- Massilia (paquebot)
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Le Massilia est un paquebot de ligne de la Compagnie de navigation Sud-Atlantique, lancé en 1914. Il est coulé en 1944 par l'armée allemande pour bloquer le port de Marseille.
Sommaire
Histoire
Après son lancement en 1914, la Première Guerre mondiale interrompt sa construction, qui n'est achevée qu'en 1920. Il est exploité sur la ligne de l'Atlantique-Sud par la Compagnie de navigation Sud-Atlantique jusqu'à la Seconde Guerre mondiale[1].
En 1940, le Massilia est réquisitionné par le gouvernement Paul Reynaud via son ministre de la marine l'amiral Darlan, replié en juin 1940 à Bordeaux en raison de la déroute de l'Armée française, afin de permettre à des hommes politiques (dont 27 parlementaires) de quitter la France avec l'intention de constituer un nouveau gouvernement en exil qui abandonnerait à l'Allemagne les territoires de métropole afin de mieux reprendre l'offensive militaire à partir des départements d'Afrique du Nord.
Le départ a été organisé par Édouard Barthe, questeur de la Chambre.
Parmi les passagers les plus connus :
- Édouard Daladier, ancien ministre de la Guerre ;
- Georges Mandel, ancien ministre de l'Intérieur ;
- Pierre Mendès France, ancien sous-secrétaire d'État au Trésor, lieutenant d'aviation ;
- Jean Zay, ancien ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, sous-lieutenant.
Plusieurs députés font défection au moment du départ, comme Édouard Herriot, Louis Marin ou Gratien Candace.
Embarqués du port du Verdon en aval de Bordeaux, le Massilia appareille le 21 juin 1940[2], soit quatre jours après la formation du gouvernement Pétain et la veille de la signature de l'armistice. Il arrive à Casablanca le 24 juin[3].
À leur arrivée, une foule hostile les attend sur les quais et les passagers sont consignés dans un grand hôtel de Casablanca par le Résident général Noguès, suite à un contre-ordre de l'amiral Darlan[4]. Ceux qui étaient considérés mobilisés comme officiers, Pierre Mendès France, Pierre Viénot, Alex Wiltzer et Jean Zay, sont arrêtés le 31 août 1940 à Casablanca, rapatriés en métropole et traduits devant le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand pour « désertion devant l'ennemi » et trois d'entre eux condamnés le 4 octobre 1940 à des peines de prison et à dix ans de privation de droits civils. D'autres, comme Édouard Daladier et Georges Mandel, sont accusés d'être responsables de la défaite et jugés avec d'autres officiers comme le général Maurice Gamelin au cours du Procès de Riom. Ces décisions ont été annulées en 1946.
Le 18 juillet 1940, les vingt-deux autres parlementaires étaient autorisés à regagner la France, soit sept jours après le vote les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain par l'Assemblée nationale (c'est-à-dire la réunion du Sénat et de la Chambre des députés). Les parlementaires embarqués étaient quasiment tous de gauche ou de centre-gauche, dont des personnalités de premier ordre, qui se sont trouvées de ce fait absentes des débats.
Le Massilia sert ensuite de transport de troupes entre le France et l'Afrique du Nord. En 1944, il est pris et coulé par les Allemands[1].
Listes de passagers
Parlementaires passagers du Massilia- Les députés
- Paul Bastid (Cantal, radical-socialiste), et sa femme Suzanne Basdevant
- Marcel Brout (Seine, Union populaire française)
- César Campinchi, (Corse, radical-socialiste), ancien ministre de la Marine, et sa femme Hélène Landry, magistrate
- Camille Catalan (Gers, radical-socialiste)
- Édouard Daladier (Vaucluse, radical-socialiste)
- Gabriel Delattre (Ardennes, radical-socialiste)
- Yvon Delbos (Dordogne, radical-socialiste)
- Joseph Denais (Seine, Fédération républicaine)
- Marius Dubois (Oran, SFIO)
- André Dupont (Eure, SFIO)
- Léandre Dupré (Pas-de-Calais, SFIO)
- Galandou Diouf (Sénégal, Gauche indépendante)
- Bernard Quénault de la Groudière (Manche, Fédération républicaine)
- Salomon Grumbach (Tarn, SFIO)
- Jean-Marie Guastavino (Alger, radical-socialiste)
- Robert Lazurick (Cher, SFIO)
- André Le Troquer (Seine, SFIO)
- Georges Lévy-Alphandéry (Haute-Marne, radical-socialiste)
- Georges Mandel (Gironde, Républicain indépendant)
- Pierre Mendès-France (Eure, radical-socialiste), sa femme Lily et leurs fils Bernard et Michel
- Camille Perfetti (Haute-Marne, radical-socialiste), questeur.
- Jammy Schmidt (Oise, radical-socialiste)
- Jean-Marie Thomas (Saône-et-Loire, SFIO)
- Pierre Viénot (Ardennes, SFIO)
- Alex Wiltzer (Moselle, Action populaire)
- Jean Zay, (Loiret, radical-socialiste)
- et le sénateur
- Michel Tony-Révillon (Ain, radical-socialiste)
Autres passagers- Jacqueline Bardin, sculptrice (1906-)
- Jean-Pierre Berger, officier de l'armée de l'air
- Jean-Charles Bloch (1921-)
- Béatrice Bretty (1893-1982), comédienne
- Julien Cain (1887-1974), administrateur de la Bibliothèque nationale
- Nine Choucroun, maîtresse de recherches au CNRS
- Madame veuve Fernand Crémieux (1857-1928)
- Marie-Lou de Crussol née Béziers (femme d'Emmanuel de Crussol d'Uzès (1902-1952)[5]
- Général Delphin, commandant militaire de la Chambre des députés
- Roger Deleplanque, journaliste, directeur politique du journal Le Petit Bleu
- Jean Dufay, astronome
- Léandre Dupré, médecin hygiéniste (1900-)
- Adrien Faur, huissier de la chambre des députés (1892-)
- Louis Gagniard, professeur à la faculté de Strasbourg
- Joseph Gutzeju, attaché parlementaire (1901-)
- Nam Haguenauer, chargé de mission au ministère des Postes et Télécommunications (1894-)
- Suzanne Horn, aviatrice (1911-)
- Maurice Hubert, fonctionnaire (1909-)
- Georges Huisman, directeur des Beaux-Arts
- Jacques Ibert, directeur de la Villa Médicis, et sa femme Rosette Veber, sculptrice
- Marie-Anne Lambert, cantatrice, fille du ministre Charles Lambert, sera connue plus tard sous le pseudonyme de Deva Dassy, était à cette époque maîtresse de Georges Mandel
- Philippe Lévy-Alphandéry (1936-), avec sa mère et sa grand-mère Céleste Valabrègue, fils du député
- Guy Manant, industriel
- Lydie Medsioe (1916-)
- Lucien Meyer, huissier de la chambre des députés (1900-)
- Jean Perrin, professeur à la Sorbonne
- Edgard Pisani, fiancé de Colette Le Troquer, fille d'André Le Troquer
- Antoinette Sachs, artiste peintre (1897-)
- Robert Servan-Schreiber (1880-1966), journaliste, avec sa femme Suzanne Crémieux (1895-1976) et leurs filles Marie-Claire et Marie-Geneviève.
- Andrée Viénot, épouse de Pierre Viénot
- Gilles Viénot, étudiant, neveu de Pierre Viénot
- Léon Zay, journaliste, directeur du quotidien Le Progrès du Loiret
Notes et références
- Massilia, paquebot de la Compagnie de navigation Sud-Atlantique sur Maîtres du Vent - MDV. Consulté le 25 juin 2011.
- Le départ du bateau a été retardé d'un jour en raison d'une grève de l'équipage qui refusait d'appareiller par hostilité envers les parlementaires. Quid, 2007.
- En cours de traversée, certains députés ont envisagé de faire route vers l'Angleterre et le paquebot a dû attendre en mer des autorisations du consul de Grande-Bretagne.
- Raymond Forni lors du colloque international à l'Assemblée nationale « Le 18 Juin, combats et commémorations », 22 juin 2000. Discours de
- Base roglo.
Ouvrage
- Christiane Rimbaud, L'Affaire du Massilia - été 1940, Éditions du Seuil, coll. « Histoire », 1984, 253 p. (ISBN 978-2020067645).
Film documentaire
- Virginie Linhart, Juin 1940 : le piège du « Massilia », 2010.
Liens externes
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