L'Entraide

L'Entraide
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L'Entraide, un facteur de l'évolution (Mutual Aid : A Factor of Evolution) est un essai de l'écrivain russe Pierre Kropotkine paru durant son exil à Londres en 1902. La première version française parut chez Hachette deux ans plus tard.

Le scientifique Pierre Kropotkine oppose l'« entr'aide » aux théories du darwinisme social sur la sélection naturelle. Selon Kropotkine, le darwinisme social retient principalement le critère de « la sélection naturelle par le plus fort » (mais Charles Darwin insistait pourtant sur l'importance de l'altruisme). Kropotkine critique cette conception restreinte de l'évolution de l'humanité, en posant en détail des exemples du facteur d'entraide dans l'évolution des espèces, dont l'espèce humaine, mais aussi entre groupes humains.

L'entraide est également un terme d'économie politique qui désigne le concept économique de l'échange réciproque et volontaire de ressources et de services au profit de tous. C'est un facteur dans l'évolution de l'espèce humaine. Le concept est très important dans la théorie anarchiste.

Sommaire

Résumé

Dans la pratique de l'entraide, qui remonte aux plus lointains débuts de l'évolution, nous trouvons la source positive et certaine de nos conceptions éthiques : nous pouvons affirmer que, pour le progrès moral de l'homme, le grand facteur fut l'entraide et non pas la lutte.

Kropotkine s’insurge contre la vision réactionnaire et dangereuse de la vie en société où "l’homme est perçu comme un loup pour l’homme": qui est selon lui a la fois irréel et condamne a une vision de société inhumaine.

Les idées clés

Aussi, lorsque plus tard mon attention fut attirée sur les rapports entre le darwinisme et la sociologie, je ne me trouvai d’accord avec aucun des ouvrages qui furent écrits sur cet important sujet. Tous s’efforçaient de prouver que l’homme, grâce à sa haute intelligence et à ses connaissances, pouvait modérer l’âpreté de la lutte pour la vie entre les hommes ; mais ils reconnaissaient aussi que la lutte pour les moyens d’existence de tout animal contre ses congénères, et de tout homme contre tous les autres hommes, était « une loi de la nature ». Je ne pouvais accepter cette opinion, parce que j’étais persuadé qu’admettre une impitoyable guerre pour la vie, au sein de chaque espèce, et voir dans cette guerre une condition de progrès, c’était avancer non seulement une affirmation sans preuve, mais n’ayant pas même l’appui de l’observation directe.[réf. souhaitée]

« Dans le monde animal nous avons vu que la grande majorité des espèces vivent en société et qu'elles trouvent dans l'association leurs meilleures armes dans la lutte pour la survie : bien entendu et dans un sens largement darwinien, il ne s'agit pas simplement d'une lutte pour s'assurer des moyens de subsistance, mais d'une lutte contre les conditions naturelles défavorables aux espèces. Les espèces animales au sein desquelles la lutte individuelle a été réduite au minimum et où la pratique de l'aide mutuelle a atteint son plus grand développement sont invariablement plus nombreuses, plus prospères et les plus ouvertes au progrès. La protection mutuelle obtenue dans ce cas, la possibilité d'atteindre un âge d'or et d'accumuler de l'expérience, le plus haut développement intellectuel et l'évolution positive des habitudes sociales, assurent le maintien des espèces, leur extension et leur évolution future. Les espèces asociales, au contraire, sont condamnées à s'éteindre. »

— Pierre Kropotkine. L’Entraide, un facteur de l'évolution (1902), Conclusion.

Les autres auteurs

Darwin signale, entre autres, le cas de vieilles corneilles devenues aveugles et incapables de se nourrir, qui étaient ravitaillées par leurs compagnes; Lamarck, celui de moineaux venus aider une couvée voisine à reconstruire son nid que des chenapans avaient détruit.[réf. souhaitée]

Dans sa Théorie des sentiments moraux de 1759, Adam Smith père du Capitalisme et de notre système économique, considère comme élément principal la sympathie, et selon toute vraisemblance sa "Main invisible" devait être également influencé par celle-ci : ce qui n'est pas la conception actuelle dans les courants issues des idées d'Adam Smith.[réf. souhaitée][1]

Prieur[2] cite un naturaliste français, Louis-Pierre Gratiolet (1815-1865), chargé du cours d’anatomie et de physiologie comparée à la Sorbonne, qui rapporte dans son traité d'Anatomie comparée du système nerveux ce qu’il considère comme un beau trait d’altruisme animal :

« Un cheval d’armes, hors d’âge, très beau et du plus grand feu, ayant eu les dents usées au point de ne plus pouvoir mâcher le foin et broyer son avoine, fut nourri pendant des mois par les chevaux de droite et de gauche qui mangeaient avec lui. Ces deux chevaux tiraient le foin du râtelier, le mâchaient et le jetaient ensuite devant le vieillard. »

« En rentrant chez lui, un mineur de Cardiff aperçoit, stupéfait, deux rats qui trottinent lentement côte à côte, un même fétu de paille entre leurs mâchoires. Il assomme l’un des rats avec son bâton et l’autre, au lieu de s’enfuir, reste sur place, désemparé. Le mineur le regarde de plus près et constate que la pauvre bestiole est aveugle. »

Richard Leakey, anthropologue dont les travaux font autorité, affirme même que c’est plus précisément la générosité qui, à une étape de l’évolution, aurait provoqué cet éveil[3] :

« Non pas l’intelligence, précise-t-il, mais d’abord la générosité. C’est-à-dire le partage. Non pas la chasse ou la cueillette, mais l’obligation de partager.  »

Nous serions donc devenus humains parce que nos ancêtres ont appris à partager leur nourriture et à échanger des services, formant ainsi ce que Leakey appelle des réseaux d’obligations.

Lewis Thomas :

« L’altruisme [...] est extrêmement intéressant pour les biologistes. Non pas qu’il commande des comportements bizarres et anormaux. Mais plutôt parce que, dans la plupart des sociétés animales, l’altruisme est capital, contribuant à assurer la continuation des espèces, et que les comportements altruistes se manifestent comme un aspect de la vie de tous les jours. [...] L’altruisme est peut-être notre attribut le plus primitif, désormais hors d’atteinte, échappant à tout contrôle. Ou peut-être est-il directement à portée de la main, prêt à être ‘déclenché’, déguisé, dans nos civilisations modernes, en affection, en amitié, en attachement. Je ne vois rien de déraisonnable à soutenir que des chaînes d’ADN, enroulées sur elles-mêmes dans nos chromosomes, codent l’instinct qui nous pousse à nous rendre utiles. Le besoin de se rendre utile pourrait bien se révéler le trait le plus déterminant de l’aptitude à la survie, plus important que l’agression, plus efficace, à long terme, que l’instinct d’appropriation.  »

[réf. souhaitée]

  • Henri Laborit[réf. souhaitée]
    • " L’évolution se fait par l’entraide "[réf. souhaitée]
    • " Si l’évolution s’était réellement effectuée avec la compétition, il y a longtemps que nous aurions été une population de surdoués! "[réf. souhaitée]
    • " Croyez-vous vraiment qu’on pourra arriver à abolir toute forme de domination, politique ou autre?[réf. souhaitée]

L'Entraide aujourd'hui

De nos jours, il est difficile d’être informé de l’existence de ces théories qui placent l’aide mutuelle et l’entraide au cœur même des valeurs humaines et au centre de la nature humaine : on ne les enseigne pas à quelque niveau scolaire que ce soit, ni on n’en vante les mérites dans aucun média, et enfin on associe l'entraide a une certaine image péjorative du communisme (crée par les médias). Le message de la pensée dominante et des médias de masse est que l’humanité a naturellement trouvé sa forme achevée dans le capitalisme et sa forme institutionnelle dans le parlementarisme (ou la république : à ne pas confondre avec la démocratie). Toutefois, après analyse des discours, on constate qu’ils font appel à l’instinct d’entraide pour les détourner vers d’autres fins que le bien commun (marketing politique). Exemple de finalité ou l'idéologie trompée de l'Entraide amène : le nationalisme, totalitarisme, assujettissement de la population, perte de liberté, nihilisme, militarisme, le patriotisme.

Theodore Kaczynski dans son manifeste critique l’utilisation qu’en fait la gauche, ou plus exactement les gauchistes, selon sa propre définition : à des fins qui tronquent la logique de l’entraide au niveau psychologique. L’entraide éthique a pour condition de ne pas être monnayable : on peut alors se demander si par exemple les travaux d'aide à domicile ou encore demande de don et monopolisation du malheur dans le monde dans les médias ou par les politiques, sont également une forme corrompue, trompée, de l'entraide naturelle présente dans l'humanité : mais dans cette forme elle est devenue contrôlable par la société, d'où une perte de liberté et un assujettissement. Une relation humaine par l'intermédiaire d'une valeur économique n'est plus une relation humaine naturelle, elle replace le geste de donner, d'aider, par l'ego, l'individualisme et son intérêt pécuniaire qui, selon la démonstration de Kropotkine, n'est pas la nature humaine.

Bibliographie

  • Robert Tocquet, Meilleurs que les hommes – l'entraide dans le monde animal et végétal (éd. J'ai Lu).
  • Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur de l’évolution, Paris : Éditions du Sextant, 2010. Collection les Increvables, ISBN 978-2-84978-031-2, préfacé par Isabelle Pivert. 62 p. (réédition du dernier chapitre et de la conclusion)

Voir aussi

Un résumé du livre L'entraide, un facteur de l'évolution.

Références

  1. Les « mains invisibles » contre le néoliberalisme
  2. Jean Prieur, L’âme des animaux, éd. Robert Laffont[réf. souhaitée]
  3. Richard Leakey, People of the Lake.[réf. souhaitée]

Liens internes

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Synonyme d'entraide :

Implication de l'entraide : Respect, Partage,Abnégation,

Voir :

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