- Violette Leduc
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Violette Leduc, née à Arras le 7 avril 1907 et morte à Faucon le 28 mai 1972, est une romancière française.
Sommaire
Biographie
Naissance et formation
Violette Leduc est née à Arras le dimanche 7 avril 1907 (déclarée le 8), à cinq heures du matin, fille illégitime de Berthe Leduc et d’André Debaralle, un « fils de famille » de la haute bourgeoisie de Valenciennes. Il refuse de reconnaître l'enfant. Dès son enfance, elle est marquée par la honte de sa naissance. Violette est interne au collège de Valenciennes, puis dans celui de Douai où elle fait la connaissance d'Isabelle P. avec qui elle a une relation d'amour passionnée. Violette Leduc connaît également, à cette époque, ses premières passions littéraires : les classiques russes, puis Cocteau, Duhamel, Gide, Proust et Rimbaud. En 1925, c'est Denise Hertgès (Cécile dans Ravages et Hermine dans La Bâtarde), surveillante au collège de Douai et fine musicienne, qui devient son amante. Leur relation est découverte. Le scandale éclate et les deux jeunes femmes sont renvoyées de l'établissement.
En 1926, Violette accompagne sa mère et son beau-père à Paris et poursuit ses études secondaires au lycée Racine. Elle rate son baccalauréat et décide d’abandonner ses études pour gagner sa vie. Violette et Denise vivent ensemble pendant neuf ans dans des hôtels meublés de la banlieue parisienne. Elle devient échotière chez Plon, où elle rencontre de nombreux écrivains. Après avoir été quittée par Denise, Violette entre en 1936 chez Synops comme scénariste, y rencontre en mai 1938 Maurice Sachs, écrivain aventurier homosexuel, futur auteur du Sabbat, dont elle tombe éperdument amoureuse. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, maison d'édition dirigée par les frères Keller, où elle restera un an, jusqu'à la déclaration de la guerre.
Un écrivain pour écrivains
Elle épouse en 1939 Jacques Mercier, un ancien ami, photographe de mariages et peintre à ses heures, mais le couple, installé au 20, rue Paul-Bert (Paris XIe), se sépare au bout d’un an. Violette se fait avorter à cinq mois et demi de grossesse et frôle la mort. Cette expérience dramatique est longuement décrite dans Ravages. En 1940, recommandée par Sachs, elle collabore à la revue Pour Elle et au quotidien Paris Soir. En 1942, elle s’installe pendant trois mois dans un village de Normandie, Anceins, près de Laigle où, sur l’injonction de Sachs, qu’elle aime d’un amour impossible, elle commence à écrire ses souvenirs d’enfance, dans L’Asphyxie, sa fameuse première phrase (« Ma mère ne m'a jamais tenu la main ») déclenchant tout le reste. Elle survit grâce à ses petits trafics de marché noir. En 1944, elle découvre L’Invitée de Simone de Beauvoir et comprend la composante homosexuelle de son auteur. En février 1945, par l’entremise de deux amies, V. Leduc est présentée à Simone de Beauvoir qui accepte de lire le manuscrit de L’Asphyxie. D’emblée Beauvoir reconnaît son talent. Dès lors, elle suivra son travail et la soutiendra jusqu’à la fin. Des extraits du manuscrit paraissent dans Les Temps modernes. En mai 1946, L’Asphyxie sort chez Gallimard dans la collection « Espoir » dirigée par Camus. Le livre ne connaît aucun succès, mais Violette Leduc gagne l’estime de Cocteau, Genet, Jouhandeau, Sarraute et Sartre.
Éprise de Simone de Beauvoir, elle entame la rédaction de L'Affamée, très beau poème en prose, véritable journal onirique d'une amoureuse, consacré à sa passion pour le Castor, nommée "Elle" tout au long des pages. Violette Leduc se lie d'amitié avec Colette Audry et surtout Nathalie Sarraute. En septembre 1947, par l'entremise de Genet qu'elle admire infiniment, Violette Leduc rencontre Jacques Guérin (1902-2000), industriel parfumeur (il dirige les Parfums d'Orsay), grand collectionneur de manuscrits et d'œuvres d'art, ami d'artistes et d'écrivains. Elle s'éprend follement de cet homme qui ne peut nullement répondre à ses élans: comme Sachs, il est homosexuel. Jacques Guérin admire l'œuvre de Violette Leduc et lui apportera son fidèle soutien pendant les dix-sept années de leur amitié. En 1948, il fait publier à ses frais, chez Jean-Jacques Pauvert (Éditions du Palimugre), une édition de luxe de L'Affamée qui sort la même année chez Gallimard. Violette Leduc commence la rédaction de Ravages, son premier roman. En 1949, Sartre et Beauvoir versent une petite pension à Violette Leduc par l'intermédiaire des Éditions Gallimard afin de ménager la sensibilité de leur obligée. En 1954, grâce au Prix Goncourt obtenu pour Les Mandarins, Simone de Beauvoir assumera seule cette charge. Cette aide durera jusqu'en 1964.
Le succès
En 1956, elle séjourne six mois dans une clinique de Versailles pour soigner ses tendances paranoïaques, et en 1957 six mois dans une maison de repos, « La Vallée-aux-Loups » à Chatenay-Malabry[1].
En 1961, grâce à une amie écrivain, Thérèse Plantier, elle découvre Faucon en Vaucluse et s'y réfugie pour continuer la rédaction de La Bâtarde, une autobiographie romanesque, qui, commencée en 1958, paraît en 1964, avec une longue et dithyrambique préface de Simone de Beauvoir. Le succès est immédiat. Le livre frôle le prix Goncourt. Violette Leduc a 57 ans au moment de son triomphe et c'est déjà une femme abîmée par la vie mais qui connaît là une véritable renaissance. Pour lui donner une totale indépendance, Simone de Beauvoir exige le remboursement des sommes qu'elle lui versait depuis 1949. Cette décision a pour but de mettre Violette sur un pied d'égalité et de lui permettre de s'acquitter ainsi de ses complexes d'infériorité.
Elle continue à publier et rencontre chaque fois un grand succès d'estime, parfois aussi commercial (Thérèse et Isabelle), s'étourdit un instant dans l'achat de robes de grands couturiers et dans les mondanités. De nombreux journaux lui demandent des articles. Elle s'installe de longs mois dans la maison qu'elle a achetée et fait restaurer à Faucon. Elle écrit à la lisière des bois.
Mort d'un génie
En 1970, elle publie La Folie en tête que Simone de Beauvoir a auparavant fortement censuré, tant des passages lui semblaient emphatiques et impudiques. Violette a un cancer du sein et décide de s'installer définitivement à Faucon dans sa maison rénovée. Elle continue à écrire malgré l'aggravation de la maladie et meurt chez elle le 28 mai 1972 en présence d'un ami.
Simone de Beauvoir est nommée héritière de ses droits littéraires et publie La Chasse à l'amour en 1973.
Violette Leduc a fait de sa vie la matière principale de ses livres. Elle laisse une œuvre exceptionnelle qui a marqué l'histoire littéraire du XXe siècle.
Œuvres
- L'Asphyxie, 1946
- L'Affamée, 1948
- Ravages, 1955
- La vieille fille et le mort suivi de Les Boutons dorés, 1958
- Trésors à prendre, 1960
- La Bâtarde, 1964
- La Femme au petit renard, 1965
- Thérèse et Isabelle, 1966
- La Folie en tête, 1970
- Le Taxi, 1971
- La Chasse à l'amour, 1973
- Thérèse et Isabelle, texte intégral de 1954, notes et postface de Carlo Jansiti, Gallimard, 2000
- Je hais les dormeurs, illustré par Béatrice Cussol, éditions du Chemin de fer, 2006
- Correspondance 1945-1972, lettres choisies, établies, annotées et préfacées par Carlo Jansiti, Gallimard, 2007
Notes et références
- Vallée-aux-Loups, De Sofia Plekanov à Lydie Le Savoureux, Vallée de la culture V.02, hiver 2010-2011, p. 79. Gisèle Caumont,
Bibliographie
- Carlo Jansiti, Introduction, in La Bastarda, traduit par Valerio Riva, Oscar Mondadori, 1989
- — « Ils ont refusé le début de Ravages. C'est un assassinat », Nord, textes réunis par Paul Renard et Carlo Jansiti, n° 23, juin 1994
- — « Une troublante gémellité : Jean Genet et Violette Leduc », Europe, n° 808-809, août-septembre 1996
- — Métamorphoses du biographème, Violette Leduc, textes réunis par Paul Renard et Michèle Hecquet, Université Charles-de Gaulle, Lille 3, 1998.
- — « Ravages : le roman et la vie », Romain 20-50, n° 28, décembre 1999
- — Violette Leduc, biographie, Grasset, 1999, 494 p.
- — Postface à Thérèse e Isabelle, traduit par Adriano Spatola et Laura Cimenti, Baldini & Castoldi, 2002
- — Violette Leduc et Jacques Guérin : « La tentation de l'impossible » dans « L'amour fou », 17 passions extraordinaires, Maren Sell Éditeurs, 2006
- René de Ceccatty, Violette Leduc, éloge de la bâtarde, Stock (Paris); 1994 - (ISBN 223404359X)
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