- Les bijoux de la castafiore
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Les Bijoux de la Castafiore
Les Bijoux de la Castafiore 21e album de la série Les Aventures de Tintin et Milou Auteur Hergé Personnages principaux Tintin
Capitaine Haddock
Bianca CastafioreLieu de l’action Château de Moulinsart Éditeur Casterman Première publication 1963 ISBN 978-2203001206 Nombre de pages 62 Prépublication Le Journal de Tintin Albums de la série Les Aventures de Tintin et Milou Tintin au Tibet Vol 714 pour Sydney Les Bijoux de la Castafiore est un album de bande dessinée d'Hergé, scénariste et dessinateur belge. Il s'agit du 21e de la série Les Aventures de Tintin et Milou. Il fut pré-publié dans le Journal de Tintin en 1963[Note 1].
Sommaire
Synopsis
Tout va pour le mieux au château de Moulinsart, sauf l'escalier dont une marche est cassée. Une lettre de la Castafiore annonce son arrivée. Pressé de quitter les lieux au plus vite, le capitaine Haddock glisse sur la marche cassée et se fait une entorse, ce qui le force à rester et à affronter la tempête musicale. Accompagnée de sa camériste Irma et de son pianiste Igor Wagner, Bianca Castafiore s'installe au château. L'arrivée de la cantatrice, qui craint en permanence que ses bijoux ne soient volés, met tout le château sens dessus dessous.
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Bientôt suit une horde de journalistes parmi lesquels Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto[Note 2], du magazine Paris-Flash[Note 3], qui inventent un projet de mariage entre elle et le capitaine suite à un des habituels quiproquos dus à Tryphon Tournesol. Puis survient le vol d'une émeraude hors de prix appartenant à la cantatrice. Les Dupondt enquêtent et accusent tour à tour : Nestor, Irma, les Tsiganes que le capitaine Haddock a invités dans son pâturage... Finalement, après moult péripéties et fausses pistes, l'émeraude sera retrouvée par Tintin, presque par hasard, dans le nid d'une pie. L'émeraude est aussitôt perdue à nouveau par les Dupondt, puis retrouvée par Milou qui la traite de « caillou ». Le sens est clair : l'émeraude n'est qu'un prétexte – au cinéma on dirait « un MacGuffin » – pour déclencher l'aventure.
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Fin des révélations.
Personnages
- Tintin;
- Milou ;
- Capitaine Haddock ;
- Bianca Castafiore ;
- Professeur Tournesol ;
- Dupond et Dupont ;
- Irma ;
- Igor Wagner ;
- Séraphin Lampion ;
- Le marbrier Isidore Boullu est inspiré directement de la vie quotidienne d'Hergé. Celui-ci connaissait effectivement un marbrier de ce nom très difficilement joignable[1].
- Madame Boullu ;
- Alfred ;
- André ;
- Jean-Loup de la Batellerie, dont le nom s'inspire d'un jeune romancier et journaliste de l'époque : Jean-Loup Dabadie
- Walter Rizotto ;
- Tristan Bior ;
- Capitaine Chester ;
- Coco ;
- Oliveira da Figueira ;
- Gino ;
- Marquis di Gorgonzola ;
- Baron Halmaszout ;
- Maréchal Plekszy-Gladz ;
- Colonel Sponsz ;
- Tchang.
Contexte
Trois ans après Tintin au Tibet, Hergé semble être à l'apogée de son œuvre, et ce nouvel album paraissant en 1963 peut être considéré comme son testament. [2]
Une œuvre à part
Analyse générale
Cet album, publié en 1963, est certainement un des ouvrages les plus accomplis d'Hergé. Complètement à l'encontre du reste de l'œuvre, Hergé dépeint ici une situation intimiste, centrée sur les banalités de la vie quotidienne, loin des grandes réalisations (le défi va être d'obtenir l'intervention du marbrier) et portant sur l'observation des caractères des protagonistes face aux petits tracas.
Ici, les intrigues à résoudre ne comportent plus du tout le caractère de machinations demandant la présence de grandes organisations politiques, militaires ou criminelles[Note 4]. On est dans le monde réel où l'on a de vraies blessures (telles des entorses à la cheville).
Il s'agit comme souvent de dénoncer des préjugés et de fausses croyances (les roms sont accusés d'être des voleurs), de montrer comment notre sens de l'observation peut être pris en défaut et conduire à de fausses déductions (le son d'un piano prouve-t-il pour autant la présence d'un(e) pianiste ?), que chacun a un jardin où il cache de petits secrets et que la nature (humaine ou végétale) est en interaction constante. En fait, le thème de l'album porte sur la communication humaine et l'ensemble de ses supports (que l'on utilise pour se faire une fleur ou un article de presse). On passe ainsi de l'autre côté du miroir, dans les coulisses de la fabrication d'une émission de télévision ou d'un article de journal.
« Défions-nous des apparences » est donc la leçon que nous y donne l'auteur, ainsi que « Gardons l'esprit critique ». Car même les médias, utilisés d'habitude pour « prouver » des faits, sont capables d'invention et donc de manipulation de notre comportement. « Peut-on leur faire confiance après avoir vu leur mode de fonctionnement ou ne devons-nous pas à présent tout autant nous méfier d'eux ? » nous dit Hergé.
En outre d'une certaine façon, Hergé va y ridiculiser son propre univers puisque contrairement à l'usage, les héros ne vont pas au devant des problèmes ; ce sont les problèmes qui viennent à eux et les submergent. Ils ne suivent pas une piste précise, mais une multitude de pistes qui ne mènent à rien.
Contrairement aux autres albums où Tintin voyage dans différents pays, l'histoire se déroule intégralement dans un même lieu (le château de Moulinsart, un même temps (une courte durée) et une même action (l'intrigue porte sur la seule disparition d'une émeraude) reconstituant ainsi la règle classique de la tragédie.
Hergé dit de cet album :
« L'histoire a mûri de la même façon que les autres mais a évolué différemment, parce que j'ai pris un malin plaisir à dérouter le lecteur, à le tenir en haleine tout en me privant de la panoplie habituelle de la bande dessinée : pas de « mauvais », pas de véritable suspense, pas d'aventure au sens propre… Une vague intrigue policière dont la clé est fournie par une pie. N'importe quoi d'autre, d'ailleurs aurait fait l'affaire : ça n'avait pas d'importance ! Je voulais m'amuser en compagnie du lecteur pendant soixante-deux semaines, l'aiguiller sur de fausses pistes, susciter son intérêt pour des choses qui n'en valaient pas la peine, du moins aux yeux d'un amateur d'aventures palpitantes[3]. »
Aux limites de la ligne claire
Hergé s'amuse aussi dans cet album avec ses propres codes textuels et iconographiques, abandonnant même en quelques occasions la ligne claire, style habituel précis et rigoureux caractéristique de son œuvre.
À la page 40, la case 9, montrant un groupe de gitans assemblés autour d'un feu de camp écoutant la guitare jouée par l'un d'eux, se distingue du reste de l'album et de la planche en particulier par son style graphique et sa colorisation. Hergé semble ici s'amuser en nous présentant ce cliché incongru[4].
C'est dans cet album que se trouve également une case (la 7e de la p. 50) dans laquelle le lecteur est plongé en vision subjective, se retrouvant avec les yeux larmoyant comme les héros, suite à l'observation d'une image floue (le professeur Tournesol essaie de mettre au point un téléviseur couleur à une époque où ne régnaient encore en Europe que les tubes cathodiques en noir et blanc).
Postérité
Accueil critique
Les Bijoux de la Castafiore a attiré l'attention des universitaires et contribué à lancer la mode de la réflexion sur le genre. Michel Serres lui a consacré un article dans la revue Critique : Les bijoux distraits ou la cantatrice sauve, no 277 juin 1970. L'oeuvre continue d'être citée dans des travaux sur la communication.
Influences
Adaptations
Cet album fut adapté dans la série animée de 1992.
Publications
Édition originale
Rééditions
Traductions
Les Bijoux de la Castafiore existaient en 2009 dans 26 langues différentes, depuis les premières éditions française, néerlandaise et anglaise de 1963 jusqu'à la dernière édition en Bourguignon-morvandiau (Lés Ancorpions de lai Castafiore) parue en 2008[5].
Notes
- ↑ La pré-publication débute dans le no665 du journal, le 20 juillet 1961.
- ↑ Hergé fera réapparaître ces personnages dans Tintin et les Picaros en 1976 mais également dans la troisième et dernière version de L'Île Noire en 1965.
- ↑ Avatar du célèbre hebdomadaire français Paris Match.
- ↑ Avec Tintin au Tibet, c'est le seul album dans lequel aucune arme à feu n'intervient.
Sources et références
- ↑ L'essentiel sur Hergé et Tintin sur Tintin.com. Consulté le 6 mars 2009
- ↑ Jean-Marie Floch, Une lecture de Tintin.
- ↑ Numa Sadoul, Entretiens avec Hergé, p. 70
- ↑ Pierre Fresnault-Deruelle, Hergé ou le secret de l'image, p. 79
- ↑ Lés Ancorpions de lai Castafiore sur objectiftintin.com. Consulté le 19 mai 2009
Pour approfondir
Bibliographie
- Pierre Fresnault-Deruelle, Hergé ou le secret de l’image, éditions Moulinsart, 1999.
- Benoît Peeters, Le monde d’Hergé, Casterman 1990.
- Benoît Peeters, Les bijoux ravis, Magic strip, 1984.
Articles connexes
Liens externes
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