- Les Misérables (film, 1958)
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Les Misérables
Le « Paris des Misérables des années 1830 »
Photo historique par Louis Daguerre :
Le boulevard du Temple, fin 1838-début 1839Données clés Titre original Les Misérables Réalisation Jean-Paul Le Chanois Scénario Jean-Paul Le Chanois, René Barjavel, Michel Audiard d'après l'œuvre de Victor Hugo Acteurs principaux Jean Gabin (Jean Valjean)
Bernard Blier (Javert)
Bourvil (Thénardier)
Danièle Delorme (Fantine)
Béatrice Altariba (Cosette)
Giani Esposito (Marius)
Silvia Monfort (Éponine)Sociétés de production Pathé Cinéma
DEFA
Serena FilmPays d’origine République démocratique allemande
France
Italie
Genre Drame Sortie 1958 Durée 180 min
— 1e époque 85 minutes
— 2e époque 95 minutesPour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Les Misérables est un film film franco-italo-allemand réalisé en deux époques par Jean-Paul Le Chanois d'après le roman éponyme de Victor Hugo. Il est sorti en 1958.
Sommaire
Synopsis
Jean Valjean, un paysan condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir volé un pain, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d'évasion. Son destin bascule lorsque l'évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d'être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu'il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s'évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.
Analyse
Cette adaptation du roman de Victor Hugo doit beaucoup à sa distribution. C'est la puissance angélique d'un Jean Gabin-Valjean face à la veulerie et à la sournoiserie d'un génial Bourvil-Thénardier qui hésita longtemps avant d’accepter ce rôle de grand méchant. C'est aussi la présence de comédiens très rares au cinéma : une des plus grandes tragédiennes de la scène, Silvia Monfort, transcendée par son personnage d'Éponine, va jusqu’à adopter les regards et la gestuelle du personnage décrit par Hugo avec « ses airs égarés et ses mouvements d’orfraie ». Elle fait face à un autre être d’exception, l’acteur-chanteur-poète Giani Esposito incarnant un Marius rêveur sans fadeur.
Le Chanois arrive admirablement à restituer les formidables déploiements dramatiques du roman. Danièle Delorme, poignante Fantine se sacrifiant par amour maternel, aux prises avec le redoutable Javert (Bernard Blier). Porté par le souffle hugolien, le réalisateur s’applique à retranscrire les cas de conscience de Valjean. Ainsi, respectant le poète, il illustre par une mer déchaînée l’admirable séquence de la « Tempête sous un crâne » de Valjean avant son auto-dénonciation au tribunal, puis son calvaire dans les égouts et enfin son symbolique et lent chemin de croix dans les rues du Marais autour de la demeure de Cosette (Béatrice Altariba) qui fut sa rédemption.
Avalanche de « gueules de seconds rôles » avec Serge Reggiani en Enjolras, Fernand Ledoux en monseigneur Myriel, Lucien Baroux en Gillenormand, Jean Murat en Pontmercy. Et même de troisièmes rôles comme Gabrielle Fontan en Mère Supérieure ou Madeleine Barbulée incarnant un signe salutaire du destin en « Sœur-Simplice-qui-ne-ment-jamais. »
Grâce à la coproduction avec les studios est-allemands de la DEFA, Le Chanois rend parfaitement l’ampleur des scènes épiques du roman : la bataille de Waterloo, L'insurrection de juin 1832 à Paris (avec des figurants qui ne sont rien de moins que les soldats de l’armée de la RDA). Il effectue aussi un louable effort pour filmer en décor naturel lorsque l'action l'exige : il va dans le Var pour les séquences extérieures du bagne et tourne en plein Paris malgré les énormes difficultés que lui posent les antennes de télévision sur les toits de la capitale, notamment pour les séquences du Jardin du Luxembourg et des quais de Seine.
Il faut également mentionner la superbe composition musicale de Georges Van Parys avec la participation du chœur de la Chorale Populaire de Paris sans oublier la minutieuse reconstitution en studio, par l’artiste-décorateur Serge Piménoff, des quartiers parisiens du faubourg Saint-Antoine et du Marais. Un grand regret de Jean-Paul Le Chanois et sans doute des spectateurs : les chutes définitivement perdues des nombreuses coupes effectuées par les producteurs pour ramener la durée totale des deux époques à 3 h…
Fiche technique
- Titre original : Les Misérables
- Titre allemand : Die Elenden
- Titre italien : I Miserabili
- Réalisation : Jean-Paul Le Chanois
- Scénario : Jean-Paul Le Chanois, René Barjavel, Michel Audiard d'après l'œuvre de Victor Hugo
- Adaptation : Jean-Paul Le Chanois, René Barjavel, Michel Audiard
- Dialogues : Jean-Paul Le Chanois, René Barjavel, Michel Audiard
- Assistants-réalisation : Serge Vallin, Dagmar Bollin, Ruth Rischer, Max Friedmann, Michel Pezin
- Musique : Georges van Parys (Éditions Hortensia)
- Photographie : Jacques Natteau
- Cadrages : Henri Tiquet, Alain Douarinou
- Son : René-Christian Forget
- Montage : Emma Le Chanois et Jacqueline Aubery Du Bouley
- Décors : Serge Piménoff et Karl Schneider, assistés de Pierre Duquesne, Jacques Brizzio, François Sune
- Costumes : Marcel Escoffier assisté de Frédéric Junker, Jacqueline Guyot, Louise Schmidt
- Maquillages : Louis Bonnemaison, Yvonne Gaspérina
- Coiffures : Jules Chanteau
- Scripte : Geneviève Cortier
- Régie : Jean Feix
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
- Pays d'origine :
République démocratique allemande,
France,
Italie
- Tournage :
- Langue : français
- Période des prises de vue : 1er avril au 25 octobre 1957
- Intérieurs : Studios de Babelsberg près de Berlin, Studios Francœur (Paris)
- Extérieurs : Paris, Var
- Directeurs de production : Louis Duchesne, Paul Cadéac, Richard Brandt, Erich Kühne
- Sociétés de production : Pathé Cinéma (France), DEFA (Allemagne), Serena Film (Italie)
- Distributeur d'origine : Pathé Cinéma
- Format : couleur (Technicolor) — 35 mm — 2.35:1 (Technirama) — monophonique
- Genre : drame
- Durée 1e époque : 85 minutes
- Durée 2e époque : 95 minutes
- Dates de sortie :
12 mars 1958 à Paris,
16 janvier 1959 à Berlin
- Mentions CNC : tous publics et Art et Essai (visa no 15430 délivré le 4 mars 1958)
Distribution
- Jean Gabin : Jean Valjean/Champmathieu
- Bernard Blier : Javert père et fils
- Bourvil : Thénardier
- Giani Esposito : Marius Pontmercy
- Elfriede Florin: La Thénardier
- Silvia Monfort : Éponine
- Béatrice Altariba : Cosette
- Martine Havet : Cosette enfant
- Danièle Delorme : Fantine
- Jimmy Urbain : Gavroche
- Isabelle Lobbé : Azelma
- Fernand Ledoux : Monseigneur Bienvenue Myriel
- Serge Reggiani : Enjolras
- Lucien Baroux : Monsieur Gillenormand
- Jean Murat : colonel Georges Pontmercy
- Jean Topart : voix du narrateur
- Madeleine Barbulée : Sœur Simplice
- Marc Eyraud : Grantaire
- Pierre Tabard : Prouvaire
- Jacques Harden : Courfeyrac
- Gérard Darrieu : Feuilly
- Laufer : Combeferre
- Beyert : Bahorel
- Julienne Paroli : Mme Magloire
- Jean d'Yd : père Mabeuf
- Suzanne Nivette : Mlle Gillenormand
- Jean Ozenne : préfet de Montreuil-sur-Mer
- René Fleur : cardinal
- Gabrielle Fontan : mère supérieure
- Laure Paillette : Toussainte
- Paul Villé : Basque
- Louis Arbessier : préfet de police
- Edmond Ardisson : brigadier
- André Dalibert : paysan au cheval à Montfermeil
- Luc Andrieux : un ouvrier insurgé
- Henri Guégan : Laigle
- Gerhard Bienert : président du tribunal d'Arras
- Harry Hindemith : un bagnard
- Bernard Musson : Bamatabois
- Robert Bazil : commissaire
- Christian Fourcade : « Petit Pierre », le ramoneur (Petit Gervais, dans le roman)
- Émile Genevois : cocher omnibus
- Jacques Marin : secrétaire de M. Madeleine
- Jean Favre-Martin : « La Mort »
- Paul Bonifas : médecin de l'hôpital
- François Darbon : médecin
- Palmyre Levasseur : Sœur Perpétue
- Mag Avril : servante de M. Madeleine
- Henri Coutet : charretier
- Raymonde Vattier : une bourgeoise
- Rodolphe Marcilly : huissier
- Paul Faivre : cocher de Gillenormand (non crédité)
- Max Doria : portier (non crédité)
- Christian Lude : commissaire du Val de Grâce (non crédité)
- Mireille Daix[1] : Éponine enfant (non créditée)
- Pierre Ferval : comptable de la prison
- Édouard Francomme : secrétaire de mairie
- Frank Maurice : homme de la bande
- Pierre-Jacques Moncorbier
- Atlas
- Jean Blancheur
- Julien Maffre
- Arlette Patrick
- Roger Pelletier
- Marcel Rouzé
- Le Chœur de la Chorale Populaire de Paris
- Jimmy Perrys : préposé aux libérables
- Jean Sylvère
- Daniel André
- Christian Brocard
- Raymond Carl
- Yvonne Decade
- Allain Dhurtal
- Jean-Paul Le Chanois
- L'armée est-allemande
Autour du film
- Filmé en Technicolor et Technirama et grâce à la coproduction avec la Deutsche Film AG et ses Studios de Babelsberg en Allemagne de l'Est, le film a bénéficié de moyens considérables. Le Chanois a notamment utilisé l'armée de la RDA pour les scènes de la bataille de Waterloo et celles des émeutes. Le talentueux décorateur Serge Piménoff a reconstitué en studio les quartiers du Faubourg Saint-Antoine et du Marais. Des centaines de costumes ont été conçus pour des masses de figurants.
- Jean-Paul Le Chanois : « Je considère ce film sur la générosité humaine comme un achèvement de ma carrière. »[2]
- Bourvil, campant jusqu'alors des rôles de « gentil naïf », surprend par l'interprétation d'un méchant comme le père Thénardier.
- Suzanne Nivette, qui incarnait Éponine dans la version d'Henri Fescourt (1925), tient ici le rôle de Mlle Gillenormand tandis qu'Émile Genevois, qui incarnait de Gavroche dans la version de Raymond Bernard (1934), fait une brève apparition en « cocher d'omnibus. »
- Cette adaptation du roman de Victor Hugo fut l'un des plus grands succès en France de l'année 1958, se classant deuxième avec plus de 9 millions d'entrées, juste derrière Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille.
Vidéographie
- Les Misérables, film en deux époques de Jean-Paul Le Chanois, coffret 2 DVD, Collection Les Années Cinquante, Éditions René Chateau, 2002[3].
Voir aussi
Notes et références
- Source : novellisation des Misérables par les Éditions de Paris (1958).
- Extrait de l'essai, Le Temps des cerises, Éditions Institut Lumière/Actes Sud, 1996.
- Cette version est encore écourtée par rapport à celle qui fut projetée : 179 minutes contre 210, soit 31 minutes de moins. La séquence de la bataille de Waterloo a notamment été fortement mutilée au montage. Les critiques ont également mis l'accent sur la mauvaise restitution du Technicolor et du Technirama (format scope tronqué).
Catégories :- Film français
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- Film tourné en Technicolor
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- Film tourné à Paris
- Film tourné en Provence-Alpes-Côte d'Azur
- Film tourné aux studios Francœur (Paris)
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- Film dont l'action se déroule en Provence-Alpes-Côte d'Azur
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- Film se déroulant au XIXe siècle
- Film dramatique
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