- La Gare de Perpignan
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Pour la gare française du même nom, voir Gare de Perpignan.
La Gare de Perpignan Artiste Salvador Dalí Année 1965 Dimensions (H × L) 296 cm × 406 cm Localisation Musée Ludwig, Cologne modifier La Gare de Perpignan est une huile sur toile de Salvador Dalí, datant de 1965 et mesurant 296x406 cm, elle est exposée au Musée Ludwig à Cologne. Elle est considérée comme une des œuvres représentatives du surréalisme.
Dans la chronologie des œuvres majeures de Dalí, La Gare de Perpignan s'intercale entre L'Apothéose du Dollar (1965) et la Pêche aux thons (1966-1967).
Sommaire
Description
Sur un fond dominé par des tons ocre s'inscrivent une série de figures :
- Un grand Christ en croix, avec sa couronne d'épines, flotte au centre de la composition. Les traits sont flous, se distinguant difficilement du fond, le visage en particulier reste totalement invisible. Seule la plaie sanglante du flanc droit est peinte avec précision et réalisme. La lance de Longin vient de percer le flanc du Christ, il vient à peine de mourir. La figure du Christ est très présente dans l'œuvre de Dalí dans les années 1950 et 1960 : la Cène (1955), Corpus Hypercubus (1954), Cœur sacré de Jésus (1962) et bien sûr le célèbre Christ de saint Jean de la Croix (1952).
- Salvador Dalí est représenté deux fois dans l'axe vertical : Il apparaît dans la lumière, au centre du tableau flottant les bras en croix, ainsi qu’au sommet du tableau. La curieuse figure, les bras et jambes écartés, vient dune photographie truquée de Philippe Halsman qui illustrait le livre de Dalí Journal d'un génie. Le peintre y semble suspendu par deux gigantesques moustaches.
- Sous le Dalí du haut, quelques rayons lumineux sortent d'un petit nuage. Ils rappellent les quatre grands rayons qui croisent la toile en une gigantesque croix de Malte. Les rayons lumineux solaires sont un attribut traditionnel de la manifestation de la divinité. Les quatre membres de Dalí forment un rappel visuel des quatre rayons, la proximité des deux figures le montre clairement. Si les rayons montrent le miracle de la révélation divine, le peintre est le médiateur qui peut représenter et rappeler cette révélation.
- L'arrière d'un wagon de chemin de fer est peint avec beaucoup de réalisme et de détails entre la tête du Christ et le petit nuage rayonnant. Il porte les numéros 997 et 605, un panneau rond de limitation de vitesse à 85, deux écritaux, sur l'un PYRENEES ORIENTALES et sur l'autre PERPIGNAN, en bas, un plaque minéralogique : 229CE66.
- Les deux personnages principaux de L'Angélus de Jean-François Millet sont une autre référence essentielle de Dalí. Ils sont présentés dans le même ordre que dans le tableau original, flottant dans l'espace, chacun au dessus d'un sac de pomme de terre. Ce tableau restera une des principales obsessions visuelle de Dalí.
- Entre les deux personnages de L'Angélus et le Christ deux silhouettes doubles reprennent les deux personnages de L'Angélus. À gauche, le couple portent une sac de pommes de terre d'allure phallique sur la brouette du tableau de Millet. À droite les deux personnages sont dans une attitude de sodomie caractéristique évoquant la forme de la brouette. Derrière les personnages en prière, leur sexualité est à peine cachée.
- Un personnage d'allure enfantine regarde le Christ depuis le bas de la toile. On reconnait la coiffure caractéristique de Gala, éternelle égérie du peintre.
- Derrière elle, et au premier plan du tableau, une brouette vue de dos porte un cinquième et dernier sac de pommes de terre.
- Sur le bas du tableau s’étend une mer calme sur laquelle navigue une barque, référence picturale habituelle au petit port de pêche de Port Lligat où réside le peintre.
Interprétations possibles
Le sacrifice du fils est transposé sous les traits du Christ en croix, avec sa couronne d'épines, flottant au centre de la composition. La plaie sanglante du Christ est associée à la fourche du paysan (sur la droite) qui s'enfonce dans la terre (rituel de fécondité). Sur le bas du tableau s’étend une mer calme sur laquelle navigue une barque, symbole antique du passage de la vie à la mort, ce qui renforce encore le thème du sacrifice du Christ. Au-dessus de la mer, une femme présentée de dos assiste à toutes ces scènes, immobile, rappelant ainsi l’impuissance de l’homme face à la mort, symbolisée non seulement par la sanglante blessure du Christ, mais également par Dalí , qui, bras et jambes écartés, semble chuter vers nulle part. Sur le haut du tableau, une locomotive surgit de nulle part (caractéristique du surréalisme) et rappelle un des thèmes central du tableau, la gare de Perpignan. Sur la gauche du tableau, sont incarnées des valeurs (le couple portant les sacs de blés incarne le travail, et l’homme en position de recueillement incarne le respect), tandis que sur la droite du tableau sont incarnés les péchés et les souffrances (L’homme et la femme représentent la luxure, et la femme le deuil).
Composition
Le tableau possède plusieurs axes de symétrie. Verticalement, l’axe de symétrie (formé par la superposition de Dalí lui-même, de la locomotive, du Christ, de Dalí à nouveau et de la femme qui tourne le dos) forme une séparation entre le bien et le mal (voir la description). Diagonalement, les rayons de lumières, qui prolongent les bras et les jambes de Dali forment quatre zones : La locomotive et Dali (haut du tableau : Inspiration du tableau), le respect et le travail (zone gauche : les valeurs), la luxure et le deuil (zone droite :les péchés et les malheurs), la barque sur la mer (bas du tableau : la mort).
Palette
Composée de couleurs terreuses allant du brun le plus foncé au jaune le plus clair, la palette est également composée de tous les mélanges et dégradés que permettent ces deux couleurs.
Lumière
Au centre du tableau, la croix irradie tout l’ensemble : c'est là que la lumière est la plus vive et la plus intense. Les rayons qui se propagent montrent l’éclat et la puissance de l’homme malgré la mort qui le guette.
Traits et contours
Les éléments ressortant du tableau (la plaie, Dalí, la locomotive) sont dessinés de manières nettes, tandis que le Christ, les valeurs et les péchés apparaissent moins clairement, leur contours étant moins prononcé et leur couleur se confondant avec l’arrière plan.
Références personnelles
« Le moment le plus rassurant de toute l'histoire de la peintre eut lieu le 17 novembre 1964 au centre de la gare de Perpignan, où je découvris la possibilité de peindre à l'huile la véritable troisième dimension stéréoscopique"
« C’est toujours à la gare de Perpignan, au moment où Gala fait enregistrer les tableaux qui nous suivent en train, que me viennent les idées les plus géniales de ma vie. Quelques kilomètres avant déjà, au Boulou, mon cerveau commence à se mettre en branle, mais l’arrivée à la gare de Perpignan est l’occasion d’une véritable éjaculation mentale qui atteint alors sa plus grande et sublime hauteur spéculative [...] Eh bien ce 19 septembre, j'ai eu à la gare de Perpignan une espèce d'extase cosmogonique plus forte que les précédentes. J'ai eu une vision exacte de la constitution de l'univers. L'univers qui est l'une des choses les plus limitées qui existe serait, toutes proportions gardées, semblables par sa structure à la gare de Perpignan.» Salvador Dalí[1].
Notes et références
- ISBN 3-8228-5007-1) Robert Descharnes et Gilles Néret, Salvador Dalí 1904-1989, Taschen, 2006, (
Catégories :- Tableau de Salvador Dalí
- Tableau des années 1960
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- Peinture ferroviaire
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