Joseph Keable

Joseph Keable
Joseph Keable
Buste de Joseph Keable au Monument aux Valeureux à Ottawa
Buste de Joseph Keable au Monument aux Valeureux à Ottawa

Naissance 5 mai 1892
Saint-Moïse, Canada
Décès 9 juin 1918 (à 26 ans)
France
Origine Drapeau du Canada Canada
Allégeance Alliés
Grade Caporal
Conflits Première Guerre mondiale
Distinctions VC, MM

Joseph-Thomas Keable, VC, MM (né le 5 mai 18929 juin 1918), surnommé Joseph Keb, est un soldat canadien natif du Bas-Saint-Laurent au Québec ayant succombé au champ d'honneur lors de la Première Guerre mondiale à Neuville-Vitasse en France et il fut le premier canadien-français à être récipiendaire de la croix de Victoria, la plus haute distinction britannique et des forces du Commonwealth. Bien qu'il soit baptisé Joseph Keable, son nom est plus souvent orthographié Joseph Kaeble surtout en anglais.

Sommaire

Biographie

Origines

Le premier ancêtre canadien de Joseph Keable, Thodor Göbel, vint de Mayence en Allemagne[1]. Thodor Göbel est arrivé au Québec en 1776 avec les troupes du duché de Brunswick commandé par Friedrich Adolph von Riedesel[1]. Il s'est établi dans la région de Matane vers 1790[2]. Joseph Keable est né le 5 mai 1892 à Saint-Moïse à l'est de Mont-Joli au Québec du mariage de Joseph Keable, cultivateur, et de Marie Ducas[3],[1]. Il est l'aîné d'une famille de quatre enfants[4]. Veuve d'un second mariage, Marie Keable vînt s'installer à Sayabec, dans la vallée de la Matapédia, et Joseph dut assumer les responsabilités de chef de famille[5]. Après ses études à l'école des garçons de Sayabec, l'école des Frères de la Croix de Jésus, Joseph Keable a travaillé pour la compagnie Fenderson, une scierie, en tant que chauffeur-mécanicien[6],[1]. Il demeura à Sayabec jusqu'à son enrôlement à l'âge de 22 ans.

Histoire militaire

C'est le 20 mars 1916 que Joseph Keable se porte volontaire pour rejoindre la profession des armes lors de la levée du 189e bataillon d'infanterie à Sayabec[1]. En fait, cette levée était organisée par le lieutenant-colonel Philippe-Auguste Piuze qui était connu de manière favorable à Rivière-du-Loup et à Rimouski; ce qui incita plusieurs résidents du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie à s'enrôler, dont Joseph Keable[1]. Ce dernier part s'entrainer à la Garnison Valcartier pour une durée de six mois[1]. Il embarque pour l'Angleterre le 27 septembre 1916[1]. Il fut d'abord affecté au 69e bataillon d'infanterie en Angleterre. Le 3 novembre 1916, il fut affecté au 22e Bataillon formé de volontaires francophones; déjà à l'époque les membres du bataillon étaient surnommés les « Van Doos ». Ce bataillon avait perdu beaucoup de soldats aux combats dans les mois précédents, notamment en Belgique, à Saint-Éloi et au mont Sorrel, et en France, à Courcelette et à la tranchée Régina[1]. Cette unité, ancêtre du Royal 22e Régiment, faisait partie du Corps expéditionnaire canadien. Il fut affecté à ce bataillon alors qu'il se trouvait en réorganisation à Bully-Grenay en France[1].

Le 22e bataillon est appelé à défendre un large secteur dans la région entre Arras et Lens durant l'hiver de 1916 à 1917[1]. Au mois d'avril, Joseph Keable, avec ce bataillon, prit part à la bataille de Vimy qui se solda par une victoire pour le Corps expéditionnaire canadien le 12 avril[1]. Une douzaine de jours plus tard, le 22e recevait encore le feu de l'ennemi et Joseph Keable fut blessé à l'épaule droite et transporté à l'arrière des lignes afin d'être soigner[1]. Sa convalescence dura 25 jours, d'abord à l'Hôpital général no 13, et ensuite au Dépôt pour convalescents no 1, tous deux à Boulogne-sur-Mer[1]. Il repartit pour le front le 25 mai 1917 pour reprendre son poste de mitrailleur[1]. Au mois d'août 1917, son bataillon pris part à la bataille de la cote 70[1]. En octobre, Joseph Keable participa à la bataille de Passchendaele en Belgique[1]. À la fin du mois de mars 1918, il participe aux opérations dans le secteur Neuville-Vitasse et Mercatel, en France, en occupant toujours le poste de mitrailleur[1]. C'est aussi dans ce dernier secteur qu'il fut promu caporal le 23 avril 1918[1].

Fait d'armes

Victoria Cross Medal Ribbon & Bar.jpg

Le soir du 8 juin 1918, à Neuville-Vitasse, le caporal Keable avait la charge d'une section de mitrailleuses Lewis, lorsqu'une forte attaque ennemie survint à neuf heures quarante-cinq[1]. Après un barrage d'artillerie, l'ennemi attaqua les positions du 22e bataillon en trois endroits différents[1]. Une cinquantaine d'ennemis s'élancèrent vers la position de la section de mitrailleuses de Keable[1]. À ce moment, toute sa section, à l'exception de lui-même, était hors de combat. Keable sauta au-dessus du parapet en tenant sa mitrailleuse Lewis à la hanche, vidant chargeur après chargeur en direction de la vague ennemie. Malgré plusieurs blessures dues à des fragments d'obus et de bombes, il continua à faire feu et bloqua l'avance ennemie, jusqu'à ce qu'il tombe dans la tranchée blessé[7]. Malgré tout, allongé sur le dos dans la tranchée, il tira ses dernières cartouches sur les Allemands qui se repliaient[1]. Avant de s'évanouir, Joseph Kable cria aux blessés qui l'entouraient : « Tenez bon les gars, ne les laissez pas passer, il nous faut les arrêter »[8],[1]. Keable fut évacué, mais il mourut à l'hôpital la nuit suivante. Pour cet acte de bravoure, il reçut la croix de Victoria à titre posthume[1]. En fait, ce sont ses actions personnelles qui permirent à l'ennemi d'être repoussé à cet endroit[1]. Il fut le premier militaire canadien francophone à recevoir cet honneur, qui est la plus haute distinction du Commonwealth. Il avait aussi reçu la Médaille militaire, tôt dans sa carrière[9].

Le caporal Keable est inhumé au cimetière communal de Wanquetin, à 12 kilomètres au sud-ouest d'Arras dans le département du Pas-de-Calais, en France[10].

Mémoire

À Sayabec, les exploits de Joseph Keable sont célébrés depuis la fin de la Première Guerre mondiale. En effet, un monument des braves de la guerre 1914-1918 a été érigé au sud-ouest du couvent des Filles de Jésus[6]. À la mort de Joseph Keable, Marie, sa mère, a reçu des messages de sympathies envoyés par des personnalités du monde entier[6]. On lui envoya aussi un paquet contenant une petite croix, un chapelet, une pipe et un livret de prières troué par balle qui ont été trouvés dans la poche gauche du veston de Joseph[6]. Tous ces objets, à l'exception de la petite croix gardée en souvenir par la famille, sont exposés au musée de la Citadelle de Québec avec ses médailles[6]. Le 21 juin 1992, une grande fête fut organisée afin de célébrer la naissance d'un héros sayabécois, Joseph Keable[6].

À sa mémoire, une rue porte son nom à Québec, à Rimouski et à Sayabec­ ainsi qu'un lac dans Charlevoix. Il y a même un mont qui porte son nom, le mont Kaeble, juste à l'est du camp Vimy à Saint-Gabriel-de-Valcartier. Le mess des soldats et des caporaux de la garnison Valcartier porte le nom de Club Kaeble. Un escadron du Collège militaire royal du Canada de Kingston porte le nom de Kaeble. Le corps de cadets de l'armée d'Amqui porte le nom de Corps de cadets 2774 Joseph Keable d'Amqui. Une école française porte son nom sur la base militaire de Borden en Ontario. De plus, un buste le représentant trône parmi d'autres grandes figures militaires canadiennes au sein du Monument aux valeureux à Ottawa.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, y et z Caporal Joseph Kaeble, VC, MM sur le site du Royal 22e Régiment
  2. Mont Kaeble sur Commission de toponymie du Québec
  3. Registre des baptêmes de Saint-Moïse
  4. Si les familles sayabécoises m'étaient contées, p. 285
  5. Si les familles sayabécoises m'étaient contées, p. 285-286
  6. a, b, c, d, e et f Si les familles sayabécoises m'étaient contées, p. 286
  7. Dictionnaire biographique du Canada en ligne
  8. Jacques Castonguay, Joseph Keable, paru dans L'Écho sayabécois
  9. À la mémoire de JOSEPH KAEBLE sur Anciens Combattants Canada
  10. Reynold St-Amand, Un héros bien de chez nous, Royal 22e Régiment, avril 2007

Annexes

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : ce signe indique que la référence a été utilisée pour la rédaction de l’article.
  • (en) David Harvey, Monuments to Courage, 1999 
  • (en) This England, The Register of the Victoria Cross, 1997 
  • (en) Gerald Gliddon, VCs of the First World War - Spring Offensive 1918, 1997 
  • Centenaire Joseph Keable, Sayabec, 1892-1992, 1992, 36 p. 
  • Antonin Fallu, Jacqueline Paquet, Claudette St-Pierre, Denise Thériault, Georges-Henri, prte Tremblay et Louis-Paul Tremblay, Si les familles sayabécoises m'étaient contées, Sayabec, Équipe de l'album du souvenir, 1996 (ISBN 2-9805045-0-5)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

Liens externes


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