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Mizrahi
Pour les articles homonymes, voir Parti national.Israël
Cet article fait partie de la série sur la
politique d'Israël,
sous-série sur la politique.Portail politique - Portail national Le parti Mizrahi est l'une des branches du sionisme religieux et sa première incarnation historique, défendant l'idée d'un État juif largement basé sur le judaïsme (orthodoxe).
Tous les sionistes religieux n'adhèrent pas à ce mouvement, le Hardal regroupant les Haredim nationalistes, et le Likoud intégrant une faction sioniste religieuse.
Origines
Pour la majorité des juifs orthodoxes du XIXe siècle, l’État juif de l’Antiquité avait été détruit par la volonté de Dieu et ne pouvait être recréé que par une action directe de Dieu, à savoir l’envoi de son messie.
Un courant théologiquement différent s’est exprimé dans les années 1840-1870, essentiellement à travers deux rabbins principaux. Le premier, Yehuda Shlomo Alkalai (1798 - Octobre 1878), a exprimé ses idées dans son ouvrage « Goral la-Adonai » (Beaucoup pour le seigneur), publié à Vienne, en 1857. Le second, Zvi Hirsch Kalischer (24 mars 1795 - 16 octobre 1874) a publié un ouvrage en deux volumes « Sefer Emouna Yeshara » (Livre de la Foi Juste), publiés en 1843 et 1871.
Ces deux religieux sont les véritables fondateurs idéologiques du sionisme religieux.
Il y a deux aspects dans leur œuvre.
- Un de ces aspects est somme toute laïque : ils recherchent comment améliorer le sort des juifs, en bâtissant un État pour les juifs persécutés. Ils sont donc en phase avec les réflexions d'autres intellectuels juifs de leur temps, comme Moïse Hess. Le rav Kalischer, en particulier, avait proposé aux juifs de créer et d’adhérer à des associations visant à la colonisation de la Palestine.
- L’autre aspect est plus religieux. Pour eux, les droits civiques accordés aux juifs dans certains pays, comme la France, annoncent le temps de la rédemption. Mais celle-ci doit être aussi une œuvre humaine. C’est un commandement pour les juifs que de se rassembler en Eretz Israël (la terre sainte).
Cette interprétation, qui met une partie de la rédemption des juifs entre des mains humaines a provoqué de vives critiques chez la majorité des juifs orthodoxes de l'époque.
Création du parti Mizrahi (ou Mizrachi)
Une première association Mizrahi s’est crée au début des années 1890. Mais le parti lui-même ne s’est créé qu’en 1902.
Mizrachi est l’acronyme de Merkaz Ruchani ou "centre religieux". Le mot signifie aussi “oriental”.
Le parti est fondé à Vilnius (Empire russe, actuelle Lituanie) à une conférence mondiale des sionistes religieux, convoquée par le rabbin Yitzchak Yaacov Reines. Ce dernier est à la fois le créateur et le premier dirigeant du parti. Il a une démarche d’alliance très forte avec les autres mouvements sionistes, même avec les marxistes du Poale zion, et le Mizrahi fait partie de l’Organisation Sioniste Mondiale. Il veut « rejudaïser » le sionisme (au sens religieux), mais aussi participer à la colonisation juive de la Palestine.
Le mouvement a, à l’époque, un poids assez limité au sein du mouvement sioniste mondial : ce sont surtout les sionistes de gauche qui dominent en Palestine et les sionistes libéraux (sionistes généraux) qui dominent l’Organisation sioniste mondiale (jusqu’en 1931).
En 1922, sous l’influence des idéologies de gauche dominantes de l’époque se crée une branche « ouvrière » du Mizrahi, le Hapo'el Hamizrachi, qui entend mixer sionisme, pratique religieuse et idéologie de progrès social. Le Hapo'el Hamizrachi va ainsi créer des kibboutzim collectivistes et religieux (6 en 2005).
Au cours des années, les relations entre Hapo'el Hamizrachi et Mizrahi seront fluctuantes. Ils ont participé ensemble à certaines élections, mais se sont parfois présentés séparés.
En 1956, le Hapo'el Hamizrachi et le Mizrahi fusionnent pour fonder le Parti national religieux, ou MAFDAL (selon son acronyme hébraïque).
Les alliances
Globalement, le Mizrahi est resté allié aux organisations dominantes du sionisme depuis sa création.
Jusqu’en 1933, ce sont les sionistes généraux qui dominent l’Organisation Sioniste Mondiale, en alliance avec le Mizrahi.
Après 1933, le contrôle mondiale (et palestinien) de l’organisation passe aux travaillistes du Mapaï, toujours en alliance avec le Mizrahi.
Pendant cette période, le Mizrahi a plutôt la réputation d’un parti modéré, tant au plan nationaliste que religieux.
Au plan nationaliste, il joue d'ailleurs plutôt un rôle de modérateur dans les années 1950, face à un David Ben Gourion parfois adepte de la manière forte.
Au plan religieux, le parti incarne les orthodoxes « modernes » en Israël, ouverts sur la « modernité » économique et sociale. Les ultra-orthodoxes (haredim), beaucoup plus conservateurs dans leur façon de vivre, s’expriment au sein du parti Agoudat Israël (quand ils votent).
Articles détaillés : haredim et Judaïsme orthodoxe.Le rav Kook
Abraham Isaac Kook (1864 - 1935) a immigré en Palestine en 1904. En 1921, Il devient le premier grand rabbin Ashkénaze du “Foyer national juif” en Palestine mandataire, poste nouvellement créé. C’était un rabbin connu pour ses compétences talmudiques. En 1924, il crée la Yeshiva Merkaz Harav.
Son acceptation du poste de grand rabbin du foyer national juif créé par le mouvement sioniste en Palestine montre son accord avec les principes du sionisme religieux. À son poste, il va user de son prestige pour renforcer le courant sioniste religieux au sein du Judaïsme orthodoxe, en Palestine mandataire et dans le monde.
En 1912, les orthodoxes « modernes » (sauf les sionistes Mizrahi) et les ultra-orthodoxes avaient créé ensemble le parti Agoudat Israël, très hostile au Sionisme. En 1948, après la création d’Israël, pratiquement tous les orthodoxes « modernes » sont devenus plus ou moins favorables au sionisme. Cette évolution est en partie le fruit des événements (shoah, création d’Israël), mais elle est aussi pour une bonne part due à l’engagement et au prestige du rav Kook.
Cependant, l’attitude du rav Kook à l’égard du Mizrahi en particulier et du sionisme en général n’est pas exempte de critiques. Le rav Kook était particulièrement inquiet de l’influence des juifs laïcs sur l’avenir du judaïsme, et doutait de la capacité du Mizrahi à y répondre.
Au-delà de sa capacité à légitimer le sionisme au sein d’un Judaïsme orthodoxe au départ très réticent, le rav Kook va aussi orienter l’idéologie du sionisme religieux dans un sens plus messianique. Pour le rav Kook, la rédemption du peuple juif est en marche, et les sionistes, même athées, sont porteurs de bribes de cette rédemption, parfois à leur corps défendant. C’est la reconstitution d’une vie juive autonome en Palestine qui permet et annonce le retour des juifs de leur exil, puis leur retour à la pratique religieuse, et à terme la venue du Messie. Le sionisme est donc un outil dans le schéma de Dieu pour l’avènement des temps messianiques.
L’influence du rav Kook sur le développement du sionisme religieux est quadruple :
- Il a renforcé l’adhésion au sionisme dans les courants juifs orthodoxes (mais pas chez les haredim ultra-orthodoxes).
- Il l’a orienté dans un sens messianique, posant le retour du messie comme conséquence du sionisme.
- Il a lié la terre d’Israël et le salut religieux (et pas seulement national) du peuple juif.
- Par les deux dernières évolutions, il a posé les bases idéologiques de l’évolution ultérieure et ultra-nationaliste d’une fraction importante du sionisme religieux, même si lui-même n’est pas directement responsable de cette interprétation.
Les conséquences de la guerre de 1967
Article connexe : néo-sionisme.En 1967, l’état d’Israël gagne la guerre des Six Jours contre l’Égypte, la Syrie et la Jordanie, à la surprise de beaucoup. Le soulagement et l’enthousiasme sont à la mesure de la peur qui avait précédé la guerre. Dans cette ambiance euphorique, le sionisme religieux a commencé à évoluer.
À droite comme à gauche, l’ensemble des partis sionistes considérait que toute la Palestine (Eretz Israël) était de droit la propriété du peuple juif.
Rapidement, la gauche sioniste a indiqué qu’elle souhaitait annexer les territoires palestiniens pas ou peu peuplés d’arabes (plan de Ygal Allon en 1968, qui revendique 30% des territoires palestiniens), mais que pour des raisons d’équilibre démographique, elle entendait restituer les zones peuplées, dans le cadre d’un accord de paix.
La droite laïque (Hérout) puis son successeur, le Likoud, a indiqué que tout devait être conservé, car c’était le droit du peuple juif, mais aussi son intérêt sécuritaire.
Les sionistes religieux ont dû se définir par rapport à ces deux tendances. Dans un premier temps, le Parti national religieux (PNR) est resté fidèle à l’alliance traditionnelle avec les travaillistes, et ce jusqu’en 1977. En pratique, la direction du parti acceptait la position travailliste.
Mais très vite est apparue une faction, dite « des jeunes », qui a interprété les enseignements du rav Kook comme signifiant que la rédemption était proche, et que la victoire dans la guerre de 1967 était un signe éclatant de la volonté divine. Pour que la rédemption advienne et que le messie vienne sur terre, c’est toute la terre sainte, y compris les territoires palestiniens, qui devait être judaïsée. Les juifs devaient s’installer partout. Contrairement à la droite laïque, la faction des jeunes ne considérait pas que la conservation de toute la terre sainte (Grand Israël) était seulement un droit, elle considérait qu’elle était aussi une obligation divine. À ce stade, les divergences avec la droite ne sont pas significatives. Il faudra attendre le début des années 2000 pour que cette divergence entre le grand Israël comme intérêt ou comme obligation se fasse sentir.
Organisations extra-parlementaires et scissions
Minoritaire au sein du parti, la faction des jeunes, particulièrement influencée par le fils du rav Kook, a commencé à s’organiser à l’extérieur du parti. Il s’agissait d’une part de faire pression sur celui-ci, et d’autres part de pouvoir agir librement sur le terrain de la colonisation.
En 1974 est ainsi fondé le Goush Emounim (bloc de la foi). Le bloc a plusieurs caractéristiques :
- Au plan religieux, ses membres ou sympathisants ont tendance à avoir des pratiques plus strictes que celles des autres orthodoxes « modernes ». Le nombre des enfants des familles nationalistes religieuses qui s’installent dans les colonies est ainsi substantiellement plus important que le nombre des enfants des autres familles orthodoxes « modernes ».
- Au plan nationaliste, le Goush est aussi très radical, partisan d’un Grand Israël sans concession, et donc partisan d’une alliance avec le Likoud contre la gauche travailliste.
- Le Goush ne participe pas aux élections : son but est d'implanter des colonies sionistes religieuses à travers tous les territoires occupés, et ce avec ou sans l’accord du gouvernement. Jusqu’en 1974, les colonies installées par le gouvernement travailliste dans les régions qu’il souhaitait annexer l’avaient été dans le cadre de décisions gouvernementales. À partir de 1974, il va exister (jusqu’à aujourd’hui) une colonisation « officielle », organisée par le gouvernement, et une colonisation « officieuse » portée par des organisations sionistes religieuses (le Goush ou ses descendants). Des dizaines de colonies illégales (même selon la loi israélienne) seront ainsi installées. Les gouvernements successifs finiront presque toujours par les officialiser, une fois la population juive devenue assez importante.
En 1977, le travail de propagande et d’action sur le terrain paie : le PNR se rallie au Likoud, et prend position en faveur du grand Israël. Certaines tendances plus modérées continuent à s’y exprimer, mais le PNR a fini par être considéré comme le porte-parole des colons (ce qui est d’ailleurs abusif, car la majorité des colons ne sont pas religieux). Certains politologues le classent même maintenant comme parti d’extrême-droite, ce qu’il conteste. On a aussi noté un durcissement de ses positions religieuses. Le PNR est cependant un parti qui n’est pas dirigé par un conseil de rabbins cooptés, contrairement aux partis religieux non sionistes, comme l’Agoudat Israël. Il y a bien une démocratie interne, même si le rôle des rabbins est très important.
Si le PNR a été la matrice du Sionisme religieux, le Goush Emounim a été la matrice du Sionisme religieux extra-parlementaire : une floraison de petites organisations et de Yeshivoth (écoles religieuses), très militantes, souvent plus radicales que le parti, autonomes, et menant leurs actions sur le terrain. Elles sont en générales centrées autour des colonies religieuses (mais toutes les colonies ne sont pas religieuses) des territoires palestiniens occupés (« libérés », pour ce courant), après la guerre de 1967. Ces organisations sont souvent dirigées par des rabbins.
Certaines de ces organisations sont devenues de véritables scissions du PNR : elles ne se contentent pas de le doubler par un militantisme de terrain, elles sont devenues pour certaines des partis politiques se présentant aux élections, avec des programmes encore plus radicaux, et généralement sans grand succès. La plus connue et la plus radicale de ces organisations est sans doute le Kach, du rabbin Meir Kahane (ou Kahana), assassiné en 1990, et dont l’organisation a été interdite par les autorités Israéliennes pour racisme. Elle avait réussi à obtenir un élu à la Knesset dans les années 1980.
La crise électorale
Comme le montre la partie "résultats électoraux" ci-dessous, la période postérieure à 1977 est marquée par une nette décroissance des résultats électoraux du Parti National Religieux. Deux phénomènes semblent jouer.
Il y a d'abord une baisse lente mais régulière du nombre d'orthodoxes « modernes » (pratique religieuse stricte, mais immersion dans le monde moderne) en Israël, qui sont le réservoir électoral du sionisme religieux[1]. Le public religieux (ultra-orthodoxe et orthodoxes "modernes") est assez stable depuis des décennies, autour de 20% des juifs israéliens. Mais les rapports de forces évoluent en faveur des haredim. Or, ceux-ci ne votent pas ou peu pour les partis sionistes, religieux ou non.
Par ailleurs, le comportement électoral des orthodoxes « modernes » (qui sont souvent influencés par l'idéologie "sioniste religieuse") s'est fragmenté. Jusqu'en 1977, ils votaient très majoritairement pour le PNR. Celui-ci, centriste, était un peu l’attrape-tout des tendances sionistes religieuses.
Après 1977, la situation change :
- Le Likoud est maintenant le parti hégémonique de la droite nationaliste et des partisans du grand Israël. On voit donc apparaître une tendance sioniste religieuse au Likoud et celui-ci capte maintenant une partie de cet électorat.
- On a vu que des groupes radicaux apparaissent en marge du parti. Ceux qui se présentent aux élections lui prennent certaines voix Kach, Moledet...
- On a noté un durcissement religieux de certaines franges orthodoxes « modernes », qui sont influencées par les haredim. Une des conséquences de ce phénomène est que certains électeurs sionistes religieux peuvent parfois voter pour les partis haredim comme l’Agoudat Israël ou le Shass. Cette tendance est restreinte mais non nulle.
- Enfin, certains électeurs sionistes religieux étaient attachés à la longue alliance avec la gauche, et n’ont pas accepté l’orientation plus à droite du PNR. Ils ont alors voté pour de petits partis centristes, voire pour la gauche.
Au final, la crise électorale du PNR ne signifie pas que le sionisme religieux est fondamentalement en recul, mais plutôt qu’il ne s’incarne plus dans un parti unique.
Pour les élections de mars 2006, le PNR a décidé d'aller encore un peu plus loin à droite : il s'est présenté au sein de la coalition électorale "Union Nationale", qui regroupe les sionistes religieux et les laïcs les plus à droite de l'échiquier politique israélien.
Sionisme religieux et démocratie
Contrairement aux ultra-orthodoxes (haredim) qui critiquent la démocratie, les sionistes religieux l’ont parfaitement admise. On note cependant une évolution dans les marges radicales de ce courant.
Devant la montée de la démographie arabe (les arabes sont devenus plus nombreux que les juifs en 2005 en Eretz Israël (Israël + Territoires palestiniens), au moins selon certaines estimations, certains rabbins sionistes-religieux ont indiqué que le grand Israël ne pouvait donner le droit de vote aux arabes : entre un État juif et un État démocratique, c’est l’État juif qui devait passer en premier. La solution du retrait des zones arabes les plus peuplées (solution à laquelle même la droite nationaliste a fini par se rallier au début des années 2000, encore qu’avec des grandes divergences entre tendances sur les frontières idéales) n’est pas envisageable compte tenu de la volonté divine.
Le Kach est allé plus loin : comme les haredim, sa position est que la démocratie est un principe occidental qui ne concerne pas les juifs et n’est pas conforme à la Halakha (loi religieuse) : « L'occident libéral parle du règne de la démocratie, de l'autorité de la majorité, tandis que le judaïsme parle de l'autorité divine, qui est immuable et n'est pas sujette à l'urne ou à l'erreur d'une majorité... C'est le joug de Dieu, l'effacement de notre volonté devant la Sienne qui constitue le principe essentiel du judaïsme[2] ».
La tentation de la violence
La colonisation est une obligation divine. Mais la violence contre les adversaires de Dieu est-elle possible ? La Bible comprend des passages où Dieu a ordonné des guerres, et a aidé les juifs à les gagner. La violence peut donc être utilisée, même contre des juifs, aux moins pour certains rabbins du courant sioniste religieux (mais pas pour la majorité).
Au début des années 1980, un petit groupe de sionistes religieux a ainsi commis des attentats contre des arabes, avant d’être arrêté. En 1994, Baruch Goldstein, un colon sioniste religieux d’Hébron (une des colonies les plus dures) a assassiné 30 Palestiniens. En 1995, un autre sioniste religieux radical, Ygal Amir, a assassiné le 1er ministre Yitzhak Rabin, coupable d’avoir signé les accords d'Oslo avec l’OLP.
Lors du retrait des colonies de la Bande de Gaza, en 2005, les sionistes religieux ont cependant refusé de prendre les armes contre d’autres juifs, et leur opposition est restée relativement pacifique, au moins sans recours aux armes. Certains rabbins (pas forcément représentatifs) ont cependant organisé des prières pour la mort des dirigeants israéliens qui les « trahissaient ».
En 2006, le passage à la violence reste condamné par le gros du courant nationaliste religieux. Mais le spectre du démantèlement de colonies israéliennes en Cisjordanie plane, et certains radicaux (pour l’instant très minoritaires) estiment que la volonté de Dieu doit primer sur celle des hommes, quel qu’en soit le prix.
La tentation raciste
Les sionistes religieux ne sont pas porteurs historiquement d’une idéologie raciste.
On note cependant, dans les milieux radicaux précités le développement d’un vocabulaire anti-arabe très violent, proposant de déporter tous les arabes hors d’Eretz Israël (le « transfert », dans le vocabulaire politique israélien), ou de les priver de tout droit de vote, voire purement et simplement de les tuer.
Ce type d'attitudes est condamné par les dirigeants du PNR. Mais on note dans les sondages israéliens que l'électorat PNR est un des plus anti-arabe du pays.
Sionisme chrétien
Le sionisme religieux juif a trouvé dés le début des alliés privilégiés en Europe et aujourd'hui aux États-Unis au sein d’un autre courant religieux fondamentaliste et messianique, le courant dit « sioniste chrétien ».
Dès le XIXe siècle, il s'engage, des années avant les sionistes juifs, pour la création d'un État juif en Palestine. Les partisans de ce courant sont certes émus par les souffrances du peuple juif et s'élèvent contre l'antijudaïsme chrétien, mais ils voient surtout dans ce futur État la réinstauration de l'ancien Israël annoncée par des prophéties bibliques. Un homme politique britannique comme Lord Balfour (sa déclaration de 1917 prévoit l'établissement d'un foyer national juif en Palestine) appartenait à ce courant protestant.
Ce courant a un point commun très important avec le sionisme religieux juif, du moins dans son versant messianique : pour les tenants de cette école, la judaïsation de la terre sainte est également une condition au retour du messie sur terre.
Il y a cependant une différence importante : le messie ne sera pas chargé d’assurer le triomphe de la religion juive. Le messie sera le Christ, et il assurera le triomphe du Christianisme, y compris chez les juifs, qui se convertiront.
Malgré cette divergence importante sur les objectifs à long terme, le courant « sioniste chrétien » et le courant « sioniste religieux » juif ont un objectif commun : la colonisation israélienne des territoires palestiniens. L’un comme l’autre ont fortement critiqué le retrait israélien de la bande de Gaza, comme le montre les déclarations du pasteur Pat Robertson.
L’alliance avec le courant « sioniste chrétien » a été importante pour les partisans de la colonisation : c’est un courant influent au sein de la « droite chrétienne » américaine, et sa capacité à influencer le parti républicain est réelle. Le courant chrétien évangélique conservateur américain rassemblerait quelque 40 millions de fidèles.
Résultats électoraux
Années 1951 1955 1959 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1984 1988 1992 1996 1999 2003 2006 pourcentage 8,3% 9,1% 9,9% 9,8% 8,9% 9,7% 8,3% 9,2% 4,9% 3,5% 3,9% 5% 8,1% ?% 4,2% (*) Sièges 10 11 12 12 11 12 10 12 6 4 5 6 9 ? 6 (*) Source : le site de la Knesset.
En 1951 : les 8,3% obtenus se répartissent entre 6,8% pour Hapo'el Hamizrachi et 1,5% pour Mizrachi. Ceux-ci se présentaient séparément. On voit que l'actuelle orientation à droite n'a pas toujours été dominante.
À partir de 1977 (arrivée au pouvoir du Likoud), on note une baisse électorale : une partie de l'électorat passe au Likoud, à l'extrême-droite, voir à gauche.
(*) En 2006, le parti s'est présenté en alliance sur une liste "Union nationale", commune avec l'extrême droite. La liste a obtenue 7,1% des suffrages, et 9 sièges.
Synthèse
Le courant sioniste religieux est un des courants fondateurs du sionisme. C’est un courant qui est toujours resté minoritaire, ne passant jamais les 10% aux élections générales.
Originellement très modéré, porteur des intérêts des classes moyennes conservatrices et religieuses Ashkenazim, il a après la guerre de 1967, et surtout après 1977, évolué vers un ultra-nationalisme religieux qui fait maintenant peur à beaucoup d’israéliens, mais qui a su aussi en enthousiasmer d’autres. Son activisme dans les colonies israéliennes a forcé le débat politique israélien a tourner pour une bonne part autour de ses idées.
Au fur et à mesure de sa radicalisation, il s’est aussi fragmenté. Autour du PNR (parti de droite nationaliste mais légaliste), existent maintenant de nombreux groupes, Yeshivoth ou rabbins, dont certains très radicaux (quoique très minoritaires).
Pour les élections de mars 2006, le PNR s'est présenté au sein de la coalition électorale "Union Nationale", qui regroupe les sionistes religieux et les laïques les plus à droite de l'échiquier politique israélien.
Voir aussi
Liens internes
- Histoire du sionisme
- Agoudat Israël : l'Agoudat est l'autre grand parti religieux historique d'Israël, sur une ligne religieuse plus stricte, mais qui refuse d'adhérer au sionisme.
- Haredim : les ultra-orthodoxes juifs.
- Judaïsme orthodoxe
- Sionisme chrétien
Notes et références
- ↑ Selon un sondage réalisé en décembre 2003 et janvier 2004, auprès de 7616 Israéliens de plus de 20 ans, 8% de la population juive israélienne serait haredi (ultra-orthodoxe), 9% orthodoxe "moderne", 39% traditionaliste (pratique religieuse partielle) et 44% laïque (pratique religieuse faible ou nulle). Ces chiffres seraient de 13% d'haredim et de 52% de laïcs chez les juifs israéliens nés en Israël et non à l'étranger.
Selon une tendance marquée depuis des décennies, le nombre des orthodoxes « modernes » et des traditionalistes diminue, tandis que celui des haredim et des laïcs augmente : 6% de haredim et 42% de laïcs en 2002. Il y avait environs 15% d'orthodoxes "modernes" dans les années 1960.
Sondage rapporté par le Jerusalem Post du 10 avril 2006. - ↑ Meir Kahane, Uncomfortable questions for comfortable jews - Secaucus, Lyle Stuart, 1987, pp.159-160.
- Portail d’Israël
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