- Manifeste des 343
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Le manifeste des 343 est une pétition française parue le 5 avril 1971 dans le no 334 du magazine Le Nouvel Observateur, et signée par 343 femmes affirmant avoir subi un avortement, s'exposant ainsi à l'époque à des poursuites pénales pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement.
Il s'agissait d'un appel pour la liberté des femmes de pouvoir avorter.
Sommaire
Le texte
Le manifeste, rédigé par Simone de Beauvoir, commence par ces phrases :
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre. »
Suivent les 343 signatures, notamment celles de personnalités telles que Catherine Arditi, Françoise Arnoul, Brigitte Auber, Stéphane Audran, Colette Audry, Tina Aumont, Hélène de Beauvoir, Simone de Beauvoir, Valérie Boisgel, Olga Bost, Claudine Chonez, Iris Clert, Lise Deharme, Christine Delphy, Catherine Deneuve, Dominique Desanti, Marguerite Duras, Françoise d'Eaubonne, Françoise Fabian, Brigitte Fontaine, Antoinette Fouque, Luce Garcia-Ville, Claude Génia, Gisèle Halimi, Katia Kaupp, Bernadette Lafont, Danièle Lebrun, Michèle Manceaux, Annie Leclerc, Violette Leduc, Marceline Loridan, Judith Magre, Geneviève Mnich, Ariane Mnouchkine, Claudine Monteil[1], Jeanne Moreau, Michèle Moretti, Liane Mozère, Nicole Muchnik, Bulle Ogier, Marie Pillet, Marie-France Pisier, Micheline Presle, Marthe Robert, Christiane Rochefort, Yvette Roudy[2], Françoise Sagan, Delphine Seyrig, Alexandra Stewart, Gaby Sylvia, Nadine Trintignant, Irène Tunc, Agnès Varda, Catherine Varlin, Ursula Vian-Kübler, Marina Vlady, Anne Wiazemsky, Monique Wittig, Florence Asie.
Une note en bas de page indique que « parmi les signataires, des militantes du « Mouvement de Libération des Femmes » réclament l'avortement libre et GRATUIT ».
L'idée a été lancée par Jean Moreau, de la rédaction du Nouvel Observateur[3].
Son impact
La semaine suivant la parution du manifeste, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a fait sa une avec un dessin s'en prenant aux hommes politiques avec la phrase « Qui a engrossé les 343 salopes ? ». C'est à ce dessin de Cabu que le manifeste doit son surnom de « Manifeste des 343 salopes », par dérision face à ses opposants (Cabu soutenait le Manifeste).
Il s'agit de l'un des exemples les plus connus de désobéissance civile en France. Il a inspiré en 1973 un manifeste de 331 médecins se déclarant pour la liberté de l'avortement. Il a surtout contribué à l'adoption, en décembre 1974-janvier 1975, de la loi Veil qui dépénalisait l'interruption volontaire de grossesse (IVG) lors des dix premières semaines de grossesse, ce qui correspond à douze semaines d'aménorrhée, un délai porté depuis à 14 semaines d'aménorrhée, via la réforme de la loi de 1975 par Martine Aubry en 2001.
Il a inspiré, en 2006, le mouvement des 143 rebelles, rassemblant des femmes du parti socialiste s'opposant à la candidature de Ségolène Royal au nom de ce parti lors de l'élection présidentielle de 2007[4],[5].
Notes
- (en) Claudine Monteil, « Simone de Beauvoir and the women's movement in France: An eye-witness account », dans Simone de Beauvoir Studies, vol. 14, 1997 (ISSN 1063-2042) [texte intégral].
- (fr) Propos recueillis par Noëlline Castagnez le 4 janvier 2006, « Les femmes socialistes et le Parlement : Témoignage d’Yvette Roudy », dans Parlement[s], vol. 6 « Socialistes au Parlement », 2e sem. 2002, p. 19–26 (ISBN 978-2-200-92116-3)(ISSN 1768-6520) [texte intégral].
- (fr) Sophie des Deserts, « L'histoire secrète du « Manifeste des 343 salopes » », dans Le Nouvel Observateur, no 2160, 30 mars 2006 [texte intégral].
- (fr) « « 143 rebelles » contre la Ségomania », sur lefigaro.fr.
« Plusieurs femmes du Parti socialiste ont baptisé leur mouvement « 143 rebelles » en « clin d'œil » au manifeste des « 343 salopes ». »
- (fr) Michèle Sarde, De l'alcôve à l'arène : Nouveau regard sur les Françaises, Paris, Robert Laffont, 2007, 563 p. (ISBN 978-2-221-09880-6), p. 480.
« Le chiffre 143 est un clin d'œil aux 343 femmes qui avaient déclaré s'être fait avorter. »
Voir aussi
Articles connexes
- Interruption volontaire de grossesse en France
- Féminisme en France
- Discrimination des femmes en France
- Procès de Bobigny
- Loi Veil
Liens externes
Sur le site du Nouvel Observateur :
- Le texte du manifeste et la liste des signataires
- Facsimilés : couverture, p. 5, p. 6, p. 40, p. 41, p. 42, p. 43, p. 44
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