- Légion X Fretensis
-
Legio X Fretensis
La légion X Fretensis était une légion romaine qui fut le plus souvent en garnison dans la partie orientale de l'empire.
Sommaire
Origines et premiers combats
On a souvent considéré que la légion X Fretensis correspond à la légion X de Jules César parce que son emblème est le taureau et que ce dernier est typique des légions créées par César[1]. Selon Lawrence Keppie toutefois l’origine de la légion ne remonterait qu’à Octave qui aurait créé la légion vers -43--41. Le choix du taureau pouvant sembler un rappel des liens qui l’unissaient à César[2].
Les premières années de la légion sont très mal connues. Selon une hypothèse de Théodore Mommsen, largement acceptée, le terme Fretensis désignerait les habitants du Fretum Siculum, c'est-à-dire du détroit de Messine. Cette indication, associée à la présence d’une galère parmi les symboles de la légion, laisse penser que la légion a participé à la guerre contre Sextus Pompée. La présence du dauphin parmi les symboles de la légion laisse aussi penser qu’elle a pu participer à la bataille d’Actium [3].
Puis la légion fut envoyée en Macédoine comme en témoigne une inscription commémorant la construction d’un pont sur le Strymon[4]. Là elle dû prendre part aux combats contre les Sarmates vers -16 avant d’être envoyée assez rapidement en Orient[5].
Une légion de l’armée de Syrie
La X Fretensis fut stationnée en Syrie sans doute dès avant notre ère mais ce n’est qu’en 18 que l’on a un témoignage explicite situant ses quartiers d'hivers à Cyrrhus[6]. Une inscription sensiblement contemporaine du temple de Bel à Palmyre[7] peut laisser penser que la légion y avait un détachement[8]. Sous Claude des vétérans de la légion furent installés à Ptolemaïs[9]. Il est possible aussi que la légion ait été installé ensuite Zeugma afin de protéger la province contre la menace parthe. Elle participa en tout cas aux opérations qui opposèrent Rome et les Parthes entre 54 et 63 et se trouva sous les ordres de Corbulon[10] qui la conserva dans ses troupes après l’arrivée de Lucius Caesennius Paetus. La légion qui semblait avoir des soldats d’élite resta avec Corbulon jusqu’à sa chute. En 66 la révolte juive entraîna la légion en direction de Jérusalem.
De la guerre des Juifs à la révolte de Bar Kokhba
Commandée par M. Ulpius Trajanus (père de Trajan), la légion rejoint Ptolémaïs en Judée puis Césarée en Samarie. Elle fait partie, avec la légion V Macedonica, des légions commandée par Vespasien. En 67 elle prend Tarichée, Gamala, le mont Thabor et Giscala. Puis la légion prend ses quartiers à Scythopolis. En 68 la légion détruit le Khirbet Qumran. En 70 elle fait partie des légions qui prennent Jérusalem sous le commandement de Titus. En 71 elle est maintenue en Judée sous le commandement du légat Sextus Lucillius Bassus, elle prend la forteresse de Macheron. En 73 c'est la Légion X Fretensis qui assiège Massada. Par la suite elle reste en Judée, rebaptisée Syrie Palestine après 134.
De 135 au Bas-Empire
On ne sait si la légion X Fretensis participa à la guerre parthique de Lucius Verus entre 161 et 169, mais quelques années plus tard un détachement fut envoyé en Occident et participa aux guerres marcomanniques[11] du règne de Marc Aurèle. Comme elle ne reçut pas de surnom honorifique après 193 on doit penser qu'elle avait pris le parti de Pescennius Niger contre Septime Sévère. Durant le règne de Gallien la légion X Fretensis envoya à nouveau au moins un détachement en Occident et ce dernier se retrouva engagé du côté de l'empire des Gaules : la légion figure en effet parmi les légions honorées sur les monnaies de Victorinus.
Archéologie
- Une inscription latine du IIe siècle[12] réemployée dans l'église d'Abu Gôsh (à 15 km à l'ouest de Jérusalem) indique la présence d'un détachement à cet endroit :
-
- VEXILLATIO
- LEG(IONIS) X FRE(TENSIS)
- Des fragments de canalisations d'argile portant le sceau « L.X.F », abréviation de Legio X Fretensis, ont été trouvés lors de fouilles archéologique de la Tour de David à Jérusalem.
Emblèmes de la légion
La légion X Fretensis a eu plusieurs emblèmes. Le taureau – qui correspond au signe zodiacal – est visible sur les monnaies mentionnant la légion [13]. Les tuiles produites par la légion autour de Jérusalem montrent un navire associé au nom de la légion[14]. Ce navire est parfois associé au porc qui apparaît aussi sur des monnaies liées à la légion, emblème considérablement significatif compte tenu de la garnison de la légion[15]. Le dauphin apparaît sur les monnaies liées à la légion.
Références
Notes
- ↑ {en} E. Ritterling "Legio", RE, XII, col. 1671Traduction par le site Roman army
- ↑ {en} E. Dabrowa, Legio X Fretensis : A Prosopographical Study of Its Officers (I-IIIc. AD) , F. Steiner, 1993, p. 11
- ↑ {en} E. Dabrowa, Legio X Fretensis : A Prosopographical Study of Its Officers (I-IIIc. AD) , F. Steiner, 1993, p. 11
- ↑ Année épigraphique 1936, 18
- ↑ {en} E. Dabrowa, Legio X Fretensis : A Prosopographical Study of Its Officers (I-IIIc. AD) , F. Steiner, 1993, p.12
- ↑ Tacite, Annales, II, 57
- ↑ Année épigraphique 1933, 204
- ↑ {en} E. Dabrowa, Legio X Fretensis : A Prosopographical Study of Its Officers (I-IIIc. AD) , F. Steiner, 1993, p.12
- ↑ {en} E. Ritterling "Legio", RE, XII, col. 1672Traduction par le site Roman army
- ↑ Tacite, Annales, XIII, 40
- ↑ CIL XI, 6055 (ILS, 2743) ( Urvinum Mataurense)
- ↑ Année épigraphique 1902, 230
- ↑ {en} E. Ritterling "Legio", RE, XII, col. 1671Traduction par le site Roman army
- ↑ CIL III p. 2314 no. 1415523 ; >{en} E. Ritterling "Legio", RE, XII, col. 1671Traduction par le site Roman army
- ↑ {en} E. Ritterling "Legio", RE, XII, col. 1671Traduction par le site Roman army
Sources historiques
- Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, (Texte en ligne)
- Tacite, Annales.
Bibliographie
- Clermont-Ganneau (Charles), Trois inscriptions de la Xe légion Fretensis trouvées à Jérusalem, Paris, Imprimerie nationale, 1872 - 16 p. : ill. ; 22 cm. Ext. de : Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1872.
- Edward Dabrowa, Legio X Fretensis : A Prosopographical Study of Its Officers (I-IIIc. AD) , F. Steiner, 1993, ISBN 35150580951993
- Laurent Fleuret, Les armées au combat dans les Annales de Tacite, Mémoire de maîtrise, Université de Nantes, 1997 (Texte en ligne au format PDF)
- Portail de la Rome antique
Catégorie : Légion romaine
Wikimedia Foundation. 2010.