Mal des ardents

Mal des ardents

Ergotisme

Ergotisme
Classification et ressources externes
CIM-10 T62.2
CIM-9 988.2
DiseasesDB 30715
MeSH D004881

L’Ergotisme est le résultat d’un empoisonnement à long terme par l’ergot, habituellement suite à l’ingestion d’alcaloïdes produits par le claviceps purpurea (ergot de seigle), un champignon qui infecte le seigle et d’autres céréales et, plus récemment, après administration de certains médicaments dérivés de l’ergoline. Il est également connu sous le nom de mal des ardents et feu de Saint-Antoine. L’intoxication par l’ergot est l'une des explications médicales et psychologiques de la sorcellerie ou de la possession démoniaque.

Sommaire

Causes

Les toxiques dérivés de l’ergoline se trouvent dans les médicaments synthétisés à partir de l'ergot de seigle (comme la méthylergométrine, l’ergotamine, ou, auparavant, l’ergoline). Les effets indésirables se produisent soit à haute dose ou à dose moyenne avec une potentialisation[Quoi ?] par d’autre produits comme l’azithromycine.

Traditionnellement, l’absorption alimentaire de produits céréaliers contaminés par le champignon Claviceps purpurea pouvait également provoquer l’ergotisme.

Enfin, les alcaloïdes peuvent aussi passer par la lactation de la mère à l'enfant, provoquant l’ergotisme chez les nourrissons.

Symptômes

Les symptômes peuvent être grossièrement divisée en deux groupes, les signes convulsifs et les signes gangrèneux.

Forme convulsive

Les symptômes convulsifs comprennent des crises de convulsions et des spasmes douloureux, des diarrhées, des paresthésies, des démangeaisons, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Habituellement, les effets gastro-intestinaux précédent les effets nerveux. En plus des convulsions, il peut exister des hallucinations ressemblant à celles déclenchées par le LSD (diéthylamide de l'acide lysergique, dont l’ergotamine, l’alcaloïde de l'ergot est un précurseur immédiat avec lequel il partage certaines similitudes structurelles), et des troubles psychiatriques comme la manie ou la psychose. Les symptômes convulsifs sont causées par des Alcaloïde comme l’ergoline .

Forme gangréneuse

La gangrène sèche est le résultat d'une vasoconstriction induite par des alcaloïdes comme l’ergotamine et l’ergocristine du champignon. Elle affecte les structures distales les plus mal vascularisées, telles que les doigts et les orteils. Les symptômes comprennent une desquamation, un affaiblissement des pouls périphériques, une perte de sensibilité des extrémités des œdèmes et, finalement, la nécrose des tissus touchés.

Histoire

Des épidémies de cette maladie ont été identifiées à travers l'histoire, même si les références des auteurs classiques sont difficiles à interpréter. Le seigle principal vecteur de transmission de l’ergotisme, ne s’est pas beaucoup diffusé autour de la Méditerranée. Lorsque Fuchs différencia en 1834 les référence à l’ergotisme de celles concernant l’érysipèle et d'autres affections, il retrouva la première mention de l'ergotisme dans les Annales Xantenses de l'année 857: "une Grande peste de pustules oedématiées a consumé la population atteinte d’une pourriture répugnante, de sorte que leurs membres ont été gangrènés et sont tombés avant qu’ils meurent ".

A cette époque l’empoisonnement gangréneux était connue sous le nom d’ignis sacer (feu sacré) ou feu de Saint-Antoine, du nom de moines de l’ordre des Antonins, car nombre de ses victimes se rendaient en pèlerinage auprès des reliques de Saint-Antoine, à Saint-Antoine-l'Abbaye (Isère, en France), dans l'espoir d'être guéries, mais aussi en raison des sensations de brûlures ressenties dans les membres des malades[1] auxquelles on doit l'autre nom de la maladie « mal des Ardents » . Ces pèlerinages étaient souvent couronnés de succès, le pèlerin s'éloignant de la source de pain fabriqué à partir du seigle ergoté le temps que les stocks soient écoulés et on attribuait la guérison à Saint-Antoine qui est le saint patron des ergotiques. C'est l'été que la maladie frappait au moment où l’on consommait la nouvelle récolte.

Des chroniqueurs comme Adémar de Chabannes, Geoffroy du Breuil de Vigeois ou Raoul Glaber enregistrent des épidémies notamment celle de 994 dans le Limousin. Le saint invoqué à Limoges était saint Martial ; pour avoir sauvé la ville de cette maladie, le saint fait l'objet d'"ostensions" qui ont lieu tous les sept ans.

Selon Snorri Sturluson, dans son Heimskringla, le roi Magnus, fils du roi Harald Sigurtharson, qui était le demi-frère du Saint roi Olaf II de Norvège, est décédé des suites de l’ergotisme peu après la bataille d'Hastings.

L’ergot, nommé d’après l'éperon qu’il forme sur la plante, a été identifié et désigné ainsi par Denis Dodart, qui a signalé le rapport entre l’ergot de seigle et l'empoisonnement du pain dans une lettre adressée à l’Académie royale des Sciences en 1676 et (John Ray a mentionné l’ergot pour la première fois en anglais l'année suivante), mais le cycle du champignon n'a été décrit qu'en 1853 par les frères Tuslane.

Les plus grandes épidémies d'ergotisme sont survenues au XIXe siècle. À partir du XVIIe siècle, du fait des avancées des sciences, on comprend que le pain provoquant l'ergotisme contient de l'ergot, la vigilance augmente et les intoxications diminuent dans les pays développés en raison de la surveillance attentive dont le seigle a fait l’objet depuis, dans les pays développés.[2]On va cribler le seigle pour vérifier les récoltes.

Il existe des preuves [3] selon lesquelles l’intoxication par l'ergot a eu une utilisation rituelle au cours de sacrifices humains pratiqués sur certains Hommes des tourbières . L’homme de Grauballe et l’homme de Tollund retrouvés dans les marais de tourbe ont été si bien préservés que de grandes quantités de céréales et herbes putréfiées ont été extraites de leur estomac, indiquant clairement une ingestion forcée utilisée pour une forme primitive de sédation.

Lorsqu’il est écrasé par les meules, l'ergot se transforme en poudre rouge, bien visible sur la plante en herbe mais passant facilement inaperçu dans la farine de seigle de teinte foncée. Dans les pays moins développés, l’ergotisme survient encore ; une épidémie a été rapportée en Éthiopie en 2001 suite à l’ingestion d’orge contaminé. Chaque fois qu'on trouve la combinaison d’un temps humide, de températures fraîches, d’un retard dans les moissons des cultures de plaine et une consommation de seigle, la survenue d'un foyer est possible. La Russie a été particulièrement touchée.

Pendant l'été 1951, une série d'intoxications alimentaires frappe la France, dont la plus sérieuse à partir du 17 août à Pont-Saint-Esprit, où elle fait sept morts, 50 « internés » dans des hôpitaux psychiatriques et 250 personnes affligées de symptômes plus ou moins graves ou durables[4],[5]. Le corps médical pense alors que le « pain maudit » aurait pu contenir de l'ergot du seigle, mais sans en avoir la preuve.

Le procès des sorcières de Salem

Les symptômes convulsifs qui peuvent être la conséquence de la consommation de seigle contaminé par l'ergot ont également été cité comme une cause des accusations «d'envoûtement» qui a conduit au procès des sorcières de Salem . Cette explication médicale du phénomène de "l'envoûtement" a été proposée pour la première fois par Linnda R. Caporael en 1976 dans un article de Science. Dans son article, Caporael souligne que les symptômes convulsifs, telles que les sensations de démangeaisons de la peau, les picotements dans les doigts, les vertiges, les acouphènes, les céphalées, les troubles sensitifs, les hallucinations , les contractions musculaires douloureuses, les vomissements et les diarrhées, ainsi que des symptômes psychiatriques, tels que la manie, la mélancolie, la psychose et le Délire ont tous été des symptômes rapportés dans les relations de la sorcellerie à Salem. Caporael note également l'abondance de seigle dans la région ainsi que des conditions climatiques parfaites pour la corruption du seigle. .[6] En 1982, l'historien Mary Matossian a remise à l’honneur la théorie de Caporael dans un article paru dans American Scientist . Dans son article, Matossian s'appuie sur les théories de Caporael et note également que, conformément à la tradition populaire anglaise tous les symptômes de «l'envoûtement» ressemblent à celles qui se manifestent dans ces intoxications par l'ergot de seigle. [7]

L'explication médicale de l’ergotisme comme cause de l’"envoûtement" a fait l'objet d’un débat, et a été critiquée par plusieurs spécialistes. Un an après l'article de Caporael, les historiens Spanos et Gottlieb ont réfuté sa théorie dans le même journal. Dans l'article de réfutation Spanos et Gottlieb ont conclu qu'il existe plusieurs lacunes dans l'explication de l’intoxication par l’ergot comme étant l’origine des accusations "d'envoûtement". La plus notable est que, si les approvisionnements alimentaires avaient été contaminés, les symptômes se seraient déclarés maison par maison, et les cas n’auraient pas été limités à quelques personnes isolées. Spanos et Gottlieb notent aussi le fait que l'intoxication par l'ergot comporte d'autres symptômes non mentionnés par ceux qui décrivent l’affection et que la proportion d'enfants touchés était moindre que dans une épidémie d’ergotisme typique. [8] D'autres problèmes ont également été soulevées par la théorie de Caporael. L'anthropologue H. Sidky noté que le problème de l’ergotisme a existé pendant des siècles, avant le procès des sorcières de Salem, et que ses symptômes étaient reconnus à l'époque de ce procès. .[9]

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ergotism  ».
  1. Murphy et al, 2006
  2. Albert Hofmann, LSD mon enfant terrible, Esprit frappeur, 1979 (réimpr. 1989, 1997, 2003) (ISBN 2-84405-196-0) 
  3. Timothy Taylor, 2003. 'The Buried Soul: How Humans Invented Death' (Fourth Estate Ltd)
  4. l'affaire du "pain maudit" de Pont-Saint-Esprit R.-L. Bouchet Phytoma défense des culture décembre 1980
  5. Le pain maudit, Steven L. Kaplan, 2008
  6. Linnda Caporael, « Ergotism: The Satan Loose in Salem », dans Science, vol. 192, April 1976, p. 21 [lien PMID lien DOI] 
  7. Mary Matossian, « Ergot and the Salem Witchcraft Affair », dans American Scientist, vol. 70, July-August 1982 
  8. Nicholas Spanos, « Ergotism and the Salem Village Witch Trials », dans Science, vol. 194, December 1976, p. 1390 [lien PMID lien DOI] 
  9. (en) H. Sidky, Witchcraft, Lycanthropy, Drugs and Disease: An Anthropological Study of the European Witch Hunts, Peter Lang, 1997 

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Régis Delaigue, Le Feu Saint-Antoine et l'étonnante intoxication ergotée, s. l. Editions Armine-Ediculture-France, 2e édition, 2002.
  • MURPHY P., HENDRICH S., LANDGREN C. and BRYANT C., 2006. Food Mycotoxins: an update. Journal of Food Science, Vol. 71, Nr. 5, 51-65

Liens externes


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