Mohammed V du Maroc

Mohammed V du Maroc
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Mohammed V
محمد الخامس
Mohammed V of Morocco.jpg
Mohammed V, le 5 décembre 1957

Titre
Sultan, puis 1er roi du Maroc
(21e monarque alaouite)
17 novembre 192720 août 1953
Prédécesseur Moulay Youssef
Successeur Mohammed ben Arafa
16 novembre 19553 mars 1961
Premier ministre Mohammed el-Mokri
Mbarek Bekkai
Ahmed Balafrej
Abdallah Ibrahim
Prédécesseur Mohammed ben Arafa
Successeur Hassan II
Biographie
Hymne royal Hymne chérifien
Dynastie Alaouite
Nom de naissance Mohammed ben Youssef el-Alaoui
Date de naissance 10 août 1909
Lieu de naissance Flag of Morocco.svg Fès (Maroc)
Date de décès 26 février 1961
Lieu de décès Flag of Morocco.svg Rabat (Maroc)
Père Moulay Youssef
Mère Lalla Ya'akout
Conjoint 1) Lalla Abla bint Tahar
2) bint Mamoun
3) Lalla Bahia
Enfants Première épouse :
Prince Moulay el-Hassan
Princesse Lalla Aisha
Princesse Lalla Malika
Deuxième épouse :
Princesse Lalla Fatima az-Zahra
Héritier Moulay el-Hassan

Coat of arms of Morocco.svg
Monarques du Maroc

Mohammed V ben Youssef (en arabe : محمد الخامس بن يوسف), né le 10 août 1909 à Fès et mort le 26 février 1961 à Rabat, a été sultan (1927-1953), puis roi (1957-1961) du Maroc après l'indépendance en 1956.

Ce dynaste alaouite soutint dès 1944 l'Istiqlal, principal mouvement indépendantiste marocain et s'opposa à la poursuite de la domination française. En conséquence, il fut déposé le 20 août 1953 et fut contraint à l'exil (successivement en Corse puis à Madagascar) jusqu'au 16 novembre 1955.

Il demeure considéré par beaucoup comme le « Père de la nation marocaine moderne » (Abb al-Watan al-Maghribi). Il a été décoré de l'ordre des compagnons de la Libération par Charles de Gaulle, alors président du Gouvernement provisoire de la République française.

Sommaire

Début de règne (1927-1939)

Il est le plus jeune des quatre fils de Moulay Youssef, sultan du Maroc de 1912 à 1927 sous le protectorat français. À la mort de son père en 1927, un an après la fin de la guerre du Rif, il est choisi par les autorités françaises comme sultan à la place de ses deux frères aînés. Il réussit dès lors à se rendre populaire auprès de la population marocaine .

Durant la Seconde Guerre mondiale

Le Dahir du 31 octobre 1940 portant application au Maroc du statut des Juifs est prévu pour une mise en application à partir du 1er janvier 1941. Les fonctionnaires juifs perdent leur emploi, et beaucoup se recyclent dans le commerce. Le roi n'est pas perçu comme étant responsable de ces mesures imposées par Vichy[1]. Un télégramme diplomatique de 1941 présenté à l'Académie du royaume du Maroc en 1985, mentionne des « tensions » entre le roi et le Résident général Charles Noguès à propos du statut des Juifs[2].

Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942, il reçut la Conférence d'Anfa (Casablanca) en 1943, bénéficiant entre autres du soutien du président américain Franklin Delano Roosevelt, et reconnut le CFLN du général de Gaulle.

Il soutient très tôt avec son fils, le Prince Moulay Hassan (futur roi Hassan II),les mouvements nationalistes marocains fondés par Mohammed Allal El Fassi pour l'Istiklal 1937 et Bel Hassan El Ouazzani pour le PDI (Parti pour la Démocratie et l'indépendance) lesquels réclamaient par Le Manifeste signé le 11 janvier 1944 l’indépendance du Maroc . Il dénonça aussi la répression française des émeutes à Rabat,Salé, Casablanca, Fès et l’arrestation des leaders nationalistes de l’Istiqlal et du PDI.

La lutte pour l'indépendance (1944-53)

En 1947, il alla plus loin dans ses revendications avec le discours de Tanger en 1947 où il réclama l’indépendance, l’union des arabes et l’adhésion du Maroc à la Ligue arabe (fondée en 1945) dont il fit l’apologie insistant sur les liens étroits entre le Maroc et l’ensemble du monde arabe.

Dès lors, les relations se tendirent avec les autorités françaises, notamment avec le nouveau résident général, le Général Alphonse Juin qui appliqua des mesures sévères et fit pression sur le sultan pour qu’il désavoue l’Istiqlal et se démarque des revendications nationalistes. La rupture avec la France fut consommée en 1951 et Mohammed V conclut avec les nationalistes le pacte de Tanger pour lutter pour l’indépendance. La nomination d’un nouveau résident général, le général Augustin Guillaume, accentua les dissensions entre Mohammed V et la France. De nouvelles manifestations virèrent à l’émeute au Maroc en 1952, notamment à Casablanca tandis que Mohammed V donnait à la cause marocaine une audience internationale à l’ONU avec le soutien des États-Unis.

La déposition et l'exil (1953-55)

En 1953, le général Guillaume manœuvra alors avec d’autres élites marocaines, notamment le Glaoui, pacha de Marrakech, l’Ouléma de Fès et les tribus berbères et fit déposer Mohammed V pour placer son oncle, Mohammed Ibn Arafa, sur le trône tandis que Mohammed V refusait d’abdiquer. L’arrestation puis la déportation du sultan, d’abord en Corse, puis à Madagascar (à Antsirabé[3] à partir de 1954, eut le contraire de l’effet escompté. Elle souda les Marocains derrière leur sultan et fédéra le mouvement nationaliste derrière Mohammed V. Une vague de violences et d’attentats dans les grandes villes et dans le Rif secoua le Maroc, tandis qu’éclatait dans le même temps la guerre d’Algérie en 1954 et que la même politique déclenchait les mêmes effets en Tunisie contre le Néo-Destour d'Habib Bourguiba.

L’aggravation de la situation en 1955 ; les nationalistes marocains bénéficiant de soutien en Libye, en Algérie (avec le FLN) et dans l'Égypte de Nasser (où vivait en exil Abd-el-Krim, ancien leader de la révolte du Rif dans les années 1920) força le gouvernement français à négocier et à rappeler le sultan.

Le retour et l'indépendance (1955-56)

En septembre 1955, le général Georges Catroux le rencontra à Madagascar. Du 2 au 6 novembre 1955, après son retour en France et l’abdication de Mohammed Ibn Arafa le 1er, Mohammed V signa avec le président du conseil des ministres français, Antoine Pinay, les accords de La Celle Saint-Cloud qui mettait en place le processus de transition vers l’indépendance. Il pardonna aussi au Glaoui, venu se prosterner à Saint-Germain-en-Laye une semaine après avoir réclamé sa restauration.

Le 16 novembre 1955, il fit son retour au Maroc avec son jeune fils, le prince Moulay Hassan et fut accueilli triomphalement par la population marocaine. Le 2 mars 1956 prenait fin le protectorat français tandis que l’Espagne mettait fin au sien le 7 avril. Le Maroc était indépendant et Mohammed V en avait été le principal artisan.

Après l'indépendance (1956-61)

Article du journal la Gazette de Lausanne

Il signa dès mai 1956 un traité d’amitié avec la France qui maintint des forces armées au Maroc jusqu’en 1963. Elles aidèrent Mohammed V à réprimer de nombreuses insurrections, notamment dans le sud et le Rif. Il prit dès 1957 le titre de roi du Maroc, pour symboliser l’unité du pays malgré les clivages entre arabes et berbères.

Sur le plan de la politique intérieure, il permit dès son retour le 1er congrès de l'Istiqlal qui forma différents gouvernements sous son règne. Il autorisa la création de syndicats mais les troubles et les grèves le conduisirent à prendre les pleins pouvoirs dans la dernière année de son règne.

Sur le plan diplomatique, il soutint la décolonisation et l’émergence du Tiers-Monde en aidant le FLN algérien pendant la guerre d’Algérie puis en soutenant Patrice Lumumba et le Mouvement national congolais lors de l’indépendance du Congo belge en 1960.

Le 26 février 1961, le roi fut endormi par anesthésie générale au sein de la clinique médicale de son palais, à Rabat, pour subir une banale intervention chirurgicale sur la cloison nasale réalisée par un chirurgien vaudois : il ne s'en réveilla jamais et décèda des suites de l'opération. Son fils lui succéda huit jours plus tard sous le nom d'Hassan II.

Mohammed V et les Juifs du Maroc

Dès l'accession de Mohammed V au Trône, les Juifs ressentirent qu'un changement radical allait s'instaurer entre les Juifs et leur souverain.

Le nouveau roi, qui monta sur le trône en 1927, fut exactement à l'opposé de ce qu'attendaient les Français. Ils voulaient un roi docile, ils trouvèrent en lui un nationaliste qui peu à peu s'imposa comme leader de la lutte pour l'indépendance, et en ce qui concerne les Juifs, il fit systématiquement obstruction aux mesures racistes que le gouvernement de Vichy voulut imposer aux Juifs du Maroc. À chaque nouvelle loi vichyste, le souverain prenait, jusqu'à l'affrontement avec le Résident général, une défense farouche des Juifs en ayant soin de rappeler à chaque fois que Juifs et musulmans étaient également ses sujets et qu'il ne souffrirait aucune discrimination entre ses enfants.

Les Juifs exprimaient leur vénération à un souverain, en qui ils trouvaient toujours secours et consolation, par des chansonnettes :« Et que Dieu glorifie notre seigneur le sultan, le digne petit-fils de Moulay Hassan. Qu'il vive toujours dans la loyauté, lui et les membres de sa famille ». C'était pour faire écho à ce qu'avait dit Mohammed V, lors de la fête du Trône en 1944, en s'adressant aux Juifs: « Tout comme les musulmans, vous êtes mes sujets et comme tels, je vous protège et vous aime, croyez bien que vous trouverez toujours en moi l'aide dont vous avez besoin. Les musulmans sont et ont toujours été vos frères et vos amis ».

Sur son lit de mort, Mohamed V aurait fait promettre à son fils (futur Hassan II) de veiller « au salut de la communauté juive »[4].

Le jour de la disparition du souverain, les Juifs ressentirent une grande peine et sortirent dans la rue pour le pleurer et partager le deuil de leurs frères musulmans. Le grand rabbin de Sefrou, David Obadia prononça alors cet éloge funèbre: « Éternel, notre Dieu, et celui de nos pères [...] dans ta compassion, Toi qui pardonnes et qui consoles, accueille avec faveur l'âme de notre roi Mohammed le Cinquième. Toi, ô Seigneur, prends-le en pitié, pardonne-lui, prends-le sous Tes ailes, place-le au milieu des âmes pures des Justes des Nations, sous les portails de ta miséricorde. Qu'il repose en paix. Qu'il en soit ainsi. Amen ».

Mohammed V pourrait devenir « Juste parmi les nations »[5]. Les dirigeants de la Communauté juive marocaine, Serge Berdugo et André Azoulay œuvrent auprès du Yad Vashem afin que le défunt roi du Maroc Mohamed V reçoive à titre posthume le titre de « Juste des Nations », en reconnaissance de son action pour la protection des Juifs marocains durant la Shoah. La candidature à cette distinction est soutenue par Shimon Peres, président d'Israël.

Famille

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Mohammed V avec six de ses enfants lors de l'exil à Madagascar, 1954 (du g. à dr. Aicha, Hassan II, Malika, Abdallah, Nuzha. Sur les genoux de M.V, Amina, excl. Fatima Zahra)
  • De Lalla Abla (née le 5 septembre 1909, morte le 1er mars 1992 à Rabat), sa première épouse :
    • Hassan II (né à Rabat le 9 juillet 1929 et mort à Rabat le 23 juillet 1999), son successeur.
    • Lalla Aicha (née à Rabat le 17 juin 1930 et morte à Rabat le 4 septembre 2011)
    • Lalla Malika (née le 14 mars 1933 à Rabat)
    • Moulay Abdellah (né le 30 juillet 1935 à Rabat et mort le 23 décembre 1983 à Rabat)
    • Lalla Nuzha (née en 1940 à Rabat et morte en 1977)
  • De Bint Mamoun sa seconde épouse :
    • Lalla Fatima Zahra (née le 29 juin 1929)
  • De Lalla Bahia (morte le 3 septembre 2008), sa troisième épouse :

Décorations

Divers

Le 26 juillet 1929, Lucien Saint, résident général du Maroc à cette époque, invita le sultan du Maroc, Sidi Mohammed ben Youssef (futur Mohammed V) alors âgé de 19 ans, qui, en villégiature à Luchon, en compagnie de son grand vizir et de son interprète, furent reçus très cérémonieusement à la mairie de Marignac. Ils ont apposé, tous trois, leur signature en caractères arabes dans le registre des délibérations.

Références

  1. Jacques Dahan, « Regard d'un juif marocain sur l'histoire contemporaine de son pays: de l'avènement de Sa Majesté le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, au dénouement du complot d'Oufkir (1927-1972) », L'Harmattan, 1995, (ISBN 2738437273), p.31
  2. Karim Boukhari, Hassan Hamdani, Des camps de concentration au Maroc… et autres révélations sur l'histoire secrète des juifs du Maroc sous Mohammed V, Telquel online, N° 274, consulté le 30 décembre 2010
  3. Pour l'exil à Antsirabé, voir l'article « Un sultan à Madagascar
  4. L'Express 29/07/1999 : http://www.lexpress.fr/informations/les-juifs-marocains-pleurent-leur-protecteur_634484.html
  5. Yadvashem.org

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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