LXX

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Septante

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne une traduction de la Bible. Pour le nombre septante, voir 70 (nombre).
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Exégèse et critique

La Septante (LXX, latin : Septuaginta) est une version du Tanakh (Bible hébraïque) en langue grecque. Selon une légende rapportée dans la Lettre du pseudo-Aristée, document sans authenticité historique, la traduction de la Torah aurait été réalisée par 72 (Septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., pour les Juifs qui y étaient alors relativement nombreux, à la demande de Ptolémée II. Une légende postérieure veut que ces 72 érudits aient tous traduit séparément l'intégralité du texte, et qu'au moment de comparer leurs travaux, on se soit aperçu avec émerveillement que les 72 traductions étaient identiques. Dans sa paraphrase de ce récit, Flavius Josèphe arrondit à 70 traducteurs[1], d'où le nom retenu par la postérité.

Par extension, on appelle Septante la version grecque ancienne de la totalité des Écritures bibliques (l'Ancien Testament chrétien). Le judaïsme n'a pas adopté la Septante, restant fidèle au texte hébreu et à des traductions grecques ou araméennes (Targoum) plus proches dudit texte.

Plusieurs manuscrits de la Septante nous sont parvenus. Quelques différences existent entre ces différentes versions. Quatre codex complets écrits en onciales existent :

De nombreuses autres versions en minuscules existent.

Sommaire

Historique

D'où vient la Septante ?

La diaspora répand des communautés juives autour de la Méditerranée ; s'installe en particulier une communauté à Alexandrie et en bord de mer, autour du Palais Royal, à la suite de la conquête de l'Égypte par Alexandre. Le culte synagogal était public. et les Grecs curieux des « sagesses barbares ». Quelques-uns gagnaient le statut reconnu de « craignant-Dieu » (signalés dans les Actes des Apôtres) en cela qu'ils suivaient les préceptes du judaïsme, au moins les 7 lois des fils de Noé, sans aller jusqu'à une conversion qui impliquait la circoncision.

De quoi était fait le culte synagogal ?

D'une lecture tirée du Tanakh en hébreu, d'une traduction souvent paraphrastique dans la langue vernaculaire (quand la langue vernaculaire est l'araméen, on nomme cela un Targoum) parfois accompagnée d'un commentaire et d'une prédication. On pense que la traduction de la Septante fut précédée de Targoumim grecs. Nombre d'immigrants juifs ne connaissaient plus l'hébreu, et souhaitaient lire leurs textes sacrés dans leur langue quotidienne, l'araméen. Seul le grec pouvait être une langue sacrée à côté de l'hébreu, tant était grand le prestige des philosophies et sciences grecques. Une traduction unifiée fut probablement [2] faite à la demande du souverain lagide Ptolémée II, soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui étaient assujettis, dans le cadre d'une réorganisation du royaume. La Septante fut surtout un élément de sauvegarde, mais aussi d'évolution, de l'identité juive dans la culture grecque.

Sur quels textes fut unifiée la Septante ?

D'après la Lettre du pseudo-Aristée, le Pentateuque fut traduit, à Alexandrie, sous Ptolémée II Philadelphe (285-246 avant J.-C.) et l'entreprise se poursuivit pendant deux ou trois siècles.

Une école de traducteurs s'occupa ensuite du Psautier, à Alexandrie, vers 185 avant J.-C. ; ils entreprirent ensuite Ézéchiel, les douze « petits prophètes » et Jérémie. Ils s'occupèrent alors des livres historiques (Josué, Juges, Rois), et enfin Isaïe.

Les autres livres, Daniel, Job, et Siracide furent traduits vers 150 avant J.-C. et l'on hésite sur le lieu de traduction.

On situe en Israël, au premier siècle de l'ère chrétienne, la traduction du Cantique des Cantiques, des Lamentations, du Livre de Ruth et d'Esther, puis celle de l'Ecclésiaste, probablement par Aquila.

On étendit le nom de Septante à des livres non reçus dans le judaïsme en terre d’Israël ou composés directement en grec comme la Sagesse, les compléments à Esther, à Jérémie ou à Daniel.

Les premiers traducteurs grecs disposaient de textes hébreux purement consonantiques, ce qui explique, en partie, les différences entre la Septante et le texte hébreu reçu et que très tôt, en milieu juif, on se soit préoccupé de corriger cette version Alexandrine pour l'aligner sur le texte hébreu.

Les manuscrits de Qumrân

Mais la découverte des manuscrits hébreux et grecs de Qumrân en 1947, qui apparaissent comme les restes d'une bibliothèque ayant appartenu à une secte juive, quelquefois identifiée à celle des Esséniens, attestent que la LXX (septante) était acceptée comme texte biblique, à côté des textes hébreux.

La découverte a donc obligé à réviser la conception de l'histoire des textes hébreux car ces manuscrits hébreux donnent un texte un peu différent de celui qui résultera plus tard du travail des Massorètes.

À l'inverse, Qumrân a révélé des formes qui expliquent la traduction des LXX : certains passages, jusqu'à présent considérés comme des erreurs ou des amplifications dues aux traducteurs, reçoivent désormais l'appui d'un support hébreu prémassorétique. Néanmoins, la quasi-totalité des textes de Qumrân sont écrits en hébreu (90-95%). D'après Pr. Emmanuel Tov (Textual Criticism of the Hebrew Bible, Fortress Press, 1992,), environ 47% des textes de Qumrân sont qualifiés de proto-massorétiques, 2.5% sont de type proto-samaritain et seulement 3.5% sont de type septantique. Le restant est constitué d'écrits originaux et/ou erronés.

Des similitudes d'interprétation sont également relevées entre certains écrits de la secte des Esséniens et la LXX. L'attention est maintenant attirée sur l'ensemble des écrits juifs post-bibliques, commodément regroupés sous le nom d'écrits intertestamentaires.

La LXX n'est plus un document isolé. Elle se situe dans l'ensemble des textes juifs produits juste avant l'ère chrétienne.

On peut remarquer que le grec utilisé dans la Septante renferme de nombreuses tournures sémitiques et présente le phénomène de l'attraction.

Ce n'est qu'au IIe siècle de l'ère chrétienne, après l'extermination des communautés juives d'Égypte et de Cyrénaïque par Hadrien, que la Bible en grec devint exclusivement celle des chrétiens. Auparavant, cette traduction répondait aux besoins du peuple juif en diaspora autour du bassin méditerranéen, dont une communauté particulièrement hellénisée et intellectuelle, celle d'Alexandrie.

La diversité des conceptions de Dieu

Il serait bien plus significatif de se poser des questions sur le passage d'une langue ancienne à une langue moderne, qui conduit à l'abandon d'une partie du champ sémantique ou à la recréation d'un autre champ sémantique. Les problèmes de traduction posés par le passage d'une langue sémitique à la langue grecque sont bien plus divers. Qu'on songe à la diversité des désignations du divin dans la Bible hébraïque : El, Eloah, Elohim, El Shadday, Sabaoth dont certaines ne trouvent aucune solution satisfaisante ou qui sont banalisés, lors du passage en grec par theos, le dieu, n'importe lequel, kurios, seigneur ou pantokrâtor, tout puissant. Le chaos initial, vide et désert (tohu wa bohu) devient la matière invisible et inorganisée des philosophes ; le souffle divin devient pneuma qui peut nommer le vent mais qui est aussi une composante de l'âme humaine (différent de nephesh qui représente une réalité supérieure au corps, mais inférieure à l'âme: même la matière inerte est dotée d'un nephesh qui peut être considéré comme tout ce qui lui permet d'exister).

Les divergences culturelles et les difficultés du texte

Les divergences avec l'hébreu ne sont pas toutes des lectures particulières ni des fautes de traduction. Elles s'expliquent aussi :

  1. par la différence entre leur modèle et le texte hébreu d'aujourd'hui (la stuttgartensia, par exemple)
  2. par les diverses vocalisations possibles (codifiées dans la Temura)
  3. par les permutations de consonnes
  4. par l'enjambement d'une proposition sur une autre,
  5. par des actualisations diverses, comme l'effacement ou l'atténuation de tours jugés impropres pour parler du divin, spécialement les menaces des prophéties furent adoucies, au nom de la miséricorde divine exprimant l'espérance des communautés juives hellénistiques.

Ces divergences furent telles qu'au début de l'ère chrétienne plusieurs érudits se lancèrent dans des révisions du texte de la Septante afin d'obtenir une version grecque plus conforme aux textes hébreux alors en cours de fixation[3]. Les trois révisions les plus célèbres sont celles de Symmaque, d'Aquila et de Théodotion.

Livres supplémentaires

Initialement la Septante était constituée des rouleaux de la Loi de Moïse (Torah ou Pentateuque du grec Pentateuchos : « cinq rouleaux ») qui furent traduits de l'hébreu au début du IIIe siècle avant Jésus-Christ.

Puis au cours des trois siècles suivants et jusqu'au début de l'ère chrétienne, d'autres œuvres juives écrites directement en grec ou préservées seulement dans leur version grecque, y ont été ajoutées.

La Septante contient donc plus de livres que ceux de la liste canonique du judaïsme et du protestantisme qui ont pour référence la Bible hébraïque issue du texte massorétique et qui fut compilé, publié et distribué par un groupe de Juifs appelés les Massorètes, entre le VIIe et le Xe siècle.

Cependant ces livres supplémentaires (deutérocanoniques ou Apocryphes), n'en sont pas moins importants dans l'histoire du judaïsme et utiles pour comprendre les idées juives au moment où vécut Jésus-Christ et où va naître la religion nouvelle.

Si ces livres figuraient dans l'Ancien Testament des Bibles orthodoxes, ce n'est que depuis le concile de Trente (1545 - 1563), que l'Église catholique romaine a définitivement intégré au Canon des Écritures la plupart d'entre eux, en distinguant les livres inspirés, de ceux qui ne le sont pas.

Bibliographie

Texte

  • La Bible d'Alexandrie LXX (vers 270 av. J.-C.), éditions du Cerf.

Études sur la Septante

  • Pierre Geoltrain (s. dir.), Aux Origines du Christianisme, Gallimard, coll. « Folio histoire », n° 8, Paris, 2000 (articles de la revue Le Monde de la Bible repris et augmentés) ;
  • Marguerite Harl, Gilles Dorival et Olivier Munnich, La Bible grecque des Septante. Du judaïsme hellénique au christianisme ancien, éditions du Cerf & éditions du CNRS, 1994 (ISBN 2-222-04155-4) ;
  • Ph. Haudebert, Le Pentateuque, débats et recherches, Le Cerf, Paris, 1992 ;
  • Hubert Pernot, Observations sur la langue de la Septante (Extrait de la Revue des Etudes grecques). Paris, Les Belles Lettres, 1930, 15 pp., in-8.
  • A. de Pury, Le Pentateuque en questions, Labor et Fides, Genève, 1992 ;
  • J.-L. Ska, Introduction à la lecture du Pentateuque, Lessius, Bruxelles, 2000.
  • Jaroslav Pelikan À qui appartient la Bible ? La Table Ronde, 2005.

Notes et références

  1. Antiquités judaïques, livre 12. Voir II, 7 et note 17 de la traduction
  2. Telle est du moins la version de la Lettre du pseudo-Aristée.
  3. COUSIN, Hugues, La Bible grecque - La Septante, Cahier évangile, supplément au n° 74, Éditions du Cerf, Saint-Étienne, 1990, (ISSN 0222-9706), p.9

Voir aussi

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