- Langues mayas
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Les langues mayas (code ISO 639-2 : myn) sont une famille de langues amérindiennes parlées par 5 millions de personnes[1], essentiellement dans la zone maya, qui s'étend du sud du Mexique jusqu'au Honduras[2]. La plupart des locuteurs descendent de la civilisation maya ; il n'est pas rare toutefois que, dans certaines régions, les descendants d'Espagnols aient une connaissance fonctionnelle de la langue indigène[réf. nécessaire].
La plus parlée de ces langues est le quiché avec plus de 2 300 000 locuteurs au Guatemala. Elle est suivie du maya yucatèque (750 000 locuteurs), s'étendant sur péninsule du Yucatán au Mexique, puis du mam, du cakchiquel et du q'eqchi avec chacun environ un demi-million de locuteurs guatemaltèques. Les autres langues notables sont le tzotzil et tzeltal parlés chacun par plus de 300 000 personnes dans le Chiapas au Mexique[1].
Le maya classique, lingua franca des anciens mayas et anciennement (IVe–Xe siècles) parlé dans les basses terres centrales, est la langue écrite par le biais de hiéroglyphes sur les monuments et objets d'art des sites archéologiques mayas. Cette langue est un ancêtre du ch'ol et du ch'orti', parlés au sud du Mexique dans l’État de Chiapas et au Guatemala.
Sommaire
Histoire
Langue mère
D'après les études de linguistique historique, les langues mayas sont issues d'une langue commune, appelée proto-maya, que la glottochronologie estime vieille d'environ 4 000 ans. La reconstruction de son vocabulaire relatif à l'environnement n'a pas permis de manière satisfaisante la localisation précise de ses locuteurs[2], hormis qu'il pointe vers la Mésoamérique. Il est toutefois raisonnable de supposer que le proto-maya était la langue des ancêtres des mayas classiques, dont l'archéologie indique qu'ils se situaient dans le sud-est de la zone maya, près de la côte Pacifique [réf. nécessaire].
Certaines tentatives remontent plus loin dans le temps et proposent une proto-langue commune aux langues mayas et à d'autres familles de langues du Nouveau Monde ; ces théories ne sont pas communément acceptées. La parenté entre le maya et les langues mixe-zoque est expliquée soit par l'appartenance à un groupe macro-maya ; soit par la forte influence des peuples de langues mixe-zoque sur les mayas, en particulier des Olmèques. Plus hypothétique encore, Joseph Greenberg et Merritt Ruhlen placent le maya parmi les langues amérindes, une superfamille putative comprenant la plupart des langues du Nouveau Monde, issue de la langue supposément parlée par la première vague de migrants venus de Sibérie il y a 16 000 ans environ[3].
Période précolombienne
Le proto-maya s'est scindé en cinq groupes linguistiques entre 1600 et 700 avant l'ère commune. Les premières branches à se séparer sont la huaxtèques et la yucatèque dans le nord. Ensuite, suivent les groupes tzeltal-chol, kanjobal-chuj, groupe quiché-mam.
La séparation en zones linguistiques est attestée durant la période classique maya : l'écriture idéophonographique retrouvée dans l'épigraphie (monuments, objets d'art) a permis de trouver des mutations phonétiques et grammaticales dans trois zones : le yucatèque au nord, le chol occidental à l'ouest (ancêtre des chol et chontal) et le chol oriental (ancêtre de chortí et choltí) à l'est, avec une possible quatrième zone tzeltal (ancêtre des tzeltal et tzotzil) à l'extrême ouest[4]. Il semble que la séparation entre les branches est et ouest du groupe chol se soit produite durant la période classique, aux alentours de 650[5].
Avec l'accroissement des différences phonétiques durant cette période, la part des signes de nature phonétique dans l'écriture hiéroglyphique a crû de manière régulière. De plus, elle était plus importante dans la région la plus distante, linguistiquement, du maya classique, au nord de la péninsule.
Évolution de la proportion de signes phonétiques dans les hiéroglyphes mayas durant l'époque classique[4] katun 8.19–9.2 9.4–9.10 9.11–10.1 10.2–10.2 date julienne[6] 416–476 514–633 652–849 869–889 ensemble du territoire 40 50 60 70 zone yucatèque — — 75 80 Époque coloniale
Post-indépendance
Phonologie
Au niveau consonantique, les langues mayas présentent la particularité — vue d'un indo-européen — de posséder des consonnes non pulmonaires, à savoir les éjectives : celles-ci se réalisent en fermant la glotte au moment de l'articulation.
Le système de voyelles comprend une disposition typique d'un grand nombre de langues, à savoir cinq voyelles qui optimisent la couverture du diagramme aperture-point d'articulation : /a/ ouvert, /e/ et /o/ semi-ouvert, et /o/ et /u/ fermés. Il y a en général une opposition de quantité au niveau phonologique : /a/ et /a:/, /e/ et /e:/, etc. Dans certaines langues, par exemple en maya yucatèque, il existe de plus des voyelles glottalisées longues, /a?a/, /e?e/, /e:/ qui s'opposent aux longues /a:/, /e:/, etc. et aux brèves /a/, /e/, etc. Ces voyelles sont réalisées avec un coup de glotte au milieu de leur articulation.
Les radicaux de type consonne-voyelle-consonne.
Morphologie et grammaire
Les langues mayas sont généralement polysynthétiques, à savoir qu'interviennent un grand nombre de lexèmes par mot.
Au point de vue grammatical, on note la présence de nombreux classificateurs, particules s'insérant entre un numéral et le mot quantifié ; ces classificateurs précisent le type d'objet quantifié (géométrie, champ lexical, etc.)
Les langues mayas présentent à un certain degré un caractère ergatif, c'est-à-dire lorsque le complément d'objet direct d'un verbe transitif et le sujet d'un verbe intransitif sont traités de la même manière, en opposition avec le sujet d'un verbe transitif.
Les langues mayas ont tendance à présenter l'ordre verbe-objet-sujet dans une proposition transitive.
Répartition géographique
- Mexique : sud (péninsule du Yucatán, Chiapas) ; îlots à San Luis Potosí et Santa Cruz
- Guatemala : ensemble du territoire
- Belize
- Honduras
- Salvador
Écriture
Pré-conquête
Article détaillé : écriture maya.Avant la conquête, le système d'écriture hiéroglyphique était de nature idéo-phonographique.
Post-conquête
Article détaillé : transcription alphabétique des langues maya.Les langues mayas s'écrivent à l'aide de l'alphabet latin. Le système de transcription est inspiré de l'espagnol avec des diacrites supplémentaires pour noter les sons inexistants en castillan.
Liste des langues mayas
On dénombre au total 71 langues regroupées en six grandes catégories : tzeltal-chol, huastèque, kanjobal-jacaltèque, quiché-mam, yucatèque[1] et langues des signes[7],[8]. Des études moins récentes séparaient le quiché et le mam, et classaient ce dernier avec le grand-kanjobal[2].
Les langues mayas sont listées ci-dessous avec leur code ISO 639-3 et le nombre de locuteurs par pays (estimations tirées de l'Ethnologue[1] datant des années 1990).
Groupe tzeltal-chol
- Chol
- Ch'ol (134 000 loc.)
- Chontal de Tabasco (55 000 loc.)
- Ch'orti' (caa) : Guatemala (30 000), Honduras (10)
- Tzeltal
Groupe huaxtèque
- Chicomuceltèque (cob) : Mexique (éteint, ethnie : 1 500), Guatemala (éteint, ethnie : 100)
- Huastèque (hus) (121 749 loc.)
Groupe kanjobal-chuj
- Chuj
- Kanjobal
- Kanjobal-Jacaltèque
- Jacaltèque (jac) (98 300 loc.)
- Q'anjob'al (kjb) (145 300 loc.)
- Mocho (mhc) : Mexique (168)
- Kanjobal-Jacaltèque
Groupe quiché-mam
- Grand-mam
- Grand-quiché
- q'eqchi' (kek) : Guatemala (400 000), Belize (9 000), Salvador (12 286)
- Pocom
- Quiché
- Cakchiquel (450 000 loc.)
- Quiché-Achí
- tz'utujil (83 800 loc.)
- Sakapulteko (quv) : Guatemala (36 823)
- Sipakapense (qum) : Guatemala (8 000)
- Uspanteko (usp) : Guatemala (3 000)
Groupe yucatèque
- Mopán-Itzá
- maya itzá (itz) : Guatemala (12, ethnie : 1 800)
- Maya mopan (mop) : Belize (8 375), Guatemala (10 975)
- Yucatèque-Lacandón
- Lacandón (lac) : Mexique (1 000)
- Maya yucatèque (yua) : Mexique (700 000) et Belize (5 000)
Langues des signes (classification incertaine)
- Langue des signes maya yucatèque (Mexique)
- Langue des signes maya des hautes terres ou Meemul Ch'aab'al (Guatemala)
Ouvrages d'importance en langues maya
En écriture latine
- Popol Vuh, en quiché, livre sacré
- Livres de Chilam Balam, en maya yucatèque, chroniques mythologiques et historiques
En écriture hiéroglyphique
- Codex de Madrid
- Codex de Dresde
- Codex de Paris
- Codex de Grolier
Notes et références
- (en) Raymond G. Gordon Jr., Ethnologue: Languages of the World, Dallas, Tex.: SIL International, 2005, « Language family trees: Mayan »
- (es) R. J. Sharer, La Civilización Maya, Fondo de Cultura Económica, coll. « antropología », 1998 (réimpr. 1999, 2003) (ISBN 9-6816-4771-8), chap. 13 (« Lengua y Escritura »)
- (en) J. H. Greenberg, Language in the Americas, Stanford (Californie), Sanford University Press, 1987 (ISBN 0-8047-1315-4)
- (en) Søren Wichmann, Mayan historical linguistics and epigraphy: a new synthesis
- (en) David F. Mora-Marín, Proto-Ch'olan as the Standard Language of Classic Lowland Mayan Texts, 2005
- La corrélation utilisée est celle de Goodman-Martínez Hernández-Thompson.
- (en) Description of The Yucatec Maya Sign Language Language sur le site The Linguist, visité le 22 août 2006
- (en) Erich Fox Tree, Meemul Ch'aab'al (Highland Maya Sign Language): The Invisible Visible Vernacular of an Indigenous Underclass, 2004
Bibliographie
- (es) R. J. Sharer, La Civilización Maya, Fondo de Cultura Económica, coll. « anthropología », 1998 (réimpr. 1999, 2003) (ISBN 9-6816-4771-8) [présentation en ligne], chap. 13
Présentation des problématiques générales mais pas au jour des recherches linguistiques les plus récentes
Annexes
Articles connexes
- Linguistique
- Écriture :
Liens externes
- (en) Ethnologue report for Mayan, visité le 16 février 2010
- (en) Vocabulaire comparé des langues mayas, visité le 19 août 2006
- (es) Académie guatémaltèque de langues mayas, visité le 19 août 2006
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