- Antoine Brignole Sale
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Anton Brignole Sale
Pour les articles homonymes, voir Brignole.Anton Brignole Sale ou Antoine (de) Brignole Sale[1], surnommé « Il grande Anton Brignole » (né le 22 Mai 1786 - mort en 1863) fut tout d'abord un patricien de la République de Gênes, puis un noble sarde, marquis de Groppoli, homme d'état, ministre et ambassadeur du royaume de Sardaigne. Il fut de plus une grande personnalité intellectuelle de la monarchie de Juillet.
Sommaire
Biographie
Famille [2]
Petit-fils de Rodolfo Giulio Brignole Sale, doge de 1762 à 1764, fils de Anton III Giulio Brignole Sale et de Anna Pieri Brignole Sale, Antoine de Brignole-Sale appartient à l'une des plus illustres, sinon la plus illustre famille de l'ancienne République de Gênes.
Il avait un frère aîné, Rodolphe[1], plein de modestie et d'humilité, que le pape Pie VII, qui l'appréçait beaucoup, fit évêque d'Assises. Il mourut en 1832, encore jeune, vivement regretté de tous. Antoine de Brignole-Sale avait aussi deux sœurs, l'une épousa le duc de Dalberg, orateur de la France au congrès de Vienne et l'autre, le comte Marescalchi, d'une des premières familles de Bologne.
Il épousa la marquise Artemisia Negrone[1], d'une illustre famille patricienne génoise.
Jeunesse
Antoine de Brignole-Sale, perdit son père en 1802. Il alla faire ses études, avec son frère, au collège Tolomei[1] de Sienne, ville d'où était originaire sa mère.
Au service de la France
Il suivit sa mère Anna Pieri Brignole Sale, femme remarquable par son esprit et sa vertu, et de plus, fervente bonapartiste à Paris en 1807. Il étudia à la cour impériale française comme Auditeur au Conseil d'État, qui formait alors les plus hauts magistrats et commis de l'empire. Il fut remarqué pour son intelligence et son assiduité au travail par l'Empereur lui-même, à l'occasion de la rédaction d'un brillant rapport sur l'établissement du royaume de Hollande lu par Napoléon en personne, il devint ainsi maître des requêtes de Napoléon Ier[1].
Le 30 août 1811, il accéda à la dignité de comte d'empire.
En 1813, il fut nommé préfet du département de Montenotte, avec Savone pour capitale et où résidait le pape Pie VII alors en résidence surveillée. Étant donc devenu le geôlier du pape, il parvint à gagner l'estime et l'affection de son auguste prisonnier qui se plaisait à l'appeler avec un doux sourire :
« Il mio buon Carceriere »ce qui signifie :
« mon bon gardien de prison ! »Le tout dernier ministre de la République de Gênes
Les évènements de 1814 et 1815 ayant abattu l'empire, délié de tout engagement envers Napoléon, l'ex-préfet mit tout ce qu'il avait de zèle et de talents au service de sa première patrie.
Au congrès de Vienne, il défendit vigoureusement l'indépendance de sa patrie dont l'annexion par le Piémont avait été décidée par une clause secrète du traité de Paris en 1814. Ses protestations, bien que véhémentes furent vaines[1].
Il proposa alors aux autres nations d'imposer au Royaume de Sardaigne comme contre-partie à l'annexion de la Ligurie, une constitution très libérale ou à défaut une représentation populaire importante. Car cet auguste patricien, comme sa mère avant lui, avait été gagné par les idées de France, et bien que membre, par sa naissance, de l'oligarchie la plus exclusive d'Europe, il croyait au libre droit des peuples à se gouverner eux-mêmes[1].
C'est à Vienne qu'il reçu les derniers soupirs de sa mère, dame d'honneur de Marie-Louise, mais aussi de sa fille aînée.
Au service du Royaume de Sardaigne
Le roi Victor-Emmanuel Ier, conscient du mécontentement d'Antoine de Brignole-Sale qu'avait provoquait l'annexion de sa patrie par les états de Sardaigne réalisait pleinement tout ce qu'il y avait de noble et de généreux dans le dévouement d'un descendant de doges envers sa patrie. C'est pour cela, qu'il s'efforça de se l'attacher. Antoine de Brignole-Sale posa une unique condition, si jamais sa patrie devait retourner à la liberté, il serait aussitôt délié de toute fidélité envers le souverain et il pourrait dès lors se consacrer aux choses publiques de sa patrie seule. Le roi souscrivit à cette condition et frappant amicalement son épaule, il lui fit ce magnifique éloge :
« Davvero voi siete un galantuomo »ce qui signifie :
« vous êtes véritablement un honnête homme ». Loyal et honnête voilà ce qui caractérisait le mieux cet illustre patricien[1].
En 1816, Victor-Emmanuel le nomma ministre plénipotentiaire auprès de la cour de Toscane dans l'intention de lui faire négocier le mariage du prince de Carignan et futur roi, Charles-Albert de Sardaigne avec S.A.R. Marie Thérèse de Habsbourg-Toscane. Sa charge dura jusqu'en 1818.
De 1819 à 1821, il fut ambassadeur de la cour de Sardaigne auprès de celle d'Espagne[1].
Les évènements politiques du Piémont de ces années le ramenèrent à la vie privée.
En 1826, le roi Charles-Felix de Sardaigne, le nomma ambassadeur extraordinaire au du couronnement du tsar Nicolas Ier de Russie.
À son retour de Moscou, il était président des hôpitaux lorsqu'éclata à Gênes une épidémie de choléra. Le président des hôpitaux devint le premier des infirmiers, tant il mit de zèle et de courage à secourir les infortunés malades.[1]
En 1836, il fut ministre extraordinaire au couronnement de la reine Victoria.
À Londres comme à Moscou il se montra plus que digne de la mission qui lui avait été confiée et plus encore de son souverain.
En 1836, il succéda au comte de Sales comme ambassadeur de la cour de Sardaigne à Paris, charge qu'il occupa jusqu'en 1848. Durant ses douze années, par son esprit et ses manières, il devint le personnage incontournable de la haute vie diplomatique et intellectuelle de Paris du temps de la monarchie de Juillet. La haute société parisienne le fit sien, s'attacha à le conserver, à rechercher sa présence et à désirer sa compagnie. Il laissa quantité d'admirateurs et d'amis. Il revint de nombreuses fois à Paris à titre privé. Sa fille, Maria de Brignole-Sale, duchesse de Galliera laissa une marque indélébile à plus d'un titre dans la grande capitale. Antoine de Brignole-Sale prit un immense plaisir à s'occuper de l'éducation de ses petits-enfants, André de Ferrari qui mourut à 15 ans seulement mais aussi de Philippe.[1]
André et ses sœurs avait eu la chance, grâce au prestige de leur mère et de leur grand-père, de devenir des intimes des enfants du roi Louis-Philippe Ier.
L'écrivain, Henry de Riancey[1], le décrivit ainsi :
« C'était l'un des plus éminents représentants de l'antique foi et de l'antique honneur. C'était l'un des plus beaux caractères de ce siècle qui en est si avare. Grand par sa naissance, grand par les services qu'il a rendu à son pays, grand par la supériorité de ses talents et l'étendue de ses connaissances et entre ses vertus, par sa piété et son humilité... Il était entouré d'une dignité sans égale, son nom était synonyme de la dignité, de la générosité, de la courtoisie et de la bienveillance. (...) Le marquis de Brignole était le vrai type du gentilhomme, de l'homme d'état et du chrétien. »Pour sa culture, il fut honoré du titre de président honoraire de l'institut historique de France. De plus quand en 1846, le VIIIe Congrès des Savants se réunit à Gênes, le roi Charles-Albert l'honora de la présidence du congrès. Il reçut les membres avec faste dans son somptueux palais, le Palazzo Rosso.[1]
Le roi lui confia aussi les missions les plus délicates et les plus ardues qu'il sut remplir brillamment, s'attirant les éloges et l'estime de tous, ayant conquis tous les cœurs grâce, encore, à son esprit et ses manières, toujours humbles et délicates. Ainsi, après le désastre de la Bataille de Novare (1849), il fut chargé de négocier la difficile paix à Vienne même.
Fin de carrière
En 1849, à Vienne, lui fut présenté un projet visant à mettre fin à l'immunité des écclésiastiques. Bien que fermement opposé à ce projet, qu'il considérait comme une injure faite au Saint-Siège, celui-ci fut adopté. Extrêmement pieux et ne pouvant se résoudre à être membre d'un gouvernement dont il réprouvait les actes, il démissionna de toutes ses charges diplomatiques ainsi que de sa fonction de Sénateur et refusa tous les nouveaux honneurs.[1]
Il s'opposa encore avec véhémence à l'annexion de Nice et de la Savoie par la France, ainsi qu'au transfert du siège de la marine royale, de Gênes à La Spezia[1].
En 1855, il fonde à Gênes le séminaire Brignole Sale d'où sont sortis nombre d'illustres hommes d'église. Ce fut l'œuvre de sa vie, celle qu'il médita durant toute son existence[1].
En 1856, il prononça à l'Institut Historique de France un brillant discours en faveur du percement de l'isthme de Suez, aujourd'hui appelé : canal de Suez.[1]
Postérité
Il est le père de la duchesse de Galliera, Maria de Brignole-Sale et de Luisa Melzi d'Eril. Il meurt en 1863. Il est le dernier marquis de Groppoli (par le titre). Il appartient à la famille Brignole.
Ouvrage écrit par Antoine Brignole-Sale
- Des droits temporels du pape, Considérations sur la question romaine, 1860
Notes et références
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