- Anatole Demidoff di San Donato
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Anatole Demidoff
Le comte Anatole (Anatoly) Nicolaïevitch Demidoff, 1er prince de San Donato, est un industriel et mécène russe né à Saint-Pétersbourg (Russie) le 5 avril 1813 et mort à Paris le 29 avril 1870.
Biographie
Deuxième fils du comte Nicolas Demidoff, il fut élevé à Paris et débuta sa carrière dans la diplomatie russe, servant brièvement à Paris (il habite alors l'hôtel édifié par Charles de Wailly pour le sculpteur Augustin Pajou, 87 rue de la Pépinière, aujourd'hui rue La Boétie), Rome et Venise.
À la mort de son père en 1828, il s'établit définitivement en Europe de l'Ouest, revenant le plus rarement possible en Russie. Cette attitude contribua à lui aliéner le tsar Nicolas Ier qui, dès lors, eut toujours pour lui une vive antipathie.
En 1837-1838, il organisa une expédition scientifique en Russie du Sud et en Crimée, dont il confia la direction scientifique à Frédéric Le Play. Elle comprenait 22 savants, écrivains et artistes français dont Auguste Raffet et le critique Jules Janin, qui devinrent les amis de Demidoff. Le résultat de cette expédition, qui coûta la somme très élevée de 500.000 francs, fut publié sous le titre Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée (4 vol., 1840-1842), avec une centaine de lithographies originales de Raffet. Le tsar, dédicataire de l'ouvrage, n'y accorda aucun intérêt, et montra même de l'irritation contre le fait que la plupart des membres de l'expédition étaient français.
Il finança également un voyage en Russie d'Alexandre Durand afin de relever des paysages, qui furent publiés sous le titre Voyage pittoresque et archéologique en Russie (1839). En 1840, il publia dans le Journal des Débats une série d'articles sur la Russie, qui furent réunis en volume sous le titre Lettres sur l’Empire de Russie (1840), dans le but de combattre certaines idées reçues des Français à l'encontre de la Russie. Néanmoins, ces compte-rendus irritèrent le tsar Nicolas Ier par leur description du système féodal russe. En 1847, Demidoff fit un voyage en Espagne avec Raffet qu'il publia plus tard sous le titre Étapes maritimes sur les côtes d’Espagne (1858).
Il augmenta considérablement la collection d'art rassemblée par son père à la Villa San Donato près de Florence, s'intéressant notamment à la peinture romantique.
Il acquit ainsi au Salon de 1834 L'exécution de Lady Jane Grey, œuvre-manifeste de Paul Delaroche. En 1833, il avait acquis La mort de Poussin de François Marius Granet, qui fit également sensation au Salon de 1834. Il commanda des tableaux à Eugène Delacroix et des aquarelles à Richard Parkes Bonington et Théodore Géricault. Ses collections furent dispersées en ventes publiques à Paris en 1863 et peu avant la mort du prince en 1870.
En 1839, Demidoff, grand admirateur de Napoléon Ier, (il fit construire un musée en bas de la résidence napoléonienne de San Martino à l'île d'Elbe et chanter une messe - c'est encore le cas de nos jours - chaque 5 mai à Portoferraio) fut introduit par Jules Janin dans le cercle de Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie, qui vivait en exil à la Villa di Quarto à Florence.
Un projet de mariage fut rapidement formé entre le riche sujet du Tsar et la fille du roi Jérôme, la princesse Mathilde-Létizia Bonaparte.
Il fut convenu que Mathilde recevrait une dot de 290.000 francs dont 50.000 francs en bijoux et 240.000 francs en argent, mais payables à tempérament; quant aux bijoux, Anatole accepta de les acheter à...Jérôme, perpétuellement à court d'argent, pour un million de francs, de sorte qu'il paya la dot de sa femme et bien au-delà.
En outre, par décret du 20 octobre 1840, il fut créé « prince de San Donato », afin de permettre à la princesse de conserver son titre, non reconnu en Russie.
Le mariage eut lieu à Rome le 1er novembre 1840. En mars 1841, le couple se rendit à Saint-Pétersbourg, où le Tsar se montra plein d'attentions pour sa « cousine » la princesse, tandis qu'il humilia le prince par tous les moyens possible. Anatole, dépité, commença ses infidélités.
Le 17 août 1841, le couple arriva à Paris où il résida à l'hôtel Demidoff, 109 rue Saint-Dominique jusqu'en juin 1842. Ils séjournèrent ensuite une année à Saint-Pétersbourg avant de s'installer près de Florence à la villa San Donato.
Rapidement, les relations entre les deux époux s'étaint aigries. La princesse avait pris un amant, le comte Émilien de Nieuwerkerke, et le prince une maîtresse, Valentine de Sainte-Aldegonde, duchesse de Dino, à qui Mathilde fit une scène violente au cours d'un bal ce qui, en retour, lui valut, de la part de son mari, une paire de gifles administrées en public.
En septembre 1846, Mathilde s'enfuit pour Paris afin de se réfugier auprès de Nieuwerkerke, en emportant les bijoux qui étaient censés constituer sa dot, vendus par son père à son futur époux.
Malgré cela, Demidoff fut condamné par le tribunal de Saint-Pétersbourg à verser à Mathilde une pension de 200.000 francs par an et ne put jamais récupérer ses bijoux...Les époux furent autorisés à se séparer en 1847 sur décision personnelle du Tsar de Russie Nicolas Ier.
Demidoff s'efforça de réparer les dégâts que cette séparation avait infligés à sa position sociale en multipliant les donations à des œuvres charitables. Il créa des hôpitaux, des orphelinats et des écoles et mit sur pied un comité international pour porter secours aux prisonniers de la guerre de Crimée (1853-1856).
Il donna un million de roubles pour le financement de la guerre et fut récompensé par Alexandre II qui le nomma chambellan et conseiller d'État.
En 1860, il fit partie, avec le duc de Morny et le docteur Oliffe, du consortium d'investisseurs qui fonda la station balnéaire de Deauville.
Anatole Demidoff a eu un fils naturel avec sa maîtresse Fanny de la Rochefoucauld, fille de Francois, 8e duc de la Rochefoucauld, dont postérité.
Il eut de nombreuses maîtresses, dont Maria Calergis, considérée comme une des plus belles femmes de son temps, et Ernestine Duverger.
Il a participé au célèbre Carnaval de Paris. Un tableau existe, au musée Carnavalet, qui figure son équipage participant à la fête.
Il mourut le 30 avril 1870 d'une congestion pulmonaire dans son hôtel de la rue Saint-Dominique à Paris.
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