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Karl Richard Lepsius
Karl Richard Lepsius (23 décembre 1810 – 10 juillet 1884) est un linguiste et égyptologue allemand.
Né vingt ans jour pour jour après Champollion, il étudie les antiquités grecques à Leipzig et Göttingen de 1829 à 1832, et apprend le sanskrit. Il est remarqué à 23 ans par ses professeurs qui l'incitent à se diriger vers l'étude des hiéroglyphes. L'égyptologie ne signifie rien pour le jeune Lepsius, seulement désireux d’asseoir sa position sociale.
En 1834, à Paris, il prend connaissance des écrits de Jean-François Champollion et s'imprègne de la Description de l'Égypte, se rendant compte que beaucoup de choses restent à faire en égyptologie et qu'il peut y acquérir une renommée digne de ses ambitions. Dès lors, il va se jeter dans l'étude approfondie des hiéroglyphes. Ensuite, il se rend en Italie, à Pise, où il a l'occasion de suivre les cours d'Ippolito Rosellini, auteur du seul livre publié alors sur les découvertes de la mission franco-toscane.
Il rentre en Allemagne en 1839, désireux de visiter l'Égypte et d’y accomplir des missions plus importantes que celle de déchiffreur. En 1842, il est titulaire de la seconde chaire d'égyptologie européenne et se voit confier la responsabilité d'une mission scientifique en Égypte. Le kaiser Frédéric-Guillaume IV et la reine Élisabeth sont à l'origine de cette nomination et il part avec trois cent mille francs or. Le souverain est bien décidé à laisser l'empreinte de son règne pour les temps futurs.
Lepsius arrive à Alexandrie et apporte à Méhémet Ali de somptueux présents, ce qui va lui ouvrir toutes les portes. D'autre part, le savant allemand n'hésitera pas à renvoyer à Berlin tous ceux qui contrarient ses ambitions.
Dès son arrivée, il se rend à Gizeh, et le jour de l'anniversaire de Guillaume IV, fêté au sommet de la pyramide de Khéops, il laisse une inscription hiéroglyphique à la gloire du souverain. Il reste de longs mois à Gizeh et découvre plus de cent trente tombes privées, dont il relève les bas-reliefs et emporte soixante-sept papyri. Il dresse une liste des pyramides (dont certains monuments se révélèrent plus tard ne pas faire partie de ce type de construction) qu'il rencontra sur sa route.
Il se dirige ensuite vers Saqqarah, où il explore la tombe de Maya, qui s'occupa du trésor de Toutânkhamon. Il visite, durant cette même période, la pyramide à degrés, déjà visitée par Girolamo Segato en 1821, et y démonte les linteaux et les montants d'une porte, où apparaît le nom du pharaon qui a fait bâtir ce monument incroyable : Neterikhet. Nul ne sait qui est ce pharaon. En 1899, on découvrira une inscription mentionnant Neterikhet Djéser, dont la momie et les autres pièces trouvées dans la pyramide par Segato, se perdirent dans un naufrage en mer du Nord.
Dans le Fayoum, Lepsius découvre le labyrinthe, mentionné par Hérodote et Strabon, proche de la pyramide d'Amenemhat III à Hawara. Il remonte ensuite sur Thèbes et, marchant souvent sur les traces de Champollion et Rosellini, le jeune philologue allemand passe à Deir el-Bahari, où il récolte des pièces pour le futur musée de Berlin. À la différence de Champollion, Lepsius reste insensible à l'Égypte moderne, à la beauté de ses monuments antiques, et son seul intérêt pour le pays sera d'ordre philologique. Il classe la musique arabe au rang de plaie de l'Égypte.
À l'instar de Champollion, Lepsius explore le site de Médinet Habou et, outre les inscriptions qu'il recopie, il prend les bas-reliefs qu'il transportera à Berlin. Suite aux cadeaux offerts par le kaiser, Méhémet Ali laissera emmener beaucoup de matériel archéologique.
Le savant allemand tombe sous le charme de Philaé. « La semaine que nous avons passée sur l’île sacrée fait partie des plus beaux souvenirs de notre voyage. » Le 6 novembre, il quitte Philaé pour l'Éthiopie, en passant par la Nubie et Abou Simbel. Il compte bien y trouver les traces d'une civilisation d'origine africaine, ancêtre de l'Égypte des Pharaons.
Il s'est fixé pour objectif de dépasser Ouadi Halfa, où Champollion avait placé ses colonnes d’Hercule.
À Djebel Barkal, il ramène au bateau la statue monumentale d'un bélier représentant Amon, protecteur d'Amenhotep III. Il porte ensuite ses regards vers Méroé, mais sa quête n'est guère satisfaisante, car il a sous les yeux des pyramides ne remontant pas au-delà du Ier siècle av. J.-C.. Il empêche tout de même le seigneur local, avide de trouver un éventuel trésor, de poursuivre le démantèlement des 184 pyramides. Après discussion, ce dernier cesse le massacre.
Lepsius a été le premier à relever la présence des talatates à Thèbes et s'intéresse aux tombes de Tell el-Amarna, en 1845. En douze journées, Lepsius recueille d'importants renseignements pour les générations futures : Akhénaton, le pharaon effacé pourra sortir de l'oubli où le clergé d'Amon a réussi à le plonger.
En 1846, un bâtiment amène en Prusse 294 caisses, avec 1500 objets, bijoux, papyrus, des chambres funéraires complètes, des sarcophages, une colonne du temple de Philaé, un obélisque et le sphinx de Djebel Barkal, qui vont orner le musée égyptien de Berlin. Lepsius a visité les ruines d'une trentaine de pyramides, plus de 130 mastabas (dont beaucoup ont disparu depuis). Frédéric-Guillaume IV est tellement fier de ce que lui ramène l'égyptologue allemand qu'il décide de faire publier un ouvrage luxueux, en douze volumes grand folio qui seront édités de 1849 à 1859, comprenant 894 planches, et qui seront désormais une référence en la matière : Denkmäler aus Ägypten und Äthiopien[1] (Monuments d’Égypte et d’Éthiopie). À propos du format de l’ouvrage, Mariette notera, avec humour : « Pour consulter les Denkmäler, il faut s'assurer l’aide d'un caporal et de quatre hommes. »
Membre de l’Académie et conservateur du musée de Berlin, il fonde une publication Revue de langue et d’archéologie égyptiennes. Il meurt à Berlin en 1884, après avoir consacré sa vie à l'Égypte et, même si certains ne manquent pas de faire remarquer qu'il a pillé les tombes et les monuments, il répondra qu'il a sauvé bon nombre de ses emprunts des véritables pillards, qui saccageaient tout à la recherche d'un trésor. Il a relancé l'égyptologie, en léthargie depuis la disparition de Champollion.
Publications
- Deux traités de linguistique comparée. 1) Classement et parenté des alphabets sémitique, indien, éthiopien, persique et égyptien anciens. 2) De l'origine et de la parenté des chiffres dans les langues indo-européenne, sémitique et copte [« Zwei sprachvergleichende Abhandlungen. 1. Über die Anordnung und Verwandtschaft des Semitischen, Indischen, Äthiopischen, Alt-Persischen und Alt-Ägyptischen Alphabets. 2. Über den Ursprung und die Verwandtschaft der Zahlwörter in der Indogermanischen, Semitischen und der Koptischen Sprache »], Berlin, 1836 ;
- Le Livre des Morts des Égyptiens d'après le papyrus de Turin [« Das Todtenbuch der Ägypter nach dem hieroglyphischen Papyrus in Turin »], G. Wigand, Leipzig, 1842 ;
- Monuments d'Égypte et d'Éthiopie d'après les dessins rapportés de l'expédition scientifique organisée dans les années 1842-1845 dans ces deux pays sur ordre de sa majesté, le roi de Prusse, Frédéric Guillaume IV [« Denkmäler aus Ägypten und Äthiopien nach den Zeichnungen der von Seiner Majestät dem Könige von Preußen, Friedrich Wilhelm IV., nach diesen Ländern gesendeten, und in den Jahren 1842–1845 ausgeführten wissenschaftlichen Expedition auf Befehl Seiner Majestät, 13 vol. »], Nicolaische Buchhandlung, Berlin, 1849 (réimpr. Réédition Genève : Éditions de Belles-Lettres, 1972) ;
- Sur les dieux primitifs égyptiens et leur origine historico-mythologique [« Über den ersten Ägyptischen Götterkreis und seine geschichtlich-mythologische Entstehung »], Akad. Wiss., Berlin, 1851 ;
- Quelques découvertes provenant des monuments égyptiens utiles pour la connaissance de l'histoire de la période ptolémaïque [« Über einige Ergebnisse der ägyptischen Denkmäler für die Kenntniß der Ptolemäergeschichte »], Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1852 ;
- Lettres d'Égypte et de la presqu'île du Sinaï [« Briefe aus Äegypten, Äethiopien und der Halbinsel des Sinai »], Wilhelm Hertz, Berlin, 1852 ;
- Les dieux des quatre éléments chez les Égyptiens [« Über die Götter der vier Elemente bei den Ägyptern »], Druckerei der Königl, 1856 ;
- La XXIIe dynastie royale égyptienne et quelques remarques sur la XXVIe et d'autres dynasties du Nouvel Empire [« The XXII egyptian royal dynasty with some remarks on XXVI and others dynasties of the New kingdom »], Trübner, London, 1858 ;
- La phonétique arabe et sa transcription, suivi de quelques développements sur la voyelle dure "i" dans les langues tartare, slave et roumaine [« Über die arabischen Sprachlaute und deren Umschrift nebst einigen Erläuterungen über den harten "i" vocal in den tartarischen, slavischen und der rumänischen Sprache »], Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1861 ;
- La phonétique du chinois et du tibétain et la transcription de ces langues [« Über chinesische und tibetische Lautverhältnisse und über die Umschrift jener Sprachen »], Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1861.
Notes
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