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Julien-Joseph Virey
Julien-Joseph Virey (né en 1775 à Langres et décédé en 1846) est un naturaliste et anthropologue français.
Biographie
Il grandit à Langres, ville où il dispose d’une bibliothèque assez riche qui nourrit son appétit de savoir et où il suit un apprentissage chez son oncle pharmacien. Arrivé à Paris, il fréquente les idéologues et la Société des observateurs de l’homme, reprend des études de médecine (il sera docteur en médecine), puis devient le protégé d´Antoine Parmentier (1737-1813). Il écrit alors très vite son œuvre principale dans le domaine de l’anthropologie (mais l’essentiel de son travail et de ses apports personnels concernent les sciences et techniques pharmaceutiques.) Il participe aussi à la réédition des œuvres de Buffon (1707-1788) avec Charles-Nicolas-Sigisbert Sonnini de Manoncourt (1751-1812).
Il entre au Val de Grâce, et, pour près 20 ans, dans le service de Santé de l’armée. Pharmacien en chef en 1812, il devient après la Restauration, entre 1815 et 1841, rédacteur au Journal de pharmacie et participe en tant que rédacteur au Dictionnaire de Déterville (le Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle), rédige aussi l’essentiel des articles du Dictionnaire des sciences médicales puis enseigne à l’Athénée royale. Il est aussi l’auteur de deux articles pour les Annales Générales de Sciences Physiques de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (1778-1846) et participe aussi à l’Encyclopédie Moderne dite de Courtin.
En 1821, il fait paraître un ouvrage intitulé Histoire des mœurs et de l’intérêt des animaux, dans lequel, bien loin de Condillac et surtout en opposition à Descartes, il fait passer « l’âme des bêtes » à « l’intelligence des animaux. » Virey signe aussi dans le Dictionnaire des sciences médicales, un article jugé important du point vue historique en traitant de psychologie (une entrée qu’on ne retrouve pas dans les autres dictionnaires de l’époque). Travailleur forcené, il passe sa vie dans les bibliothèques et écrit une quantité d'ouvrages et d'articles impressionnante.
Polygéniste minimaliste, il propose l’existence de deux espèces humaines (la "Blanche" et la "Noire"), et s'inscrit donc dans l'une des polémiques centrales des années 1820-1830. Cette controverse, qui n'est alors pas réglée, oppose, entre autres, Georges Cuvier, J.-B. Bory de Saint-Vincent, Louis Antoine Desmoulins et Virey autour de l'origine et de l'âge de l'Homme. Auteur en 1801 d'un texte sur l’Histoire naturelle de l’Homme (qui reparait en 1824) Virey s'intéresse à ces questions depuis fort longtemps. Paul Broca et Armand de Quatrefages le rangent parmi les précurseurs du questionnement anthropologique sans pour autant souscrire à toutes ses idées.
Dans la notice nécrologique de Virey parue en 1846 dans les Archives générales de médecine, on lui reproche son manque « d’esprit scientifique, cette solidité de pensée qui seuls donnent de la consistance aux écrits et leur impriment une valeur réelle. Monsieur Virey ne se garda pas assez de son imagination et de ses tendances un peu vagabondes. » Virey dispose pourtant d’un « style brillant mais un fond ténu. » A tel point, que l’on se demande, à l'exemple d'Émile Littré si Virey n’aurait pas été un "songe-creux", et qu’il « affectait de beaucoup songer » alors qu’il « entretint continuellement des pensées chimériques. » A l'image d'autres savants de cette époque, qui sont restés sans spécialisation affirmée, et en s’intéressant à beaucoup de domaines très différents, Virey subit un jugement négatif de la part de ses collègues et successeurs scientifiques. L’histoire des sciences l’avait un peu « oublié » avant les travaux de Pietro Corsi et de Claude Blanckaert.
Élu à l’assemblée député en 1831 de la Haute-Marne (il est réélu en 1834 avant de s’écarter de la vie politique en 1837), attaché au centre gauche libéral, il propose dans sa profession de foi avant les élections : la pairie éligible (mais à vie), et la fin des cumuls. Il est un député plutôt discret et politiquement modéré. Pourtant, il aurait été refusé à une chaire de l’Ecole de Pharmacie parce que jugé « trop libéral. » Il est vrai qu’il ne partage pas l’idéologie réactionnaire de la Restauration sans pour autant être réellement vindicatif.
Sources
- Claude Benichou, Claude Blanckaert, Julien-Joseph Virey, naturaliste et anthropologue, VRIN, Paris, 1988
- Pietro Corsi, « Julien-Joseph Virey, le premier critique de Lamarck », dans Histoire du concept d'espèce dans les sciences de la vie, Fondation Singer Polignac, Paris, no ATRAN, S. (éd.), 1987, p. 176-187
- Hervé Ferrière, BORY DE SAINT-VINCENT (1778-1846), naturaliste, voyageur et militaire, entre Révolution et Monarchie de Juillet, 2006.
Essai biographique, Thèse de l'Université Paris-1
Virey est l’abréviation botanique officielle de Julien-Joseph Virey.
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