- Légion XII Fulminata
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Legio XII Fulminata
La Legio XII Fulminata est une légion romaine qui fut levée en 58 av. J.-C. par Jules César pour mener campagne contre les Helvètes lors de la Guerre des Gaules.
Engagée pendant ses plus de quatre cents ans d'existence dans nombre des guerres livrées par l'Empire romain, maintes fois reformée après avoir quasi disparu, ayant reçu successivement les surnoms (cognomen) de Paterna, Victrix, Antiqua, Certa Constans et Galliena, elle existait toujours au début du Ve siècle surveillant le franchissement de l'Euphrate, près de Mélitène.
L'emblème de cette légion était un éclair (fulmen, en latin).
Sommaire
Aux côtés de César
Création et opérations contre les Helvètes
En 58 av J.C., Jules César partit en Italie pour lever des troupes afin de faire face à la menace que crée la volonté de migration des Helvètes vers le sud du Massif Central, créant un danger pour la Province Romaine. Démuni de troupes, car une seule légion était présente en Gaule, il alla en Italie chercher des renforts. Il y lève deux nouvelles légions, la Legio XI Claudia et la XII et en tire trois de leurs quartiers d'hiver aux environs d'Aquilée[1].
Il prend par les Alpes le plus court chemin de la Gaule ultérieure, à la tête de ces cinq légions. La nouvelle légion participa à la campagne contre les Helvètes de 58 av JC.
Campagne en Belgique
Une fois ceux-ci vaincus et retournant dans les Alpes, la XII legio prit le chemin de la Belgique avec 4 autres légions. Elle figurait au nombre des légions qui participèrent à la guerre contre les Nerviens en -57, et en particulier à la Bataille de la Sambre.
La bataille d'Octodure dans le Valais
À l'automne de l'an 57 av. J.-C., sous le commandement de Servius Galba, elle hiverne à Martigny, en Valais, contrôlant ainsi le passage stratégique du Grand-Saint-Bernard. Les tribus celtes locales, les Véragres, les Ubères et les Sédunes attaquent les Romains et les forcent à se retirer, à la suite de la bataille d'Octodure[2].
Poursuite des opérations en Gaule
Par la suite, il est vraisemblable que la XII Legio ait participé aux principaux affrontements durant la guerre des Gaules, et sans doute au siège d'Alésia.
La guerre civile
Par la suite, la douzième légion participe, aux côtés de César, à la guerre civile en Italie et en 48 av. J.-C. à la bataille de Pharsale, qui voit la défaite de Pompée. À la suite de la victoire de César, la légion a reçu le titre de Victrix.
En 45 av. J.-C., après plus de dix ans de combat, la légion fut dissoute et les vétérans reçurent des terres en Gaule Cisalpine, près de Parme.
Sur le front oriental au premier siècle
La guerre contre les Parthes
La XII a été reconstitué en 44 av. J.-C. par Marcus Aemilius Lepidus (Lépide), nommé Maître de cavalerie par César, puis placée sous les ordres de Marc Antoine. Elle a vraisemblablement combattu dans la bataille contre Octave en 43 avant J.-C. et ensuite dans la bataille de Philippes contre les meurtriers de César, Brutus et Cassius en 42 av. J.-C..
Celui-ci dirigea la Douze, renommée XII Antiqua pendant sa campagne contre l'empire Parthes.
Sous Auguste, la XII Fulminata servit en Syrie, cantonnée comme la III Gallica à Raphana.
La campagne d'Arménie
Le roi Parthe Vologèse Ier ayant envahi l'Arménie en 58, un État client de Rome. Néron ordonna à Gnaeus Domitius Corbulo, le nouveau légat de Cappadoce, de régler cette affaire. Corbulo requit la IIII Scythica de Mésie, et avec la III Gallica et la VI Ferrata défit les Parthes, restaurant Tigrane sur le trône Arménien.
Corbulo se rendant en Syrie, le commandement échut en 61 au nouveau légat Lucius Caesennius Paetus. L'armée romaine fut divisée entre lui et Corbulo. Les IV Scythica et XII Fulminata, la V Macedonica nouvellement arrivée et les auxiliaires du Pont, de Galatie et de Cappadoce allant avec Paetus[3]. Il est évident que Corbulo avait conservé les légions avec qui il avait passé les dernières années en campagne et avait laissé à son collègue les unités moins aguerries[4].
En 62, la IIII Scythica et la XII Fulminata, sous son commandement, furent sévèrement battues par les Parthes et les Arméniens lors de la bataille de Rhandeia et durent se rendre. Les légions étaient humiliées. Retirées du théâtre des opérations, elles ne participèrent pas aux campagnes victorieuses de Corbulo.
Article détaillé : Gnaeus Domitius Corbulo.La guerre judéo-romaine
En 66, avec le déclenchement de la grande révolte Juive des zélotes et la destruction de la garnison romaine à Jérusalem, la XII Fulminata, ainsi que des vexillations de la IIII Scythica et de la VI Ferrata, furent envoyées pour mener une campagne de représailles. Cependant, le légat de Syrie Gaius Cestius Gallus les rappela, craignant la faiblesse des légions.
Sur son trajet de retour, la XII Fulminata tomba dans une embuscade et fut défaite par Eleazar ben Simon à Beit-Horon. Elle perdit dans les combats son aquila, la fameuse aigle emblème, honte suprême.
Cependant, la XII combattit bravement dans la dernière partie de la guerre. Elle supporta son commandant T. Flavius Vespasien lors de sa revendication réussie du trône impérial. À la fin de la guerre, les légions XII Fulminata et furent cantonnées à Mélitène, avec mission de garder la frontière sur l'Euphrate.
La défense des frontières de l'Est
Les campagnes de Trajan et Marc-Aurèle
En 75, la XII Fulminata partit dans le Caucase, où l'Empereur Vespasien avait envoyé des renforts militaires pour supporter les royaumes alliés d'Ibérie et d'Albanie[5].
La légion était probablement en Arménie pendant la campagne de Trajan en 114, qui se conclut par l'annexion du royaume.
En 134, la menace que faisait peser les Alains fut éliminée par le gouverneur de Cappadoce, Arrien, qui vainquit les envahisseurs grâce à l'intervention des XII Fulminata et XV Apollinaris.
La XII combattit probablement lors de la campagne des Parthes menée par l'Empereur Lucius Verus, en 162-166, au moment où une unité mixte des XII et XV contrôlait Artaxata, la capitale nouvellement conquise de l'Arménie.
La pluie miraculeuse
En 174, l'Empereur Marc Aurèle commanda la XII Fulminata pendant sa campagne menée contre les Quades, un peuple habitant une région aujourd'hui connue comme la Moravie (République slovaque), et l'épisode d'une pluie miraculeuse sauvant une partie de la Douze de la défaite est rapportée par différents auteurs, comme Dion Cassius qui attribue cela aux dieux romains[6].
L'écrivain chrétien Tertullien prétend lui que le miracle fut le résultat des prières des soldats qui avaient embrassé la foi chrétienne. À cette époque, la plupart des soldats étaient chrétiens[7]Il se répandit aussi une légende que ce miracle conduisit l'Empereur à signer un décret interdisant la persécution des chrétiens, mais cela semble bien n'être qu'un faux créé à des fins apologétiques par des chrétiens. Il est aujourd'hui démontré au contraire que les persécutions s'accrurent dans la période[8].
Les querelles impériales
En 175, la légion était cantonnée à Mélitène, lorsque Avidius Cassius se révolta; la XII, étant fidèle à l'Empereur, obtint le cognomen Certa Constans, "toujours constant".
Après la mort de l'empereur Pertinax, en 193, la XII Fulminata supporta le gouverneur de Syrie, Pescennius Niger, qui fut finalement vaincu par Septime Sévère. Lorsque la frontière orientale fut déplacée de l'(Euphrate vers le Tigre, elle resta placée en réserve, probablement en guise de rétorsion pour son choix malheureux.
Une Légion chrétienne : les Quarante martyrs de Sébaste
La région de Mélitène était l'une des premières quant à la pénétration de la nouvelle foi chrétienne. Ainsi, Polyeucte, un martyr sous Valérien au IIIème siècle fut un soldat de la XII.
Article détaillé : Quarante martyrs de Sébaste.Les dernières opérations en Orient
Les Sassanides, et leur empire, représentaient une menace mortelle pour le pouvoir romain à l'Est. Le roi Shapur II s'empara du camp de la XV Apollinaris, Satala en 256, et mit à sac Trapèze en 258. L'empereur Valérien affronta Shapur, mais fut défait et capturé.
La défaite provoqua l'effondrement partiel de l'Empire, avec la création de l'Empire des Gaules sécessionniste à l'Ouest et celui de Palmyre à l'Est. On sait que la XII Fulminata était sous le commandement d'Odaenathus, dirigeant de l'Empire de Palmyre, mais aussi que l'Empereur Gallien lui attribua le surnom de Galliena.
Après ces épisodes, les traces laissées par la Fulminata deviennent rares. L'Empire Palmyrene fut reconquis par Aurélien. L'Empereur Dioclétien défit les Sassanides et déplaça la frontière en Mésopotamie du Nord.
La XII, qui probablement pris part à toutes ces opérations, est attestée dans le Notitia Dignitatum comme gardant la frontière de l'Euphrate à Mélitène, au début du 5ème siècle.
Notes et références
- ↑ Jules César, La guerre des Gaules, Livre I, 10, 3
- ↑ Jules César, La guerre des Gaules, Livre III, 1-6
- ↑ Tacite, Annales XV.6
- ↑ Goldsworthy (2007), p. 320
- ↑ En Azerbaidjan, une inscription a été retrouvée qui figure IMP DOMITIANO CAESARE AVG GERMANICO LVCIVS IVLIVS MAXIMVS LEGIONIS XII FVL, Sous Domitien, imperator César, Auguste Germanicus, Lucius Julius Maximus, Legio XII Fulminata. C'est sans doute le lieu le plus lointain où se rendit un soldat romain
- ↑ L'épisode rapporté par Dion Cassius mentionne la présence d'un mage Égyptien, Harnuphis, qui, invoquant Mercure, obtint des averses - Dion Cassius, Histoire Romaine, LXXII.8-10
- ↑ ("Apologeticum," v, et A Scapula 4). Il est aussi repris par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique V.5), qui cite aussi Apollinaris de Hierapolis, un contemporain de Marc-Aurèle
- ↑ Catholic Encyclopedia, 1911, Thundering Legion
Voir aussi
Articles connexes
Sources
- Jules César, La Guerre des Gaules, Livre I & Livre III sur Wikisource.
- Tacite, Annales, XI, 18-20 ; XIII, 8, 9, 34-39, 41 ; XIV, 26-26 , 58 ; XV, 1, 3-6, 8-11, 13, 16, 17, 25, 26, 28-31
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