'y ait pas eu de mauvaise intention de sa part, il est fort probable qu'il porta une grande créance à cette hypothèse, y donnant par là même beaucoup plus de crédit.

Par ailleurs, dans son Épître aux Juifs du Yémen, Maïmonide écrit effectivement qu'il n'y a ni honte ni disgrâce à se convertir sous la contrainte, et que mieux vaut un Juif converti mais vivant, pour autant qu'il continue à pratiquer sa religion en secret, qu'un Juif mort. Quant à Maïmonide lui-même, sa personnalité était trop forte, et son prestige trop grand pour qu'il dût y recourir : le Roi Richard lui-même souhaita l'attacher à sa cour, offre que Maïmonide déclina.

Il mourut à Fostat, mais fut enterré à Tibériade, aux côtés de son père.

Sa première grande œuvre fut le Commentaire sur la Mishna. En théologie, il est notamment l'auteur du Mishné Torah, ouvrage monumental rédigé en hébreu dans une langue pure, et non en arabe ou en araméen comme il était d'usage, et destiné à remédier à la dispersion millénaire des règles de la pratique juive (Mishna). Son œuvre dans ce domaine constitue encore le socle de la loi rabbinique.

Comme philosophe, il introduisit la logique aristotélicienne dans la pensée juive et ouvrit des pistes dans les domaines de la psychologie et de l'éthique. Mais son apport essentiel consiste en une conciliation de la science et de la religion qu'il expose dans son Guide des égarés écrit cette fois en arabe. Maïmonide estime que la recherche sans préjugés de la « vérité scientifique », loin d'exclure Dieu, amène à mieux connaître sa perfection - pensée que l'on retrouve d'une certaine manière chez un autre Cordouan musulman, Averroès.

Influence

Transmission de la Torah

Haza"l
Grande AssembléeZougot
TannaïmAmoraïm
Savoraïm


Gueonim


Rishonim


Aharonim


Maïmonide fut l'un des rares penseurs du judaïsme médiéval dont l'influence rayonna au-delà des cercles juifs.

Cette influence, perdura jusqu'aux Lumières : Spinoza, Moïse Mendelssohn, considéré par certains comme son successeur (pour certains, il serait même le "troisième Moïse", cf. épitaphe)...

De nos jours, il est l'un des philosophes juifs les plus respectés et ses théories reprennent force et vigueur dans la pensée juive contemporaine.

Au cours des siècles suivants, l'influence de Maïmonide fut source de conflits entre maïmonidiens et antimaïmonidiens. Mais la plupart des penseurs restent partagés, reconnaissant le génie de l'homme et sa vision aristotélicienne du monde, mais rejetant les éléments qu'ils considèrent comme en désaccord avec la tradition.

Le plus important critique de la philosophie maïmonidienne, et aristotélicienne en général, fut Hasdaï Crescas, l'auteur de Or Hashem. Sa critique entraîna de nombreux savants du XVe siècle à défendre les travaux de Maïmonide.

Voir aussi : Philosophie juive

Maïmonide le médecin

La médecine ne fut pas l'apanage de Maïmonide, d'autres érudits du judaïsme, comme Juda Halevi avant lui, Abraham Maïmonide, Moshe ben Nahman, Joseph ibn Caspi, Lévi ben Guershom, Moïse Narboni, Salomon ben Adret et d'autres après lui furent médecins et vécurent de leur art, considérant que seul un corps sain peut œuvrer à sanctifier le monde. Cependant, aucun n'atteint la réputation de Maïmonide.

Maïmonide ne fait de la médecine sa subsistance qu'après le naufrage de son frère David, négociant de pierres précieuses, dans l'Océan Indien. Maurice-Ruben Hayoun y voit l'évènement fatal, qui fit du rabbin Moshe ben Maïmon la figure-phare du judaïsme de son temps, Rabbenou Moshe (notre Maître Moïse, par allusion à Moshe Rabbenou), le Sage de Fostat.

Magie et médecine naturelle

Maïmonide ne voit dans la maladie que l'interruption d'un processus biologique normal, qui peut certes résulter de la volonté de Dieu, mais Sa volonté n'est pas de répandre la maladie, sinon pourquoi aurait-Il crée les plantes médicinales et autres moyens de guérison?

Il ne croit pas davantage au mauvais œil, cette malédiction humaine affaiblissant la personne sujette de leur inimitié. Qu'importe si des Sages du Talmud y croient, d'autres Sages du Talmud s'y opposent, dont Rabbi Akiva, ce qui prouve que le peuple d'Israël a été affecté par les pratiques magiques des peuplades environnantes, allant jusqu'à interpréter des passages bibliques dans ce sens, alors que la Bible ne les mentionne nulle part de façon explicite.

Un autre trait marquant de Maïmonide est sa conception expérimentale, clinique avant la lettre, de la médecine. Bien qu'instruit des théories et pratiques de ses prédécesseurs, il ne se fie pas nécessairement à leur parole, et n'hésite pas à mettre en doute des remèdes établis, ainsi que son propre jugement lorsque l'état du malade ne s'améliore pas.

Une hygiène rigoureuse

En fait de médecine, Maïmonide prône avant tout une hygiène de vie. S'assurant qu'une plainte ne résulte pas d'un trouble psychosomatique, il recommande, comme s'il s'agissait d'une prescription religieuse, de maintenir la santé de son corps, et d'éviter toute substance pouvant y nuire (les Juifs orthodoxes s'appuient sur ce précepte pour interdire les drogues, et certains le tabac). Il est recommandé de manger et boire sans excès des mets digestes, de quitter la table en ayant encore un peu faim, d'éviter les aliments trop fermentés, de réfréner le nombre de rapports sexuels (Maïmonide vit en Orient, et le harem y est monnaie courante. S'adressant à des personnages importants et susceptibles, il leur suggère subtilement de « modérer leur activité physique »), d'avoir un cycle de sommeil régulier et harmonieux, d'éviter la sieste diurne, et d'attendre quelques heures après le repas du soir avant d'aller dormir.
L'occlusion intestinale étant une cause de mort fréquente, Maïmonide recommande de déféquer une fois par jour au moins, avec laxatifs si nécessaire.

Le choix des médicaments doit également être graduel. Une diète rigoureuse si le mal est léger. Des drogues ressemblants à des aliments sinon, et ne réserver les "drogues infectes" que dans les cas désespérés.

Ces principes peuvent sembler désuets de nos jours, et dictés par le bon sens, mais le « bon sens » de l'époque était celui de Galien, et recommandait des remèdes basés sur une compréhension sympathique, presque magique, de la maladie.

Le médecin de cour

Maïmonide commence à pratiquer la médecine à la mort de son frère, David, survenue lors d'un naufrage dans l'océan Indien. Il s'investit dans la médecine, tant et si bien qu'il ne tarde pas à être appointé médecin personnel d'Al-Afdhal, fils de Saladin. C'est à la demande d'Al-Afdhal que Maïmonide réalisera la plupart de ses traités médicaux, notamment le Traité sur l'Asthme, la Guérison par l'esprit, et d'autres.

Cette position, qu'occupe le meilleur de son temps, ainsi qu'il le décrit à Samuel ibn Tibbon, lui vaut un prestige considérable dans la communauté juive, mais aussi une jalousie des médecins musulmans. Si Maïmonide se fait circonspect sur les désagréments qu'il eut à subir, la postérité abonde en légendes où il est typiquement celui qui, contraint à mesurer son art en poisons et drogues à ses adversaires, ne veut ni mourir ni tuer, se bornant à concocter des antidotes, alors que la peur et le doute brûlent les viscères de ses rivaux.
Néanmoins, il eut à en subir de vrais dommages, notamment les accusations (calomnieuses et mensongères) d'avoir renié l'islam après avoir feint de l'embrasser (cf. supra), ce qui aurait bien pu lui coûter la tête. Une légende apocryphe, inspirée de l'histoire de Rabbi Shimon bar Yochaï, raconte qu'il dut se cacher sept ans dans une grotte pour échapper à leur vindicte.
C'est précisément l'un de ses adversaires qui nous relatent une preuve de son indéniable succès : le roi Richard Cœur de Lion lui offre de se mettre à son service.

La Prière Médicale

La paternité de cette superbe prière, qui orne le cabinet de bien des médecins et chirurgiens-dentistes juifs,n'est pas unanimement attribuée au sage de Fostat, encore qu'elle soit rédigée dans son style. Le Pr. Fred Rosner (in la Médecine tirée du Mishneh Torah), par exemple, estime qu'elle ne peut être antérieure à 1783.

La prière médicale attribuée à Moïse Maïmonide
"Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'Art et pour toutes les créatures. N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art, car les ennemis de la vérité et de l'amour des hommes pourraient facilement m'abuser et m'éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants. Soutiens la force de mon cœur pour qu'il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l'ami et l'ennemi, le bon et le mauvais.
Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre. Fais que mon esprit reste clair auprès du lit du malade et qu'il ne soit distrait par aucune chose étrangère afin qu'il ait présent tout ce que l'expérience et la science lui ont enseigné, car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures.
Fais que mes malades aient confiance en moi et mon Art pour qu'ils suivent mes conseils et mes prescriptions. Éloigne de leur lit les charlatans, l'armée des parents aux mille conseils, et les gardes qui savent toujours tout: car c'est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l'Art et conduit souvent les créatures à la mort. Si les ignorants me blâment et me raillent, fais que l'amour de mon Art, comme une cuirasse, me rende invulnérable, pour que je puisse persévérer dans le vrai, sans égard au prestige, au renom et à l'âge de mes ennemis. Prête-moi, mon Dieu, l'indulgence et la patience auprès des malades entêtés et grossiers.
Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant."

Maïmonide le philosophe

« Il n’y a aucun moyen de percevoir Dieu autrement que par ses œuvres ; ce sont elles qui indiquent son existence et ce qu’il faut croire à son égard, je veux dire ce qu’il faut affirmer ou nier de lui. Il faut donc nécessairement examiner les êtres dans leur réalité, afin que de chaque branche de science, nous puissions tirer des principes vrais et certains pour nous servir dans nos recherches métaphysiques. Combien de principes ne puise-t-on pas, en effet, dans la nature des nombres et dans les propriétés des figures géométriques, principes par lesquels nous sommes conduits à connaître certaines choses que nous devons écarter de la Divinité et dont la négation nous conduit à divers sujets métaphysiques ! Quant aux choses de l’astronomie et de la physique, il n’y aura, je pense, aucun doute que ce ne soient des choses nécessaires pour comprendre la relation de l’univers au gouvernement de Dieu, telle qu’elle est en réalité et non conformément aux imaginations »

— Moïse Maïmonide, Guide des Egarés.

Outre son petit lexique des termes philosophiques (Peroush Milei HaHigayon), les principales contributions de Maïmonide à la philosophie juive, et à la philosophie en général, furent le monumental Guide des Egarés et le Traité des Huit Chapitres, introduction philosophique au Traité des Pères.
Ces œuvres exercèrent une influence durable sur la philosophie scolastique, et ses plus grandes figures, Albert le Grand, Thomas d'Aquin et Duns Scotus. Lui-même peut être considéré comme un Scolastique Juif.
Davantage éduqué dans la lecture des travaux des grands penseurs musulmans que dans le contact personnel avec leurs auteurs, il développa, outre une connaissance intime de la philosophie arabe, une maîtrise des doctrines d'Aristote. Toute son œuvre vise à réconcilier la philosophie aristotélicienne, et la science, avec les enseignements de la tradition juive.

Les 13 principes de la foi

Enoncés pour la première fois dans son Commentaire sur la Mishna (traité Sanhédrin 10:1), ils furent soumis à des critiques ardentes, comme pratiquement tous ses écrits.

Ils furent néanmoins rapidement considérés comme fondamentaux, et ont été versifiés sous forme de l'hymne Ygdal. On les connaît néanmoins sous leur forme originale, Ani Maamin ... (Je crois).

Énumération des principes

  1. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Créateur et Maître de toutes les créatures, et que Lui seul fit, fait, fera toutes choses.
    • Dieu peut tout, sait tout, et Il n'a pas de limite - Il Est sans limites, et aucune limite ne L'entrave, ce qui explique qu'Il puisse S'occuper du monde et de chacun simultanément. C'est Lui qui a créé le mal (Isaïe l'écrit explicitement).
  2. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est Un et Unique; Il est Un dans une Unité comme il n'y en a nulle autre; et Lui seul fut, est, sera notre Dieu.
    • Dieu est Un. Il Est non pas Un et Unique, mais l'Un et l'Unique - fondement du monothéisme, pour lequel non seulement il n'y a qu'Un Créateur du monde, mais en outre, Il ne fait qu'Un avec le Dieu providentiel garant de la morale, et du libre arbitre de l'homme. S'Il Est nommé par différents Noms, c'est que les hommes, incapables de Le comprendre, car Il les trancende complètement, sont obligés d'exprimer Ses différents aspects dans le monde.
  3. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est incorporel; qu'Il est libre de toute représentation et propriété anthropomorphique, et qu'Il n'a aucune ressemblance.
    • Dieu est non-physique, incorporel et éternel, c'est-à-dire intemporel - Toutes les sentences anthropomorphistes dans la Bible et la littérature rabbinique sont des à-peu-près du langage, ou des métaphores; il serait impossible de parler au commun de Dieu sans elles.
  4. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le premier et le dernier.
    • Il est antérieur au monde, lequel n'est donc pas éternel, contrairement à ce que pense Aristote.
  5. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Seul auquel l'on peut adresser ses prières, et qu'il est inapproprié d'adresser ses prières à quiconque d'autre.
    • Ce fut la faute des gens de la génération d'Enosh, et les sources de l'idolâtrie, selon la Bible,lorsque les gens commencèrent à prier des corps célestes, comme le soleil, ou séparés, comme des anges,d'intercéder auprès de Lui en leur faveur
  6. Je crois d'une foi entière que tous les mots des Prophètes sont vérité.
  7. Je crois d'une foi entière que la prophétie de Moïse notre maître, la paix soit sur lui, était vraie, et qu'il fut le père de tous les Prophètes, ceux qui l'ont précédé et ceux qui l'ont suivi.
    • La Bible hébraïque - et beaucoup de croyances rapportées dans la Mishna et le Talmud - est considérée comme fruit d'une révélation divine, ainsi que les dits des prophètes (même si, par ailleurs, Maïmonide rationalise la prophétie, sa thèse étant que le prophète parfait ne fait qu'un avec le philosophe parfait) - L'expression de cette relation, et ce qu'on entend exactement par "divin" lorsqu'on parle d'un livre, est, a toujours été, et sera encore source de dissensions au sein des Juifs, menant à divers courants théologiques.
  8. Je crois d'une foi entière que toute la Tora que nous possédons actuellement fut donnée à Moïse notre maître, que la paix soit sur lui.
  9. Je crois d'une foi entière que cette Tora ne sera pas changée, et qu'il n'y aura aucune autre Tora donnée par le Créateur, que Son Nom soit béni.
  10. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, connaît tous les actes et toutes les pensées des humains, ainsi qu'il est dit (Psaumes 33:15) : "C'est Lui qui façonne les cœurs de tous, Lui qui perçoit tous leurs actes"
    • Allusion à la philosophie d'Aristote, qui professe que Dieu ne connaît pas le particulier, et que Ses actes intéressent la collectivité, et non l'individu. Cependant, Sa prescience n'exclut en rien le fait qu'Il nous ait donné le libre arbitre, sans quoi l'article suivant n'aurait pas de sens
  11. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, récompense ceux qui suivent Ses commandements, et punit ceux qui les transgressent.
    • L'âme est pure à la naissance, et les êtres humains ont un libre arbitre, avec tant un yetzer ha'tov ("bon côté") qu'yetzer ha'ra (mauvais côté), qui les entraîne à faire des "bonnes" ou "mauvaises" actions. Encore tout n'est-il pas manichéen : le yetser hara peut conduire à de bonnes actions, et inversement; "l'enfer est pavé de bonnes intentions", etc.
    • Par ailleurs, les gens peuvent "revenir" de leurs péchés par des actes et des paroles, sans intermédiaires, par la prière (tefilla), la pénitence (teshouva), et la tsedaka, si cela s'accompagne d'une sincère décision de ne plus commettre ces actes inacceptables et si l'on fait amende honorable envers ceux et celles qu'on a lésés. "Il y a toujours moyen de revenir à Dieu".
  12. Je crois d'une foi entière à la venue du Messie, et même s'il tarde, j'attendrai chaque jour sa venue.
    • Il y aura un mashia'h (Messie), ou peut-être une ère messianique. Cet article de foi a été porté en chanson par le chanteur Hassidique Mordekhaï ben David en 1993.
    • Il eut par ailleurs une grande portée dans l'histoire des Juifs, puisqu'il fut utilisé par les polémistes chrétiens (souvent des Juifs apostats contre les Juifs eux-mêmes, et entraîna la rédaction des Ikkarim de Joseph Albo
  13. Je crois d'une foi entière que la résurrection des morts se produira au moment voulu par le Créateur, que Son Nom soit béni, et que Son souvenir soit exalté pour toujours, à jamais.

Influence sur la halakha

Article connexe : Mishné Torah.

Nommant son grand-œuvre d'après un verset du Deutéronome, Maïmonide, se basant sur les travaux du Rif, rassemble, avec une grande systématisation, toutes les décisions halakhiques et législatives dispersées dans le Talmud, et y joint les opinions des Gueonim.

Rédigé en Hébreu, son ambition avouée est de permettre à tout Juif de connaître la conduite à tenir, quand bien même il ignorerait tout de la Tora ou du Talmud. Dans sa lettre à R' Pinhas haDayan, il se défendra de vouloir supprimer l'étude du Talmud. Par ailleurs, Dans un souci de concision, Maïmonide n'inclut pas les références (ni, disent certains, toutes les opinions, n'hésitant pas à se poser en juge de ce qui est valable ou non en matière de Halakha)

Pour ces raisons, bien que le Mishné Tora soit actuellement considéré comme précurseur des "Quatre Colonnes" (Arbaa Tourim) et du Choulhan Aroukh, il rencontra en son temps un succès magistral, mais aussi une résistance farouche, et les controverses entre "maïmonidiens" et "anti-maïmonidiens" devaient se poursuivre des siècles durant.

Les plus grands contradicteurs de Maïmonide furent les rabbins de Provence, en particulier Rav Abraham ben David de Posquières (RabaD). Cependant, il ne faut pas y voir d'attaque au sens propre. En objectant les positions de Maïmonide, RabaD ne veut ni remettre son avis en doute, ni exposer ses opinions personnelles. Il veut simplement montrer qu'il peut exister une opinion s'opposant à celle de Maïmonide. Il y a si bien réussi que sa critique se trouve en marge de pratiquement toutes les éditions du Mishné Tora.

Œuvres

  • Mishné Torah (première partie : Le livre de la connaissance, éd. PUF, 2004).
  • Guide des Egarés (Le Guide des égarés, suivi du : Traité des huit chapitres, éd. Verdier, 1983).
  • Sefer Hamitzvot
  • Épîtres, éd. Gallimard, Tel, 1993.

Notes et références

  1. Article du dictionnaire Larousse sur Moïse Maïmonide.
  2. cf. Deutéronome 34:10 : « Il ne s'en leva plus aucun en Israël comme Moïse, prophète et regardant Son visage »

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Leo Strauss : Maïmonide, Ed.: PUF, 1988, Coll.: Épiméthée, ISBN 2130418279 (La référence)
  • Maurice-Ruben Hayoun, Maïmonide ou l'autre Moïse. 1138-1204, Paris, Editions Jean-Claude Lattès, 1994, ISBN 2-266-13945-2
  • Maïmonide, Le Guide des Egarés, traduction, notes et commentaires de Salomon Munk, Paris, Maisonneuve et Larose, 1981 (bonne approche de Maïmonide)
  • Jacques Attali, La Confrérie des Eveillés (un beau roman historique, d'une grande érudition ; prenant son point de départ à Cordoue pour entraîner le lecteur à travers l'Europe et le Maroc, le roman a pour personnages principaux deux des grands penseurs du XIIe siècle, le juif Maïmonide et le musulman Averroes. L'auteur suppose avérée leur rencontre et les lance à la poursuite d'un fabuleux ouvrage d'Aristote, avec à leurs trousses les membres d'une mystérieuse secte ; prudence : à lire avant tout comme un roman)
  • Ajouter peut-être, "l'Aigle de Dieu" de Phillippe Haddad "Paris 2002" chez Jean-Cyrille Godefroy; facile à lire et plaidoyer pour le dialogue interreligieux.
  • René Levy: La divine insouciance : Etudes des doctrines de la providence d'après Maïmonide, Ed.: Verdier, 2009, Coll.: Philosophie,ISBN 2864325608 (Une relecture de Maïmonide avec des analyses novatrices)
  • Collectif sour la dir. de Danièle Iancu-Agou et Elie Nicolas :Des Tibbonides à Maïmonide : rayonnement des Juifs andalous en pays d'Oc médiéval, Ed.: Cerf, 2009, Coll.: Nouvelle gallia judaica, ISBN 2204088102


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