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Makatea (île)
Pour l’article homonyme, voir Makatea.Makatea est une île de corail élevée dans l'archipel des Tuamotu dans le sous-groupe des Îles Palliser. Elle comporte une plaine à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle mesure 7,5 kilomètres du nord au sud, avec une largeur maximale de 7 kilomètres dans le sud. La superficie est de 24 km2. La population est de 61 habitants (recensement de 2007[1]). Le chef-lieu est Moumu sur la côte est. Une ville abandonnée, Vaitepaua, et un port sur la côte occidentale nord, Temao, datent tous les deux du temps de l'exploitation du phosphate (1917 à 1964). Makatea est l'une de trois îles de corail élevées du Pacifique qui ont eu de grands gisements de phosphate, les deux autres étant Nauru et Banaba.
L'île forme une commune associée à la commune de Rangiroa ; son maire-délégué est Julien Mai. Les habitants vivent de l'agriculture, de la culture du coprah, de la pêche et du commerce des crabes de cocotier.
L'île a été appelée « Aurora » (qui signifie l'« île de la récréation ») par le découvreur Jakob Roggeveen en 1722. Plus tard, les Polynésiens l'ont appelée le « Papa Tea » (qui veut dire « la roche blanche »).
Sommaire
L’exploitation des phosphates
L’atoll exondé contient les restes fossiles d’une grande quantité d’organismes marins qui, en se dégradant, ont donné un gisement de phosphates exploitable. Au début du XXe siècle, sous l’impulsion d’un notaire de Papeete, une société a été créée dans le but d’exploiter ce gisement ; il s’agit de la « Compagnie Française des Phosphates de l’Océanie » (CFPO).
Une infrastructure spécifique est construite, dont les vestiges témoignent encore aujourd’hui :
- le port de Temao, où on découvre une darse creusée à l’explosif dans le platier, où des chalands venaient chercher les phosphates dans des paniers en osier pour les transférer vers les navires croisant au large où ils étaient chargés par treuillage ; ce système s’améliorera en 1927, où une première jetée d’une cinquantaine de mètres de longueur, allant jusqu’à la limite du platier, permet aux chalands d’éviter le franchissement des rouleaux, mais c’est en 1954 seulement que la jetée Seibert, d’une centaine de mètres au porte-à-faux impressionnant, permet au minerai d’être délivré par tapis roulant jusqu’au dessus des cales des navires. Cette jetée, techniquement complexe suite à la nature très accore du récif, était repliable sur elle-même après utilisation ;
- un réseau de chemins de fer à voie de 60 centimètres desservait les mines et le port, où ont circulé cinq locomotives à vapeur de type 040T remorquant des tenders annexes construits par Orenstein & Koppel[2],[3]. Plus tard seront utilisés des locotracteurs Boilot-Pétolat, Deutz et surtout trois Billard T100D initialement étudiés pour la ligne Maginot mais construits pour l’organisation Todt.
La population fut multipliée par 100, passant d’une trentaine d’habitants au début du siècle à environ 3 000 au plus fort de l’exploitation, en 1962. À la même époque, les salaires versés au personnel de la CFPO représentait 28% des salaires privés versés dans le territoire et les impôts perçus sur la compagnie un quart des ressources fiscales. Aujourd’hui, les mines étant désaffectées, l’île est redevenue quasi-déserte ; cependant, à la date de sa fermeture programmée en 1966, le centre d’expérimentation du Pacifique était la pour maintenir une vie économique sur le territoire.
Voir aussi
Références
- ↑ http://www.ispf.pf/ISPF/EnqRep/Recensement/Recens2007/Themes/Population.aspx
- ↑ Voie Étroite n°137 : « Makatea, l'île abandonnée » par Philippe Ravé.
- ↑ Light Railways (Australia's Magazine of Industrial & Narrow Gauge Railways) n°169 : « Makatea » (reprise d'un article de 1948 par S.G. Martin).
Bibliographie
- Pierre-Marie Decoudras, Danièle Laplace et Frédéric Tesson, « Makatea, atoll oublié des Tuamotu (Polynésie française) : de la friche industrielle au développement local par le tourisme », dans Les Cahiers d'Outre-Mer, Presses universitaires de Bordeaux, vol. 58, no 230, avril-juin 2005, « Polynésie, dynamique contemporaine et enjeux d'avenir » (ISSN 0373-5834) (ISBN 2-86781-372-7) [texte intégral]
- Pierre-Yves Toullelan, Tahiti et ses archipels, Karthala, coll. « Méridiens : peuples et pays du monde », Paris, 1991, 230 p., « Les phosphates de Makatea », p. 100–103
- Caroline Blanvillain, « Avifaune de Makatea », dans Te Manu, Société d’ornithologie de Polynésie, no 37, décembre 2001, p. 3–4 (ISSN 1282-9986) [texte intégral]
Liens externes
- Michel Lextreyt (IA-IPR), « Les phosphates de Makatea », sur Historiens-géographes de Polynésie française
- [pdf] Carte de Makatea (d'après carte SHOM no 6320)
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