Les Frères Karamazov

Les Frères Karamazov
Les Frères Karamazov
Première page de la première édition des Frères Karamazov
Première page de la première édition des Frères Karamazov

Auteur Fiodor Dostoïevski
Genre Roman
Version originale
Titre original Братья Карамазовы
Éditeur original Ruskii Vestnik
Langue originale Russe
Pays d'origine Drapeau de Russie Russie
Date de parution originale 1879-1880
Version française

Les Frères Karamazov (en russe : Братья Карамазовы) est le dernier roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski. Il a été publié sous forme de feuilleton dans le magazine Ruskii Vestnik (Le Messager russe) de janvier 1879 à novembre 1880.

Les Frères Karamazov est un roman philosophique qui explore des thèmes tels que Dieu, le libre arbitre ou la moralité. Il s'agit d'un drame spirituel où s'affrontent différentes visions morales concernant la foi, le doute, la raison et la Russie moderne. Dostoïevski a composé une grande partie du roman à Staraïa Roussa, qui est aussi le cadre principal du roman (sous le nom de Skotoprigonievsk). Au début de l'année 1881, Dostoïevski songeait à donner une suite au roman, dont l'action se déroulerait vingt ans plus tard[1].

Depuis sa publication, le livre a été acclamé par des penseurs comme Sigmund Freud[2], Albert Einstein[3] ou encore le pape Benoît XVI[4] et considéré comme l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature mondiale.

Sommaire

Résumé

L'intrigue principale tourne autour des trois fils d'un homme impudique, vulgaire et sans principes (Fiodor Pavlovitch Karamazov), et du parricide commis par l'un d'entre eux. En réalité, les enfants sont au nombre de quatre puisque le père donne naissance à un bâtard qu'il nommera Smerdiakov. Chacun des trois fils représente un idéal-type de la société russe de la fin du XIXe siècle : Alexeï, le benjamin, est un homme de foi; Ivan, le cadet, est un intellectuel matérialiste qui cherche à savoir si tout est permis, dans la mesure où Dieu n'existe pas. Dimitri, leur très exalté demi-frère aîné, est un homme impétueux en qui le vice et la vertu se livrent une grande bataille. Ce dernier incarne, selon l'auteur lui-même, « l'homme russe ».

Personnages principaux

Fiodor Pavlovitch Karamazov

Cinquante-cinq ans, marié deux fois, il est le père de trois fils (Dmitri, Ivan, Alexeï) et le père illégitime de Smerdiakov, dont il fait son domestique. C'est un homme impudique, vulgaire et sans principe, qui n'élève aucun de ses fils. Le meurtre de Fiodor par l'un d'eux sert de base à l'intrigue du roman.

Dmitri Fiodorovitch Karamazov

Fils aîné issu du premier mariage de Fiodor, Dmitri (aussi nommé Mitia, Mitka, Mitenka ou Mitri), 28 ans, est exalté, impétueux et dépensier. Il participe à de nombreuses soirées de débauche avec abondance de champagne et de femmes, pour lesquelles il dépensera tout son argent. Il entrera en conflit avec son père au sujet d'un héritage spolié et d'une femme, Grouchenka, que les deux hommes désirent. Pour ces raisons, il sera accusé du meurtre de son père.

Ivan Fiodorovitch Karamazov

Ivan (aussi nommé Vanka, ou Vanechka) est le premier fils du deuxième mariage de Fiodor. Fervent rationaliste de 24 ans, il est solitaire, marqué par la souffrance qui existe dans le monde. Il voue à son père une haine qui n'est pas ouvertement exprimée, mais qui finit par le ronger intérieurement après l'assassinat de Fiodor Pavlovitch. Ainsi, influencé par Smerdiakov et en proie à une santé mentale qui se dégrade, Ivan devient peu à peu convaincu de sa propre culpabilité dans l'affaire.

Certains des passages les plus mémorables du roman impliquent Ivan, comme le chapitre « La rébellion », « Le Grand Inquisiteur » et son cauchemar avec le diable (« Le Cauchemar »).

Alexei Fiodorovitch Karamazov

Alexeï (aussi nommé Aliocha, Aliochka ou Aliochenka), 20 ans, est le plus jeune des frères Karamazov. Dans le premier chapitre, le narrateur affirme que le jeune homme est le héros du roman, et le décrit comme un être sympathique. Au début des événements, Alexeï est novice au monastère local, sous la coupe du père Zossime. Après la mort de ce dernier, Alexeï est envoyé de par le monde et se trouve mêlé aux disputes de ses frères et de son père. Il est très proche de Dmitri, mais beaucoup moins d'Ivan, dont les convictions athées s'opposent à celles d'Alexei.

Pavel Smerdiakov

Fils de Lizaveta, une femme muette de la rue, et probablement fils illégitime de Fiodor Pavlovitch, il est nommé par son père « Smerdiakov », du verbe smerdit (« puer» , en russe). Il est le domestique et le cuisinier de Fiodor Pavlovitch. Morose et (comme Dostoïevski lui-même) épileptique, Smerdiakov est distant avec la plupart des personnes, mais voue une admiration particulière pour Ivan, partageant ses idées sur l'athéisme. Il avouera plus tard à ce dernier qu'il est le meurtrier de Fiodor et prétend avoir agi avec la bénédiction d'Ivan.

Agrafena Alexandrovna Svietlova (Grouchenka)

Femme de bon plaisir, Grouchenka (aussi nommée Grousha, et Grouchka) a 22 ans. Elle a été abandonnée par un officier polonais dans sa jeunesse et vit désormais sous la protection d'un avare tyrannique. Grouchenka charme à la fois Fiodor et Dmitri Karamazov. Profitant de leur rivalité, elle cherche à tourmenter et ridiculiser les deux hommes, une façon d'infliger à d'autres la douleur qu'elle même a subie plus jeune.

Katerina Ivanovna Verkhovtseva

Katerina Ivanovna (aussi nommée Katia, Katka, et Katenka) est la fiancée de Dmitri. Elle est liée à Dmitri depuis que celui-ci a effacé les dettes de son père. Extrêmement fière, Katya est décrite comme une personne de noblesse, avec de la générosité et une grandeur d'âme. Si elle reste fidèle à Dmitri, elle est troublée par l'amour que lui porte Ivan.

Zosime

Le père Zosime, staretz du monastère, est le père spirituel d'Aliocha. Ses capacités prophétiques et guérissantes supposées font de lui une personne vénérée par les habitants de la ville. Sa popularité inspire autant d'admiration que de jalousie parmi les moines du monastère.

Ilioucha

L'écolier Ilioucha (aussi nommée Ilouchechka) est la figure centrale d'une histoire dans l'histoire du roman. Son père, le capitaine Snegiriov, est un officier ruiné qui est insulté par Dmitri. Le lecteur est mené à croire que c'est partiellement à cause de cela qu'Ilioucha tombe malade et meurt finalement (ses funérailles couvrent le dernier chapitre du roman).

Analyse

Contexte

Dostoïevski a écrit ses premières notes pour Les Frères Karamazov en avril de 1878. De nombreuses influences semblent être à l'origine du roman. Tout d'abord, celle du philosophe russe Nikolaï Fiodorov. Fiodorov prône un christianisme dans lequel la rédemption et la résurrection passeraient par le rachat par les fils des péchés de leurs pères, afin de favoriser l'unité des êtres humains au sein d'une famille universelle. Or, la tragédie du parricide dans ce roman représente exactement le contraire de cette idée, où, loin de racheter les fautes de leur père, les fils Karamazov deviennent acteurs, sinon complices, de son meurtre. Dostoïevski y voit la personnification de la désunion de l'humanité.

Bien que la religion et la philosophie aient profondément influencé Dostoïevski dans sa vie, prenant une place importante dans Les Frères Karamazov, une tragédie beaucoup plus intime a changé le cours de son travail. En mai 1878, l'auteur perd son fils de trois ans, Aliocha. L'enfant est mort d'épilepsie, affection qu'il a héritée de son père. Le chagrin de Dostoïevski pour son jeune fils transparait tout au long du roman, notamment à travers le héros qu'il nomme aussi Aliocha et à qui il attribue des qualités chères à ses yeux. Ce déchirement se retrouve également avec l'histoire du capitaine Snegiriov et de son jeune fils Ilyoucha.

Une autre expérience personnelle a influencé l'auteur dans le choix du parricide comme intrigue principale. Au cours des années 1850, alors qu'il purgeait sa condamnation au katorga (bagne russe) d'Omsk en Sibérie, Dostoïevski y a rencontré un jeune homme qui avait été condamné pour avoir assassiné son père et acquis son héritage. Presque dix ans après cette rencontre, il apprit que l'homme en question, après avoir été fallacieusement condamné dans un premier temps, avait été plus tard disculpé quand le meurtrier réel eut avoué le crime. L'impact de cette rencontre sur l'auteur est évidente dans le roman, dans lequel beaucoup des traits de l'accusé sont repris dans la description de Dmitri Karamazov.

Écriture

Les notes de Dostoïevski pour le chapitre 5 des Frères Karamazov

Bien qu'il ait été écrit au XIXe siècle, Les Frères Karamazov contient un certain nombre d'éléments d'écriture modernes. Dostoïevski a composé le livre avec une variété de techniques littéraires qui ont mené beaucoup de ses critiques à caractériser son travail comme « négligé »[réf. nécessaire]. L'exemple le plus visible est l'utilisation du narrateur omniscient. Bien qu'il connaisse nombre de pensées et de sentiments des protagonistes, le narrateur se proclame auteur du récit, au point de distiller ses propres commentaires et états d'âme au fil du roman, devenant pratiquement un personnage à part entière. Par ses descriptions, le narrateur et la voix fusionnent imperceptiblement, une technique qui favorise l'impression de vécu dans la narration de l'histoire, tout en la rendant complètement subjective[5].

Dostoïevski utilise les variations de discours pour donner à chaque personnage une manière propre de s'exprimer, permettant d'entrevoir une grande partie de leur personnalité. D'autre part, plusieurs digressions dans le récit finissent par dresser un enchevêtrement de personnalités, apparemment mineures, mais dans les trajectoires sont riches en symbole. Par exemple, le livre six est presque entièrement consacré à la vie du starets Zosime, histoire qui ne semble pourtant pas être liée avec les événements de l'intrigue principale.

Idées principales de l'œuvre

Considéré par son auteur comme son œuvre la plus aboutie, Les Frères Karamazov constitue l'expression la plus achevée de son art romanesque. Dostoïevski y fait la synthèse des problèmes philosophiques, religieux et moraux qui ont hanté son univers. Il aborde la question ultime de l'existence de Dieu, qui l'a tourmenté toute sa vie. De nombreux thèmes chers à l'auteur y sont développés : l'expiation des péchés dans la souffrance, l'absolue nécessité d'une force morale au sein d'un univers irrationnel et incompréhensible, la lutte éternelle entre le bien et le mal, la valeur suprême conférée à la liberté individuelle.

La question centrale de la liberté humaine et de sa responsabilité vis-à-vis de Dieu est notamment développée dans un chapitre entier (livre V, chapitre 5) intitulé « Le Grand Inquisiteur ». Celui-ci relate une rencontre en Espagne, à la Renaissance, entre un haut dignitaire de l'Inquisition espagnole et Jésus, le premier reprochant au second sa venue, qui vient « déranger » l'Église. Ce récit raconté par Ivan à son frère Aliocha, expose la thèse selon laquelle Jésus, en résistant à la tentation de la puissance, et laissant ainsi l'homme libre de choisir de croire ou non, s'est trompé sur la nature humaine et a rendu l'homme malheureux. En effet, selon lui, l'homme n'est pas un Dieu, et c'est pour cela qu'il ne déteste rien de plus que la liberté. L'évêque du récit représente l'Église toute-puissante qui a continué l'œuvre du Christ mais en la dévoyant, c'est-à-dire en reprenant cette liberté à l'homme qui, selon lui, s'en trouve bien plus heureux.

Le roman permet ainsi au grand écrivain russe de développer sa conception de l'âme humaine à travers l'opposition entre les personnages athées (principalement Ivan, mais aussi Kolia Krassotkine - au moins au début - et Rakitine) et ceux qui croient pieusement (Aliocha, Zosime et les hiéromoines du monastère). Tout le raisonnement des premiers se termine par la conclusion que Dieu n’existant pas, il s'en suit que l'homme est livré à lui-même. Il n'y a plus de morale et chacun peut se comporter comme il l'entend, puisqu'il devient lui-même Dieu. Pour Dostoïevski, le scepticisme d'Ivan ainsi que le matérialisme socialiste sont à condamner. En effet, le socialisme censé satisfaire les besoins et le bien-être de l'humanité entraîne en fait une insatisfaction constante (l'homme est tenté d'obtenir toujours plus que ce qu'il a). Cette perversion se retrouve chez des personnages violents comme Fiodor Karamazov, qui sombre dans l'alcoolisme et le désir sexuel. Au contraire, seul un retour à Dieu peut sauver l'humanité : Aliocha incarne cet espoir face à ses frères dépravés. Ivan est donc le contradicteur de la pensée de Dostoïevski qui, lui, ne voit le salut que dans le Christ et l'église orthodoxe. Pour l'auteur, il existe bien un espoir de rédemption pour l'humanité.

Postérité

Tombe de Dostoïevski à Saint-Pétersbourg. Les premiers mots des Frères Karamazov y sont gravés

Les Frères Karamazov a eu une influence profonde sur beaucoup d'auteurs et de penseurs.

Les Frères Karamazov était le livre de chevet de Léon Tolstoï à son lit de mort[6].

L'écrivain Franz Kafka fut aussi sensible aux thèmes du roman Les Frères Karamazov et s'en inspira en partie dans son propre travail. Les deux romanciers ont d'ailleurs en commun des rapports tendus avec leur père. Kafka fut touché par la haine des frères pour leur père Fiodor. Le thème des relations pères et fils a été traité dans plusieurs de ses travaux, le plus explicitement dans la nouvelle Le Verdict).

Sigmund Freud dit de cet ouvrage qu'il s'agit du « roman le plus imposant qu'on ait jamais écrit »[7]. En 1928, Freud publie un article intitulé Dostoïevski et le parricide, dans lequel il traite des propres névroses de l'auteur et de leur influence sur l'intrigue du roman. Ainsi, l'assassinat de son père aurait été mal vécu par Dostoïevski, qui, selon la théorie du complexe d'Œdipe, aurait involontairement souhaité la mort de son père. Freud pense que cette culpabilité inconsciente aurait déclenché les crises d'épilepsie de l'auteur et se retrouverait dans le roman à travers les thèmes du parricide et de la culpabilité.

En 1954, le roman est également compté parmi les dix plus grands par William Somerset Maugham dans son essai Ten Novels and Their Authors.

Dans La Cité de la peur, Alain Chabat incarne un certain Serge Karamazov. Tout au long du film, il fait référence au roman en se présentant : « Serge Karamazov, aucun lien, je suis fils unique. ».

Adaptations

  • À la télévision :

Tarrikte Al Bettache (2008), feuilleton (30 épisodes de 52 minutes) adapté et réalisé par Chafik Shimi a été diffusé sur la chaîne de télévision marocaine 2M pendant le mois de ramadan 2008.

Éditions françaises

Notes et références

  1. Anna Grigorievna Dostoïevskaïa, Dostoïevski, mémoires d'une vie, p. 460.
  2. Sigmund Freud,Writings on Art and Literature
  3. The Collected Papers of Albert Einstein, Volume 9: The Berlin Years: Correspondence, January 1919 - April 1920
  4. Encyclique Spes Salvi, 2007
  5. Cf. Mikhaïl Bakhtine, Problèmes de la poétique de Dostoïevski (1929), pour plus de détails sur le rapport entre Dostoïevski et ses personnages.
  6. Notice de l'Encyclopédie Agora
  7. Dostoïevski et le parricide, 1928.

Annexes

Sources

Articles connexes

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Lien externe


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