Liste des abbés de Jumièges

Liste des abbés de Jumièges

Abbaye de Jumièges

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Abbaye de Jumièges
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
Non renseigné
(Chercher ce lieu) 
Pays France France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Ville Jumièges
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Début de la construction 654
Style(s) dominant(s) Roman
Classé(e) Monument historique

L'abbaye Saint-Pierre de Jumièges (Seine-Maritime) fut fondée par saint Philibert, fils d'un comte franc de Gascogne vers 654[1] sur un domaine du fisc royal.

Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 15 janvier 1918[2].

Sommaire

Histoire

Le 24 mai 841, le monastère carolingien est incendié par les Vikings une première fois, puis ils viennent à nouveau pour piller. Devant la menace scandinave, les moines s'exilent, emportant les reliques et les manuscrits les plus précieux au son de « Ad furore Normannorum libera nos Domine »[3]! et abandonnent l'abbaye 50 ans au moins jusqu'au début du Xe siècle. La plupart se réfugient au prieuré d'Haspres, près de Cambrai.

Sous l'impulsion de Guillaume Ier de Normandie dit Longue-épée, l'abbaye est restaurée par des moines venant de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers : vers 934, les bâtiments sont sommairement restaurés pour accueillir 12 religieux.

L'abbé Robert de Jumièges dit Champart fait reconstruire le monastère (10401052). Le 1er juillet 1067, l'archevêque de Rouen, le bienheureux Maurille, consacre solennellement la grande église abbatiale de Notre-Dame de Jumièges, en présence du duc de Normandie Guillaume le Conquérant et de nombreux prélats, dont tous les évêques de Normandie.

Aquarelle de 1849, abbaye de Jumièges, BNF
Aujourd'hui

Le chœur de l'église roman est reconstruit en style gothique vers 12671278, non pas comme on a longtemps cru, pour construire un déambulatoire, puisque des fouilles effectuées par Georges Lanfry ont montré que le chœur roman en était doté, mais certainement pour ajouter des chapelles rayonnantes et amener la lumière dans un édifice sombre, jugé vétuste et qui n'était plus au goût du jour. La communauté pouvait se permettre de telles dépenses car, à ce moment, elle vivait une période de grande prospérité. C'est aussi au XIIIe siècle que la communauté connut un dynamisme sans précédent, qu'on peut déceler par exemple dans l'activité du Scriptorium. En effet, près de la moitié des 400 manuscrits dont dispose la bibliothèque date de cette période.

En 1431, l'abbé de Jumièges, Nicolas Le Roux, homme qui n'était pas sans qualités, dont on avait loué la piété, la régularité, le dévouement aux intérêts de son monastère, prit une part active au procès de Jeanne d'Arc. Son avis sur la culpabilité de la pucelle trahit les anxiétés de sa conscience. En effet, il jugeait la cause très ardue : in tam arduo negotio, et ne se détermina en sa défaveur que par crainte du pouvoir anglais et, il faut bien le dire aussi, de l'autorité des docteurs de Paris, dont il devait suivre les avis.

Pendant les guerres de Religion, l'abbaye fut à nouveau mise à sac. Les Huguenots, qui ont ravagé Rouen, Dieppe, Le Havre, Caudebec arrivèrent aux portes de Jumièges. Les religieux, ayant appris le sac de Caudebec, quittèrent tous l'abbaye. Le 8 mai 1562, les Protestants partirent de Caudebec pour Jumièges où ils trouvèrent le monastère désert. Ils y pénétrèrent et mirent tout au pillage. Les autels furent renversés, les vases sacrés volés, les images brisées, les saintes reliques jetées au feu. Châsses, ornements, linge, argenterie, meubles, tout fut détruit ou emporté. Le plomb dont l'église et le cloître étaient couverts, l'étain, le cuivre, les provisions en nature, vin, blé, bestiaux, tout, jusqu'aux livres de la riche et magnifique bibliothèque et aux archives du chartrier devinrent la proie de ces pillards.

Le 28 juillet 1563, le roi Charles IX se rendit à Jumièges et constata de ses yeux l'étendue du désastre. Il permit aux religieux de vendre leurs terres pour pourvoir à leurs premiers besoins. C'est ainsi qu'ils aliénèrent la seigneurie de Norville et la cédèrent à Charles II de Cossé, comte de Brissac, seigneur d'Etelan, pour 10 220 livres. Dix-sept religieux seulement retournèrent alors à Jumièges et remirent un peu d'ordre dans la pauvre abbaye dévastée.

À la Révolution, comme bien des bâtiments religieux, l'abbaye est vendue au titre des biens nationaux. En 1802, le nouveau propriétaire de Jumièges, Jean-Baptiste Lefort, un marchand de bois de Canteleu, fait exploser le chœur. L'église connaît un lent démembrement et sert de carrière de pierres, comme les autres parties de l'abbaye jusqu'en 1824. Les fresques ont été effacées avec l'action des éléments. La famille Lepel-Cointet rachète l'abbaye en 1852 et commence à sauver les vestiges. Avec la mode romantique, l'église connaît une renommée importante grâce à Victor Hugo qui dit d'elle « encore plus beau que Tournus » et l'historien Robert de Lasteyrie la qualifie d'« une des plus admirables ruines qui soient en France ». Roger Martin du Gard lui consacre une thèse.

L'abbaye de Jumièges devient propriété de l'État en 1947, puis propriété du département de Seine-Maritime en 2007 dans le cadre de la loi de décentralisation du 13 août 2004, qui permet de transférer certains monuments historiques aux collectivités territoriales. Elle est située dans le canton de Duclair, en Seine-Maritime.

Description des bâtiments

L'Église Saint-Pierre

Elle correspond au premier sanctuaire que les moines ont construit. Du point de vue architectural, elle conserve également la partie la plus ancienne de l'abbaye. En effet, la façade occidentale, privée de son Westwerk, dont on peut encore voir la base des tours et le pied des escaliers qui menaient en leur sommet, ainsi que l'ouverture partiellement murée de la vaste tribune qui embrassait l'édifice, a été datée par les archéologues du IXe siècle, c'est-à-dire de l'époque carolingienne. Certaines pierres portent même encore les traces des incendies allumés par les Nortmanni. Les moines de l'époque du gothique l'ont modifié et ont reconstruit la nef, dont les murs subsistants sont nettement de style gothique. Ce santuaire était réservé aux moines et aux convers.

L'Église abbatiale Notre-Dame

Il s'agit d'un édifice mixte de style roman et de style gothique. Il ne subsiste quasiment rien de l'abside et du chœur gothique, à part une chapelle rayonnante, quelques pans de murs et substructions. Les parties romanes, à savoir: la façade, la nef et le mur ouest de la tour lanterne sont les mieux conservés. Elle mesurait 88 mètres de longueur et les murs de la nef atteigne encore 25 mètres sur trois niveaux d'élévation. Une tour-lanterne à deux étages illuminait la croisée du transept, mais il ne subsiste que le mur ouest. La façade occidentale présente un Westwerk (massif occidental), réminiscence dans l'art roman d'une disposition carolingienne, rarissime en France mais commune en Allemagne, d'où son terme technique allemand. Il est encadré de deux tours à peu près symétriques de 46 mètres de hauteur, polygonales dans leur partie supérieure, en retrait.

En 1688–1692, on construit une fausse voûte sur croisée d'ogives sur la nef. En effet, comme tous les grands édifices romans de Normandie, elle n'était pas voûtée de pierre, d'où sa charpente apparente. Par contre, les bas-côtés étaient dotés de voûtes d'arêtes. De plus, le chœur gothique avait une voûte sur croisée d'ogives.

Le cloître

Le cloître a été construit au XVIe siècle par une femme du nom de Corinne de Tygier. Il était de style gothique flamboyant, comme celui de l'abbaye de Saint-Wandrille et il n'en subsiste que des traces au sud de l'abbatiale Notre-Dame. Cependant, un citoyen britannique Lord Stuart de Rothesay en acheta au XIXe siècle des éléments pour les réassembler dans son château de Highcliffe près de Bournemouth, les préservant ainsi d'une destruction certaine. Le centre de cloître est matérialisé par un if, planté au XVIe siècle et symbole de vie éternelle, tout comme celui de l'abbaye de Muckross en Irlande.

  • A l'ouest du cloître se trouve l'ancien cellier, en partie souterrain, qui comprend des parties romanes du XIIe siècle et gothiques. C'est la que les moines entreposaient leur propre vin, issu de leurs vignes du Conihout de Jumièges, d'où ce dicton : « De Conihout ne beuvez pas, car vous passerez de vie à trépas ! ». Ils en exportaient une partie vers l'Angleterre et pour leur usage personnel, il préféraient du vin de Loire.
  • Sur la tour sud de Notre-dame, hormis le cadran solaire, on voit les traces de deux charpentes différentes à deux niveaux distincts : l'une est celle du toit du cellier d'origine, l'autre est celle du toit réhaussé par la construction au-dessus du cellier, d'une bibliothèque par les mauristes.
  • A l'est du cloître, hormis la façade de l'église Saint-Pierre, on note deux ouvertures: l'une correspond à la salle capitulaire, lieu d'assemblée des moines et de lecture d'un chapitre de la règle de Saint Benoît. Cette salle du XIIe siècle de style roman était déjà dotée d'une voûte sur croisée d'ogives, une des trois plus anciennes en France, toutes en Normandie et toutes dans des monastères bénédictins : l'église abbatiale de Lessay et le « promenoir » des moines du Mont-Saint-Michel ; l'autre correspond à la « salle des reliques », où les moines entreposaient leurs nombreuses reliques, garantes en partie de la venue des pélerins.

Filiales

Liste des abbés

  • 1078-1097 : saint Gontard, 31e abbé ;
  • 1247-1248 : Guillaume V, dit de Fors, 44e abbé ;
  • 1248-1258 : Robert V, dit d'Etelan, 45e abbé ;
  • 1549-1574 : Gabriel Le Veneur, 69e abbé ;

Autres personnalités

L'abbaye eut également ses propres annales : Annales Gemmeticenses (Annales de Jumièges), écrites au début du XIIe siècle.

Au XVIIe siècle, l'abbaye renaissante a été de nouveau un centre intellectuel important. Parmi les moines qui ont contribué à sa renommée, on peut citer :

  • Dom Thomas Dufour, très versé dans la connaissance des langues orientales, auteur d'une grammaire hébraïque ;
  • Dom Jean Garet, l'éditeur des ouvrages de Cassiodore ;
  • Dom Massuet, savant helléniste, connu dans le monde de l'érudition par son édition de saint Irénée ;
  • Dom Boudier, un des bons écrivains et des supérieurs généraux de l'Ordre ;
  • Dom Le Nourry, l'auteur de l'excellent ouvrage intitulé Apparatus ad Bibliothecam Maximam Patrum, où l'on trouve une analyse raisonnée des Pères apostoliques et des écrivains ecclésiastiques des IIIe et IVe siècles.

Anecdote

L'abbaye de Jumièges a servi de cadre entre autres, à l'aventure d'Arsène Lupin intitulée : La Comtesse de Cagliostro. L'oncle de Maurice Leblanc, Charles Brohy était propriétaire de l'actuel bureau de poste de Jumièges, en face de l'abbaye, où l'écrivain fit de nombreux séjours.

Notes et références

  1. Fondation de Jumièges
  2. Base Mérimée
  3. De la fureur des Normands, libère nous seigneur !

Bibliographie

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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  1. Site consacré aux mondes normands, mis en ligne dans le cadre du Projet Raphaël de la Commission européenne. Plusieurs pages concernent les différents bâtiments de l'abbaye de Jumièges.
  2. Histoire de la presqu'île de Jumièges, par Laurent Quevilly.
  3. Tabularia. Sources écrites de la Normandie médiévale, revue électronique sur le Moyen Age normand (surtout)
  4. Benoït-Michel Tock, "Les chartes originales de l'abbaye de Jumièges jusqu'en 1120"
  5. Mathieu Arnoux, "Disparition ou conservation des sources et abandon de l'acte écrit : quelques observations sur les actes de Jumièges"
  6. Pierre Bouet, Carmen de fundatione, ruina et restauratione inclyti monasterii Gemmeticensis
  7. Jacques Le Maho, "La production éditoriale à Jumièges vers le milieu du Xe siècle"
  8. Le site monuments de France
  9. l'Abbaye de Jumièges
  10. Richesheures.net, article et photos sur l’abbaye de Jumièges
  11. Prieuré Saint-Michel, fondé par l'abbaye Jumièges au Xe siècle
  12. Highcliffe Castle Website (en anglais)
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49°26′03″N 0°49′18″E / 49.43417, 0.82167

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