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Marc-Édouard Nabe
Marc-Édouard Nabe Langue d'écriture français Genre(s) romans, essais,
autobiographie,
contes, poésieMarc-Édouard Nabe, de son vrai nom Alain Zannini, est un écrivain français, né à Marseille le 27 décembre 1958. Il est également peintre et guitariste (rythmique) de jazz, notamment auprès de Marcel Zanini, son père.
Sommaire
Biographie
Jeunesse et premières publications
Marc-Édouard Nabe, né sous le nom d'Alain Zannini le 27 décembre 1958 à Marseille, est le fils du musicien de jazz gréco-turco-italien Marcel Zanini et de Suzanne Zannini. Il grandit dans un quartier populaire de Marseille. En 1969, sa famille s'installe à Boulogne-Billancourt. Peu de temps après, la chanson Tu veux ou tu veux pas apporte le succès à Marcel Zanini. Par l'intermédiaire de son père, il côtoie aussi dès sa jeunesse de grands musiciens de jazz, mais également des peintres, Siné et les journalistes et dessinateurs d’Hara-Kiri et de Charlie Hebdo.
Le pseudonyme de Nabe date de son adolescence (1973). « Nabe » est un diminutif de « nabot », auquel il ajoute « Marc-Édouard ».
À seize ans (1974-1975), le 23 janvier 1975, il publie un dessin en couverture de Libération. Il collabore à plusieurs numéros d’Hara-Kiri, en y publiant des dessins en couleur.
En 1976, il participe à l'enregistrement d'un disque de son père aux côtés de Sam Woodyard et de Milt Buckner, où il joue de la guitare rythmique dans un morceau qui sera longtemps le titre prévu pour Au Régal des vermines avant de devenir celui du premier tome de son Journal intime : Nabe's Dream.
En 1980, il rencontre Hélène Hottiaux avec qui il aura un fils, Alexandre.
Au Régal des vermines
Son premier livre, Au Régal des vermines, est publié le 25 janvier 1985 chez Bernard Barrault. Dans le milieu littéraire français, cette œuvre reçoit un accueil contrasté[1],[2]. Nabe y fait part de son admiration pour des auteurs comme Céline, Rebatet, ou encore Bloy. Le bloyisme de Nabe est reconnu par l'universitaire Pierre Glaudes[3] et contesté vingt ans plus tard par le critique Juan Asensio[4]. Dans ce livre, Nabe aborde également, entre autres, les thèmes du jazz, de l'homosexualité, des parents, de la femme, de la rencontre amoureuse, du sionisme et du racisme.
Le livre crée une polémique et, à la suite de l'émission de Bernard Pivot Apostrophes à laquelle Nabe avait été invité[5], Georges-Marc Benamou s'introduit sur le plateau et assène plusieurs coups de poing au visage de l'écrivain. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) poursuit par ailleurs Marc-Édouard Nabe et son éditeur pour « diffamation et incitation à la haine raciale[6] ». La défense de ces derniers est assurée par Me Thierry Lévy. La LICRA est finalement déboutée en cassation le 24 février 1989[7].
Son deuxième livre, Zigzags (1986), est un recueil de textes de divers genre (essais, nouvelles, poèmes en prose, etc.). Il publie la même année un livre de jazz (L'âme de Billie Holiday), puis un recueil d'aphorismes (Chacun mes goûts) et travaille à son premier roman, Le Bonheur, l'histoire d'une quête moderne sur la peinture de la Renaissance italienne[8]. Il écrit aussi des chroniques pour le festival Nancy Jazz Pulsations.
À l'occasion du bicentenaire de la Révolution française et contre les célébrations qui sont alors organisées, il publie en 1989 La Marseillaise, texte sur le morceau éponyme du saxophoniste de free jazz Albert Ayler.
À cette même époque, il participe à L'Idiot international de Jean-Edern Hallier. Il y attaque avec violence des personnalités comme Élisabeth Badinter[9], Serge Gainsbourg[10] ou l'abbé Pierre[11]. Ce dernier texte en particulier crée un tollé jusqu'au sein de la rédaction de l’Idiot : Hallier soutient Nabe contre sa propre équipe et publie un texte de défense de l'article dans le numéro suivant[12]. En février 1990, sa dernière collaboration à ce journal est « Rideau », pamphlet sur l'univers médiatique qui sera par la suite édité aux éditions du Rocher. De septembre à décembre 1991, il écrit dans L'Imbécile de Paris.
Du Journal intime aux « tracts »
À partir de 1983, il tient un journal intime dont le premier tome sera publié en 1991 aux Éditions du Rocher. Ce journal s'arrête à la naissance de son fils Alexandre en septembre 1990.
Il publie en 1991 le récit de son séjour en Turquie en quête de ses racines : Visage de Turc en pleurs. Il part à Jérusalem faire sa communion. Il tire un livre de ce voyage : L'âge du Christ (il a 33 ans au moment de ce voyage). La publication de son Journal intime lui vaut de solides inimitiés de certaines des personnes qui y figurent[13]. Il publie un roman sur la femme de Céline, Lucette, donne une conférence à l'Institut catholique de Paris sur Léon Bloy[14] ou, dans un hôtel de Tunisie, sur Bernanos[15].
En 1998, Nabe écrit un roman sur le suicide, Je suis mort.
Il publie un recueils d'articles (Oui et Non), de contes (K.-O. et autres contes), de poésies (Loin des fleurs) et d'interviews (Coups d'épée dans l'eau). Parallèlement il collabore à Paris-Match[16], à la revue L'Infini, ainsi qu'à d'autres publications[17].
En 2000, son ami Stéphane Zagdanski le met en scène dans son roman Pauvre de Gaulle !. Nabe réagit en écrivant Mon meilleur ami, texte qui sera publié dans la revue de Philippe Sollers, L'Infini. La même année, la publication du quatrième tome de son Journal intime est très mal reçue par nombre de critiques, comme Michel Polac ou Albert Algoud[13],[18]. Il part alors sept mois dans l'île de Patmos. Il publie à son retour Alain Zannini, roman commencé dans l'île et construit, selon les mots de l'auteur, en écho au dernier livre du Nouveau Testament[19].
Les attentats du 11 septembre 2001 lui inspirent un pamphlet intitulé Une lueur d'espoir.
Il publie ensuite un nouveau journal La Vérité, pour lequel le terroriste Carlos écrit des éditoriaux depuis sa cellule. Les articles de la Vérité sont repris en volume dans J'enfonce le clou.
En 2003, après avoir lancé un appel aux artistes français à le rejoindre[20], Nabe part à Bagdad pour protester contre la guerre qui commence. À l'issue de ce voyage, il écrit Printemps de feu, qui sera très mal reçu en France par certains critiques[21], mais salué par d'autres au Moyen-Orient[22].
Vingt ans après sa parution, son premier livre, Au Régal des vermines, est republié aux éditions Le Dilettante avec une préface inédite intitulée « Le Vingt-septième Livre ». Mettant en parallèle son destin et son échec éditorial avec la réussite de Michel Houellebecq qu'il côtoyait en tant que voisin d'immeuble[23], il y annonce son intention de mettre un terme à sa carrière d'écrivain.
En octobre 2006 paraît chez Léo Scheer un recueil de Morceaux choisis, cinq cents pages de passages sélectionnés dans toute l'œuvre par l'auteur et par Angie David et répartis en vingt-six thèmes sous la forme d'un abécédaire.
Nabe s'exprime aujourd'hui essentiellement sur des sujets d'actualité à travers des tracts affichés, distribués gratuitement et disponibles sur son site officiel. S'il en encourage la diffusion, Nabe interdit toute publication payante de ce mode de diffusion. L'équipe qui compose, imprime et diffuse les tracts demeure anonyme.
Controverses
Les écrits de Nabe, au ton volontiers provocateur et agressif, lui ont valu un certain nombre de polémiques. À l'occasion de la sortie de son livre Au régal des vermines en 1985, il fut accusé publiquement d'antisémitisme et fut physiquement agressé par Georges-Marc Benamou après son passage à Apostrophes.
Lors du passage de Nabe dans l'émission de Laurent Ruquier On a tout essayé le mercredi 18 octobre 2006 à l'occasion de la parution de Morceaux choisis, le chroniqueur Gérard Miller lit des extraits d’Au régal des vermines, republié en 2005[24]. Nabe a alors quitté le plateau après s'être plaint du traitement des écrivains à la télévision, sous les huées et les applaudissements mêlés du public. Le webmaster de son site, suite à la réaction de nombreux lecteurs, publie sur Internet une réponse qui compare les passages dénoncés par Miller avec les extraits écrits par Nabe[25].
Œuvres
La distribution des œuvres présentée ci-dessous est celle présentée sur le site de l'écrivain.
Essais
- Au régal des vermines, Barrault, 1985 (ISBN 2-7360-0018-8)
- Zigzags, Barrault, 1986 (ISBN 2-7360-0040-4)
- Chacun mes goûts, Le Dilettante, 1986 (ISBN 2-905344-09-1)
- L'Âme de Billie Holiday, Denoël, 1986 (ISBN 2-207-23260-3)
- La Marseillaise, Le Dilettante, 1989 (ISBN 2-905344-32-6)
- Rideau, Le Rocher, 1992 (ISBN 2 268 01311 1)
- Petits riens sur presque tout, Le Rocher, 1992 (ISBN 2 268 01399 5)
- L'Âge du Christ, Le Rocher, 1992 (ISBN 2 268 01398 7)
- Nuage, Le Dilettante, 1993 (ISBN 2-905344-68-7)
- Oui, Le Rocher, 1998 (ISBN 2 268 03127 6)
- Non, Le Rocher, 1998 (ISBN 2 268 03125 X)
- Coups d'épée dans l'eau, Le Rocher, 1999 (ISBN 2 268 02622 1)
- Une lueur d'espoir, Le Rocher, 2001 (ISBN 2 268 04212 X)
- J'enfonce le clou, Le Rocher, 2004 (ISBN 2 268 05255 9)
- Au régal des vermines, précédé du Vingt-Septième Livre, Le Dilettante, 2006 (ISBN 2-84263-119-6)
- Le Vingt-Septième Livre, Le Dilettante, 2009 (ISBN 2842631684)
Journaux intimes
- I, Nabe's Dream, Le Rocher, 1992 (ISBN 2 268 01102 X)
- II, Tohu-Bohu, Le Rocher, 1993 (ISBN 2 268 01548 3)
- III, Inch'Allah, Le Rocher, 1996 (ISBN 2 268 02297 8)
- IV, Kamikaze, Le Rocher, 2000 (ISBN 2 268 03418 6)
Nouvelles
- K.-O. et autres contes, Le Rocher, 1999 (ISBN 2 268 03033 4)
Poèmes
- Loin des fleurs, Le Dilettante, 1998 (ISBN 2-84263-018-1)
Romans
- Le Bonheur, Denoël, 1988 (ISBN 2-207-23406-1)
- Visage de Turc en pleurs, Gallimard, 1992 (ISBN 2-07-072773-4)
- Lucette, Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-073934-1)
- Je suis mort, Gallimard, 1998 (ISBN 2-07-075207-0)
- Alain Zannini, Le Rocher, 2002 (ISBN 2 268 04420 3)
- Printemps de feu, Le Rocher, 2003 (ISBN 2 268 04771 7)
Études
- L'affaire Zannini (collectif), Le Rocher, 2003 (ISBN 2 268 04596 X)
Anthologie
- Morceaux choisis, Léo Scheer, 2006 (ISBN 2-7561-0031-5)
Presse
- L'Éternité
- La Vérité
Tracts
- Zidane la racaille
- Les Pieds Blancs
- Et Littell niqua Angot
- Représente-toi
- La Bombe de Damoclès
- Le ridicule tue
- Sauver Siné
- Enfin nègre !
L'ensemble des tracts est en accès libre sur le site de l'auteur.
Discographie
Guitare rythmique sur les albums suivants :
- Marcel Zanini, Saint Germain des Prés (Frémaux & associés)
- Marcel Zanini, Rive Gauche 1976-1985 (Frémaux & associés)
- Marcel Zanini, Peu de choses (Frémaux & associés)
- Marcel Zanini, Tu veux ou tu veux pas ? (Frémaux & associés)
- Les Primitifs du futur, Trop de routes, trop de trains (Frémaux & associés)
- Les Primitifs du futur, World Musette (Harmonia Mundi)
Paroles :
- La dernière Rumba de Django. Texte de Marc-Edouard Nabe sur le disque de Dominique Cravic et les Primitifs du futur, Tribal Musette (Universal Music Jazz).
Voir aussi
Lien externe
Notes et références
- ↑ « Il est très naturel de ne pas aimer Nabe. On peut le trouver abject et même totalement dégueulasse. [...] On peut aussi lui reconnaitre des dons : le comparer à un virus ou à Attila » (Frédéric Ferney, Le Nouvel Observateur, 1er mars 1985).
- ↑ « Reste l'essentiel : la promesse souvent tenue, qu'un écrivain, un vrai de vrai, est né. [...] Bientôt les coups du sort l'amèneront à descendre en lui-même. Alors il sera de son temps. Terriblement. » (Gérard Guéguan, Sud-Ouest Dimanche, 3 mars 1985).
- ↑ « Parmi les plus jeunes, il y a évidemment Marc-Édouard Nabe, amateur et propagateur de Bloy. Lui-même tient un Journal, sinon inspiré du moins nourri de la lecture du Journal de Bloy. » « Entretien avec Pierre Glaudes », blog de Juan Asensio, « le Stalker », 1er avril 2004.
- ↑ « [Nabe] ne parvient guère à nous suggérer l'existence d'une autre vérité par-delà le miroir déformant de l'apôtre, vérité qui [...] était l’unique nourriture de l’auteur de Bloy. » « Marc-Edouard Nabe, le si peu bloyen », ibid.
- ↑ Extraits de l'émission Les Mauvais sentiments du 15 février 1985 disponibles sur le site des archives de l'INA.
- ↑ Extraits de l'émission Épisodes convulsifs de l'histoire du monde du 22 février 1985, ibid.
- ↑ Kamikaze. Journal intime 4, p. 3113.
- ↑ Émission Apostrophes du 8 janvier 1988.
- ↑ L'Idiot international, n°14, 16 août 1989.
- ↑ L'Idiot international, n°24, 25 août 1989.
- ↑ L'Idiot international, n°25, 1er novembre 1989.
- ↑ L'Idiot international, n°26, 8 novembre 1989.
- ↑ a et b Michel Polac et Albert Algoud sur Nabe dans l'émission La partie continue sur France Inter, juin 2000.
- ↑ Le bras de mon fils, conférence prononcée le 30 novembre 1996.
- ↑ Bernanos au terminus, conférence prononcée le 24 juillet 1998 à l'hôtel Shalimar d'Hammamet (Tunisie).
- ↑ « La montagne violée », « Addio Fabbio », « Conjugalement incorrect », « Le carnaval des enculés », « Sandrine et Virginie », etc. Articles rassemblés dans Oui et Non.
- ↑ Articles rassemblés dans les recueils Oui et Non.
- ↑ « Un ami m'a joué un sale tour : il m'a envoyé une photocopie des pages du Journal de Nabe. J'ai passé une nuit blanche avec l'envie de vomir. Je ne devrais pas parler de cette raclure de bidet, il pourrait s'en servir pour faire sa pub, mais je suis ahuri qu'un éditeur paye ce type pour écrire ça... » (Michel Polac, Charlie-Hebdo, 17 mai 2000).
- ↑ Jean-Luc Douin, « Dufreigne et Nabe, au jeu du double moqueur », Le Monde, 25 octobre 2002.
- ↑ « Tous à Bagdad », in La Vérité, 12 mars 2003.
- ↑ Nelly Kaprielian, Les Inrockuptibles, 10 septembre 2003 ; Olivier Maison, Marianne, 22 septembre 2003.
- ↑ Scarlett Haddad, L'Orient-Le Jour, 11 octobre 2003.
- ↑ « Houellebecq lui-même me l'avait bien expliqué :
– Si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau ! Fais de toi un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est le secret, Marc-Edouard. Toi, tu veux trop soulever le lecteur de terre, l'emporter dans les cieux de ton fol amour de la vie et des hommes !... Ça le complexe, ça l'humilie, et donc il te néglige, il te rejette, puis il finit par te mépriser et te haïr...
Michel avait raison. Un best-seller a toujours raison.
Dire qu'on habitait au 103, rue de la Convention, Michel et moi... Chacun dans un immeuble, face à face. On avait la même adresse ! », Le Vingt-Septième livre, préface à la réédition du Régal des vermines, Le Dilettante, 2005. - ↑ « Depuis toujours, je suis raciste. J'espère que les Noirs vont finir par enculer les blancs » ; « les pédés, je les hais » ; « je ne m'excite pas trop sur les attentats antisémites de ces dernières années : ce ne sont que des rots bruyants. »
- ↑ « Un stalinien et un pédophile employés par le service public ! », site de Marc-Édouard Nabe.
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