- Anton Ivanovitch Dénikine
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Anton Ivanovitch Dénikine Naissance 16 décembre 1872
Włocławek, PologneDécès 8 août 1947 (à 74 ans)
Ann Arbor (États-Unis)Allégeance Empire russe
Armées blanchesArme Armée impériale russe
Armées blanchesGrade Lieutenant général Conflits Guerre russo-japonaise
Première Guerre mondiale
Guerre civile russemodifier Anton Ivanovitch Dénikine (en russe : Антон Иванович Деникин), né le 4 décembre/16 décembre 1872 à Włocławek (Pologne) et mort le 8 août 1947 à Ann Arbor (États-Unis). Général russe, chef d'état-major dans les armées de la Russie impériale pendant la Première Guerre mondiale, commandant en chef de l'armée des volontaires pendant la guerre civile russe.
Sommaire
Pendant la Première Guerre mondiale
Fils d'un officier subalterne né dans le servage, Dénikine s'engage très tôt dans une carrière militaire. Il suit l'école normale de Lovitch, puis l'école militaire des cadets de Kiev et enfin l'académie d'état-major général. Breveté d'état-major en 1899, il prend le commandement de la région militaire de Varsovie.
Sa première affectation le conduit sur le théâtre de la guerre russo-japonaise. En août 1914, il est chef d'état-major et commandant de la région militaire de Kiev. Il rejoint le VIIIe corps d'armée et assure en septembre le commandement de la 4e division d'infanterie, dite « division de fer ».
En 1916, il est nommé commandant en chef de la VIIIe armée et coordonne l'offensive Broussilov en Roumanie. Après la révolution de Février, il devient chef adjoint d'état-major du commandant en chef, d'abord d'Alekseïev, puis de Broussilov, et enfin de Kornilov.
Pendant la Révolution russe
L'armée des volontaires et la campagne de glace
En septembre 1917, Dénikine soutient la tentative de putsch de Kornilov.
Le 19 novembre 1917, les généraux s'évadent et rejoignent Novotcherkassk dans la région du Don. Aux côtés d'Alekseïev et de Kornilov, Dénikine crée l'Armée des Volontaires, armée principalement formée d'officiers ; il y occupe la place d'adjoint du commandant en chef. De hauts faits d'armes sont à mettre à l'actif de cette armée dont la « campagne de glace » qui se déroula sur les territoires du Kouban et du Don.
En avril 1918, Kornilov est tué près d'Ekaterinodar. Dénikine devient commandant en chef des forces armées du Sud. En juillet 1919, il lance la grande offensive sur Moscou (200 000 combattants, 2 000 canons et 30 chars d'assaut). Une grande partie de la Russie occidentale est occupée mais une contre-offensive de l'armée rouge l'arrête au nord d'Orel fin octobre. Dès lors, les forces blanches ne cesseront de reculer jusqu'en Crimée.
En avril 1920, Dénikine démissionne en faveur du général Wrangel.
Pogroms et crimes de guerre
Certaines unités des troupes de Dénikine se rendirent coupables de plusieurs pogroms dans les régions qu'elles occupèrent. Le 17 octobre 1918, un soldat du troisième régiment de cavalerie de Tcherguinov (appartenant à l'armée de Dénikine) écrit ainsi à ses parents : « Nous sommes allés à Konotop rosser les youpins, j'ai réussi à égorger trois juifs et un vieux youpin, et pour ça on a touché 500 roubles par soldat ». La socialiste révolutionnaire de gauche Kakhovskaia décrit en 1919 l'entrée des troupes blanches de Dénikine à Kiev en évoquant des « charrettes de cadavres juifs ». Les pogroms les plus importants eurent lieu à Fastov en septembre 1919 et à Kiev en octobre, faisant respectivement un millier et plus de 250 morts, « sans que les autorités militaires ou civiles supérieures aient cru bon de s'interposer »[1].
Dénikine publia une déclaration condamnant l'antisémitisme. Cependant, selon l'historien marxiste Arno Joseph Mayer, « il s'agissait d'une démarche essentiellement tactique, destinée à courtiser les alliés ; en effet, les tenants occidentaux des forces anti-bolcheviques ne cessaient de rappeler que les excès antisémites leurs aliénaient l'opinion publique et compromettait le maintien de leurs aide aux blancs »[2]. Plus généralement, il y eut peu de protestations aux sommets de l'appareil politique et militaire du gouvernement blanc en Ukraine pour s'élever contre les flambées d'antisémitisme. Les Cadets membres du quartier général de Dénikine ne protestèrent pas contre les pogroms, leur parti allant jusqu'à « demander aux juifs de répudier le bolchevisme pour se sauver eux mêmes »[3]. L'Osvag, service de propagande du gouvernement de Dénikine, fit courir de nombreuses rumeurs sur l'existence de complots ourdis par les juifs. Une proclamation d'un des généraux de l'armée blanche incitait ainsi le peuple à « s'armer et à se dresser contre les communistes bolcheviques juifs, l'ennemi commun de notre terre russe », afin d'extirper « la force mauvaise et diabolique qui réside dans le cœur des communistes juifs »[4].
Cependant, selon les études de Nahum Gergel, citées par Alexandre Soljenitsyne[5], les pogroms menés par les Armées blanches en Ukraine, ne représentent que 17 % des 887 de l'époque (contre 40% imputées par l'auteur aux forces de l'indépendantiste ukrainien Simon Petlioura[6], 25% aux armées paysannes et aux bandes qui n'étaient contrôlées par aucun des principaux belligérants et 8,5% à l'armée rouge et à la Tchéka)[7]. À la différence des blancs, les bolcheviques cherchèrent à identifier et à châtier les officiers responsables de pogroms (tels que Bogouni et Taratchani), et affectèrent à partir de juin 1919 des fonds pour soutenir les victimes de pogroms[8].
Le général Wrangel, pourtant monarchiste convaincu et allié de Dénikine, décrit l'anomie qui règne sur l'immense territoire contrôlé par ce dernier quand il en prend la tête en mars 1920 : « Le pays était dirigé par toute une série de petits satrapes, à commencer par les gouverneurs pour finir par n'importe quel gradé de l'armée [...] l'indiscipline des troupes, la débauche et l'arbitraire régnant à l'arrière n'étaient un secret pour personne [...] L'armée, mal ravitaillée, se nourrissait exclusivement sur le dos de la population, ainsi grevée d'un fardeau insupportable. »
Les Blancs considéraient que les Juifs, qui formaient en très grande majorité les cadres bolchéviques, leurs étaient très hostiles et très favorables aux bolchéviques. Loin d'estimer s'attaquer à des innocents, ces massacres étaient tenus pour des règlements de compte, égard aux affres causés par l'usure, l'alcoolisme, l'exploitation de la misère et les "crimes" de la révolution bolchévique. De nombreux nobles estimant que la révolution avait été juive, pensaient également se venger des meurtres, des viols et des dépossessions que leurs familles avaient eu à souffrir.
L'exil
Il s'exile en France, puis émigre aux États-Unis en 1945.
Après l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933 et malgré son hostilité intransigeante vis-à-vis du communisme, Dénikine affirme son soutien à l'Armée rouge face à la menace d'une invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie, qualifiant Hitler de « pire ennemi de la Russie et du peuple russe ».
Il s'éteint paisiblement dans son lit en 1947 à Ann Arbor dans le Michigan. Peu avant de mourir, il achève plus de 2 000 pages de Mémoires, dont le livre III s'ouvre par une réflexion sur la nature et l'ampleur de la révolution russe de 1917.
Le 3 octobre 2005, ses cendres ont été ensevelies dans une tombe du cimetière du monastère de Donskoï, non loin de celles du philosophe russe Ivan Iline, transférées aussi ce même 3 octobre. Dans le même cimetière, reposent également l'écrivain Ivan Chmeliov mort en exil et enterré en l'an 2000, le dernier patriarche de la Russie impériale Tikhon, détenu jusqu'à sa mort dans le monastère et Alexandre Soljénitsyne. Avant de mourir, Ivan Chmeliov avait envoyé une photo à Dénikine au dos de laquelle il avait écrit : « Nous nous retrouverons peut-être un jour à Moscou ».
Sa fille Marina Grey, productrice et historienne, avait épousé Jean-François Chiappe, lui aussi historien. Elle avait récemment reçu la nationalité russe en plus de sa nationalité française.
Notes et références
- Arno Joseph Mayer, Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, p. 443. Mayer se réfère à Richard Pipes (Bolshevik Regime, p. 109) en ce qui concerne les pogroms de Fastov.
- Ibid, p. 442.
- Peter Kenez, Civil war in South Russia, 1919-1920, p. 173-174.
- Cité dans Kenez, ibid, p. 175.
- Deux siècles ensemble - Juifs et Russes avant la révolution [ref précise souhaitée]
- www.h-net.org) ou le gouvernement ukrainien Ambassade d'Ukraine en France ; Lettre de l`Ambassadeur d`Ukraine en France Yuriy Sergeyev au Président de la LICRA Monsieur Patrick Gaubert La responsabilité de Simon Petlioura a toutefois été remise en cause à l'ouverture des archives soviétiques, notamment par l'historien Henry Abramson (
- Nahum Gergel, The Pogroms in the Ukraine in 1918-21, 1951
- Richard Pipes, Bolshevik Regime, p. 111.
Écrits
- La Décomposition de l'armée et du pouvoir - février-septembre 1917, 1922.
- La Situation internationale et le problème russe, 1934.
- The Career of a Tsarist Officer. Memoirs, 1872-1916.
- The Russian Turmoil. Memoirs: Military, Social, and Political.
- The White Army.
- Поход и смерть генерала Корнилова.
Bibliographie
- Dominique Venner, Les Blancs et les rouges : histoire de la guerre civile russe.
- Jean-Jacques Marie, La Guerre civile russe : 1917-1922.
- Marina Grey, Mon père le général Denikine
Liens internes
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